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La délinquance, première phase de dégénérescence de l’impérialisme

L’impérialisme est entré dans sa première phase de son effondrement généralisé, que je qualifie, moi-même, de délinquance. Période au cours de laquelle l’impérialisme n’utilise plus de masques pour s’approprier des richesses mondiales. La violence glauque a priorité sur tous les autres moyens pacifiques. L’ère du Cardinal Richelieu est révolue. Toutes les institutions internationales sont transformées en une caisse de résonance guerrière, notamment l’organisation des Nations Unies. Les états, déjà affaiblis par les deux siècles de pratique capitaliste a outrance, sont assujettis a la reddition, de gré ou de force. Sans oublier les crises économiques et financières irrémédiables qui hantent les places financières mondiales, en particulier les plus riches nations du monde occidental. La dérive morale qui accable les sociétés capitalistes est tellement intégrale que l’occident affiche un contraste identitaire, celui qui constituait la base même du système. Moment historique ou les lois et institutions (Instruments) sont violées ou ignorées systématiquement.

La deuxième invasion d’Irak a été une violation flagrante des lois internationales. L’ONU n’avait pas autorisé l’invasion, voir l’occupation du pays. Une coalition d’états amis et serviles fut mise sur pied en 2003 pour matérialiser les voeux du plus grand empire mondial, à savoir le renversement du régime inamical de Saddam Hussein. L’Irak est totalement détruit, laissant derrière, ruines et plus de 200.000 cadavres a l’actif du peuple Irakien, et plus de deux millions d’Irakiens réfugiés a l’étranger.

Le cas d’Haïti fut encore plus scandaleux. L’armée américaine a kidnappé le président légitime, Jean Bertrand Aristide, l’engouffra dans un avion militaire non identifié pour l’expédier en Afrique. Cette opération fut mise en oeuvre le 29 février 2004, avant même la résolution de l’ONU.

Les 6 mois de bombardement quotidien de l’OTAN contre la Libye dépassent nettement le mandat octroyé par l’ONU à travers la résolution 1973 votée le 18 mars 2011. Il était question de protéger la population civile, supposément menacée par le régime de Kadhafi, l’OTAN a tué 100 fois plus de civils qu’avant les frappes aériennes, soit 100.000 âmes.

Avant, l’impérialisme respectait hypocritement les normes internationales. Il utilisait l’armée nationale du pays pour renverser le propre gouvernement légitime de ce pays. Ce fut le cas de Jacobo Abens du Guatemala et du caudillisme des années 70 en Amérique Latine. Les puissances néocoloniales opérèrent de la même façon dans le continent Africain en parachutant des marionnettes au pouvoir, totalement dévoués à leurs intérêts. On peut citer les cas de Mobutu Sese Seko, Omar Bongo, Jean-Bedel Bokassa etc.

Dans cette phase, que je qualifie de délinquance, l’impérialisme comme stade suprême du capitalisme représente un danger imminent pour le futur de l’humanité. Parce que les présidents des états occidentaux se sont transformés en dérisoires criminels ou assassins semant le deuil partout sur la planète à la poursuite de richesses. En ce sens, Cabral est juste lorsqu’il a déclaré que « L’impérialisme est la piraterie transplantée des océans à la terre ferme, piraterie réorganisée, consolidée et adaptée à l’objectif de l’exploitation des ressources matérielles et humaines de nos peuples ».

Salvador Allende, l’ancien président du Chili populaire, compara la situation de son pays en 1972 comme « un Vietnam en silence ». Haïti est un Irak en silence. Un peuple qui depuis 7 ans d’occupation vit dans la peur des armes et la permanence d’un choc psychologique. Comme partout ailleurs, les forces d’occupation assassinent en Haïti. Des pauvres sont exécutés a cite soleil. Des militants sont portés disparus, Lovinsky Pierre Antoine est le plus célèbre des cas. Des centaines d’autres sont emprisonnés ou contraints à l’exil. Le cholera, apporté par les forces d’occupation, plus spécialement par la compagnie Népalaise, diminuent la population haïtienne depuis plus d’un an. « Les étrangers occupent nos terres, nos rues, nos hôtels, nos plages, et aussi nos femmes et nos jeunes hommes. L’occupation est absolue. L’impérialisme, dans son hégémonique latitude, impose ses lois de cimetière ».

Lawrence Davidson, professeur d’histoire à l’université de west chester, de l’état de Pennsylvanie, a exposé dans un brillant article sous le titre : « Pourquoi nous haïssent ils », ce qui suit : « je suis arrivé a la conclusion que les Etats-Unis, en dépit de toutes ses habilites de force (militaire), est en décadence. Le pays va échouer pour les mêmes raisons qui ont emporté dans la destruction les anciens empires. Ils ont échoué parce que, en dernier essor, leurs élites deviennent illusionnistes et le peuple est maintenu dans l’ignorance ». Le citoyen américain n’est pas conscient du rôle que joue leur gouvernement dans l’appauvrissement d’autres peuples et l’instabilité chronique qui frappe certaines nations.

Comment comprendre que depuis 7 février 1986, Haïti a connue 9 coups d’état. Tous ont été organisés dans le seul et même pays par les maîtres de Washington. Comment une nation pareil, plongée dans cette instabilité permanente, peut-elle arriver a atteindre le degré de production nécessaire pour subvenir aux besoins de ses sujets. L’américain moyen, appartenant a la classe majoritaire, n’est pas conscient de l’implication de son gouvernement dans la déstabilisation d’Haïti, d’Iran, Libye, Venezuela, Cuba etc. Il est trop endoctriné par les informations biaisées que diffusent les chaînes télévisions occidentales, elles qui représentent l’arme fatale des falsificateurs de l’histoire a leurs profits exclusifs, empêchant aux citoyens américains et européens de sortir dans le carcan idéologique du rôle « bon berger » ou civilisateur s’octroient leurs gouvernements. Le département d’état a fait échec à tout homme intègre qui convoitait le pouvoir en Haïti et ayant une vision nationale. Et ceci, depuis le premier débarquement américain en 1915. Même ceux qui entamèrent de simples reformes socio-économiques au profit de ceux-la qui vivent en dessous du seuil de pauvreté avec 300 dollars ou moins par année ne sont pas exclus.

Et pourtant, au moment même de la révolution française de 1789, « 20 % de la richesse française provenaient d’Haïti. Ce pays produisit plus de 75% de sucre dans le monde a lui seul et fut le premier producteur de coton dans le monde ». La grande presse omet de mentionner ces chiffres qui porteraient le citoyen lucide à s’intéresser aux causes de l’échec de la première république noire du monde. Ainsi, il découvrirait les mains sales des Etats-Unis et de la France directement impliquées dans la mise a sac d’Haïti.

L’impérialisme « est la dernière phase du capitalisme », ceci explique aujourd’hui sa violence aveugle et déterminée, ainsi l’exemple des bombardements Libyens est très révélateur. Ses ténors savent pertinemment, que son règne dépend de la violence. Car les mensonges traditionnels sont dépassés. Il n’y a plus de compromis possibles. Le monde d’aujourd’hui nous renvoie, par sa violence, à 50 ans en arrière. Quand Cuba imposait son défi en plein coeur des Caraïbes a la plus grande puissance capitaliste mondiale. La conjoncture actuelle rappelle les années 60 quand l’Afrique vivait « l’heure des embrasements ». En ces temps agités, Il fait beau de citer le visionnaire Amilcar Cabral : « Pour nous, la façon la plus efficace de critiquer l’impérialisme, quelle que soit sa forme, c’est de prendre les armes ». Il blesse de citer encore ces propos datant de 1966, tant ils sont d’actualie. Il n’y a pas de demi-mesure. Frantz Fanon, l’auteur de « les damnés de la terre », avait raison quand il définissait le néo-colonialisme comme une machine infernale de la violence qui dévore l’homme. Le seul moyen de l’arrêter est d’imposer une plus grande violence. Le retour a l’heure des brasiers.

Rien n’arrête les puissances impérialistes. Le suffrage universel qui fut considéré comme fer de lance de la propagande politique occidentale est vidée de son contenu sacré, pour parodier Praloto. Les élus ne jouissent plus de l’inamovibilité d’antan. Certains observateurs critiquent déjà la tenue même des élections dans le monde. A quoi cela sert d’appeler le peuple dans ses commices, si les sénateurs, députés, maires et présidents sortis victorieux des urnes n’arrivent plus a terminer un mandat légitime. De la même façon qu’est banalisé le christianisme, les élections sont aussi standardisées comme un exercice futile. Les exemples sont trop nombreux, parler d’une crise morale sans précédent qui frappe l’impérialisme ne fait plus l’objet de doute. Les cas de Salvador Allende au Chili, du « Front Islamique du salut » en Algérie, Jean B. Aristide en Haïti, le Hamas en Palestine, Honduras… invitent les penseurs a la réflexion concernant le futur de notre monde.

Le cas haïtien est le laboratoire indispensable permettant de comprendre l’affermissement de l’impérialisme dans la délinquance. Ayant accompli deux interventions militaires dans ce pays des caraïbes en moins d’une décennie, cela requiert une étude nécessaire pour pénétrer la nature du mal que souffre l’occident et que le peuple haïtien est en train de faire les frais. Car l’impérialisme n’arrive plus à respecter sa propre doctrine que, hier encore la présentait comme les prémices indispensables à l’évolution de l’homme du présent et du futur. 16 décembre 1990, des élections honnêtes furent organisées en Haïti. L’international, comme une seule voix salua le succès fulgurant de ces joutes qui portèrent un adepte de la théologie de la libération au pouvoir. 7 sept mois plus tard, il fut renversé par un coup d’état ayant fait plus de 5000 tués, dont nous venons de commémorer les 20 ans. Reelu en 2001, Jean B. Aristide fut encore victime d’un autre coup d’état. Cette fois-ci, l’impérialiste américain allié au français fit son apparition sans masques pour arrêter manu militari et embarquer le président légitime dans un avion militaire pour l’Afrique. C’est-à -dire loin du théâtre politique haïtien. Pendant 7 ans, des valets défilent au pouvoir répondant simplement aux dictées du cercle impérialiste élargi, dont le Brésil, le dernier bourreau du peuple haïtien. L’impérialisme est hypocrite, sinon, il se déclarerait en faillite et remet les renes du pouvoir aux alternatives populaires. Parler ainsi, c’est mal connaître l’histoire de l’humanité. Au contraire, il préfère déclarer d’autres guerres mondiales pour continuer l’agonie de l’homme.

Il y a des observateurs haïtiens qui, confus dans leurs réflexions, estiment que les Etats-Unis règlent un problème spécial avec Haïti. Si apparemment cette lecture fait du sens, par contre elle néglige toute une série d’événements politiques macabres inhérents à l’évolution de l’impérialisme a travers l’histoire. Son objectif est de subjuguer l’homme dans sa totalité. Le problème ne se pose pas en termes de peuple, c’est une doctrine globale qui ambitionne de tout contrôler en multipliant les victimes. L’état d’Haïti est souffre-douleur du même système qui a endeuillé les peuples du Panama, Chili, Iran, Panama, Honduras, Libye, Irak, Palestine etc. C’est pourquoi, qu’à coté des luttes nationales, aujourd’hui il faut une mobilisation internationale de soutien aux peuples en rébellion. L’impérialisme, de par nature, est global. Il est affecté par une sorte de luxure subjuguée à un appétit insatiable de ressources de toutes sortes, territorial, matières premières, mines, cerveaux…Haïti est un autre martyr. Cependant, l’impérialisme, dans sa course effrénée, tient bien compte des réalités socio-historiques de chaque peuple en particulier. Ceci est basé sur l’ensemble des prouesses accomplies, les faits d’armes, les révolutions, les réalisations, les mouvements culturels et idéologiques. Ce qui vérifie la théorie dite de « manifest destiny ». Donc, Haïti peut être frappée durement, à cause du triomphe de la première révolution anty colonialiste, anty esclavagiste et anty raciste dans le monde. A part quoi, les peuples Libyen, Irakien, Palestinien, Cubain…connaissent les mêmes sorts que ceux d’Haïti, donc la violence et l’hypocrisie sortent des entrailles de l’impérialisme.

Bill Clinton, l’ancien président américain, est l’agent spécial de l’impérialisme en Haïti. Il a non seulement choisi Michel Martelly comme président, il le conseille, nomme ses ministres et premier ministre, rédige ses textes et, quand l’assistance ne se met pas debout pour acclamer son poulain, il le fait lui-même en bon Pom-pom girl. Comme ce fut le cas le 19 septembre 2011 dernier à New York, lorsqu’il eut a déclarer, devant un public d’hommes et femmes riches, qu’il avait « attendu 30 ans pour entendre, enfin, un chef d’état haïtien définir avec autant de convictions et de minuties les priorités de son pays ». Si on ne connaissait pas l’orientation sexuelle prouvée de Bill Clinton, notamment a travers l’affaire de Monica Lewinsky, on pourrait interpréter ses excès de zèle comme quelqu’un qui a « les yeux de chimene » pour Martelly.

Le professeur américain de sciences politiques, Thomas R. Dye, définit la politique « comme l’étude de qui est bénéficiaire de quoi, quand et comment ». Donc, l’implication de Bill Clinton dans les affaires politiques haïtiennes sous forme d’humanitarisme est en contradiction avec la « real politic ». Il joue magistralement au « maître blanc » détenant les clés du paradis permettant aux « negres » d’accéder au développement économique, progrès social et technologique. Comme tout envahisseur, Clinton s’est fait entourer des bourgeois du secteur des affaires et conservateurs de la classe politique haïtienne. Cela donne une idée de l’objectif du monsieur. La vérité est que rien ne se fait pour rien.

Au cours de l’année 2006, Renu Mehta, une autre riche de la classe dominante anglaise organisa un « fund raising », réunissant des super riches du monde, pour recueillir de l’argent dans le but de faire avancer la cause charitable. Bill Clinton fut retenu comme « keynote speaker ». Les riches donnèrent jusqu’à 1.5 million de dollars a cette occasion. Cependant, on tira 450.000 dollars de cette somme pour payer les sacrés services de l’ancien président américain. Une certaine frange de la presse parvenant à être au courant de cette somme versée à Clinton, cria au scandale. Apres les activités, l’organisatrice, madame Renu Mehta eut a déclarer ce qui suit pour calmer les esprits et se blanchir elle-même : « Nous faisions de la charité, il ne viendrait pas si nous ne lui avions pas payé cette somme » ; elle poursuivit pour ajouter que : « Si nous étions chargé moins, nous pourrions donner beaucoup plus ». L’engagement de Clinton en Haïti mérite d’être interrogé et, il y a des rumeurs persistantes qui circulent a Port-au-Prince, comme quoi sa fille, Chelsea Clinton, aurait occupé une fonction au sein de la commission intérimaire pour la reconstruction, CICR, que co-préside Mr Clinton. Toutefois, a cote de ces intérêts mercantiles, il y a d’autres raisons qui sont liées à la politique hégémonique de l’empire dans l’hémisphère qu’il faut considérer aussi.

Si on fait une brève analyse du paysage politique au niveau de l’hémisphère américain, on constate ipso facto l’existence d’une rébellion à faible intensité en vue d’une reformulation de la donne politique au niveau régional. Cette nouvelle réalité politique et sociale est agitée par des organisations et leaders de gauche dont l’objectif est de rapatrier les décisions politiques et économiques liées a leurs destins de peuple. L’impérialisme ne chôme pas, il veut renverser la tendance citoyenne en progression dans le monde, plus particulièrement en Amérique Latine.

Entre-temps, les massacres se poursuivent. Plus de 100.000 morts en Libye, pour la dernière sortie guerrière en date, la destruction du pays est totale, en particulier Tripoli, la capitale. Le peuple Libyen, sous couvert de la démocratie, fait marche arrière. L’impérialisme ne laisse d’autres choix aux peuples que l’affrontement. Libération ou la mort !

Entre-temps les propagandes se multiplient pour dissuader les citoyens d’adopter des mesures radicales. Si pendant la guerre froide, le slogan assassin etait l’épithète de communiste, aujourd’hui le mot magique est terroriste. Il faut toujours manipuler l’opinion publique autour des thèmes d’effroi pour s’assurer de leur participation dans le massacre. La violence symbolique engendre toujours la férocité meurtrière. Le 21e siècle a été mal débuté. L’alibi fondamental dont avait besoin l’impérialisme lui a été fourni dans l’attentat du 11 septembre 2001. Dans l’intervalle, on procède au désarmement virtuel et réel de tous les citoyens sous la rubrique de lutte anty terroristes. Si tous les marchés des pays occidentaux sont libres, à l’exception du marché des armes, il est monopolisé par les impérialistes.
Cette phase de délinquance de l’impérialisme est la plus dangereuse. Toutes les autres options se tuent pour faire émerger la dialectique des armes. De l’autre cote, il y a les mouvements citoyens mondiaux qui symbolisent l’espoir et le futur de l’humanité et qui ne chôment plus. D’où la nécessite de lutter pour réduire le fosse qui sépare la presse indépendante de celle des riches afin de rééquilibrer la balance de la lutte psychologique. La résistance reste la seule option viable pour contrecarrer la marche impériale, surtout en ce temps précis de délinquance.

JOEL LEON

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