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La crétinerie en marche, ou défense et illustration du pseudo.

Un tweet, ou plutôt un croaking, car il s’agit nettement plus d’un croassement que d’un gazouillis, a circulé il y a quelque temps sur Internet :

C’était une mise en garde de @LaetitiaAvia :
"Chers trolls, hackers, têtes d’œuf anonymes, qui vous croyez seuls cachés derrière vos écrans, qui êtes petits et lâches, sachez que nous nous battrons pour vous mettre face à vos responsabilités (...) c’est la fin de l’impunité !"

J’aurais envie de rappeler deux ou trois choses à cette dame.

Sur Internet, pour le simple citoyen, celui qu’elle méprise, le pseudo est recommandé. Ne laisser traîner aucune donnée personnelle est une règle de base, bien sûr pas ses numéros de compte bancaire, mais pas non plus ses nom, prénom, adresse, etc.

Cela pour éviter, par exemple lorsqu’on a l’outrecuidance de s’exprimer en politique sans avoir reçu l’imprimatur des autorités auto-désignées, de recevoir la visite de sbires chargés de vous tabasser, voire de vous mordre, pour avoir déplu à Tartempion, à Unetelle, ou à quiconque a la même sale mentalité que Madame Lætitia Avia.

Prenons un exemple qui m’intéresse, même si je le connais assez mal : moi-même.

Je suis un « rien », comme le dirait si élégamment certain président. J’ai milité dans le temps avant que le pessimisme ne l’emporte. Sur Bouquin de Faces, je complète mon « Fald », sigle prononçable de mes prénoms et de mon nom, par « Vieux Con-Vaincu ». Vieux, toujours ferme sur mes idées, mais n’ayant essuyé que des défaites, et dont le petit plaisir sadique est de rappeler les moments où mes copains et moi avons été pris pour des cons alors que nous avions raison.

Suis-je pour autant un anonyme caché derrière son écran, comme un corbeau collant ses lettres découpées dans un journal à l’époque du courrier en papier ? Evidemment pas !

Madame Lætitia Avia, l’arriviste de service, ignore manifestement une chose qui est tout sauf un détail : ceux qui s’expriment sur le web ont une adresse dite IP, qui permet à quiconque le veut de les situer, même un internaute très vaguement initié à l’informatique. Ils n’ont généralement pas le niveau d’être des « hackers », comme elle le dit si mal.

Les vrais hackers, ceux qui piratent vos données pour vous piquer du fric, il savent faire passer leurs messages par un tas de serveurs à travers le monde, et ceux-là, Madame Lætitia Avia, vos matraqueurs de manifs et vos faiseurs de chiffre des bords des routes sont bien incapables de les retrouver. Il y a bien quelques vrais policiers qui en sont capables, mais en sous-effectif à la fois aigu et chronique.

Les délinquants basiques sont déjà assez tranquilles. Ayant subi un cambriolage il y a quelques années, j’ai constaté que les gendarmes ne retrouvaient pas mes empreintes sur un boîte métallique contenant les enveloppes et les timbres d’une association, et que je manipulais régulièrement, sans gants, cela va de soi.

Alors... Leur confier la chasse aux informaticiens malhonnêtes de haut vol... François Béranger avait beau chanter que c’est pas interdit de rêver... L’exagération, c’est comme tout, faut pas en abuser !

J’ai un pseudo aussi pour protéger les autres. Les erreurs de la poste et du téléphone m’ont appris, dans tous les départements où j’ai habité, qu’il y avait au moins deux autres mecs avec les mêmes nom et prénom que moi. Ajoutez y les petites variantes du nom de famille à base de « e » et de « h » aussi muets les uns que les autres, ajoutez-y les femmes qui ont juste un « e » de plus à leur prénom, vous commencez à avoir une foule d’au moins douze personnes selon la police et le cabinet Occurrence, et de quelques milliers selon l’annuaire.

Tous ces braves gens doivent-ils souffrir du fait que mes propos sur Internet sont parfois cons, parfois sensuels, mais jamais consensuels ? Les sbires des Gentes Dames Le Pen, Royal ou Avia doivent-ils aller les rosser par erreur en les prenant pour moi ?

Ces pauvres hères, déjà assez malchanceux d’être affublés du même nom que moi, doivent-ils en plus être brimés à leur travail, pour peu que leurs petits ou grands chefs aient la même mentalité que Madame Lætitia Avia ?

C’est pourquoi je resterai une tête d’œuf anonyme. (Au fait, comment sait-elle que je suis chauve, cette chère Lætitia ?). Mais anonyme seulement pour ceux qui ne recherchent pas mon adresse IP.

Ceux qui expriment leur colère sur Internet, voire leur haine, de manière parfois imbécile, il faut bien le dire, n’importe quel flic qui sait un peu se servir d’un ordi peut les retrouver. Peut-être faut-il avoir fait un petit stage, mais rien à voir avec la vraie cybercriminalité.

Et si quelqu’un porte plainte pour menaces, incitation à la violence, diffamation, insultes racistes, appel au meurtre, etc., si la police a envie de retrouver le coupable, elle le retrouve facilement. Et comme ces choses-là sont déjà des délits depuis longtemps, pas besoin d’une nouvelle loi pour les réprimer.

Le croaking de Madame Lætitia Avia a tout simplement la prétention imbécile d’annoncer comme un exploit qu’on va pouvoir faire désormais... ce qui est déjà inscrit dans la loi depuis des décennies, et facile comme un jeu d’enfant depuis qu’Internet existe.

Comme toujours, quand un gouvernant annonce comme nouveau ce qui est déjà vieux, c’est qu’il a une idée derrière la tête.

Car nos apprentis dictateurs ont pris soin de donner une définition la plus vague possible de la « haine ». Comme ces lois dites des « Suspects » ou des « Ennemis du Peuple », que les historiens préférés des macronistes qualifient volontiers de scélérates. Faut dire que ces dernières avaient un défaut majeur : elles étaient promulguées dans des pays à qui les aristos et les bourgeois faisaient la guerre pour les empêcher de faire progresser les droits des sans-dents.

Madame Lætitia Avia et consorts (malheureusement pas « qu’on sort » !) nous disent qu’il s’agit de réprimer des propos racistes, antisémites, homophobes. Justement ceux qui tombent déjà depuis longtemps sous le coup de la loi.

Sauf que...

Dans notre cher et beau pays, on a déjà vu un mec en garde à vue pour avoir laissé la fenêtre ouverte en se passant un disque de Brassens sur lequel il y avait « Hécatombe ».

On a vu plus récemment passer au tribunal des manifestants qui traitaient d’assassins les flics qui avaient tué une vieille et mis une autre dans le coma.

Quiconque critique une action de Tsahal se voit accusé de vouloir refaire Auschwitz. Voire quiconque n’admire pas Monsieur Cohn-Bendit, sa vie, son œuvre et sa carrière de carriériste.

Un universitaire étasunien, Jonathan Turley, l’a montré brillamment : il s’agit ici d’obliger les réseaux prétendument sociaux à censurer tout ce qui n’est pas prosternation devant Madame Lætitia Avia et ses amis. Et comme je ne ferai pas mieux, je conclus en rappelant le lien de son article.

https://www.legrandsoir.info/la-france-est-devenue-l-une-des-plus-grandes-menaces-a-la-liberte-d-expression.html

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