RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La course vers Raqqa a commencé - Pour garder son unité la Syrie doit la gagner

La course vers Raqqa a commencé. La Syrie et ses alliés sont en concurrence avec le États-Unis et ses alliés pour arracher l’est de la Syrie à l’État islamique.

Raqqa, dans l’est de la Syrie, est détenue par l’État islamique comme le sont les autres villes le long de l’Euphrate vers l’Irak. Vaincre l’État islamique à Raqqa, à Deir Ezzor, et dans d’autres villes syriennes de l’Est, et les libérer, est le but de tous les ennemis supposés de l’État islamique. Mais cette question doit être considérée dans un contexte plus large.

Si les États-Unis et leurs alliés prenaient Raqqa ou Deir Ezzor et, avec ces villes, des parties de l’est de la Syrie, ils pourraient les utiliser comme monnaie d’échange pour acquérir un certain pouvoir de négociation avec la Syrie et ses alliés concernant l’avenir de la Syrie. Ils pourraient créer un état sunnite dans l’est de la Syrie et l’ouest et l’Irak. Mossoul ferait partie de cet état sunnite qui serait probablement mis sous tutelle de la Turquie. Il y a, depuis quelque temps, des projets étasuniens d’un « Sunnistan » de ce type, avec une révision des frontières Sykes-Picot.

Pour la Syrie et ses alliés le maintien de l’unité de la Syrie est un objectif majeur. Perdre Raqqa et les champs de pétrole de l’est aux profits des États-Unis serait dévastateur. La Syrie et ses alliés doivent donc battre les États-Unis et leurs alliés dans la course pour Raqqa et l’est de la Syrie.

Selon Southfront, la Syrie vient de faire une première avancée majeure. Une brigade de l’armée arabe syrienne a attaqué les positions de l’État islamique sur la route d’Ithriyah à Raqqa. La ville de Tal Abu Zayhn a été prise sur la route du premier l’objectif, l’aéroport militaire de Tabaqah. Des forces supplémentaires appartenant à divers groupes alliés se rassemblent dans Ithriyah pour soutenir ensuite l’attaque.

Le mouvement des États-Unis vers l’est de la Syrie est encore en préparation. Le plan initial des Etats-Unis était d’utiliser les combattants du YPG syro-kurde du nord-est de la Syrie. Ils ont été étiquetés Forces démocratiques syriennes après que quelques combattants des tribus arabes les ont rejoint. Ces forces auraient attaqué Raqqa à partir du nord. Mais les Kurdes n’ont pas voulu envahir des terres arabes qu’ils ne seraient pas en mesure de garder. Leur but est de se relier à l’enclave kurde du nord-ouest de la Syrie, le long de la frontière turque.

Les États-Unis ont donc conçu un nouveau plan. On n’en a que de vagues aperçus à ce jour et on ne peut donc que spéculer sur ce qui va arriver.

Les États-Unis ont prolongé la piste de l’aérodrome agricole de Rumeilan / Abu Hajar dans la zone tenue par les Kurdes au nord-est de la Syrie, pour pouvoir assurer l’intendance d’opérations plus importantes dans une plus grande zone :

Cet emplacement a été choisi car il est à seulement 160 kilomètres des premières positions d’ISIS et de certains de ses lucratifs champs pétroliers mais à l’intérieur du territoire tenu par les combattants kurdes connus sous le nom de YPG. La piste est en train d’être presque doublée sur la longueur pour passer d’environ 700 à 1 320 mètres - assez longue, par exemple, pour recevoir des avions de transport C130. Une petite aire de stationnement est également créée.

Des forces d’opérations spéciales étasuniennes opéreraient déjà à partir de là. Ce sont les prémisses d’une mission de reconnaissance.

Il a été révélé publiquement que la 101e division aéroportée étasunienne se rendrait en Irak pour former, conseiller et assister les forces irakiennes dans le but d’attaquer Mossoul.

Quelques 1 800 soldats de la 101e division aéroportée et de son équipe de combat de la 2e Brigade se déploieront bientôt en rotations régulières à Bagdad et Erbil pour former et conseiller l’armée irakienne et les forces peshmergas kurdes qui doivent, dans les prochains mois, avancer vers Mossoul, le siège de facto du groupe Etat islamique en Irak.

Mais le colonel Pat Lang a été informé que deux brigades de la 101e se déploieraient :

“ On m’a dit aujourd’hui que deux brigades de la 101e division aéroportée iront en Irak, pas seulement une. Cela est probablement lié au Juggernaut* saoudien. ”

Le « rouleau compresseur » saoudien vient d’annoncer qu’il serait prêt à envoyer des troupes en Syrie. Au début, personne n’a pris cela au sérieux mais on commence maintenant à comprendre ce que cela veut dire. Les Saoudiens ont confirmé aujourd’hui leur intention :

la décision de l’Arabie saoudite d’envoyer des troupes en Syrie pour tenter de renforcer et de durcir les efforts contre les militants est « définitive » et « irréversible », a annoncé, jeudi, le porte-parole de l’armée saoudienne.

Le Brigadier Général Ahmed Al-Assiri a déclaré que Riyad était « prête » à se battre avec ses alliés de la coalition sous commandement américain pour vaincre les militants d’ISIS en Syrie, cependant, il a déclaré que Washington était plus à même de répondre aux questions concernant les détails de toutes les futures opérations au sol.
...
La déclaration arrive sur les entrefaites de la visite du prince héritier adjoint d’Arabie Saoudite et du ministre de la Défense, Mohammed bin Salman, au siège de l’OTAN, à Bruxelles, pour discuter de la guerre civile syrienne.

Les Saoudiens se battraient sous le contrôle d’une des brigades de la 101ème aéroportée qui ne doit pas partir pour Mossoul. Les Saoudiens se déploieraient vers la Syrie depuis l’Arabie Saoudite, probablement via une piste contrôlée par les États-Unis dans l’ouest de l’Irak, pendant que la brigade de la 101e se déploierait depuis la région kurde du nord de l’Irak vers Raqqa, à travers les régions kurdes du nord-est de la Syrie. Raqqa serait ainsi attaquée par le nord-est et le sud-est. L’aéroport de Rumeilan / Abu Hajar serait l’une des principales bases d’approvisionnement.

Un tel mouvement de forces s’étendrait sur de relativement longues distances. Mais la plus grande partie de la zone est désertique et du matériel militaire moderne motorisé pourrait facilement couvrir ces distances en un jour ou deux. Cela amènerait les troupes saoudiennes en Syrie. Si elles prenaient Raqqa ou Deir Ezzor et les gisements de pétrole de Syrie orientale, elles ne les lâcheraient plus JAMAIS, à moins que la Syrie ne se plie à la demande saoudienne de mettre en place un gouvernement islamiste.

Ce plan est réalisable, mais il provoquerait également une grande mobilisation des forces chiites et pourrait conduire à un plus grand conflit. Le Premier ministre russe Medvedev a prévenu aujourd’hui que l’entrée de nouvelles forces arabes dans la guerre syrienne pourrait déclencher une guerre beaucoup plus grande.

L’opération saoudienne doit, apprend-on aujourd’hui, commencer dans les deux mois qui viennent. Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés devront maintenant se ruer à l’est pour protéger l’unité du pays. Les États-Unis pour leur part pourraient vouloir annuler l’avantage syrienne de toutes les manières possibles, y compris – peut-être – en larguant des bombes « par erreur ».

La course pour Raqqa, et pour l’avenir de la Syrie, a commencé.

Traduction : Dominique Muselet

Note :
*Le juggernaut (mot anglais dérivant du nom sanskrit Jagannâtha, en devanagari जगन्नाथ) désigne en anglais, souvent métaphoriquement, une force dont rien ne peut stopper l’avancée et qui écrase ou détruit les obstacles en travers de son chemin.

»» http://www.moonofalabama.org/2016/0...
URL de cet article 29937
   
Le cauchemar de Humboldt de Franz Schultheis
Bernard GENSANE
Bien qu’un peu long, ce compte-rendu rend à peine justice à la richesse de cet ouvrage indispensable à ceux qui veulent comprendre pourquoi, par exemple, la première contre-réforme imposée par Sarkozy fut celle des universités. On pourrait commencer par cette forte affirmation de 1991 de sir Douglas Hague, universitaire britannique de haut niveau, professeur de sciences économique, spécialiste du " marché de l’éducation " et, ô surprise, ancien conseiller de Madame Thatcher : (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Tout le savoir-faire de la politique conservatrice du 20ème siècle est déployé pour permettre à la richesse de convaincre la pauvreté d’user de sa liberté politique pour maintenir la richesse au pouvoir."

Aneurin Bevan (1897-1960)

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.