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New York Times

La chute de la bourse fait un ravage dans les rêves des vieux Américains

Certains de nos amis américains, qui spéculèrent beaucoup, ont vu leur économies fondre au fur et à mesure que la bourse s’effondrait. D’autres qui n’avaient pas spéculé sont dans la même situation. L’auteur de cet article nous raconte la souffrance des uns et des autres. elle nous montre aussi que tout peut être surmonté, petite note d’optimisme qui ne manquera pas de réjouir ceux qui ont vécu les même expériences. En attendant, rappelons quelques principes de base : le capitalisme des petits actionnaires est plus risqué que celui des grands. Quand on vous proposera de placer vos économies dans des fonds de pension, rappelez vous que la bourse descend toujours dès qu’elle a fini de monter.

C’est en tant que propriétaires d’une agence de publicité d’Atlanta qui fait 40 millions de $ de chiffre d’affaire par an que Jim et Jan Pringle ont fait la couverture du magazine Inc. "quel est le meilleur moment pour prendre sa retraite ?"

En janvier 2000, alors que le Dow était bien au-dessus de 10,000 points, ils étaient confiants. ils pensaient avoir choisi le bon moment. Après avoir vendu leur société à plus 2 millions de $ ils ont investi dans les actions. Leur courtier les a encouragés à prendre un mois de vacance en Europe mais ils ont préféré aller en Caroline du Sud, où ils ont commencé à construire une maison de rêve sur la plage.
Les Pringle ont depuis perdu environ 75 pour cent de leur investissement. Loin de pouvoir s’offrir un voyage en Europe, ils ont fait ce qu’ils avaient juré de ne jamais faire : hypothéquer leur maison et se remettre au travail.

"Je pensais que je pourrai au moins faire une pause et réflechir à ce que je ferais de la deuxième partie de ma vie," raconte M. Pringle qui a 63ans. "Mais je n’ai pas eu le choix quand les marché ont dégringolé."

Pour beaucoup d’Américains, la chute du marché boursier -et notamment le pic de la semaine dernière- aura été un sujet d’angoisse, un ciel s’obscurcissant. Mais pour ceux d’entre eux qui étaient plus ou moins à l’âge de la retraite, cela aura fait l’effet d’une secousse colossale.

Les membres de cette tranche d’âge - 55 à 64 - ont investi presque deux fois plus d’argent dans les actions pendant les dernières que les Américains moyens. Mais si leur argent a eu de très bons rapports pendant les années de boom, avivant leur espoir de vivre dans l’aisance et de mourir riche, il est depuis tombé de très haut.

A la différence des investisseurs plus jeunes, les vieux n’ont pas de recours pour surmonter leurs pertes, en particulier ceux qui, pendant qu’ils nageaient dans les plus-values de cessions, ont ignoré les principes de base qui invitent à privilégier les investissements moins volatils aux les actions à mesure que la retraite approche . C’est peut être ce qui explique que, suivant les statistiques fédérales, dans le cours des deux dernières années, il y ait eu une hausse du retour sur le marché du travail de cette tranche d’âge à un taux plus élevé que n’importe quelle autre, sans oublier les cas de non-départ.

Dans le cours d’interviews ayant eu lieu la semaine dernière de Hawaii à la Nouvelle Angleterre, des investisseurs âgés ont raconté comment ils avaient perdu la valeur entière de leurs portefeuilles boursier, ils avaient du annuler des projets de voyage ou tout simplement perdu espor. Auparavant, lls avaient l’habitude de rester hypnotisés dans les centre boursiers devant les relevés réguliers des cours, ou scotchés devant CNBC à la maison.
Maintenant, ils regardent de l’autre côté.

Ces investisseurs avaient espéré une retraite confortable. Ils sont maintenant confrontés à l’inquiétude, la déception et dans certains cas la honte.

Un homme de 68 ans a requis l’anonymat avant de raconter comment lui et sa femme avaient vendu leur maison à Manhattan et leur résidence secondaire au bord de la mer au milieu des années 1990, en projetant de vivre sur un revenu d’environ 1 million de $ investi dans la bourse. Lorsque les actions du secteur technologiques sont montées, son portefeuille aussi . Il est mort de rage lorsqu’il s’est vu perdre prés de 4.5 millions de $ en deux ans. Mais l’année dernière, lorsque ses actions ne valurent plus rien et craignant d’être mis à la rue, lui et sa femme sont allés travailler au Mohegan Sun casino dans le Connecticut :

"Le marché montait si rapidement, il était facile de vivre sur la valeur appréciée de ses actifs," dit-il. "C’était dans une certaine mesure illusoire de croire que le cycle baisserait et remonterait, mais il m’a fallu quelque temps avant de le réaliser. Cela ne m’était pas arrivé de toute ma vie. Je suis né pendant la Dépression, mais je n’étais pas assez âgé pour le comprendre."

Jacobo Black, 67 ans, agent immobilier retraité à Miami, a dit que lui et sa femme, Sophie, avaient annulé des projets de croisière transatlantique cette année. Ils auraient pourtant pu se distraire et oublier la bourse.

"Je me sens si vulnérable," explique M. Black. "j’avais des milliers de dollars d’économies et ici je suis entrain de les perdre comme du sable qui fuirait entre mes doigts. "

Gena Lovett, marchant le long de la Plage de Laguna en Californie avec un groupe d’amis qui, comme elle, ont la cinquantaine, explique qu’elle et son mari, John (57ans) ne pourront pas contribuer à l’éducation de leurs petits-enfants.

"Notre retraite est la moitié de ce qu’elle était il y a une année," explique-t-elle. "Et parce que John travaille pour Genral.Electric., nous avons surtout des actions G.E. Je suppose que nous aurions du diversifier nos investissements, mais les actions de G.E. étaient supposées être merveilleuses. John ne s’est tout simplement pas occupé de sa retraite et nous avons du dire à nos gosses que nous sommes entrain de dépenser leur héritage."

Les retraités les plus vieux, ceux de plus de 70, ont tendance à avoir des pensions d’état et dépendent moins du marché boursier expliquent les économistes. Ceux qui sont proches de la retraite ont plus souvent des « 401 (k) plans » [NdT : plans d’épargne salariale privés, appelés ainsi d’après la section qui en traite dans le code des impots américains ] qui sont devenus les principales options de retraite offertes par les sociétés pendant les deux dernières décennies. Comme le marché boursier était en hausse dans les années 1990, cette épargne a cru elle aussi et beaucoup de personnes, au vu des bénéfices réalisés, ont pensé qu’ils pourraient prendre leur retraite plus tôt.

"Beaucoup de retraités sont devenus suffisants," explique Mark Zandi, économiste en chef à Economy.com, un cabinet de conseil en Pennsylvanie. "Il y avait tant d’argent à se faire, ils n’ont pas fait les opérations que la plupart des personnes font. Beaucoup d’entre eux investissaient plus d’argent en bourse, pensant que c’était une façon rapide de financer leur retraite. Ils se sont faits avoir."

Selon des chiffres du Ministère du Travail cités par l’AARP, le plus grand groupe de pression national pour les retraités, le nombre de personnes de plus de 55 ans sur le marché de l’emploi a augmenté de 8.4 pour cent, soit 1.6 millions de personnes, entre juin 2001 et juin 2002. les chiffres étaient très inférieurs les années précédentes. Ceux des autres tranches d’âge ont tous baissé dans cette période.
"Que faites-vous si vous arrivez à l’âge de la retraite sans avoir des revenus suffisants ?" demande John Rother, le directeur stratégique de l’AARP’S. "Vous continuez à travailler."

John H. Saxman, président du département des sciences biocomportementales à l’Université de la Colombie, explique qu’il a commencé sa carrière en pensant que s’il mettait de côté de l’argent chaque année, il pourrait se retirer à 65 ans.

"Tout que je savais c’est que je ne voulais pas devenir comme un de ces vieux professeurs tremblottant qui ne peuvent jamais se permettre de partir," raconte le Professeur Saxman. "Maintenant j’ai 63 ans et chaque fois j’essaie de penser à une date de retraite précise, je regarde mes relevés financiers trimestriels et me rend compte que je ne peux pas choisir encore de date."

Il explique qu’il avait pris l’habitude de voir son Assurance d’Enseignants dans le cadre du Fonds d’Action de Retraite de l’université croître de 8 à 10 pour cent par an, avant que les pertes n’aient commencé à paraître, il y a une année. Sa dernière déclaration trimestrielle est arrivée il y a quelques jours, mais il ne l’a pas ouverte, ne voulant pas voir combien d’argent était parti.
"J’ai maintenant le sentiment que ce ne sera pas l’année prochaine" dit-il. "peut être dans cinq ans."

Beaucoup de personnes se sont senties flouées lorsqu ’elles se sont rendues compte qu’elles devaient reporter leur départ à la retraite, d’autant plus que chaque jour apporte son lot de questions sur la fraude, les rémunérations ou les irrégularités comptables..
"Évidemment le marché boursier tire à la hausse et à la baisse, et cela a des incidences sur le moment où vous partez à la retraite « explique Gail Hovey, 62, qui travaille pour des associations à but non lucratif à Hawaii. "Mais à voir toutes les irrégularités comptables et toute la fraude en sus, on se demande en qui on peut avoir confiance."

"J’ai travaillé dur toute ma vie et j’ai été un citoyen responsable" ajoute Mme Hovey "on n’est pas censé être menacé à ce point."
Mais si la fraude a beaucoup énervé les gens, les pertes ont été encaissées avec philosophie.

"Je préfère rester maître de mon propre destin, plutôt que dépendre des marchés boursiers ou des entreprises américaines" explique M. Pringle , qui a monté une agence de publicité avec sa femme depuis leur maison de retraite en Caroline du Sud, comme ils l’avaient fait 29 ans plus tôt.

Le malheur a aussi révélé le courage des gens.Mme. Pringle rit jaune lorsqu’elle explique comment elle est censée être partie à la retraite. Mais elle anchaîne aussitôt avec enthousiasme sur la nouvelle marque de pretzel, taillée comme une crosse de golf, qu’elle commercialise dans les tournois professionnels. Elle et son mari font moins de chiffre qu’à Atlanta, dit-elle, mais maintenant au moins ils travaillent en surveillant la plage.

"Quand nous sommes arrivés ici, j’ai dit : « O dieu, je vais venir ici, soyez bon et faites ce qu’Il vous plaît.. Que m’arrivera-t-il ? » et d’ajouter « Je suppose que c’est ça qu’il a voulu."

The NewYork Times


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Eugenio Balari
in Medea Benjamin, "Soul Searching," NACLA Report on the Americas 24, 2 (August 1990) : 23-31.

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