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La CGT a-t-elle été débordée par le mouvement des gilets jaunes ou attend-elle le moment propice pour frapper fort ?

Le mouvement des gilets jaunes a semé un certain trouble social en quelques mois. Il révèle le caractère insupportable du mode de production capitaliste pour la classe ouvrière et les couches populaires : le capitalisme, ses moyens de production, sont au service d’une classe sociale déterminée et non au service du peuple travailleur. Le mouvement des gilets jaunes est une réponse à la violence sociale et de classe que le capital exerce sur le travail. Certaines centrales syndicales ont décidé de ne pas suivre ce mouvement car cela révélerait leur véritable orientation politique et idéologique : celle de la collaboration de classe.

1- Les causes sociales du mouvement des gilets jaunes

A) Le mode de production capitaliste (stade impérialiste pour la France) est porteur de certaines contradictions antagonistes et inconciliables qu’il ne peut pas résorber : il s’écroulera sous le poids de ses propres contradictions. Nous parlons ici de la contradiction fondamentale entre le travail et le le capital : tu te mettras à genoux devant le capital ou tu chercheras des armes (idéologiques, économiques et politiques) pour te défendre face à lui, car tu représentes le travail.

Exemple : tu travailles dans un restaurant et perçoit en salaire à peine de quoi payer ton loyer, nourrir tes enfants. Tu représentes le travail. Tes patrons sont les propriétaires des moyens de production (machines, outils et matières premières) et ils se noient dans les liasses de leurs billets de banques : ils représentent le capital. Tu voudrais changer ta vie, le fonctionnement inégal de ce « système », mais les outils de luttes légales en place (les syndicats, le parlementarisme, etc.) ne suffisent plus : c’est alors que tu décides de porter un « gilet jaune » et de rejoindre les autres salariés qui sont dans une situation semblable.

B) L’accumulation et la concentration des capitaux sont des rouages essentiels du mode de production capitaliste. De cause à effets, ces deux facteurs sont responsables, entre autres, de la misère grandissante de la classe ouvrière et des couches populaires. Le profit s’accumule, il s’entasse, grossit et engendre des sommes d’argent qui sont parfois inimaginables ! Tellement énormes qu’il nécessite des paradis fiscaux pour camoufler toutes ces liasses de billets de banque !

L’accumulation est de l’argent qui génère encore plus d’argent d’une manière ininterrompue en passant par l’ouverture d’un ou plusieurs procès de production : ensuite il se concentre dans les mains d’une poignée d’individus, créant ainsi une oligarchie. Ces représentants du grand capital peuvent alors investir d’autres capitaux dans d’autres procès de production.

Exemple avec un cheminot travaillant sur les voies ferrées : il répare, entretient ces voies ferrées pour que les trains puissent circuler. Mais Bouygues ou Vinci (des monopoles) ont investi leurs capitaux dans les chemins de fer et, eux aussi, réparent et entretiennent dorénavant les voies ferrées. Pourtant, Bouygues était dans le BTP au départ, mais ce monopole a accumulé ses capitaux pendant des années : il monopolise désormais plusieurs procès de production.

C) La baisse de la valeur de la force de travail ou baisse des salaires est liée à ce processus d’enrichissement d’une classe sociale déterminée. Il est donc inévitable que la baisse de salaire ou sa limitation par rapport à la vie chère entraîne une baisse drastique du pouvoir d’achat (l’une des revendications des gilets jaunes qui exigent plus de pouvoir d’achat). C’est une contradiction du mode de production capitaliste : il produit toujours plus de marchandises, l’offre prenant le dessus sur la demande, mais la baisse de la valeur de la force de travail rend inaccessibles ces mêmes marchandises ( la classe ouvrière, les couches populaires ont un pouvoir d’achat restreint) qui ont été produites. Tous ces éléments affectent très fortement notre vie sociale, notre vie de tous les jours et ils sont liés aux différents rouages du mode de production capitaliste en cours d’obsolescence. Les gilets jaunes sont une excroissance de cette réalité objective et ils sont nés dans les entrailles de l’enfer capitaliste. Le mouvement des gilets jaunes est donc une réponse à cette logique de domination d’une classe sociale déterminée.

2- Les syndicats et le mouvement des gilets jaunes

La lutte des classes se fonde sur trois piliers fondamentaux :

 La lutte économique
 La lutte idéologique
 La lutte politique

Ces trois piliers doivent être mis en pratique ensemble, d’une manière dialectique et cohérente. Les centrales syndicales jouent un rôle essentiel dans la lutte économique. Normalement, elles sont censées défendre les salariés face aux attaques du patronat et du gouvernement : elles représentent en principe le travail face au capital. Les centrales syndicales peuvent pousser la lutte économique jusqu’à son extrême limite par des grèves, des grèves générales ou des grèves insurrectionnelles (ces dernières sont rares et n’interviennent que dans les périodes révolutionnaires). Lorsqu’une certaine limite est atteinte, la lutte doit alors basculer sur le plan idéologique et politique : la lutte des classes est ainsi complète.

Exemple : lors de la lutte contre la « loi travail », les centrales syndicales ont poussé la lutte économique jusqu’au bout. La « gauche » qui était alors représentée par le PCF/FDG/PS avait canalisé la colère des masses pour l’orienter vers des « jours sans lendemain ». Lors de cette lutte, un rapport de force avait commencé de s’instaurer du côté du travail, mais la classe ouvrière, les couches populaires n’étaient pas mandatées par des partis véritablement révolutionnaires en France (pas de lien politique et idéologique, donc).

Le lien entre ces trois piliers n’avait pas été réalisé et la lutte des classes avait été incomplète. C’était exactement ce que souhaitait la bureaucratie syndicale au service des forces capitalistes : éviter le développement de la lutte des classes par l’incohérence intentionnellement créée entre ces trois piliers essentiels de la lutte des classes. La lutte économique se doit d’être poussée jusqu’aux limites extrêmes, pour trouver ensuite sa continuité idéologique et politique.

Certaines organisations syndicales détiennent un rôle prépondérant dans la lutte des classes : la CGT notamment. Il y a deux courants idéologiques à la CGT : le réformisme et le révolutionnaire. La direction est noyautée par le réformisme/opportunisme et même s’il existe encore des vrais révolutionnaires dans la direction syndicale, ils ont été isolés. Dans la base militante nous pouvons constater la présence des idées révolutionnaires, mais elles sont aussi étouffées et canalisées par la direction.

Une question se pose :

La contradiction entre les idées réformistes et les idées révolutionnaires s’est-elle cristallisée ou est-elle en cours de cristallisation ? La réponse est importante, car sur la base d’une analyse dialectique juste, elle permettra de développer au mieux le processus révolutionnaire. La centrale syndicale ne veut pas intégrer le mouvement des gilets jaunes et parfois c’est ce mouvement trop hétérogène qui s’en défend : il accepte les fleurs de lys plutôt que le drapeau de la CGT ! Incohérence qui discrédite dans un certain sens le mouvement des gilets jaunes !

Une autre question se pose aussi sur la tentative de convergence entre les gilets jaunes et les organisations d’extrême droite.

La composition sociale du mouvement des gilets jaunes est claire : la classe ouvrière et les couches moyennes. La classe moyenne est une classe instable n’ayant qu’une crainte, crainte qui est aussi son moteur de lutte : la peur de son déclassement dans les couches populaires (qui est liée au processus d’accumulation et de concentration du capital). La classe ouvrière, les couches populaires seront charmées par le serpent de l’extrême droite, mais leurs intérêts sont antagonistes et inconciliables : la contradiction est inévitable et elle ne sera pas résorbable.

De cette contradiction inévitable, la centrale syndicale CGT et le parti révolutionnaire (s’il existe, car pour l’heure le parti n’existe pas) pourront canaliser la colère de la classe ouvrière et des couches populaires, matérialisée par les gilets jaunes. La convergence ainsi effectuée pourra s’orienter vers le développement des idées révolutionnaires et enfin franchir le fossé qui sépare les masses de la révolution par un bond en avant qualitatif !

Il y a donc trois solutions :

1- La CGT détient encore des restes de cette puissance qu’est l’analyse dialectique et elle attend que se cristallise la contradiction ci-dessus exposée pour ensuite frapper fort.

2- La CGT ne veut pas intégrer les gilets jaunes car la bureaucratie syndicale est consciente qu’elle sera débordée par la base révolutionnaire.

3- La CGT voudrait intégrer le mouvement des gilets jaunes, mais ces derniers rejettent en bloc toute organisation syndicale.

Il existe une autre certitude. Le mouvement des gilets jaunes compromettrait l’essence même de sa lutte s’il s’enfermait dans un cadre parlementaire (en tant que fin cette lutte est perdue d’avance, mais peut-être pas en tant que moyen). Sur le « terrain parlementaire » la classe capitaliste est chez elle et s’avère très congruente. Il s’ensuit que les principales revendications, d’une grande justesse, que sont le RIC (référendum d’initiative citoyenne), l’augmentation du SMIC, l’augmentation du pouvoir d’achat se dilueraient dans la lutte parlementaire.

3- Conséquence

Le mouvement des gilets jaunes est réprimé sévèrement par les forces de répression, au service des représentants de la dictature du capital, sous le joug de laquelle nous vivons. Les propos de Luc Ferry appelant à tirer sur les gilets jaunes, révèlent ainsi le véritable visage de ces représentants du capital : ils n’hésiteront pas à massacrer le peuple travailleur. Cela transparaît d’ailleurs dans les révolutions de 1830, 1848 ou lors de la Commune de Paris de 1871 : les capitalistes ont massacré femmes et enfants pour sauvegarder leurs privilèges.

Avec le mouvement des gilets jaunes, le rapport de force penche du côté du travail face au capital (danger révolutionnaire pour la classe capitaliste). Lorsqu’il y a un danger révolutionnaire, la classe capitaliste envoie son chien de garde qu’est le fascisme : après les gilets jaunes, nous devons nous attendre à une réaction sévère. Quel que soit le résultat du mouvement des gilets jaunes, on peut être certain d’une chose : la lutte des classes est passée à une étape supérieure !

Une autre question se pose : où est le parti révolutionnaire ? Il n’existe toujours pas...

Vive la révolution socialiste ! A bas le capital !

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