Le point de vue d’un Français moyen qui essaye de se faire une idée sur les actuels développements de la situation en Égypte
Certains, les plus nombreux à s’être exprimés, ont poussé des cris de vierges effarouchées quand les Frères musulmans ont été écartés du pouvoir par un coup d’ État militaire. Ceci au nom du sacro-saint principe du respect de la démocratie.
Il faut bien admettre pourtant que la politique qu’a appliquée Morsi avait contrarié si profondément les aspirations populaires que les masses se sont retrouvées dans la rue pour la contester radicalement, et que l’armée n’a fait qu’achever le travail de sape que les Frères avaient mené contre eux-mêmes.
Les mêmes qui se sont scandalisés auraient sans doute préféré l’alliance impossible de l’armée et des Frères pour réprimer le mouvement populaire et faire ainsi respecter la démocratie.
La situation est très tendue aujourd’hui, alors que le gouvernement entreprend de mettre fin à l’agitation entretenue dans la rue par les partisans de Morsi, encore que celle-ci soit en net reflux.
Du point de vue du mouvement populaire et des forces progressistes ou révolutionnaires égyptiens un pas en avant a été accompli. Ces dernières soutiennent comme un progrès l’action actuelle de l’armée.
On peut aisément les comprendre : il vaut mieux avoir devant soi l’armée dans sa réalité que la même affublée du masque de la religion.
Elles ne sont pas pour autant naïves au point de croire que la répression qui s’abat aujourd’hui sur les Frères, ce qui n’est pas une première en Égypte puisque Gamal Abdel Nasser les avait combattus et interdits, ne pourrait pas se retourner contre elles et les revendications populaires.
Les socialistes révolutionnaires (?) ont publié un communiqué dans lequel ils rappellent « les crimes des Frères contre les habitants… et contre les églises (qui) ont créé une vague de haine dans la population ».
Preuve que l’organisation ne nourrit aucun doute sur les intentions de l’armée et son implication dans le processus révolutionnaire : « Les canons qui sont braqués vers les Frères peuvent se retourner contre nous à tout moment, pour viser les révolutionnaires et les protestataires contre la pauvreté et les conditions de travail. » Et d’appeler « toutes les forces révolutionnaires et sociales à faire front commun contre le fascisme militaire et les crimes des Frères ». (Cité par l’Humanité.fr)
Le même quotidien rappelle brièvement qu’en toile de fond de ces péripéties agit ce qu’il appelle Le grand jeu américain.
Les États-Unis, qui continuent de considérer l’Égypte comme appartenant à leur sphère d’influence [et ils ont quelques raisons pour le croire], font preuve d’un activisme renforcé. « Nous estimons que l’aide continue que nous apportons (…) est importante pour la sécurité nationale de notre pays, [ les USA, faut-il le rappeler ! Où sont donc les frontières de cet empire ? ] et pour notre objectif de ramener l’Égypte vers un processus démocratique », explique Washington.
La revoici, la démocratie, comme meilleure forme possible de la domination impérialiste, ici en Égypte comme pour d’autres et plus modestement au Mali.
Cette aide qui s’élève à 1,3 milliard de dollars de soutien militaire, le fameux soutien à l’armée, et à 250 millions d’aide économique fait partie du partenariat qui lie les deux pays et Israël, précise le quotidien qui conclut par ce que tout le monde a depuis longtemps compris : Une déstabilisation de l’Égypte nuirait à l’influence qu’ils entendent jouer au Proche-Orient.
Précisons encore que ce qu’il faut entendre par un partenariat est tout simplement le respect d’un contrat de neutralité bienveillante à l’égard d’Israêl, le fer de lance de l’impérialisme dans le monde arabe, et qu’une éventuelle déstabilisation aux yeux des stratèges nord-américain serait l’instauration d’un régime réellement démocratique qui aurait donc pour premier objectif d’être à l’écoute des revendications populaires à l’intérieur et de cesser d’être le soutien corrompu de la politique sioniste des USA en politique étrangère.
Mauris Dwaabala