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L’Afrique dépouillée !

L’Afrique ! Comment le continent noir est-il regardé de l’étranger ? Appréciez ! « L’Afrique s’identifie pour le plus grand nombre au malheur et à l’échec. Guerre, sécheresse, maladies, pauvreté, enfants qui meurent de faim et qu’il faut aider, le continent tout entier semble ne susciter qu’une pitié mêlée de répulsion. »

Ces fortes paroles sont signées, Sylvie Brunel (2005). Un stéréotype ? Sans doute pas, dès lors que les Africains ne sont pas loin de partager l’image négative qui est donnée de notre continent. De fait, une question se posait depuis les indépendances africaines : pourquoi le continent noir, nonobstant ses richesses minières et des ressources solides, n’arrivait cependant pas à décoller économiquement et à sortir du sous-développement ? Ce n’était pas l’argent qui faisait défaut. Pris individuellement, les pays africains sont réputés être les plus pauvres de la planète. C’est une représentation à tout le moins erronée, qui transcende la réalité, ce ne sont pas les pays africains [même les moins bien nantis, peuvent atteindre l’autosuffisance par une gestion rationnelle] qui sont pauvres, mais leurs populations. Ce sont au final les peuples africains qui subissent la mal-gouvernance, les dilapidations et la corruption à grande échelle.

Les classes moyennes africaines ont été éradiquées, remplacées par deux catégories de populations : une infime minorité qui monopolise les richesses et l’immense majorité qui vivote. Une classe dirigeante prédatrice propriétaire de biens patrimoniaux en Occident et dans les paradis fiscaux, face à des peuples livrés à eux-mêmes. En fait, depuis les indépendances, l’Afrique n’a jamais été maîtresse de son destin, supervisée par les anciens impérialismes, et gouvernée par les multinationales. Ces dernières ont trusté les richesses et matières premières du continent. A cela s’est ajouté un endettement déstabilisateur induit par des politiques d’ajustement structurel draconien et surtout illogique. Quand l’Afrique emprunte 1 dollar elle en rembourse entre 3 et 5 dollars. Une vraie arnaque. Le FMI est passé par là ! L’effet premier de cette politique volontariste a été la désagrégation des sociétés africaines. D’autres paramètres : multiplicité des coups d’Etat, absence de démocratie – celle-ci marquée par des dictatures au long cours, une démocratisation de façade, [remise en question par des hommes qui se sont enrichis au moment où les pays qu’ils dirigent s’appauvrissaient], une insertion calamiteuse dans une mondialisation économique où les Etats africains n’en avaient pas les moyens, ni n’y étaient préparés. Aussi, il y eut une désintégration des nations africaines tant par la réapparition du tribalisme et de l’ethnisme (encouragés par les anciennes puissances coloniales) que sous les coups de boutoir conjugués de ces mêmes puissances [la France par le biais du franc CFA (lié au français puis à l’euro) à la haute main sur les finances de l’Afrique francophone], de la mainmise des multinationales sur les matières premières africaines et, last but not least, le pillage systématique du continent organisé conjointement par des Africains et leurs partenaires occidentaux. Un rapport publié en 2010 par le think tank états-unien, « Global Financial Integrity », sous le titre Illicit Financial Flows from Africa : Hidden Resource for Development [Flux financiers illicites en provenance d’Afrique : Les invisibles ressources pour le développement] met l’accent sur le détournement et l’évasion massifs de fonds dont est victime le continent. Il est ainsi estimé que lors des quatre dernières décennies 854 milliards de dollars ont été illégalement transférés d’Afrique vers l’Occident. Ou comment l’Afrique finance les pays industrialisés. Ainsi, ces transferts délictueux – d’autres sources les estiment à 1800 milliards de dollars – constituent un manque à gagner net pour les Etats africains qui leur auraient permis d’édifier une économie forte et compétitive. Voilà comment un continent, qui avait tout pour opérer son décollage économique et concurrencer les dragons asiatiques, se voit voué à la misère et contraint d’accepter l’aide étrangère pour survivre. A qui imputer ce gâchis ? Qu’ont fait ces dinosaures qui monopolisent le pouvoir depuis des décennies ? Des questions auxquelles il serait salutaire de voir les dirigeants africains y répondre.

28 Avril 2016

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« A toute époque, les idées de la classe dominante sont les idées dominantes : autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est en même temps la puissance spirituelle dominante. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose en même temps, de ce fait, des moyens de la production intellectuelle, si bien qu’en général, elle exerce son pouvoir sur les idées de ceux à qui ces moyens font défaut. Les pensées dominantes ne sont rien d’autre que l’expression en idées des conditions matérielles dominantes, ce sont ces conditions conçues comme idées, donc l’expression des rapports sociaux qui font justement d’une seule classe la classe dominante, donc les idées de sa suprématie. »

Karl Marx

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