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L’Affiche rouge et noire de New York.

Photo : Jean-François Fraysse

« … elle est restée sur la palissade face à La Lunchonette [1] pendant trois mois… un mur collectif sur les évènements durant cinq décades… » Jean-François Fraysse

Nul doute que cette affiche en terre américaine est amicale envers les victimes vietnamiennes de ce qui fut, du point de vue armement, la guerre majeure du XXème siècle.

Que veulent dire ces chiffres ?
Que sont des chiffres « officiels » à un moment donné ?
Quels sont les chiffres réels ?

Les chiffres de cette affiche semblent oublier des pans entiers de cette guerre. Au début de l’année 1995, le gouvernement d’Hanoi a annoncé que 1 000 000 de combattants vietnamiens étaient morts ainsi que… 4 000 000 de civils.

D’autre part, en avril 2003, le « Rapport Stellman » basé sur la superposition des vols répertoriés dans les archives de l’Armée américaine estime jusqu’à 4 800 000 les victimes, mortes ou contaminées, par les seuls épandages de défoliants. Ces épandages ont commencé en 1961 et se sont arrêtés « officiellement » en 1971, mais ont duré jusqu’en 1975 dans la réalité.

Depuis, les effets durables de la dioxine contenue dans l’Agent Orange et ses conséquences tératogènes sur les combattants et populations civiles poursuivent leurs ravages par le biais de la chaîne alimentaire depuis trois générations, combien de victimes supplémentaires ?

Trente-trois ans après l’arrêt des combats et 47 ans après le début de l’épandage des défoliants, VAVA (Association vietnamienne des victimes de l’Agent Orange/dioxine) estime à 3 000 000 le nombre de victimes souffrant de l’Agent Orange actuellement.

Et puis cette guerre a sa traînée de perturbations, parmi les 2 000 000 de boat people qui se sont jetés à la mer, 300 000 ont péri noyés sur de frêles esquifs, dans les naufrages des barcasses surchargées, victimes des tempêtes et des pirates, souvent morts de soif et d’épuisement.

Outre l’Agent Orange, il y a aussi les engins qui n’ont pas explosés et qui ont tués depuis la fin de la guerre entre 100 000 et 200 000 personnes, surtout des enfants.

Et puis les disparus, déchiquetés, combien sont-ils ?

D’autre part, cette guerre a considérablement diminué la durée de vie de nombreux survivants.

Il convient aussi d’évoquer les nombreuses espèces animales et végétales, terrestres et aquatiques, éteintes par cette guerre, ou quasiment disparues pour d’autres.

Même si personne n’aura jamais de réponse exacte, la sympathique affiche rouge et noire de New York est probablement loin du compte.

Les chiffres « officiels » de la guerre, c’est un peu comme ceux des manifestations. Quand la préfecture de police avoue 50 000 manifestants, les organisateurs en reconnaissent 150 000.

André Bouny, père adoptif d’enfants vietnamiens, préside le « Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange et au procès de New York » (CIS)



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[1La lunchonette est un restaurant français situé au 130tenth Avenue, à l’angle de la 18th Street (pas loin de Ground zero), monté et tenu depuis plus de 20 ans par un ami de toujours, Jean-François. Homme de théâtre ayant côtoyé les vedettes françaises et américaines, des personnes aussi différentes que Mick Jagger, Howard Zinn ou Madonna viennent manger chez Jean-François et Melva, lieu sans prétention et très accessible où on peut déguster un merveilleux cassoulet sacré par TIMES OUT comme le meilleur de New York, après deux pages dans la Leving section du New York Times.


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