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L’affaire Julian Assange à nouveau retardée dans des circonstances bizarres (Mint Press News)

Il y a eu des scènes bizarres au tribunal de Westminster à Londres aujourd’hui, alors que la procédure d’extradition du co-fondateur de Wikileaks, Julian Assange (présent par vidéoconférence depuis la prison de Belmarsh), a été à nouveau retardée.

14 août 2020 - La procédure a été suspendue ce matin afin qu’Assange puisse converser pour la première fois en cinq mois avec son équipe juridique. L’équipe du procureur ne s’est pas présentée à l’audience car on lui a dit que les procédures commençaient à 15h30. Seuls cinq membres de la presse ont été autorisés à entrer dans la salle d’audience pour suivre les débats. Les autres journalistes, observateurs et ONG qui ont tenté d’écouter par téléphone n’ont pas pu le faire, car on leur a donné le numéro d’une autre salle d’audience. Un journaliste qui est entré dans la salle a déclaré que la juge, Vanessa Baraitser, "lisait clairement une décision pré-écrite".

Assange était assis dans une salle de conférence utilisée par toute la prison, sans masque, et on l’a vu tousser à plusieurs reprises. À un moment donné, les procédures dans la salle d’audience ont été interrompues par des cris provenant d’une autre cabine de la prison de Belmarsh, assez forts pour provoquer un retard. Présente à l’audience, la mère d’Assange, Christine, a averti qu’il ne survivrait pas à son extradition vers les États-Unis.

Le plus bizarre, cependant, est peut-être que le ministère américain de la justice a abandonné son acte d’accusation initial en juin, deux jours seulement après que l’équipe de défense d’Assange ait soumis ses arguments complets et définitifs pour l’audience d’extradition. Aujourd’hui, c’est la première fois qu’Assange a vu les charges retenues contre lui. Pourtant, elles sont presque identiques à celles émises précédemment, à l’exception d’un léger élargissement du champ d’application pour inclure certaines interactions avec des groupes de piratage informatique en 2011. Le ministère américain de la justice a lui-même admis que leur nouvel acte d’accusation "n’ajoute pas de chefs d’accusation supplémentaires à l’acte d’accusation précédent, qui remplace l’acte d’accusation de 18 chefs d’accusation rendu contre Assange en mai 2019", ce qui a conduit Wikileaks à affirmer que les États-Unis tentent de faire durer le processus jusqu’après les élections de novembre, afin d’éviter toute conséquence négative pour l’administration Trump. "C’est la pire audience à ce jour", a déclaré Kristinn Hrafnsson, actuel rédacteur en chef de l’organisation. "Le gouvernement américain semble vouloir changer l’acte d’accusation à chaque fois que le tribunal se réunit, mais sans que la défense ou Julian lui-même ne voient les documents pertinents." S’il est reconnu coupable, Assange risque jusqu’à 175 ans de prison.

L’équipe de la défense, dirigée par Edward Fitzgerald QC, a eu une semaine pour décider si elle allait demander le report de l’audience prévue pour le 7 septembre. Cependant, ils doivent le faire sans l’intervention de leur client, car la prison de Belmarsh leur a refusé une vidéoconférence post-audience.
 
Le procès parodie d’Assange

L’une des conséquences de l’acte d’accusation de remplacement est la légalité même du maintien en prison de l’éditeur. Baraitser a déclaré qu’Assange n’a même pas été arrêté sous le nouvel acte d’accusation et qu’il est toujours détenu sous l’ancien qui est maintenant nul et non avenu.

Pour récapituler : l’accusé (qui n’est même pas légalement en état d’arrestation) n’avait même pas vu les "nouvelles" accusations (qui étaient les mêmes que les anciennes) ou rencontré son équipe de défense depuis cinq mois, le juge a lu un script pré-écrit, l’accusation ne s’est pas présentée, les journalistes n’ont pas pu assister ou écouter les débats, qui ont été interrompus par des cris depuis la prison où Assange est détenu.

Ces événements grotesques ont été immédiatement dénoncés par les témoins. "Jamais dans ma carrière je n’ai eu autant de mal à tenter de suivre le procès que dans le cas de Julian Assange. Que ce soit en personne ou à distance, il y a constamment des obstacles à l’accès. C’est tout à fait inacceptable", a déclaré Rebecca Vincent, directrice des campagnes internationales de Reporters sans frontières. Le journaliste Kevin Gosztola est d’accord : "Ayant couvert la cour martiale de Chelsea Manning dans une cour militaire américaine, permettez-moi de le dire clairement : Julian Assange ne bénéficie même pas des mêmes droits minimaux et des mêmes normes d’accès à la presse que Chelsea. C’est bien, bien pire", a-t-il écrit sur Twitter.

(...)

Alan Macleod

Traduction "on croit toucher le fond et là, ... surprise !" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

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