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Khouidmi. Urgentiste algérien à l’hôpital El Shifa de Ghaza « Je n’ai jamais vu un tel carnage »

Mohamed Abed Khouidmi. Urgentiste algérien à l’hôpital El Shifa de Ghaza

« Je n’ai jamais vu un tel carnage »

El Qods de notre envoyée spéciale, El Watan, 18 janvier 2009

- Comment vivez-vous aujourd’hui à Ghaza ? Quelle comparaison feriez-vous avec les autres conflits sur lesquels vous êtes intervenu ?

- J’ai connu la guerre au Sud-Liban et en Irak et je peux vous dire que je n’ai jamais vu un tel carnage et de telles lésions. Je garderai toujours gravée dans ma mémoire l’image de ce père serrant ses deux enfants contre lui. Quand on nous les a amenés à l’hôpital, ils étaient tous les trois calcinés. Ce qui se passe ici dépasse l’imagination.

- Avez-vous remarqué des lésions étranges qui seraient liées à l’utilisation de produits chimiques, comme le phosphore blanc ?

- Oui, en effet. Dès mon premier jour à l’hôpital, j’ai été amené à examiner certaines victimes. Sur les personnes décédées, tout d’abord, quand on ouvre une lésion, une réaction chimique se produit au contact de l’oxygène de l’atmosphère. Une fumée blanche toxique, qui sent l’ail, s’échappe de la plaie. Au niveau du bloc opératoire, lorsque nous effectuons une laparotomie (exploration des organes), on remarque qu’en plus de la fumée blanche qui se dégage, les organes brûlent. Nous avons donc mené des investigations, monté un dossier et, hier, nous avons officiellement demandé au Comité international de la Croix-Rouge et aux Nations unies de dépêcher une commission d’enquête.

- A quels autres types de blessures graves êtes-vous confronté ?

- Nous avons également remarqué que l’explosion des missiles s’effectue sur 50 cm, ce qui provoque l’arrachement des membres inférieurs jusqu’aux genoux sans hémorragie. Les victimes sont prises en charge au bloc, les plaies sont suturées. Quatre heures plus tard les plaies suturées se rouvrent toutes seules. Et les patients meurent des suites d’une hémorragie. Nous ne savons pas de quoi il s’agit, mais cela pourrait être provoqué par la présence d’un produit chimique.

- De quoi avez-vous besoin de manière urgente ?

- A la catastrophe humanitaire se greffe une catastrophe sanitaire. L’hôpital El Shifa est conçu pour recevoir 400 patients et nous avons aujourd’hui plus de 1 000 blessés. Aux urgences, nous manquons d’analgésiques, si bien que nous sommes obligés de laisser les patients amputés des membres inférieurs souffrir jusqu’à ce qu’ils soient anesthésiés au bloc opératoire. Il nous faudrait aussi des antibiotiques, des anesthésiants, des tensiomètres et des stéthoscopes. Nous en avons deux que nous faisons tourner entre quarante médecins !

- Attendez-vous des renforts ?

- Je dois coordonner l’arrivée, normalement aujourd’hui dimanche, d’humanitaires de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui viennent des pays arabes et européens. Je ne sais pas comment s’effectue le passage aux frontières. Firas El Khalili, traumatologue algérien, et moi-même attendons le cessez-le-feu pour sortir.

- Après le bombardement d’hôpitaux et de bâtiments des Nations unies, êtes-vous inquiet pour l’hôpital El Shifa ?

- Avec l’intensification des bombardements, personne n’a été épargné. Ni les secouristes ni les journalistes, ni les pompiers qui tentaient d’éteindre un incendie il y a deux jours. Parmi eux, neuf ont été touchés et six amputés. La population est venue se réfugier à l’hôpital, considéré comme lieu sûr.

- Comment se déroulent vos journées ?

- Nous travaillons 24 heures sur 24, surtout la nuit. C’est à ce moment-là que les hostilités doublent d’intensité. Nous nous reposons une heure ou deux de temps en temps. La nourriture manque... nous déjeunons de riz et dînons de confiture, de pain et de fromage.

Par Mélanie Matarese

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