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Julian Assange est-il un journaliste ? (Merci de poser la question)

"Julian Assange est-il un journaliste ?". Question souvent posée et souvent suivie par une réponse négative ou pour le moins dubitative, par les journalistes eux-mêmes. Intéressante réaction car, si on y réfléchit, combien de journalistes sont réellement des journalistes selon la définition couramment comprise par vous et moi ?

Alors, selon cette définition, est-ce que Christophe Barbier qui, à ma connaissance, n’a jamais effectué la moindre enquête, le moindre reportage, qui passe son temps à "commenter" du haut de son tabouret, est vraiment un journaliste ? Est-ce que les présentateurs des journaux télévisés, dont l’activité principale consiste à lire sur un prompteur un texte préparé par d’autres, sont des journalistes ? A part interviewer des gens, que fait d’autre Jean-Jacques Bourdin ?

Il y a probablement aujourd’hui plus de journalistes dans les médias alternatifs (ou électrons libres ou sans emploi) que dans les médias dits dominants. Et c’est normal. Un vrai journaliste n’a tout simplement pas sa place dans une entreprise commerciale à but strictement lucratif (pour ses actionnaires) ou propagandiste (pour ses propriétaires).

En réalité, la plupart des "journalistes" les plus connus, tous médias confondus, ne sont pas des journalistes. Ils sont peut-être diplômés d’une école de journalisme, ils ont peut-être effectué dans leur passé professionnel un travail de journaliste, mais aujourd’hui ? Ce sont des commentateurs, des interviewers, des présentateurs, que l’on appelle des "journalistes". Et si on rajoute la plupart des journalistes moins connus qui se contentent en réalité de mettre en forme les dépêches des agences de presse, combien reste-t-il dans le métier qui peuvent prétendre être plus journaliste que Julian Assange ?

En d’autres termes, c’est quoi exactement leur légitimité à ces gens-là ? Car à part de s’identifier abusivement à un métier, de s’auto-qualifier de ce qu’ils ne sont pas, de posséder une carte de presse qui s’apparente dans leur cas plus à une carte de membre d’un club qu’à une certification quelconque, quel est le pourcentage de journalisme réel en eux ? Zéro. Commentateurs, intervieweurs, rédacteurs, lecteurs de prompteurs. Merde. Si ces branquignoles ont le droit de se faire appeler journaliste, et d’avoir la protection qui va avec, alors Julian Assange n’est pas un journaliste (ne mélangeons pas les serviettes et les torchons) mais un super-journaliste, un méga-journaliste, que dis-je, un über-journaliste...

Et ce n’est probablement pas pour rien que les plus grands journalistes du moment sont, ce n’est pas un hasard, aux côtés de Julian Assange, et pas eux.

CQFD, finalement.

Viktor DEDAJ

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COMMENTAIRES  

31/05/2020 08:42 par Geb

Merci Viktor.

La mise au point méritait d’être faite.

Un vrai journaliste c’est avant tout un "témoin" et un "rapporteur des faits bruts".

Pas un "propagandiste" ou un "publicitaire" au service de celui qui paie.

Il peut être aussi un vrai analyste ou un vrai expert mais à condition de présenter ses analyses ou expertises en précisant les tendances subjectives et les sources qui l’ont amené à ses conclusions, et non comme des vérités avérées et universelles.

31/05/2020 09:19 par irae

D’après les décodex de tout poil, non. Comme Taha Bouhaf qui serait un militant et pas un journaliste. Le clown à l’écharpe rouge barbier lui est juste engagé comme, malherbe, elkrief, cabana, le chypre, brunet, seux, et tous les habitués des plateaux tv publique comprise.

31/05/2020 10:42 par Assimbonanga

Bourdin, parlons-en ! Le journaliste, c’est aussi celui qui fabrique l’information, celui qui la crée de toute pièce.
Ici, vers la fin de l’interview (environ 18 mn), Bourdin parvient à ses fins : embarquer Ruffin sur un sujet hors sujet, hors de tout propos : https://www.youtube.com/watch?v=94nB9NpRBNk
Et voilà le travail ! Aussitôt, quelques médias bénévoles dans cette bonne oeuvre reprennent le thème au vol : La « guerre » Ruffin-Mélenchon
Elle est pas belle la vie ? C’est pas un roman, la vie ? Il suffit de la fabriquer et ça marche. Bourdin a été en capacité de monter un bateau et ça prend. Avec qui a-t-il manigancé son coup ? BFMTV toute façon et toute cette clique.
Une seule question : Ruffin en joue-t-il ou est-il complètement naïf ? (Il en est capable.) J’espère que lui et Jean-Luc se sont concertés sur cette histoire. Après tout, faire parler de la FI, c’est toujours en faire parler, même si c’est des conneries. Comme il n’y a plus que la connerie qui ait droit de cité...

31/05/2020 11:51 par Autrement

Viktor a raison, bien sûr. Il ne manque pas d’exemples dans l’actualité (et depuis que les luttes politiques existent) d’un emploi orwellien du langage, les mots étant détournés de leur sens et même pris das le sens contraire.
Thucydide dénonçait déjà, durant la guerre du Péloponnèse, ceux qui appelaient "courage" la lâcheté ou "loyauté" la trahison.
Platon montrait combien il était difficile de sortir à la lumière du jour pour voir ce qui se passe dans le monde réel, quand on est enfermé dans le noir et habitué à ne regarder que le théâtre d’ombre projeté sur la paroi de fond de la caverne.

En fait, c’est tout le vocabulaire des infos officielles qui est truqué, le mensonge étant devenu par excellence l’art de la "communication". C’est-à-dire le mensonge capitaliste et atlantiste (l’OTAN vaut bien la CIA), par lequel les possédants assurent leur domination sur les consciences.

Ce qui n’empêche pas les vrais journalistes de se battre pour rétablir le sens des mots et la vérité des faits.
C’est pourquoi le cas de Julian Assange, qui a porté des crimes de guerre à la connaissance des citoyens, est révélateur du régime de semi-dictature - déguisée en démocratie élective - sous lequel nous vivons, régime dans lequel le Juste, comme dit Platon, sera torturé de toutes les façons, jusqu’à ce qu’il comprenne que la "norme", c’est, non pas de s’efforcer d’être juste, mais de faire semblant.

Le grec étant lui-même englouti dans les ténèbres, au profit de toutes sortes de modes pédagogiques et de miroirs aux alouettes, je me permets de citer Platon, authentique, République 362a : ἐροῦσι δὲ τάδε, ὅτι οὕτω διακείμενος ὁ δίκαιος μαστιγώσεται, στρεβλώσεται, δεδήσεται, ἐκκαυθήσεται τὠφθαλμώ, τελευτῶν πάντα κακὰ παθὼν ἀνασχινδυλευθήσεται καὶ γνώσεται ὅτι οὐκ εἶναι δίκαιον ἀλλὰ δοκεῖν δεῖ ἐθέλειν, "Ils diront que le juste, tel que je l’ai représenté, sera fouetté, mis à la torture, chargé de chaînes, qu’on lui brûlera les yeux, qu’enfin, ayant souffert tous les maux, il sera crucifié et connaîtra qu’il ne faut point vouloir être juste mais le paraître".
Et ceux qui pensent que le grec est de la "culture bourgeoise" peuvent aller revoir leur théorème de Pythagore.

31/05/2020 13:27 par José Manuel Branco Lucio

La charte de Munich" est très claire et disponible sur le net : c’est la charte de déontologie du journaliste européen, adoptée par les syndicats de journalistes de plusieurs pays européens réunis à Munich, le 24 novembre 1971 , donc un journaliste européen digne de ce nom respecte cette charte comme un médecin respecte le serment d’Hippocrate , un point c’est tout. Devoir n°1 : Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité. Assange ( même étant australien ) remplit toutes les cases de cette charte , cela n’est pas le cas de beaucoup d’autres "journalistes" auto-proclamés avec carte de presse ou non.

03/06/2020 21:33 par chb

Dans son "procès" d’extradition, vient de se dérouler la 3° audience à laquelle Julian Assange n’a pu participer pour raisons de santé. A cette occasion, le wsws écrit :

[Aux USA, une vidéo montre une manif récente où] des groupes de policiers et de soldats de la Garde nationale en train d’avancer dans une rue résidentielle derrière une voiture blindée en criant aux gens de rentrer chez eux. Lorsqu’un agent voit la caméra en train de filmer, il hurle : « Light’em up ! » et une rafale de balles de peinture est tirée contre la personne qui filme.
« Light’em up ! » (Tirez-leur dessus !) est la phrase entendue à bord d’un hélicoptère de combat américain Apache en Irak dans la tristement célèbre vidéo « Collateral Murder » publiée par WikiLeaks en 2010.
(...)
Depuis le tout début, le site Internet du World Socialist Web Site (WSWS) insiste sur le fait que la défense d’Assange est inextricablement liée aux luttes de la classe ouvrière. Les événements de la semaine dernière en sont la preuve dramatique. Le même État qui a qualifié Assange de « cyberterroriste », porté des accusations d’espionnage contre lui et déployé des agents de la CIA pour réprimer son travail, qualifie maintenant des centaines de milliers de manifestants de terroristes et d’agents de puissances étrangères, en plus il déploie l’Armée pour les réprimer.
Ce lien objectif doit être consciemment compris et guider l’action. L’avancée politique des protestations dépend de leur prise en compte des questions fondamentales des droits démocratiques et de l’anti-impérialisme incarnées dans le cas d’Assange. De la même façon, la liberté d’Assange dépend de la volonté de ses partisans de se tourner vers cette lutte des travailleurs et des jeunes et d’appeler les manifestants à prendre sa défense.
Le WSWS et le Socialist Equality Party ont bon espoir qu’un tel appel, dans des conditions de confrontation féroce avec ces « corps d’hommes armés » de l’État, obtiendra une audience massive et engagée.
La prochaine audience d’Assange est prévue pour le 29 juin, à 10h au tribunal de Westminster.

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