Femmes d’honneur, Joëlle Garriaud-Maylam Alon et Ze’evi Tamar et Rima Khalaf méritent amplement que nous leur rendions hommage. Française, jordanienne et israéliennes, elles suscitent par leur courage la sympathie non seulement de leur entourage mais bien au-delà encore de l’opinion internationale notamment celle acquise à la cause palestinienne.
Leur point commun, refuser le diktat et l’emprise des lobbies sur les organisations internationales et dénoncer les souffrances infligées au peuple Palestinien.
Sénatrice française et représentante de cette instance à la commission nationale française de l’Unesco., née à Maghnia en Algérie, Joëlle Garriaud-Maylam a considéré que la candidature de dernière minute de la France à la présidence de l’UNESCO constituait, selon elle, « une insulte aux pays arabes, qui n’ont jamais obtenu un tel poste à l’Unesco et envers lesquels des engagements moraux avaient été pris pour que ce poste revienne à un des leurs » en précisant qu’il « est en effet de tradition que le pays qui a le privilège d’héberger le site d’une institution internationale, n’en brigue pas pour lui-même le poste de président ou de Directeur Général ».
Quand on sait que l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO a constitué un succès incontestable dans la laborieuse voie de reconnaissance de son statut d’état à part entière par les instances internationales et que l’on constate l’alignement de plus en plus évident de la politique étrangère française sur les thèses israéliennes , on ne peut que supposer que cette candidature est une tentative de reprise en mains de cette institution afin d’endiguer la tribune qu’elle pourrait apporter à la cause de ce peuple opprimé par Israël qui continu de le spolier de sa terre, de ses biens et de son patrimoine immatériel. Alon Tamar, 18 ans et Zeevi Tamar sont deux jeunes filles qui ont signifié dans une lettre leur refus de servir dans l’armée d’occupation en raison de l’oppression du peuple palestinien. Bénéficiant du soutien d’organisations palestiniennes, Alon écrit dans la lettre explicative de son comportement : « Le 16 novembre 2016, j’ai refusé d’être incorporée dans les Forces de défense israéliennes, cette action causera probablement mon emprisonnement ». Elle précisera à propos de ses amis palestiniens : « J’ai rencontré des amis palestiniens de mes parents dès ma petite enfance. J’ai fréquenté des gens qui étaient supposés être mes ennemis, mais ils me souriaient, jouaient avec moi et me parlaient. Ces expériences très précoces m’ont enseigné à regarder la vie quotidienne des Palestiniens et la réalité de ma propre situation d’une manière critique ». Et de poursuivre : « Je sais que dans les prisons militaires, je pourrai rencontrer des jeunes femmes qui n’ont pas eu le privilège de choisir l’objection. Je ne suis pas aveuglée par les cercles d’oppression qui existent dans la société israélienne contre les femmes, les juifs Mizrahim (issus des communautés qui vivaient dans les pays arabes d’Orient, méprisés et exploités), des immigrés et d’autres populations marginalisées. Je sais bien que dans ces milieux l’oppression se reflète – et se renforce – aussi bien que dans l’armée. Au contraire, en refusant de prêter la main à ce système répressif, je demande à être solidaire avec celles et ceux qui sont privés de la liberté de choix ».
Raima Khalaf, jordanienne née à Koweït était fonctionnaire à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (ESCWA – Economic Commission for Western Asia). Elle a écrit un rapport sur la pratique de l’Apartheid par Israël qui lui a valu d’être démis de ses fonctions. « Les conclusions du rapport sont désormais publiques », a-t-elle déclaré aux médias. Courageuse Rima Khalaf a préféré démissionner de son poste de chef de la ESCWA et de ne pas renier ni retirer le rapport de sa commission accusant « Israël » de soumettre le peuple palestinien à un régime d’apartheid. Monsieur Antonio Guterres, nouveau Secrétaire Général des Nations-Unis à qui de nombreux observateurs ont prêté avant son intronisation du courage et de nombreuses qualités a demandé à Rima Khalaf de « retirer le rapport ». Cette dernière a précisé qu’il s’agit d’un acte de censure qui va à l’encontre de tous les principes des Nations unies. ».
Pour rappel, ce rapport qui a été rédigé par deux spécialistes du droit international, les professeurs américains Richard Falk et Virginia Tilley concluait, après analyse des multiples discriminations dont sont victimes les Palestiniens, « qu’Israël est coupable de politique et de pratiques constitutives du crime d’apartheid ». Unique dans les annales des Nations-Unis, ce rapport « appelait également les pays membres des Nations unies à soutenir la campagne internationale Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui prône le boycottage de l’entité sioniste. ».
Les comportements de ces femmes courageuses et justes sonnent comme un ultime sursaut signifiant à l’opinion internationale que la conscience humaine n’était pas complètement éteinte et que s’agissant des droits légitimes du peuple palestinien, leur concrétisation viendra probablement un jour de la pression de milieux dont on ne soupçonnait pas jusqu’à là l’éveil et/ou la résurrection !
Salim METREF