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Irak : Exclusif, pour le Grand Soir : "Questions sans réponses !!!"

Abou Hatim

L’article suivant est paru dans le journal irakien Babel. Abou Hatim, qui est aussi le nom d’un des fils de Saddam Hussein propose une analyse radicalement nationaliste arabe (baassiste) de la situation au moyen orient. Dans le débat sur la guerre, on entend rarement sinon jamais la voix des Irakiens, bien qu’ils soient les premiers concernés. Le Grand Soir vous invite à les écouter. Ils ont peut être fait des erreurs dramatiques, mais aujourd’hui ils jouent leur peau. [1]

Nous avons déjà évoqué dans de précédents articles les projets américains pour la région tels que ces derniers les décrivent eux même. La politique américaine n’est jamais définie que dans ses propos tenus par un officiel américain sur une chaîne satellite en réponse à cette question : que pensez-vous de la décision qu’a prise le président des USA en relation avec l’Afghanistan et la Palestine ? Il a répondu : je ne peux pas vous répondre précisément (...) nous ne pouvons rien bâtir sur des politiques qui constitueraient de simples réactions aux circonstances. Et à peine avions-nous entendu que nous nous sommes rappelé ces paroles renommées de Kissinger : « Il peut être dangereux d’être un ennemi de l’Amérique mais en tant qu’ami de l’Amérique vous courrez à une mort certaine

L’Egypte, la Jordanie et l’Arabie Saoudite

Nous avons donc rappelé que les américains cherchent à faire rentrer l’Egypte dans le type même de tourbillon qui a emporté l’Algérie. La voix de ce pays ne pourra plus peser dans le débat sur l’antagonisme arabo-sionniste. Preuve en sont le refus opposé par les américains aux propositions de Moubarak et les nouvelles orientations américaines qui contredisent tout ce que l’Egypte comportait comme alignement sur celle de Washington.

En ce qui concerne la Jordanie, c’est d’abord une solution de remplacement pour un état palestinien alors même que de nombreux palestiniens s’y ruent déjà . Il y a deux mois nous avons rapporté que 120 000 palestiniens étaient entrés en Jordanie aux dires même du ministre jordanien de l’information qui a expliqué : « si nous répondons aux exigences populaires et si nous renvoyons l’ambassadeur de l’état (sioniste) d’Israël, cela conduira à l’arrivée immédiate de 200 000 palestiniens ». Ce qui revient à dire que les Jordaniens ont réalisé que le projet était sur le point d’être appliqué. ... Et qu’on avait même commencé à le réaliser. Ceci n’est du qu’aux différents renoncements du gouvernement jordanien aux niveaux tant politiques que militaires. Les marques en sont nombreuses. Malgré les démentis officiels, il est presque sûr que des conseillers militaires américains se trouvent en Jordanie. De sources diverses on entend même parler de l’existence d’unités militaires américaines autonomes. Ceci confirme que les Jordaniens tentent autant que possible de repousser avec une branche imprégnée d’essence l’incendie qui les rattrape.

Mais nous pensons que (...) ceux qui sont le plus conscients de ce grand jeu sont les saoudiens, le gouvernement saoudien et la famille qui règne sur l’Arabie Saoudite. Ils ont clairement compris la situation. Ils ont très bien compris que les américains ont des positions qui diffèrent totalement du contexte de l’alliance américano-saoudienne durant les années 70, 80 et 90 voire même depuis la fondation du royaume saoudien en 1932. les américains veulent morceler l’Arabie Saoudite et c’est ce qui est signalé et évident au travers des conférences organisées par le pentagone, le secrétariat de la défense ou les commissions du congrès telles la commission des affaires de sécurité ou celle des affaires étrangères. On sait que cette dernière a invité un groupe de journalistes triés sur le volet à qui elle a confié des questions et des interventions précises à faire de telle sorte que les réponses constituent des prises de position qui n’engagent pas officiellement le congrès. Un journaliste a par exemple le responsable de la commission des affaires étrangères du Congrès : « est-ce que cela veut dire que l’Arabie Saoudite doit être divisée en petits cantons » . Sa réponse en quelques mots : « c’est un sujet bienvenu ». Comme à leur habitude les américains n’aiment pas les grands regroupements de population détenant un pouvoir financier réel et des ressources naturelles importantes et c’est pourquoi ils considèrent que le morcellement de l’Arabie Saoudite au minimum en trois principautés, si ce n’est en six, huit ou neuf (...) est une opération qui leur convient. La seule évocation de ce sujet ne peut que les aider à réaliser leurs projets de morceler la région.

A la différence des anglais, les américains n’arrivent pas avec un plan précis... Les Anglais bâtissent pierre par pierre (...) ou étage par étage (...) Mais les américains se reposent sur les changements globaux. ... c’est ce que nous avons constaté après les cinq années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale et depuis les années cinquante lorsque nous les avons vus fonder leur politique sur les changements inattendus ou violents ou les interventions soudaines qu’ils organisent. C’est pourquoi on peut parler à leur sujet de politiques de l’instantané qui reposent moins sur l’action que sur la réaction de telle sorte qu’ils ne se présentent jamais comme la voix qui porte mais comme son écho.

Les Emirats arabes unis et Bahreïn

Ce plan, donc, si l’on peut l’appeler ainsi a pour objectif le morcellement de la région selon les nouvelles vues américaines. (...) Evidemment ce plan va finir par tout englober. Il va par exemple annuler la nation de Bahreïn en la rétrocédant aux perses (Iran) . Quant aux Emirats arabes Unis ils ne sont tenus que par le Cheikh Zaed Ibn Sultan qui les a regroupés et a voulu cette union tant il était convaincu qu’ils s’affaibliraient s’ils se divisaient. Cela n’exclut pas les tensions séparatistes à l’intérieur de certains Emirats riches qui possèdent des ressources naturelles importantes....Alors qu’au contraire les autres émirats sont dénués de toutes ressources naturelles. C’est le cas dans le plus important des émirats où persistent des conflits intérieurs. (...) Sans le Cheik Zaed les émirats se morcelleront et c’est ultimement dans l’intérêt des Etats-Unis et des iraniens qui veulent absolument occuper les 3 îles, Tamb la grande, Tamb la petite et Abou moussa avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’extension de leurs eaux territoriales. Toutes les voies du pétrole intègreront la voie iranienne. Ce problème touche aussi le Kuwait. Des affrontements y opposent ceux qui étaient restés dans le pays pendant ce qu’ils appellent « l’invasion koweïtienne » et ceux qui l’ont quitté . Les premiers exigent leur part de pouvoir en mettant en avant le fait qu’ils ont résisté contre « l’occupation » . C’est pourquoi on peut relever que de 1991 au milieu de 1992 des groupes élus d’égyptiens et de syriens, en particulier ont soutenu des secteurs koweïtiens en rapportant des armes prétendument abandonnées par les Irakiens que les citoyens de ce pays ont rassemblés dans leurs maisons. Cette rivalité a ensuite évoluée d’une manière plus cachée dans la mesure où ils sont confrontés à un ennemi beaucoup plus important qu’eux qui les lèse directement autant que l%Irak (c’est en tous les cas ce qu’ils croient). Cette rivalité a par la suite atteint le parlement où elle touche le groupe « musulman » et les partisans du gouvernement Elle prend des formes diverses puisqu’elle se traduit aussi bien la réflexion sur les programmes d’enseignements que la quasi mise en minorité du ministre des finances qui n’a conservé son siège que par 3 voix de plus que son concurrent. Le plus dangereux est que derrière cette rivalité entre koweïtiens partagés entre « musulmans » et ce qu’ils appellent « matérialistes », il y a aussi la création d’un grand nombre d’écoles religieuses comme alshou’oubia liée directement à l’Iran ainsi que d’autres écoles. La conséquence est une forme d’accroissement de la population shi’ite iranienne alors que les shi’ite arabe ne veulent pas reproduire le modèle de Bahreïn. (...)

La guerre, l’économie et les élections présidentielles américaines

Il faut que nous ayons clairement à l’esprit qu’ils [les américains et les sionistes, NdT)] vont nous attaquer dans quinze jours à un mois. C’est pourquoi ils ont rapproché la date de l’agression qui devait initialement avoir lieu l’hiver prochain à la fin de l’hiver précédent avant de commencer à parler de l’automne prochain et la raison en est que c’est en l’an 2004 qu’auront lieu les élections présidentielles américaines. Donc c’est en 2003 que commencera l’opération qui permettra à Bush d’entamer la saison des élections même s’il sait pertinemment qu’il ne gagnera pas. .. Pourquoi ne gagnera-t-il pas ? Parce que les pertes américaines à la suite du 11 septembre se sont montées à 7 000 milliards de dollars d’après eux. Alors que les estimations plus justes, non américaines, les chiffrent à 11 000 milliards de dollars. C’est la première fois dans son histoire que la valeur de l’Euro concurrence celle du dollar jusqu’à l’égaler s’il n’y avait eu les interventions de la réserve fédérale américaine (...) et c’est comme ça que Bush a compris qu’il ne gagnera pas parce que c’est de la nature même de la politique électorale américaine : (sois un président qui perd la guerre mais gagne l’économie), c’est à dire enrichit ton peuple. C’est pourquoi un des arguments de propagande qu’ils utilisent systématiquement avec leur peuple contre toute nation à qui ils veulent déclarer la guerre est : ces gens là veulent détruire le rêve américain et notre way of life.

En conclusion : ceci ne veut pas dire que nous appelons à battre les tambours de la guerre ou continuer dans l’escalade. Mais, même si les négociations se poursuivent et que nous leur retournons encore une fois la balle ou que nous que nous proposions encore des idées nouvelles, il faut que nous ayons à l’esprit cette idée qu’ ON NE PEUT PERDRE CE DONT ON SE SOUVIENT TOUJOURS

Ya Mazlum

Article paru en arabe dans le journal Babel : Questions sans réponses


[1L’article précédent est traduit du journal irakien Babel. Babel est le journal du fils de Saddam Hussein. Par tradition on qualifie en occident de telles sources, grosso modo Europe-amérique-japon, de « non-vérifiées ». Sont considérées comme sources vérifiées et crédibles nos différents journaux, les différentes agences de presse qui les alimentent, nos centres de recherche et, malgré quelques réserves de bon aloi, les services d’information de nos administrations, de nos armées et nos services de renseignements. C’est ce qu’on a pu constater durant la première guerre mondiale (qui a vu la naissance du Canard Enchaîné pour cette bonne raison), la seconde, la guerre froide, la guerre du Congo, la première guerre du Golfe, la guerre du Kosovo, la guerre d’Afghanistan, et le 11 avril lors du coup d’état contre le président vénézuélien, Hugo Chavez.. Pour ne pas remonter jusqu’aux croisades, bien sûr.
Nous voudrions au Grand Soir, sans prétention mais sans rire, élargir le champ de la crédibilité et l’ouvrir aux journaux et aux agences de presse de tous les pays pour peu que les analyses et les informations transmises nous semblent disposer d’une cohérence propre. Evidemment on s’entendra dire que c’est une manière d’autoriser toutes les toutes les dérives et toutes les manipulations. Mais pour ce qui est des premières nous pouvons assurer à nos lecteurs que nous restons sur nos gardes, et c’est d’ailleurs la responsabilité de notre comité de rédaction qui est engagée. Pour ce qui est des secondes, et bien : la manipulation comme l’exposait Baudrillard est un tourniquet à base flottante. Les manipulants sont toujours eux même des manipulés qui en manipulent d’autres (cf. Timisoara ou cette histoire de charnier où étaient censés pourrir quelques milliers (peut être des millions) de musulmans bosniaques). En d’autres termes la manipulation est un serpent qui se mort la queue et c’est seulement quand il le fait trop bien qu’on peut au choix entrevoir quelques parcelles de vérité ou réaliser qu’on est dans le brouillard complet. Reste toutefois l’Histoire et l’espoir que dans cinquante ou cent ans nous comprendrons peut être un peu de ce qui c’est passé.

En attendant, on ne peut se fier qu’à une seule chose : l’idée qu’on ne peut rien comprendre sans croiser les sources et que la vérité n’est nulle part. Elle est dans l’effort de synthèse que tout un chacun tente de faire et a le devoir de faire. Croiser les sources, prêter oreille aux voix dissidentes (surtout), regarder la BBC, les télévisions syriennes irakiennes chinoises ou ivoirienne (occasionnellement, pas trop n’en faut), lire Haaretz, Jérusalem Post, le NY Times, le Washington post, Yellow Times, Le Monde, Beijing Daily, El pais, le Guardian, Al Quds, Asia Times et Babel. Cette liste n’est évidemment pas limitative.


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