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« Il est injuste de maintenir une personne en prison pour avoir lutté contre le terrorisme »

Interview par la BBC de René Gonzalez, un des cinq prisonniers politiques cubains aux Etats-Unis

René González, un des cinq prisonniers politiques cubains aux États-Unis, interviewé par la BBC

René González, fait partie des « Cinq », un groupe d’agents envoyés aux Etats-Unis par Cuba, pour infiltrer les groupes d’exilés cubains qui, selon La Havane, préparaient des attentats terroristes contre le gouvernement de Fidel Castro.

Les Cinq ont été arrêtés à Miami en 1998, et ils ont été jugés coupables de s’être infiltrés dans les bases militaires des Etats-Unis et dans des groupes d’exilés cubains, et d’avoir passé des informations à Cuba.

M. Gonzalez a été condamné à 15 ans de prison. La Havane déclare que les Cinq sont des prisonniers politiques et demande à l’administration d’Obama de les libérer.

Or, la Cour Suprême des Etats-Unis a refusé de revoir l’affaire l’an dernier, mettant un terme ainsi à leurs espoirs de révision.

M. González a parlé avec un journaliste de la BBC, depuis sa cellule de la prison de Marianna, en Floride, lors d’une rare interview.

Extrait de son interview avec Matt Frei, de la BBC

Je suis entré en contact avec certaines des organisations à Miami qui, depuis des années, ont mené des actions violentes contre le gouvernement de Cuba. J’ai contacté Brothers to the Rescue (Frères à la rescousse, une organisation extrémiste située aux Etats-Unis, opposée au gouvernement de Fidel Castro) et d’autres organisations avec des noms magnifiques, mais qui en réalité se consacrent à commettre des actions violentes contre Cuba […] Mon travail était d’informer le gouvernement cubain de leurs activités.

Nous n’apprécions pas l’utilisation du terme « espionner », car ce terme est facilement manipulable. En Droit, « espionner » signifie rechercher les renseignements secrets d’un gouvernement […] Je n’espionnais pas un gouvernement. Je dirais que je travaillais sous couverture dans certaines organisations criminelles.

Il est injuste de maintenir quelqu’un en prison pour avoir lutté contre le terrorisme. J’ai informé mon gouvernement sur des activités terroristes, et je me retrouve condamné à … 15 ans de prison. Ce serait de la folie si cette condamnation n’était pas hautement politique.

Refus à son épouse du visa pour lui rendre visite.

Mon épouse ne m’a pas vu depuis 8 ans, et celle de Gerardo Hernandez ne l’a pas vu depuis 12 ans. C’est une des manoeuvres les plus cruelles que le gouvernement des Etats-Unis a utilisées contre nous. Je ne sais pas : peut-être tentent-ils de détruire nos couples pour nous briser le moral. C’est très cruel. La dernière fois que j’ai vu Olga, c’était pour mon anniversaire, en 2000, et Gerardo, la dernière fois qu’il a vu Adriana, c’était en 1997 ou 1998.

Elle a sollicité le visa 8 fois et 8 fois, on le lui a refusé. Les raisons varient, mais en gros, ils lui disent qu’elle est une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis.

libertad para los cinco

La vie en prison au début et aujourd’hui

Après notre arrestation, nous avons été placés en cellule d’isolement […] le traitement était très dur. C’était un des moyens utilisés pour nous diviser. Cela a duré 17 mois, mais cela fait partie du passé maintenant. Je suppose que c’était leur façon de concevoir leur travail afin de nous faire céder avant le procès. Ensuite, nous sommes allés dans des prisons « normales ».

Je traite tout le monde avec impartialité et je reçois le même traitement en retour.

Certains prisonniers sont plus au courant que d’autres des problèmes politiques, ils me posent des questions et essaient de comprendre mon point de vue.

Obama et les relations entre Cuba et les États-Unis

A une époque, j’ai eu quelques espoirs, pour sa façon de s’exprimer et de se présenter. Mais à mon avis, il a été un peu trop sensible à l’aile droite de son pays. Et en ce moment, je ne vois aucune amélioration.

Ils demandent des concessions au gouvernement cubain que nous ne pouvons pas accepter […] nous n’imposons aucune condition à leur gouvernement pour améliorer les relations. Ce que nous voulons c’est maintenir des relations normales, dans le respect du système de chacun. Nous n’essayons pas de renverser leur gouvernement, nous ne faisons aucune pression pour un changement de régime aux États-Unis. Nous avons notre propre gouvernement et ils devraient respecter cela.

Ma génération a vécu pendant des années sous les agressions des Etats-Unis contre Cuba - nous parlons de terrorisme, de bombardements, de fusillades - si bien que ma génération comprend très bien que nous avons le droit de défendre Cuba contre tous ces crimes. Ainsi, ce n’est pas seulement le gouvernement cubain, mais toute la société qui comprend notre cause. Et personne à Cuba ne serait d’accord pour rétablir des relations normales avec un pays qui maintient cinq de ses fils en prison pour avoir défendu leur patrie.

BBC∕traduit de l’espagnol par Gloria González Justo


Les 5 cubains de Miami : La solidarité internationale s’impose !

Le premier chapitre est constitué par une série de sabotages et attentats perpétrés à Cuba à partir de 1997 contre des hôtels de la capitale, La Havane. Le 4 septembre, un de ces actes terroristes perpétré dans l ¹hôtel Copacabana a provoqué le mort d ¹un touriste italien, Fabio di Celmo.

Le second chapitre est une note envoyée par Fidel Castro au président des Etats-Unis de l ¹époque, Bill Clinton, par le biais de l ¹auteur colombien Gabriel Garcà­a Márquez. La note, entre autres, disait : « Une importante affaire. On maintient des plans d ¹activité terroriste contre Cuba, payés par la Fondation Cubano-américaine en utilisant mercenaires centroaméricains. Deux nouvelles tentatives ont été menées pour faire exploser des bombes dans nos centres touristiques avant et après la visite du Pape ». Dans le même texte, Castro disait que les agences d ¹intelligence des Etats-Unis détenaient des informations substantielles sur les responsables de ces actes et il signalait que « ils projettent maintenant et font déjà des pas pour faire exploser des bombes dans des avions des lignes aériennes cubaines et d ¹autres pays qui voyagent vers Cuba amenant et ramenant des touristes depuis et vers des pays d ¹Amérique Centrale ».

Le troisième chapitre est le rendez-vous que Gabriel Garcà­a Márquez avait le 6 mai à 11 heures et quart du matin à la Maison Blanche afin de livrer le texte de Castro. Là , le prix Nobel de Littérature devait s’entretenir avec Clinton, mais il n’a pas été reçu par le président mais par trois fonctionnaires. Ceux-ci, au bout de 50 minutes d’audition, lui ont dit : « Votre mission était en effet de la plus grande importance, et vous l’avez très bien remplie ». Dans un récit sur cette médiation, Márquez a écrit : « Je suis sorti de la Maison Blanche avec l ¹impression certaine que l’effort et les incertitudes des jours passés valaient la peine. La contrariété de ne pas avoir délivré le message au président en main propre me parut compensée par ce qui fut un conclave plus informel et opérationnel dont les résultats ne se feraient pas attendre ».

Les conséquences ont été immédiates parce que - fait peu commun- s’est instauré une sorte de coopération formelle entre La Havane et Washington. Vers la mi-juin, des spécialistes cubains et des officiels du FBI se sont réunis dans la capitale cubaine pour analyser les preuves et les documents sur les actions terroristes qui avaient comme cible Cuba. La sécurité d’État cubaine a fourni au FBI 230 pages, ainsi que des enregistrements et conversations téléphoniques et des vidéos sur les plans en cours. Les agents du FBI ont quitté La Havane avec la promesse de donner une réponse rapide aux inquiétudes cubaines. La coopération se termina là et là a commencé le quatrième chapitre.

Les Etats-Unis ont donné une réponse mais totalement à l’inverse du schéma ouvert présenté par Cuba. Toute l’information recueillie à Cuba a été utilisée pour arrêter à Miami cinq agents cubains qui étaient en territoire étasunien avec l’objectif d’infiltrer les groupuscules d’extrême droite et freiner leurs actions dans l’île. C’était un cas typique d’opération extérieure destinée à la protection intérieure. L’administration Clinton retourne les arguments, elle s’est servie des informations que Castro a livrées à Garcà­a Márquez et, le 12 septembre 1998, elle a arrêté les cinq cubains : Gerardo Hernández, René González, Antonio Guerrero, Fernando González y Ramón Labañino. Aujourd’hui connus comme les « Cinq cubains de Miami », ils ont été condamnés à des peines de prison qui vont de 15 ans à perpétuité. Jugement expéditif et pour beaucoup de juristes « hallucinant » parce que la Justice de la première puissance mondiale a été incapable de présenter la moindre preuve de ses accusations.

De nombreuses lois et procédures ont été violées : ils ont été mis au secret pendant 17 mois, sans pouvoir accéder ni à leur famille ni à leurs avocats commis d’office, une forte campagne a eu lieu contre eux à Miami et on leur a refusé la demande de changement de siège du procès. Des jurés se sont récusés en avouant avoir peur des ultras. Aucune preuve tangible n’a pu être apportée contre eux. Leur faute est d’avoir défendu Cuba et d’avoir refusé de transiger sur la vérité.

Gerardo Hernandez, Ramon Labañino, Fernandez Gonzalez, René Gonzalez et Antonio Guerrero sont des PRISONNIERS POLITIQUES et nous devons obtenir, tous ensemble, leur libération.

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"Lorsque j’ai pris mes fonctions, j’étais déterminé à faire entrer les Etats-Unis dans le 21ème siècle, toujours comme le plus grand facteur de paix et de liberté, de démocratie, de sécurité et de prospérité."

Bill Clinton, 1996

"A travers le monde, chaque jour, un homme, une femme ou un enfant sera déplacé, torturé, assassiné ou "porté disparu", entre les mains de gouvernements ou de groupes politiques armés. Et la plupart du temps, les Etats-Unis en sont complices. "

Amnesty International, 1996

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