Question 1 : Monsieur le Président, je tiens tout d’abord à vous remercier de me recevoir pour une entrevue. Monsieur le Président, avez-vous donné l’ordre de frapper Khan Sheikhoun avec des armes chimiques mardi dernier ?
Le président Assad : En fait, à ce jour, personne n’a enquêté sur ce qui s’est passé ce jour-là à Khan Sheikhoun. Comme vous le savez, Khan Sheikhoun est sous le contrôle du front Al-Nusra, qui est une branche d’Al-Qaïda, de sorte que la seule information dont on dispose jusqu’à présent a été publiée par la filiale d’Al Qaeda. Personne d’autre n’a d’information. Nous ne savons pas si toutes les images ou vidéos que nous avons vues sont vraies ou fabriquées. C’est pourquoi nous avons demandé une enquête sur ce qui s’est passé à Khan Sheikhoun.
Ensuite, les sources d’Al-Qaïda ont déclaré que l’attaque s’est produite à 6h, 6h30 le matin, alors que l’attaque syrienne dans la même région s’est déroulée vers midi, entre 11h30 et 12h. Ils parlent donc de deux événements distincts. Il n’y a donc eu aucun ordre d’attaquer, nous n’avons pas d’armes chimiques, nous avons renoncé à notre arsenal il y a quelques années. Même si nous en avions, nous ne les utiliserions pas, et nous n’avons jamais utilisé notre arsenal chimique dans le passé.
Question 2 : Alors qu’est ce qui s’est passé ce jour ?
Le président Assad : Comme je l’ai dit, la seule source est Al-Qaïda, et nous ne pouvons pas la prendre au sérieux. Mais notre impression est que l’Occident, principalement les États-Unis, sont main dans la main avec les terroristes. Ils ont fabriqué toute cette histoire afin d’avoir un prétexte pour une attaque qui n’avait rien à voir avec ce qui s’est passé à Khan Sheikhoun. C’est un événement, un premier acte de la pièce que nous avons se jouer dans les réseaux sociaux et sur les téléviseurs, avec la propagande, et le deuxième acte fut l’attaque militaire. C’est ce que nous croyons car nous manquons de recul – cela ne fait que deux jours, 48 heures - entre la mise en scène et les attaques, et aucune enquête, aucune preuve concrète à propos de quoi que ce soit. Il n’y a eu que des allégations et la propagande, puis l’attaque.
Question 3 : Alors, qui selon vous est responsable de cette prétendue attaque chimique ?
Le président Assad : l’allégation elle-même provient d’Al-Qaeda, Front d’al-Nusra, donc pas besoin d’enquête, ils l’ont annoncé, c’est sous leur contrôle et personne d’autre. À propos de l’attaque, comme je l’ai dit, il n’est pas clair si cela s’est passé ou non, car comment pouvez-vous vérifier une vidéo ? Vous avez maintenant beaucoup de fausses vidéos, et vous avez la preuve que ces vidéos étaient fausses, comme les casques blancs par exemple, ils sont Al-Qaïda, ils sont le front d’al-Nusra qui se sont rasé les barbes, portaient des casques blancs et apparaissaient comme des Héros humanitaires, ce qui n’est pas le cas. Les mêmes personnes tuaient des soldats syriens, et vous avez la preuve sur Internet de toute façon. Alors, la même chose pour cette attaque chimique, nous ne savons pas si ces enfants morts ont été tués à Khan Sheikhoun. Étaient-ils réellement morts ? Qui a commis l’attaque, si attaque il y a eu ? Avec quel produit ? On n’a aucune information, rien, personne n’a enquêté.
Question 4 : Donc vous pensez que c’est une fabrication ?
Le président Assad : Certainement, à nos yeux il n’y a aucun doute, il s’agit d’une fabrication. Nous n’avons pas d’arsenal (chimique), nous ne l’utiliserons pas. Et on a beaucoup d’indications, même si on n’a pas de preuve, car personne n’a d’information ou de preuve concrète, mais on a des indications. Par exemple, moins de deux semaines, environ dix jours avant cette attaque, les terroristes avançaient sur de nombreux fronts, y compris la banlieue de Damas et de Hama, qui n’est pas loin de Khan Sheikhoun. Supposons que nous ayons cet arsenal et supposons que nous ayons la volonté de l’utiliser, pourquoi ne l’avons-nous pas utilisé lorsque nous nous sommes retirés et que les terroristes avançaient ? En fait, le moment de cette attaque ou de l’attaque présumée était lorsque l’armée syrienne avançait très vite et que les terroristes s’effondraient. Alors, logiquement, pourquoi l’utiliser, si vous l’avez et si vous avez la volonté, pourquoi l’utiliser à ce moment-là, et pas lorsque vous étiez dans une situation difficile ?
Ensuite, si vous voulez l’utiliser, si vous l’avez et si vous voulez l’utiliser - encore une fois, il s’agit d’une supposition - pourquoi l’utiliser contre les civils, ne pas contre les terroristes que nous combattons ? Enfin, dans cette zone, nous n’avons pas d’armée, il n’y a pas de combats, nous n’avons aucun intérêt, disons, à Khan Sheikhoun, et ce n’est pas une zone stratégique. Pourquoi l’attaquer ? Quelle est la raison ? Je parle du point de vue militaire. Bien sûr, à la base pour nous, moralement, nous ne le ferions pas si nous l’avions, nous n’aurions pas la volonté, parce que moralement ce n’est pas acceptable. Nous n’aurons pas le soutien de la population. Donc, tout va à l’encontre de cette histoire, donc vous pouvez dire que cette pièce qu’ils ont organisée ne tient pas debout. Cette histoire n’est en rien convaincante.
Question 5 : Avec la frappe aérienne américaine, Trump semble avoir changé de façon drastique sa position sur vous et la Syrie. Avez-vous le sentiment que vous avez perdu ce que vous avez appelé un partenaire potentiel ?
Le président Assad : J’ai dit "si". J’ai employé le conditionnel. S’ils sont sérieux dans la lutte contre les terroristes, nous serons des partenaires, et j’ai dit non seulement les États-Unis, quiconque veut combattre les terroristes sont nos partenaires. Ceci est fondamental pour nous, un principe de base, disons. En fait, ce qui a été prouvé récemment, comme je l’ai dit plus tôt, c’est que les États-Unis et l’Occident sont en cheville avec ces terroristes, ils ne sont pas sérieux dans la lutte contre les terroristes, et hier, certains de leurs hommes d’État défendaient Deach. Ils disaient que Deach ne possède pas d’armes chimiques. Ils défendent Deach contre le gouvernement syrien et l’armée syrienne. Donc, en fait, vous ne pouvez pas parler de partenariat entre nous qui travaillons contre les terroristes et qui combattent le terrorisme et les autres qui soutiennent explicitement les terroristes.
Question 6 : Alors, pouvons-nous dire que la frappe des États-Unis a changé votre opinion sur Trump ?
Le président Assad : En tout cas, j’ai été très prudent évité d’exprimer toute opinion à son sujet avant qu’il ne devienne président, et après. Je dis toujours que nous verrons ce qu’il fera, que nous ne ferions pas de commentaires sur des déclarations. En fait, c’est la preuve qu’il ne s’agit pas du président aux États-Unis ; il s’agit du régime et de l’état profond ou du régime profond des États-Unis qui est toujours le même, qui ne change pas. Le président n’est qu’un des acteurs sur la scène. S’il veut être un dirigeant, car certains disent que Trump voulait être un dirigeant, il ne peut pas. Mais chaque président là-bas, s’il veut être un vrai dirigeant, finit par ravaler ses propos, engloutir sa fierté s’il en a et faire un virage de 180 degrés, sinon il devra en payer le prix politiquement.
Question 7 : Mais pensez-vous qu’il y aura une autre attaque ?
Le président Assad : tant que les États-Unis sont gouvernés par ce complexe militaro-industriel, les sociétés financières, les banques et ce que vous appelez le régime profond, et qu’ils agiront en faveur des intérêts de ces groupes, bien sûr. Cela pourrait se produire n’importe quand, n’importe où, et pas seulement en Syrie.
Question 8 : Et votre armée ou les Russes réagiraient si cela se reproduisait ?
Le président Assad : En fait, si vous voulez parler de représailles, nous parlons de missiles qui sont tirés à des centaines de km d’ici, ce qui est hors de notre portée. Mais en réalité, la véritable guerre en Syrie ne concerne pas ces missiles ; Il s’agit de soutenir les terroristes. C’est la partie la plus dangereuse de cette guerre, et notre réponse sera la même que dès le premier jour : écraser les terroristes partout en Syrie. Lorsque nous serons débarrassés des terroristes, plus rien ne nous préoccupera à ce moment-là. C’est notre réponse. C’est une réponse, pas une réaction.
Question 9 : Donc, ce que vous dites signifie que les représailles de l’armée syrienne ou des Russes seront très difficiles, car les navires sont très éloignés ?
Le président Assad : Pour nous, en tant que petit pays, oui, bien sûr, tout le monde le sait. C’est hors de notre portée. Ils capables de tirer des missiles depuis un autre continent. Nous le savons tous. Ils sont une grande puissance, ce qui n’est pas notre cas. En ce qui concerne les Russes, c’est une autre histoire.
Question 10 : accepteriez-vous les conclusions de l’enquête de l’OIAC ? (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques - NdT)
Le président Assad : Depuis la toute première fois, lorsque nous avons eu en 2013, je crois, les premières attaques terroristes sur l’armée syrienne par des missiles chimiques, nous avons demandé une enquête. Nous étions ceux qui demandaient des enquêtes chaque fois qu’il y avait une attaque chimique ou une allégation concernant des attaques chimiques. Nous l’avons demandé. Et cette fois-ci, nous discutions avec les Russes hier et au cours des jours qui ont suivi la frappe, que nous allons travailler ensemble pour une enquête internationale. Mais elle devra être impartiale. Nous ne pouvons autoriser une enquête que si elle est impartiale, lorsque nous nous assurons que des pays impartiaux participeront à cette délégation afin de s’assurer qu’ils ne l’utiliseront pas à des fins politiques.
Question 11 : Et s’ils accusent le gouvernement, démissionneriez-vous ?
Le président Assad : S’ils accusent, ou s’ils prouvent ? Il y a une grande différence. Non, ils accusent déjà le gouvernement, et si par « ils » vous entendez l’Occident, non, nous ne nous soucions pas de l’Occident. Si vous voulez dire l’agence chimique, si elle peut prouver qu’il y a eu une attaque, nous devrons enquêter sur qui a donné l’ordre de cette attaque. Mais ce qui est certain, en tant qu’armée syrienne, nous n’avons pas, et nous ne pouvons pas - même si nous voulons, nous ne pouvons pas - nous n’avons pas les moyens de réaliser une telle attaque, et nous n’en avons pas la volonté.
Question 12 : Alors, vous voulez dire que vous n’avez pas d’armes chimiques ?
Le président Assad : Non, définitivement. Il y a quelques années, en 2013, nous avons renoncé à tout notre arsenal, et l’agence chimique a annoncé que la Syrie ne possédait aucun matériau chimique.
Question 13 : Le Pentagone a déclaré qu’il y avait des armes chimiques dans la base aérienne. Vous le niez ?
Le président Assad : Ils ont attaqué cette base aérienne, et ils ont détruit les dépôts de matériaux différents, et il n’y avait pas de gaz sarin. Comment ? S’ils disent que nous avons lancé l’attaque au sarin depuis cette base aérienne, qu’est-il arrivé au sarin lorsqu’ils ont attaqué les dépôts ? Avons-nous entendu parler de sarin ? Notre chef d’état-major était là quelques heures plus tard, comment pourrait-il y aller s’il y avait du gaz sarin ? Comment pourriez-vous avoir seulement six martyrs si vous avez des centaines de soldats et d’officiers qui travaillent là-bas, mais qu’il y avait du gaz sarin et qu’ils ne sont pas morts. Les mêmes vidéos fabriquées que nous avons vues à Khan Sheikhoun, lorsque les secouristes ont essayé de sauver les victimes ou les personnes supposées mortes ou les personnes atteintes... mais en réalité elles ne portaient aucun masque ou aucun gant. Comment ? Où est le sarin ? Ils auraient du être affectés tout de suite. Donc, tout cela est une allégation. Je veux dire, ces allégations sont une preuve supplémentaire que cette attaque a été fabriquée et qu’il n’y avait pas de sarin, nulle part.
Question 14 : Si vous dites que vous n’avez pas donné d’ordre, est-il possible que l’attaque chimique ait pu être menée par un élément incontrôlé ou marginal de l’armée ?
Le président Assad : Même avec un élément incontrôlé, l’armée n’a pas de matériaux chimiques. Premièrement. Deuxièmement, une armée déloyale ne peut pas envoyer un avion à son gré, même si elle le voulait. C’est un avion, pas une petite voiture qu’on peut déplacer d’un endroit à l’autre ou une petite mitrailleuse. Quelqu’un peut utiliser son arme personnelle comme il l’entend et violer la loi, une telle chose pourrait se produire n’importe où dans le monde, mais pas un avion.
Troisièmement, l’armée syrienne est une armée régulière, ce n’est pas une milice. C’est une armée régulière, elle a une hiérarchie, elle reçoit des ordres très clairs, de sorte que ce genre d’incident où un « élément incontrôlé a essayé de faire quelque chose contre la volonté de la direction de l’armée » n’a jamais eu lieu au cours des six dernières années de la guerre en Syrie .
Question 15 : Les Russes vous ont-ils prévenus avant l’attaque des États-Unis ? Et étaient-ils présents dans la base aérienne ?
Le président Assad : Non, ils ne nous ont pas prévenus parce qu’ils n’avaient pas le temps de nous prévenir, parce que les Américains les ont appelés peut-être quelques minutes avant le déclenchement de la frappe, certains disent après le déclenchement, car il faut du temps pour atteindre la base. Mais en réalité, nous avions des indications qu’il y avait quelque chose qui se préparait, et nous avons pris plusieurs mesures à cet égard.
Question 16 : Confirmez-vous que 20 p. 100 de votre force aérienne a été détruite dans cette attaque, comme l’ont dit les Américains ?
Le président Assad : Je ne sais pas quel est le critère, quelle est la référence de 20%, quel est le pourcentage pour eux ? Est-ce le nombre d’avions ? Est-ce la qualité ? Est-ce, comment dire, les avions actifs et les avions entreposés ? Je ne sais pas ce qu’ils veulent dire par là. Non, en fait, ce que nous et les Russes avons annoncé au sujet de ces quelques avions détruits, c’est que la plupart d’entre eux étaients anciens, certains n’étaient pas opérationnels. C’est la réalité, et la preuve c’est que, depuis la frappe, nous n’avons pas cessé d’attaquer des terroristes dans toute la Syrie. Nous ne pensons donc pas être vraiment touchés. Notre puissance de feu, notre capacité à attaquer les terroristes n’a pas été affectée par cette attaque.
Question 17 : Votre gouvernement a déclaré au début que vous avez touché un dépôt d’armes chimiques. Est-ce vrai ?
Le président Assad : C’était une possibilité, parce que lorsque vous attaquez une cible liée aux terroristes, vous ne savez pas ce qui s’y trouve. Vous savez que c’est une cible ; Il pourrait s’agir d’un entrepôt, il pourrait s’agir d’un dépôt, il pourrait s’agir d’un camp, cela pourrait être un quartier général, nous ne le savons pas. Mais vous savez que les terroristes utilisent ce lieu alors vous l’attaquez, comme n’importe quel autre lieu, et c’est ce que nous avons fait depuis le début de la guerre tous les jours, parfois toutes les heures, mais vous ne pouvez pas savoir ce qui s’y trouve. C’était donc une possibilité qu’un dépôt de matériaux chimiques avait été touché, mais là encore il y a une contradiction entre le moment de l’attaque et celui de l’annonce, non seulement parce que les terroristes l’ont annoncé le matin, mais parce que leurs médias, leurs pages sur Twitter et sur Internet ont annoncé l’attaque quelques heures avant ait supposément eu lieu, à savoir à 4h du matin. A 4 heures du matin, ils ont annoncé qu’une attaque chimique allait se produire, qu’il fallait être prêts. Comment le savaient-ils ?
Question 18 : Ne voyez-vous pas que Khan Sheikhoun est un énorme échec pour vous ? Pour la première fois en six ans, les États-Unis attaquent votre armée et hier, après une brève lune de miel, Tillerson a déclaré que le règne de la famille Assad arrive à sa fin. Ne pensez-vous pas que Khan Sheikhoun est un énorme échec pour vous ?
Le président Assad : De toute façon, il n’y a pas de règne de la famille Assad en Syrie. Il rêve, ou, disons, il hallucine. Alors nous ne perdons pas notre temps avec sa déclaration. En réalité, non. En fait, au cours des six dernières années, les États-Unis ont été directement impliqués dans le soutien aux terroristes partout en Syrie, y compris Daech, y compris al-Nusra, y compris toutes les autres factions partageant les mêmes idées en Syrie. C’est clair, et c’est prouvé en Syrie. Maintenant, si vous voulez parler d’attaques directes, en réalité, il y a quelques mois, il y a eu une attaque plus dangereuse que la dernière, juste avant le départ d’Obama, quelques semaines avant son départ, je pense. C’était à Deir Ezzor, dans la partie est de la Syrie, lorsqu’ils ont attaqué une montagne très stratégique. C’était une base syrienne, une base régulière de l’armée syrienne. Et cela a aidé Daech à prendre le contrôle de cette montagne et si l’armée syrienne n’vait pas résistante et assez forte pour repousser Daech, la ville de Deir Ezzor serait à présent sous le contrôle de Daech, ce qui signifie un lien direct entre Deir Ezzor et Mossoul en Irak, ce qui aurait été un gain très stratégique pour Daech. Donc, en fait, le gouvernement américain était directement impliqué. Mais cette fois-ci, pourquoi ont-ils attaqué directement ? Parce que, comme je l’ai dit, les terroristes dans cette région s’effondrent. Les États-Unis n’avaient donc pas d’autre choix pour soutenir leurs intermédiaires, les terroristes, que celui d’attaquer directement l’armée syrienne, parce qu’ils leur déjà ont envoyé toutes sortes d’armes mais sans effet.
Question 19 : Donc, pour vous, ce n’est pas un énorme échec ?
Le président Assad : Non. En fait, cela fait partie du contexte, le même contexte depuis six ans. Il a pris des formes différentes, mais le cœur de la politique américaine et occidentale à l’égard de ce qui se passe en Syrie n’a pas changé du tout. Oubliez les déclarations. Parfois on entend des déclarations virulentes, parfois des déclarations plus posées, mais la politique est la même.
Question 20 : Vous avez progressivement repoussé la plupart des rebelles vers Idleb. Prévoyez-vous de les attaquer ?
Le président Assad : Nous allons attaquer les terroristes partout en Syrie, à Idleb et ailleurs. Quand, et avec quelles priorités, sont des questions militaires et doivent être discutées au niveau militaire.
Question 21 : Vous avez dit avant que Raqqa était une priorité pour votre gouvernement, mais les forces qui avancent sur la ville sont principalement des Kurdes soutenus par les États-Unis. Ne craignez-vous pas d’être exclus de la libération de Raqqa ?
Le président Assad : Non, nous soutenons quiconque veut libérer une ville des terroristes. Mis cela ne signifie pas se libérer des terroristes pour être occupés par les forces américaines, par exemple, ou par d’autres intermédiaires, ou d’autres terroristes. Alors, il n’est pas clair qui va libérer Raqqa. S’agit-il réellement de forces syriennes qui remettront la ville à l’armée syrienne ? Est-ce que cela va être en coopération avec l’armée syrienne ? Ce n’est pas encore clair. Mais, concernant la libération de Raqqa, ce que nous entendons ne sont que des allégations. Ce ce que nous entendons depuis près d’un an, ou moins d’un an, mais rien ne s’est produit sur le terrain. Ce n’est donc qu’une question hypothétique car il n’y a rien de concret sur le terrain.
Question 22 : Les États-Unis et la Russie sont les coauteurs du processus de Genève. En raison de la tension entre les deux pays, pensez-vous que ce processus pourra se poursuivre ?
Le président Assad : Ecoutez, il y a une grande différence entre le fait que le processus soit actif, on peut le réactiver n’importe quand, et le fait qu’il soit efficace. A ce jour, il n’est pas efficace. Pourquoi ? Parce que les États-Unis ne sont pas sérieux pour obtenir une solution politique. Ils veulent l’utiliser comme un parapluie pour les terroristes, ou obtenir dans ce forum ce qu’ils n’ont pas pu obtenir sur le champ de bataille. C’est pourquoi il n’était pas efficace du tout. Aujourd’hui, la situation est la même. Nous ne considérons pas cette administration comme sérieuse à cet égard, car elle appuie encore les mêmes terroristes. Nous pouvons donc dire oui, le processus pourrait être réactivé, mais nous ne pouvons pas dire que nous nous attendons à ce qu’il soit efficace ou productif.
Question 23 : Après six ans, Monsieur le Président, n’êtes-vous pas fatigué ?
Le président Assad : En fait, la seule chose qui pourrait exercer une pression n’est pas la situation politique, ni la situation militaire mais la situation humaine en Syrie, le sang quotidien, les souffrances et les difficultés qui ont touché chaque foyer en Syrie, c’est la seule chose douloureuse qui pourrait me rendre fatigué, si on peut employer le terme « fatigué ». Si vous parlez de la guerre, de la politique, des relation avec l’Occident, non, je ne me sens pas fatigué du tout, car nous défendons notre pays et nous ne nous fatiguerons jamais à cet égard.
Question 24 : Qu’est-ce qui vous fait perdre le sommeil ?
Le président Assad : Encore une fois, la souffrance du peuple syrien. L’interaction humanitaire directe ou indirecte entre moi et toute famille syrienne ; c’est la seule chose qui pourrait me priver du sommeil de temps en temps, mais pas les déclarations occidentales et pas la menace d’un soutien aux terroristes.
Question 25 : Aujourd’hui, il y a des gens de Foucaï et Kefraya qui quitteront leur village pour Damas et Alep. Ne craignez-vous pas que, du fait de ces déplacements de population, la Syrie de l’après guerre ne soit plus la même que celle d’avant ?
Le président Assad : Le déplacement dans ce contexte est obligatoire. Nous ne l’avons pas choisi. Nous souhaitons que tout le monde puisse rester dans son village et sa ville, mais ces gens comme beaucoup d’autres civils dans différentes régions ont été encerclés et assiégés par les terroristes, et ils ont été tués quotidiennement, alors ils doivent partir. Mais bien sûr, ils vont retourner dans leurs villes après la libération ; Cela s’est produit dans de nombreux autres régions où les gens sont retournés chez eux. C’est donc temporaire. Les changements démographiques ne sont pas dans l’intérêt de la société syrienne lorsqu’ils sont permanents. Tant qu’il s’agit d’un phénomène temporaire, cela ne nous préoccupe pas.
Journaliste : Monsieur le Président, je tiens à vous remercier beaucoup pour cette interview.
Le président Assad : Merci.
Journaliste : C’était très intéressant, et je vous remercie beaucoup de m’avoir accordé cet entretien.
Le président Assad : Merci.
Traduction "et dire que nous ne sommes même pas stipendiés pour faire ça" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.