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Interview de Bachar al-Assad par Fox News (texte quasi complet en français)

DAMAS (Sana) - 19 Septembre 2013

Fox News : Bonjour Monsieur le Président, je vous remercie beaucoup pour nous avoir accordé cette entrevue. Je suis accompagné par mon collègue, le journaliste Greg Palkot, et nous sommes très impatients de commencer. Comme vous le savez il y a eu un certain nombre d’histoires qui ont fait la une des médias et que nous devons discuter avec vous . L’ONU vient de publier son rapport sur les armes chimiques. Mon collègue Greg Palkot en discutera avec vous dans un instant. Je veux vous parler d’autres développements majeurs concernant le plan sur les armes chimiques qui a été accepté par les Etats-Unis et le gouvernement russe. Êtes vous d’accord avec ce plan pour sécuriser et éventuellement détruire les armes chimiques ?

Le président Assad : La semaine dernière, nous avons adhéré à l’Accord international de prévention et de destruction des armes de destruction massive chimiques, et une partie de cet accord, la partie principale, est l’engagement de ne pas fabriquer ces armes, ne pas les stocker, et de ne pas les employer, et bien sûr de ne pas les distribuer, et une partie de cet accord concerne la destruction de ces produits chimiques. Evidemment, puisque nous sommes maintenant signataires de cet accord, nous devons donner notre accord sur cette partie.

Fox News : Vous devez donner votre accord sur quoi ?

Le président Assad : Sur nous débarrasser de toutes ces armes, je veux dire les détruire.

Fox News : Pourquoi l’acceptez-vous aujourd’hui seulement ?

Le président Assad : Non, en fait ça ne date pas d’aujourd’hui. Si vous revenez dix ans en arrière, lorsque nous étions un membre non-permanent du Conseil de sécurité en 2003, nous avons proposé aux Nations Unies, au Conseil de sécurité, une proposition syrienne de se débarrasser le Moyen-Orient des armes de destruction massive, à créer une zone exempte de produits chimiques ou d’une zone exempte d’Armes de Destruction Massive au Moyen-Orient. Et en fait, les États-Unis se sont opposés à cette proposition, mais par conviction nous voulions voir notre région exempte d’armes de destruction massive, de toutes sortes d’armes de destruction massive parce que c’est une région très volatile, qui est toujours au bord de l’anarchie et de guerres. C’est pourquoi nous disons que ça ne date pas d’aujourd’hui.

Fox News : Nous savons que le président Obama et le secrétaire Kerry ont dit dans le passé que vous mentiez - c’est leur mot, pas le mien - quand vous avez dit que vous n’aviez pas d’armes chimiques. Il y a quelques jours, dans une interview avec la chaîne Russe Canal 24 vous avez admis que vous aviez des stocks d’armes chimiques. Pour simplement clarifier les choses avant de passer à la suite : Avez-vous ou n’avez-vous pas des armes chimiques ?

Le président Assad : Tout d’abord, en ce qui concerne ce qu’Obama et Kerry ont dit, je les mets au défi de préciser à quelle occasion nous aurions répondu ne serait-ce qu’une seule fois « non ». Nous ne l’avons jamais dit. Nous n’avons jamais dit non, nous n’avons jamais dit oui, mais nous disons toujours que c’est un sujet classifié, nous n’avons pas à en discuter, et si nous voulons en parler, nous disons « si » et « si » signifie que vous pouvez en avoir ou ne pas en avoir. C’est donc un mensonge éhonté.

Fox News : D’accord, mais pouvez-vous nous le dire maintenant ? Avez-vous des armes chimiques ou non ?

Le président Assad : Bien sûr, lorsque nous avons adhéré au traité la semaine dernière, cela signifie que nous en avons, et nous l’avons dit, ce n’est plus un secret.

Fox News : Donc, à l’intention du peuple américain, vous admettez que vous avez des armes chimiques ?

Le président Assad : C’est pourquoi nous avons adhéré à l’accord international, afin de nous en débarrasser.

Fox News : Mes anciens collègues de Capitol Hill (Congrès – NdT) sont sceptiques au sujet de votre adhésion à ce plan. Ils disent que c’est juste une tactique destinée à gagner du temps. Est-ce le cas ?

Le président Assad : Une tactique destinée à gagner du temps ? Pour adhérer à l’accord ?

Fox News : Que vous essayez en ce moment de gagner du temps, et que vous n’avez pas vraiment l’intention de respecter le plan. Essayez-vous de gagner du temps ?

Le président Assad : Lorsque vous passez un accord, il y a un mécanisme, et vous devez obéir à ce mécanisme, et d’après l’histoire de la Syrie, nous n’avons jamais passé un accord avec l’une ou l’autre partie du monde et nous n’avons jamais violé nos engagements ou failli à notre rôle prévu dans un accord, jamais.

Fox News : Vous voulez donc dire que le président Obama peut vous faire confiance pour respecter vos engagements ?

Le président Assad : Je ne pense pas que le président Obama devrait me faire confiance. C’est d’abord au peuple syrien de me faire confiance, pas le président Obama. Ensuite, quand il s’agit de contrats et de relations internationales, il faut des mécanismes et ces mécanismes doivent être fondés sur des critères objectifs, donc si vous voulez faire confiance ou pas, observez notre pays, regardez s’il obéit à ces mécanismes et ces règles ou pas. C’est là que vous pouvez lui faire confiance ou pas. Ce n’est pas une relation personnelle.

Fox News : Je comprends. Donc, vous êtes soumis à un délai très court. Allez-vous être en mesure de fournir la liste qui fait partie de l’accord, une liste des armes chimiques ?

Le président Assad : Cette liste en fait partie. Vous devez fournir une liste de votre arsenal à l’organisation d’armes chimiques .

Fox News : Et êtes-vous prêt à ouvrir les sites d’armes chimiques à une inspection internationale ?

Le président Assad : Nous n’avons pas dit que nous adhérions partiellement à cet accord ou à cette organisation, nous y adhérons pleinement. Nous avons envoyé la lettre, nous avons envoyé le document, et nous nous sommes engagés à respecter pleinement les clauses de cet accord.

Fox News : Seriez-vous prêt à laisser nos caméras de Fox News avoir accès à certains sites d’armes chimiques de sorte que le peuple américain puisse constater de lui-même ? Est-ce possible ?

Le président Assad : En Syrie, nous avons des institutions, nous avons des règles, nous avons des conditions, nous devons donc nous adresser à ces institutions pour cette demande, et après avoir étudié la demande, elles peuvent répondre par oui ou par non, mais ce n’est pas au Président de prendre cette décision seul. Donc, nous avons des institutions, et vous pouvez le faire après cet entretien, vous pouvez demander l’autorisation.

Fox News : Pouvez-vous détruire ces armes chimiques rapidement, et si non, pourquoi ?

Le président Assad : Je pense que c’est une opération très compliquée sur le plan technique, et il faut beaucoup d’argent. Certains l’estiment à environ un milliard d’euros pour le stock syrien. Nous ne sommes pas des experts en la matière, mais c’est l’estimation qu’on nous a donnée récemment. Il faut donc demander aux experts ce que signifie "rapidement" parce qu’il faut du temps, il faut une année, peut-être un peu moins ou un peu plus. Alors, que voulez-vous dire par "rapidement" ?

Fox News : Puisque ce sont les États-Unis qui ont exigé que vous abandonniez vos armes chimiques, seriez-vous prêts à remettre vos armes chimiques au gouvernement américain pour les détruire en toute sécurité ?

Le président Assad : Comme je le disais, il faut beaucoup d’argent, il faut environ un milliard, et c’est très préjudiciable à l’environnement. Si l’administration américaine est prête à payer cet argent et de prendre la responsabilité d’emporter des substances toxiques aux États-Unis, pourquoi ne le font-ils pas ? Mais bien sûr, ce sera fait en coopération avec une organisation spécifique des Nations Unies.

Fox News : Mais vous êtes prêts à les remettre à un moment donné pour assurer leur destruction en toute sécurité ?

Le président Assad : Peu importe où. Comme je l’ai dit, au final, si vous allez les détruire, peu importe le lieu.

Fox News : Y a-t-il des conditions ?

Le président Assad : Non, nous n’avons pas de conditions. Envoyez-les n’importe où. S’ils doivent être détruits, ils peuvent être détruits n’importe où. Comme je l’ai dit, c’est très préjudiciable à l’environnement, alors le premier pays qui est prêt à prendre les risques posés par ces produits peut les prendre.

Fox News : Avez-vous un accord de sécurité avec le gouvernement russe qui garantit, après l’abandon éventuel de vos armes chimiques, que vous , serez en fait protégés, afin de ne pas être vulnérables aux attaques ? Parce que nous savons qu’il y a d’autres pays qui ont renoncé à leurs armes et qui ont ensuite été attaqués.

Le président Assad : Vous savez, le rôle de la Russie, sur le plan politique, a été très efficace au cours de la crise en Syrie, au cours des deux dernières années et demi, et ils opposé leur veto à trois reprises au Conseil de sécurité, donc en fait ils ont protégé la Syrie politiquement. Ils n’ont pas besoin d’avoir un accord de sécurité avec la Syrie. Il ne s’agit pas uniquement de l’armée et de la guerre, mais aussi de politique. Donc, je pense qu’ils font leur travail sans un accord.

Fox News : Donc, juste pour résumer, vous avez des armes chimiques, vous êtes prêts à suivre le plan pour les détruire, et vous êtes prêts à coopérer avec la communauté internationale à cet égard.

Le président Assad : Encore une fois, comme je l’ai dit, tout ce que vous mentionnez fait partie de l’accord international, et lorsque nous avons signé cet accord c’était avec l’objectif d’y adhérer pleinement, pas partiellement. Je pense que c’est très clair.

Fox News : Greg ?

Fox News : Merci, Dennis. Monsieur le Président, c’est tellement important , permettez-moi de revenir sur un ou deux points seulement, avant de passer à autre chose. Encore une fois, aucune condition ; vous donnerez votre accord à ce plan pour détruire vos armes chimiques. Vous aviez posé des conditions à ce sujet dans le passé, la semaine dernière . Pas de conditions, donc ?

Le président Assad : Les seules conditions seront celles requises, proposées et énoncées par l’accord. Nous allons donc maintenant discuter des détails avec l’organisation internationale, je n’ai donc pas tous les détails pour en discuter avec vous maintenant, et je ne suis pas expert , nous avons des gens spécialisés pour discuter des détails. Mais, pour ne pas entrer dans les détails, retenez ceci : chaque fois que nous signons un accord, au nom de la Syrie, nous respectons toujours les engagements de cet accord.

Fox News : Votre problème était qu’il y avait la menace de recourir à la force, brandie par les États -Unis, il y a encore un débat sur la soi-disant résolution du Chapitre VII présentée à l’ONU qui inclurait la possibilité de recourir à la force. Serait-ce une cause de rupture de l’accord si cette résolution était adoptée ?

Le président Assad : Que serait une cause de rupture ?

Fox News : La résolution chapitre sept de l’ONU qui permet aux organismes de l’ONU d’utiliser la force si vous ne vous conformez pas au plan.

Le président Assad : Il y a un malentendu selon lequel nous aurions accepté cet accord en raison de la menace américaine. En fait, si vous revenez en arrière, avant le G20, avant la proposition de cette initiative russe, la menace américaine ne visait pas la remise de notre arsenal chimique, mais d’empêcher sa réutilisation. Il ne s’agit donc pas de la menace. La Syrie jamais cédée devant une menace. En réalité, nous avons répondu à l’initiative de la Russie et à nos besoins et à notre conviction. Donc, qu’ils aient un chapitre sept ou pas, il s’agit de politique entre les grands pays.

Fox News : Donc, pour vous, ça n’a rien à voir ?

Le président Assad : Non, non, rien à voir. Nous avons obéi parce que nous voulions obéir. Nos motivations sont totalement différentes.

Fox News : Et, encore une fois, ce délai que Dennis a mentionné, une semaine pour remettre une liste complète de vos armes chimiques, Novembre pour la première visite des inspecteurs, mi 2014 pour la destruction de toutes vos armes chimiques, il s’agit d’un calendrier ambitieux, même pour des experts. Vous pensez que c’est faisable ?

Le président Assad : Oui, mais nous devons d’abord discuter de ces détails avec l’organisation. Ensuite, le temps n’est pas notre problème, c’est le problème de l’organisation, de combien de temps ils ont besoin pour mettre en œuvre cet accord.

Fox News : Vous n’avez pas nécessairement signé sur un délai ?

Le président Assad : Non, non. La seule chose que nous devons faire c’est de fournir les informations et de rendre nos sites accessibles, ce qui n’est pas un problème. Nous pouvons le faire demain, nous n’avons pas de problème.

Fox News : Vous pourriez le faire dés demain ?

Le président Assad : Oui, bien sûr. Nous n’avons pas de problème. Le problème, c’est la vitesse à laquelle ils peuvent être sur place pour commencer à débarrasser tout le matériel chimique, parce que c’est une situation très compliquée . Ce n’est pas une question de volonté, il s’agit d’un problème technique. Alors, seuls les experts peuvent répondre à votre question .

Fox News : Ce qui m’amène à ma dernière question sur ce sujet, et c’est exactement ce que certaines personnes disent, qu’il ne s’agit que d’une ruse, d’un jeu, parce c’est tellement difficile. Les experts disent que ce sera très difficile de se débarrasser de ces armes chimiques, en particulier dans une situation de guerre comme celle-ci. Vous gagnez effectivement beaucoup de temps.

Le président Assad : Même sans guerre, c’est difficile. Même avec toutes les conditions réunies par toutes les parties, il faut du temps pour se débarrasser de ces armes.

Fox News : Vous être donc en train de dire que cela pourrait prendre des années ?

Le président Assad : Comme je l’ai dit, nous n’avons pas d’expérience en la matière, mais certains disent qu’il faut un an. Je n’ai pas dit des années. Selon ce que j’ai entendu, il faut environ un an, peut-être un peu moins ou un peu plus. Mais il faut voir avec les experts, ce sont eux qui nous le diront.

Fox News : Passons aux dernières nouvelles importantes. Il y a beaucoup de nouvelles qui arrivent en ce moment, dont le rapport de l’ONU qui vient de paraître sur l’attaque à l’arme chimique, le mois dernier dans la banlieue de Damas. Selon ce rapport, et c’est le rapport que vous avez dit que vous attendiez - vous dites que vous ne voulez pas entendre les États-Unis, que vous n’avez pas envie d’entendre le Royaume-Uni, vous ne voulez pas entendre la France, vous voulez l’ONU, et l’ONU a parle, et ils ont dit, et je cite : « il existe des preuves claires et convaincantes que le sarin, un gaz neurotoxique a été utilisé », et ils se fondent sur des échantillons de l’environnement, chimiques et médicaux. Ils disent que le meurtre s’est produit sur ​​une échelle relativement grande, y compris d’enfants. Etes vous d’accord avec cette conclision ?

Le président Assad : Ils ont les échantillons , et ils sont censés être objectifs. Nous n’avons pas eu ce rapport officiel, mais la question est de savoir si je suis d’accord sur l’utilisation du gaz sarin.

Fox News : Non, si vous êtes d’accord avec l’évaluation que l’attaque à l’arme chimique a eu lieu dans la banlieue de Damas, le 21 Août.

Le président Assad : C’est l’information que nous avons, mais une information n’est pas une preuve .

Fox News : C’est différent. Vous n’êtes pas d’accord avec le rapport de l’ONU ?

Le président Assad : Non, non, je ne suis pas en désaccord. Il faut attendre d’avoir les éléments. On ne peut pas dire qu’on est d’accord ou pas d’accord d’avoir les éléments.

Fox News : Ils ont les preuves. Ils ont interviewé 40-50 personnes sur le terrain.

Le président Assad : Oui, nous devons discuter des preuves avec eux. Nous devons discuter avec eux parce qu’ils vont revenir, ils n’ont pas encore terminé leur mission. Ils vont revenir, et nous devons en discuter avec eux, nous devons voir les détails. Mais nous ne pouvons pas être en désaccord sans avoir de preuve contraire. Donc, personne n’a dit que du gaz n’a pas été utilisé car au mois de mars, nous avons invité la délégation en Syrie parce que le gaz sarin avait été utilisé, au mois de mars. Nous avons la preuve qu’il a été utilisé en Mars, à Alep. Lorsque je m’exprime en tant qu’officiel, je peux parler des preuves que j’ai.

Fox News : D’accord, mais ils ont sorti un rapport de 38 pages, je veux dire qu’il a été publié hier. Je ne sais pas si vous avez eu la possibilité de le consulter.

Le président Assad : Non, pas encore. Nous devons l’examiner, nous devons en discuter avant de dire si nous sommes d’accord ou pas. Ca ne date que d’hier soir.

Fox News : Parlons alors de manière hypothétique. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a déclaré qu’il s’agit d’un crime de guerre, un acte ignoble, et qu’il s’agit d’une grave violation du droit international. Si cet événement s’est passé comme ils le disent, serait-ce ignoble, serait-ce une violation du droit international ?

Le président Assad : Cela va de soi, bien sûr.

Fox News : Cela va de soi.

Le président Assad : Bien sûr, c’est évident, c’est ignoble, c’est un crime.

Fox News : Parce que je suis sûr que vous avez vu les vidéos que nous avons vues, des enfants en train d’étouffer, des gens en train de vomir.

Le président Assad : Oui, mais personne n’a vérifié la crédibilité de ces vidéos et de ces photos. Personne ne les a vérifiées. Les seules choses vérifiées sont les échantillons que la délégation a prélevés, des échantillons de sang et autres, du sol et ainsi de suite.

Fox News : C’est ce qu’ils disent.

Le président Assad : Mais vous ne pouvez pas construire un rapport sur ​​des vidéos si elles ne sont pas vérifiées, surtout après avoir vécu pendant deux ans et demi dans un monde de manipulations sur la Syrie. Il y a beaucoup de contrefaçons sur Internet.

Fox News : Il y a un dernier élément clé dans ce rapport de l’ONU, et alors que les inspecteurs de l’ONU n’ont pas désigné de coupable, c’est à dire qu’ils ne désignent pas les coupables de l’attaque, il y a beaucoup d’experts qui interprètent ce rapport, certains à qui j’ai parlé au cours des 12 dernières heures, et qui disent franchement que cette attaque apparaît fortement comme une attaque provenant de votre gouvernement, du gouvernement syrien. Ils mettent en avant un certain nombre de choses, ils disent qu’il y avait une grande quantité de gaz, de gaz sarin, peut-être une tonne. Les rebelles n’auraient pu en avoir autant. Ils mentionnent le type de fusée, une M-14 d’artillerie de 300 millimètres qui n’avait jamais été utilisée par les rebelles auparavant, que ces derniers avaient besoin de gros véhicules pour envoyer ces roquettes, que les rebelles n’ont pas tout ça, et peut-être plus important encore, ils soulignent la trajectoire des roquettes. Ils disent qu’ils ont pu retracer les tirs de roquettes à partir du point d’impact vers l’endroit d’où elles ont été tirées. Et en deux occasions différentes, selon l’ONU, le lieu de tir se trouve à Mont Qasyoun, le quartier général des gardes républicaines . Que répondez-vous à cela ?

Le président Assad : Tout ce que vous dites fait partie du rapport ? Tous ces points sont dans le rapport ?

Fox News : Ces points font tous partie de ce rapport. Ce sont tous des faits.

Le président Assad : Le rapport ne mentionne rien au sujet des gardes républicaines ou des choses comme ça.

Fox News : Ils ont dit qu’ils ont donné l’apogée (azimuth tracking) de la trajectoire, et les gens ont extrapolé à partir de là pour retrouver l’endroit d’où le tir est parti, au nord-ouest de Damas.

Le président Assad : Tout d’abord, le gaz sarin est appelé gaz de cuisine, savez-vous pourquoi ? Parce que n’importe qui peut fabriquer du sarin chez lui.

Fox News : Ils ont dit qu’il était de très grande qualité. De meilleure qualité même que celui utilisé en Irak par Saddam Hussein, votre voisin à l’époque.

Le président Assad : Tout d’abord, un rebelle peut fabriquer du sarin. Deuxièmement, nous savons que tous ces rebelles sont soutenus par des gouvernements, de sorte que tout gouvernement qui en posséderait aurait pu leur fournir.

Fox News : Les experts disent qu’ils n’ont jamais rien vu de tel, une tonne de gaz sarin, ça veut dire des lanceurs, des roquettes, tout un équipement, qui se trouve être, de temps en temps, le genre d’armements et de munitions qu’on peut trouver dans vos bases.

Le président Assad : C’est franchement pas crédible. Vous ne pouvez pas utiliser du sarin près de vos troupes, première chose. Deuxièmement, vous n’utilisez pas des armes de destruction massive lorsque vous avancez, lorsque vous n’êtes pas en train de perdre, que vous ne battez pas en retraite. La situation était en faveur de l’armée. Troisièmement, nous n’avons pas utilisé ces armes lorsque nous étions beaucoup plus en difficulté l’année dernière. Quand ils parlent de troupes ou de n’importe quelle unité de l’armée syrienne qui aurait utilisé ce type d’arme, c’est faux ne serait-ce que parce que ces armes chimiques ne peuvent être utilisées que par des unités spécialisées. Elles ne peuvent pas être utilisées par d’autres unités comme l’infanterie ou des unités traditionnelles similaires. Donc, tout ce que vous avez dit n’est pas réaliste et n’est pas vrai. Certainement, pour ce qui concerne le gouvernement, nous avons la preuve que les groupes terroristes ont utilisé du gaz sarin et les preuves ont été remises aux Russes. Les satellites russes - depuis le début de ces allégations, le 21 Août, ils ont dit qu’ils ont des informations grâce à leurs satellites que la fusée a été lancée à partir d’une autre zone. Alors, pourquoi ne pas tenir compte de ce point de vue ? Et donc, toute cette histoire ne tient même pas debout. Ce n’est pas crédible. En un mot, nous n’avons pas utilisé d’armes chimiques à Ghouta, parce que si nous l’avions fait, nous aurions touché nos troupes, nous aurions blessé des dizaines de milliers de civils vivant à Damas.

Fox News : Pour conclure cette partie, Monsieur le Président, permettrez-vous une enquête plus approfondie ? Allez-vous permettre aux enquêteurs de l’ONU de venir, peut-être pour étudier plus en détail cette attaque ou d’autres attaques ? Il y a quelque chose comme 14 attaques différentes où des accusations ont été lancées des deux côtés et même une équipe de l’ONU qui se prononcerait sur la culpabilité, la responsabilité de cette attaque . Vous allez permettre à ces équipes de l’ONU d’entrer ?

Le président Assad : C’est nous qui les avons invités en premier à venir en Syrie, au mois de mars, et nous leur avons demandé de revenir en Syrie pour poursuivre leurs investigations parce que nous avons plus d’endroits à étudier. Ce sont les États-Unis qui ont fait pression sur eux récemment pour partir avant la fin de leurs missions. Lorsque nous avons invité la délégation, nous avons voulu que cette délégation ait les pleins pouvoirs pour enquêter sur tout, non seulement sur l’utilisation du gaz sarin ou les armes chimiques, mais d’enquêter sur tout, sur les auteurs, sur le mode opératoire. Mais les Etats-Unis ont fait pression pour limiter l’enquête à l’usage ou non du gaz. Pourquoi ? Parce que, je pense que l’administration américaine a pensé que s’ils enquêtaient sur qui et comment, ils arriveraient à la conclusion que les auteurs sont les rebelles ou les terroristes, et non l’inverse.

Fox News : Merci, Monsieur le Président. Dennis ?

[ certaines parties de l’interview ont été tronquées car elles recouvrent grandement l’interview précédente accordée à CBS News – NdT et publiée ici http://www.legrandsoir.info/interview-de-bashar-al-assad-par-cbs-news-texte-complet-en-francais.html ]

Fox News : Permettez-moi alors, pour rebondir, de vous poser des questions sur la diplomatie. Quelles démarches diplomatiques êtes-vous prêt à faire pour redonner confiance à la paix dans votre pays ?

Le président Assad : Toute initiative diplomatique sans stabilité et l’élimination des terroristes ne serait qu’une illusion. Toute initiative diplomatique doit commencer par arrêter l’afflux des terroristes, le soutien logistique, en armement et financier, à ces terroristes. Ensuite, vous avez un plan complet, les Syriens pourraient s’asseoir autour d’une table, discuter de l’avenir de la Syrie, du système politique, de la constitution et de tout.

Fox News : Est-ce que l’avenir inclurait des négociations avec l’opposition syrienne ?

Le président Assad : Certainement, ce qui ne signifie pas négocier avec les terroristes.

Fox News : Je comprends. Mais ça veut dire que vous êtes prêt pour, disons, un programme de réconciliation avec ceux qui vous sont opposés ? Êtes-vous prêt pour cela ?

Le président Assad : Bien sûr, nous l’avons annoncé au début de l’année. Nous avons dit que nous sommes prêts à discuter avec tout parti politique intérieur et extérieur de la Syrie.

Fox News : Projetons-nous dans un an. Seriez-vous prêt à offrir l’amnistie à tous les Syriens qui s’opposent à votre gouvernement ?

Le président Assad : Ils n’ont pas enfreint la loi, s’ils s’opposent au gouvernement, ils peuvent venir en Syrie sans amnistie. L’amnistie ne concerne que ceux qui ont enfreint ou violé la loi syrienne. Si vous y êtes opposé, ce n’est pas un crime.

Fox News : Croyez-vous en l’amnistie comme un chemin vers la paix ?

Le président Assad : Cela dépend pour qui. Pour ceux ceux qui ont du sang sur les mains, cela pourrait se faire dans le cadre d’une réconciliation nationale.

Fox News : Cela inclurait-il des indemnisations aux familles de ceux qui ont été tués ?

Le président Assad : Ce n’est pas au président qui décider de tous ces détails. Je pense que c’est la réunion syrienne de toutes les factions et partis qui définira tous ces détails.

Fox News : Que diriez-vous, Monsieur le Président, aux millions de Syriens qui sont actuellement réfugiés, alors que vous rapprochez d’un processus de paix ? Que feriez-vous pour leur dire « s’il vous plaît, revenez à la maison » ?

Le président Assad : Bien sûr, nous voulons qu’ils reviennent dans leurs villages, leurs villes, leurs maisons, leurs foyers, nous le voulons. Mais nous devons les aider à se débarrasser des terroristes , parce que la majorité de ces réfugiés sont partis à cause des terroristes, pas à cause du gouvernement. En fait, nous avons des réfugiés en Syrie qui sont aidés par le gouvernement.

Fox News : Permettez-moi de vous poser cette question, avez-vous parlé avec le président Obama ?

Le président Assad : Jamais.

Fox News : Avez-vous déjà parlé avec lui ?

Le président Assad : Non

Fox News : Ca vous intéresserait de lui parler ?

Le président Assad : Ca dépend du contenu. (Rires ) Il ne s’agit pas de bavarder.

Fox News : Si vous vouliez lui envoyer un message maintenant, que lui diriez-vous ?

Le président Assad : Écoutez votre peuple ; suivez le bon sens de votre peuple. Rien de plus.

Fox News : Le Pape François a demandé à la communauté internationale d’abandonner la poursuite futile d’une solution militaire. Croyez-vous que le conseil du pape est valable, pour votre gouvernement, et pour d’autres pays ?

Le président Assad : Bien sûr. Nous avons invité tous les militants en Syrie à renoncer aux armes, et nous avons offert l’amnistie à tous ceux qui veulent déposer les armes et retourner à une vie normale en tant que citoyen syrien. Bien sûr, nous y croyons..

[ déjà traité dans interview précédente – NdT]

Fox News : Monsieur le Président, notre temps est limité et je voudrais brièvement retourner dans le passé. J’étais ici en 2000 pour les funérailles de votre père. Vous avez assumé le poste de président, et à ce moment là certaines personnes avaient un réel espoir en vous, comme réformateur, pour changer les choses, pour apporter plus de démocratie dans ce pays. Cependant, les critiques et les analystes disent que vous avez régressé au point où maintenant vous êtes catalogué d’autre chose, vous êtes stigmatisé comme un "dictateur" ou même bien pire. Que ressentez-vous lorsque vous entendez des gens dire que vous vous êtes égaré, c’est-à-dire que vous vous êtes éloigné de la voie des réformes que vous auriez pu accomplir à l’époque, et qui auraient pu éviter tout ce qui se passe maintenant ?

Le président Assad : Tout d’abord, si vous voulez parler d’espoir, je voudrais dire que je suis l’espoir des Syriens, peu importe que je sois l’espoir d’un étranger, qu’il soit officiel ou toute autre. Donc, tous les termes que vous avez employés dans votre question doivent être adressés aux Syriens pour voir s’ils sont d’accord sur ces termes ou non. Au final, il ne s’agit pas de termes, mais de contenu. Ce n’est pas grave ce qu’ils disent, dictateur ou réformateur. Aujourd’hui, il y a de la propagande. Disent-ils la même chose au sujet de leurs alliés dans les pays du Golfe ? Est-ce qu’ils parlent de dictatures dans les États du Golfe ?

Fox News : Nous parlons de la Syrie.

Le président Assad : Oui, je sais, mais j’ai le droit de répondre sur les autres états qui sont bien plus éloignés de la démocratie que l’état syrien. Pour revenir à votre question, la réforme n’est pas le travail d’une certaine personne dans un pays, que ce soit le président ou le gouvernement ou le peuple. Le Président et le gouvernement peuvent conduire la réforme, mais la réforme est un processus social , et il est influencé par beaucoup de choses différentes, y compris les facteurs externes - si vous avez une guerre, si vous avez la stabilité, si vous avez de meilleures conditions économiques, si vous avez de très mauvaises idéologies qui viennent de l’étranger. Parlons donc de réforme telle que je l’avais présentée au tout début et à laquelle je crois toujours. On devrait avoir une démocratie qui reflète ses propres traditions, mais la démocratie n’est pas un but. Cela signifie atteindre la prospérité et une démocratie basée sur l’acceptation de l’autre. Quand vous avez une idéologie fermée et de nombreux tabous qui vous empêchent d’accepter d’autres cultures dans votre pays, vous régressez. Ce que le président fait à cet égard n’a pas d’importance. Ni la constitution, ni la loi, ni aucun autre processus ne peut instaurer une véritable démocratie, crédible, dans une telle société. Ce n’est que lorsque la société elle-même l’instaure que vous pouvez parler de démocratie. C’est une culture. Je suis donc toujours un réformateur, je crois toujours aux mêmes valeurs, mais si vous revenez à l’histoire de ces dernières décennies, les situations les plus complexes qui se déroulent dans notre région, sont des raisons pour lesquelles la démocratie - non seulement en Syrie mais dans toute la région, est en recul. Nous nous éloignons de la démocratie, et non l’inverse.

Fox News : Mais encore une fois, pour rester avec votre pays et avec un peu d’histoire récente, retournons à il y a deux ans et demi, c’était la première manifestation dans ce pays. Les gens ont dit que c’était un signe de mécontentement, de votre propre peuple, envers vos réformes vers la démocratie, et c’était tout simplement ce qu’ils demandaient : plus de démocratie, plus de réformes. Ils en vous demandaient même pas de quitter le pouvoir à l’époque. Les critiques diront que vous réagi trop violemment, trop vite, avec des chars, ciblant les manifestants, des tortures, etc. C’est une critique, que vous avez raté, une fois de plus, une occasion. Qu’en pensez-vous que, deux ans et demi plus tard ?

Le président Assad : Posons une question très simple : si nous voulons opprimer les gens parce que nous n’acceptons pas leurs demandes, pourquoi le président lui-même - je l’ai dit dans un de mes discours au tout début du conflit, pourquoi ai-je dit publiquement que ces gens ont des revendications légitimes ? Premièrement. Deuxièmement, si nous allions utiliser la force, pourquoi avons-nous modifié la Constitution ? Pourquoi avons-nous modifié la loi ? Pourquoi avons-nous maintenant plus de 15 nouveaux partis politiques en Syrie ? Pourquoi avons-nous modifié autant de lois, tel qu’ils le demandaient ? Parce que nous savions qu’il ne s’agissait pas de démocratie. S’ils demandaient la démocratie, pourquoi ont-ils tué certains - je ne veux pas généraliser - certains manifestants ont manifesté pour les raisons que vous avez mentionnées, mais d’autres ont tué des soldats et des policiers dés la première semaine du conflit. Quel rapport entre demander la démocratie et le meurtre et l’assassinat ? Donc, nous devons être très précis et faire la distinction entre ceux qui demandent la démocratie et les terroristes. Une partie de ces gens qui s’opposaient au gouvernement au début, aujourd’hui soutiennent le gouvernement contre les terroristes, parce qu’ils ont demandé des réformes, pas des terroristes. Donc, vous parlez de deux situations complètement différentes, celle entre le début du conflit et celle d’aujourd’hui. Donc, nous avançons toujours sur la voie de la démocratie, et vers une partie de la solution que j’ai mentionnée il y a quelques minutes. Lorsque nous serons assis autour d’une table, le peuple syrien dira quelle est la meilleure constitution, quel est le meilleur système politique. S’il veut un système parlementaire, présidentiel, semi-présidentiel, et ainsi de suite. Quelles lois ? Tout ! Ce n’est donc pas le président qui décidera. Si les gens veulent mettre en place leur propre système, c’est ça la démocratie.

Fox News : Eh bien, vous soulevez un point qui m’amène à la prochaine question. Certains diront que vous avez mené une guerre d’usure, c’est-à-dire que vous avez neutralisé les modérés, et certains de ceux qui se sentaient, très pacifiquement, qu’ils voulaient un changement et la démocratie. Maintenant, après deux ans et ans et demi de combats, ils sont prêts à céder un peu, et dès le début vous avez parlé de terroristes arrivant de l’extérieur. Et maintenant vous avez créé une situation sur le terrain en raison de la longue période pendant laquelle les terroristes ont pu entrer. Mon point est le suivant : vous n’êtes pas vraiment en train de changer les mentalités, vous êtes simplement en train de pousser les gens là où vous voulez qu’ils aillent, là où, après deux ans et demi, et 110.000 morts, des villes en ruines, vous espérez que les gens vont se rendre à l’idée. Est-ce vraiment là où vous vouliez en venir avec cette idée ?

Le président Assad : Ce que vous dites en essence, c’est que j’ai créé cette ambiance en invitant les terroristes en Syrie ?

Fox News : Vous avez tenu tête suffisamment longtemps devant les revendications pacifiques.

Le président Assad : Dès le début, nous avons accepté les demandes.

Fox News : Vous avez accepté les demandes ?

Le président Assad : Dès le début, avant que ces terroristes ou ces étrangers viennent de Syrie. Dès le début, en 2011, six jours après le conflit, nous avons dit que nous allions changer, et nous avons commencé le processus de modification de la constitution deux ou trois mois après. Et nous avons voté. Je n’ai pas changé la constitution, il y a eu un référendum, et les gens ont voté lors de ce référendum pour la nouvelle constitution, au début de 2012, en février, moins d’un an après le début du conflit. Donc, ce que vous dites est bien loin de la réalité, la réalité est complètement différente. Rien de tout ça n’a eu lieu en Syrie. Vous parlez peut-être d’un autre pays. Ce qui s’est passé en Syrie, depuis le début, nous avons dit que s’il y avait des revendications, nous étions disposés à changer n’importe quoi. Que ferait un président ou comment pourrait-il réussir si les gens sont contre lui ? Comment peut-il réussir ? Voulez-vous être le président juste pour le plaisir d’être président ? Ce n’est pas réaliste, c’est impossible.

Fox News : Défendez-vous les tactiques employées dans cette guerre ? Il y a un an, nous étions à Homs, l’une de vos grandes villes, et nous avons vu que votre artillerie, positionnée autour de la ville, pilonner encore et encore, sans relâche, le centre de la ville. Vous dites que vous vous en prenez à l’ennemi, vous dites que vous vous en prenez aux terroristes, mais ça, ce que certains appelleraient des bombardements aveugles, a fait de très nombreux morts parmi les civils qui, franchement, ont laissé la ville et beaucoup d’autres grandes villes comme Alep et d’autres, en ruines. Est-ce la voie à suivre, si vous pensez qu’il y a des terroristes là-bas, les terroristes ennemis de votre état ?

Le président Assad : C’est comme si vous disiez que lorsque les terroristes s’infiltrent dans une certaine zone ou attaquent une certaine partie de n’importe quelle ville, les civils resteraient ? C’est impossible. Chaque fois que les terroristes entrent dans une zone, les civils partent à moins qu’ils soient utilisés comme boucliers humains. Mais dans la plupart des cas, les civils ont quitté la région à cause des terroristes, ce qui explique le nombre de réfugiés. Donc, dans la plupart des cas, l’armée syrienne a attaqué des zones où il n’y a pas de civils. Dans la plupart des cas, vous pouvez difficilement trouver des civils avec des terroristes .

Fox News : Mais il y a des estimations, Monsieur le Président, qui disent que sur un total de 110.000 morts à ce jour, 50.000 au moins sont des civils. Voulez-vous dire qu’il y avait 50.000 boucliers humains ?

Le président Assad : Tout d’abord, quelle est la source de votre information ?

Fox News : C’est une estimation par des analystes qui se penchent sur ces chiffres. Vous pensez que les chiffres sont plus bas ?

Le président Assad : Des analystes qui vivent aux Etats-Unis ou en Europe ? Vous ne pouvez parler que de faits, vous ne pouvez pas parler d’estimations et d’allégations.

Fox News : 110,000 est un chiffre sur lequel tout le monde est d’accord.

Le président Assad : Bien sûr, je dit il y a des dizaines de milliers de morts. Je n’ai pas donné de chiffre exact pour une raison : parce que nous avons des milliers de personnes portées disparues. Nous ne pouvons pas les compter parmi les morts avant de savoir s’ils sont morts. Nous sommes en guerre. Donc, pour avancer des chiffres, il faut être très précis. Vous citez un nombre comme s’il s’agissait d’une feuille de calcul, sans savoir qu’ils ont de la famille, que c’est une tragédie. Nous vivons avec ces gens. Il s’agit d’une tragédie humaine. Il ne s’agit pas de chiffres, il s’agit de toutes les familles en Syrie qui ont perdu des êtres chers, y compris ma propre famille. Nous avons perdu des membres de la famille. Nous avons perdu des amis et c’est pour cela que nous nous battons contre le terrorisme. Et dans ce cas, si nous laissions faire les terroristes, sans les combattre, ce chiffre, s’il était proche de la réalité, serait démultiplié, serait dans les millions, pas dans les centaines de milliers .

Fox News : Nous ne voulons pas nous noyer dans les chiffres, parce que comme vous le dites, c’est un drame humain. Mais encore une fois, vous avez dit que 90 % de l’opposition, des rebelles, sont Al-Qaïda. Vous maintenez ce chiffre, 90% ?

Le président Assad : 80 à 90% , personne n’a pas le chiffre exact. On n’a pas le chiffre exacte parce qu’ils vont et viennent dans un flux irrégulier.

Fox News : Vous ne pensez pas que ce chiffre est trop élevé ? Certains donnent des chiffres inférieurs, au moins 50/50. On pourrait dire que c’est au moins 50/50.

Le président Assad : Qui dit ça ? Je suis sûr qu’ils ne sont pas Syriens. Personne en Syrie ne dit qu’ils sont 50/50. A l’étranger peut-être, ils ont leurs propres estimations. Mais c’est notre conflit, nous vivons ici, c’est notre pays. Nous, nous pouvons dire combien. Mais 50/50... comment les ont-ils comptés ?

Fox News : Mais encore une fois, juste pour résumer ce que vous venez de dire, vous avez dit « l’opposition a été fabriquée depuis l’étranger. » Pensez-vous réellement cela ?

Le président Assad : Ce n’est pas un sentiment, et il ne s’agit pas de ce que je ressens. Il s’agit de faits qui sont présentés devant nous. S’ils n’ont pas de base sociale en Syrie - parce que nous avons une opposition en Syrie, qui a une base sociale - pourquoi avoir une opposition à l’étranger ? De quoi vivent-ils ? Qui leur donne de l’argent ? Comment sont-ils financés ? Et nous savons que certains d’entre eux appartiennent aux États-Unis et à la Grande-Bretagne et à la France , et au Qatar et à l’Arabie saoudite. Une véritable opposition n’appartient qu’au peuple syrien. Et s’il n’appartient pas à ce peuple, il appartient à d’autres pays. C’est évident.

Fox News : Êtes-vous en train de minimiser les morts en disant que ce n’est pas 50000, mais 40.000 ou 30.000 ?

Le président Assad : On ne peut pas le minimiser parce que dans chaque foyer il y a une douleur aujourd’hui, dans chaque foyer, il y a une tristesse. On ne peut pas minimiser. Que le chiffre soit supérieur ou inférieur, c’est une tragédie. Nous vivons en Syrie, nous devons parler des causes. Qui les a tués ? Pas le gouvernement, mais les terroristes. Nous défendons notre pays. Si nous ne le défendions pas, ce chiffre serait beaucoup plus élevé, c’est ce que je voulais dire.

Fox News : Je voulais simplement clarifier cela. Maintenant, en examinant les choses de manière plus globale, ce qui semble être un tournant pour le monde, ici dans une Syrie déchirée par la guerre, une nouvelle feuille de route pour la paix mondiale semble se développer, en commençant par votre abandon de vos armes chimiques, pour ensuite passer à un plan concret pour la paix en Syrie. Pensez-vous que nous assistons à une telle évolution de la situation ?

Le président Assad : Parlez-vous de la situation en Syrie ? Il n’y a pas de relation directe entre la question des produits chimiques et le conflit en Syrie. C’est complètement différent. Donc, si nous voulons avancer vers une solution politique, nous pouvons, mais ce n’est pas lié à l’accord chimique.

Fox News : Je comprends, mais le fait que cette question chimique a interpellé le monde entier qui a fini par prêter attention, est-ce une situation à partir de laquelle vous pouvez construire quelque chose ?

Le président Assad : Cela dépend en grande partie des pays qui soutiennent les terroristes en Syrie.

Fox News : Avant de redonner la parole à Greg , il y a beaucoup de pays désormais impliqués dans ce processus, pas seulement aux États-Unis et la Russie, mais l’Iran, Israël, la Turquie et même la Chine. Donc, tout dépend de la coopération de la Syrie avec le processus de Genève. Êtes-vous prêt à faire en sorte que cette opportunité ne s’écroule pas ?

Le président Assad : Nous avons soutenu le processus de Genève dès le début. Nous avons coopéré avec les envoyés de l’ONU qui sont venus en Syrie. En fait, celui qui a mis des obstacles n’était pas la Syrie ni la Russie ni la Chine, mais les États-Unis, pour de nombreuses raisons différentes. Une des principales raisons est qu’ils n’ont pas de véritable opposition à l’étranger. Ils savent que c’est un de leurs principaux problèmes, parce que le coeur de la conférence de Genève est le respect de la volonté du peuple syrien, et donc tout accord réalisé à Genève sera proposé au peuple syrien, et si vous n’avez pas de base sociale en Syrie, vous ne pouvez pas convaincre le peuple syrien de vous suivre. C’est le problème que les Américain ont avec leurs marionnettes, pour être très clair et très franc.

Fox News : Merci Monsieur le Président. Greg.

Fox News : Pour rebondir sur ce point, Monsieur le Président, d’autres pensent en effet qu’il y a une voie à suivre, que pour la première fois depuis deux ans et demi vous vous adressez sérieusement à la communauté internationale pour parler d’une piste de négociation - une piste étroite, je vous l’accorde, qui porte seulement sur les armes chimiques - et qu’en fait, il pourrait y avoir la possibilité de négociations plus larges. Pourriez-vous en être partie prenante, ou si vos alliés puissants et, au fond, le parrain de cette nouvelle vague de discussions et de négociations, la Russie, estime qu’il serait peut-être plus utile de ne pas vous placer dans une telle situation, quelle serait votre positition ? Êtes-vous prêt à aller jusqu’au bout ou, si cela facilitait les choses, seriez-vous disposé à démissionner pour le bien de votre pays ?

Le président Assad : Être président ou pas, c’est quelque chose qui doit être décidé par le peuple syrien et par les urnes et personne d’autre, ami ou ennemi ou n’importe qui, n’a son mot à dire sur cette question. Si le peuple syrien veut que vous soyez président, vous devez rester. S’il ne veut pas de vous, vous devez quitter tout de suite, avec ou sans la conférence. C’est évident, nous ne discutons pas de cela, et je l’ai dit de nombreuses fois. Donc, personne n’a à le dire et la Russie n’a jamais tenté de s’immiscer dans les affaires syriennes. Il y a un respect mutuel entre la Syrie et la Russie, et ils n’ont jamais tenté de s’immiscer dans ces affaires syriens. Seuls l’administration américaine et ses alliés européens, et certains de leurs marionnettes dans le monde arabe, répètent ces mots, que le président doit partir, ce que le peuple syrien doit faire, quel genre de gouvernement ; il n’y a que ce bloc qui interfère dans les affaires d’un pays souverain.

Fox News : Je sais que vous avez dit qu’il y a des élections prévues ici en 2014. Vous seriez candidat, et vous accepteriez que le peuple vote pour ou contre vous, et ces élections pourraient se tenir dans le climat actuel ?

Le président Assad : Vous devez sonder l’humeur du peuple, la volonté et le désir du peuple à ce moment là pour voir s’il veut de vous comme candidat ou pas. S’il le peuple ne vous voit pas d’un bon oeil, vous ne vous présentez pas. Il est encore trop tôt parce que tous les jours il y a quelque chose de nouveau. Je peux prendre ma décision avant les élections.

Fox News : Monsieur le Président, selon le New York Times le président Obama a déclaré que le plus grand objectif à l’égard de la Syrie est de réduire l’usage d’armes chimiques et la prolifération des armes chimiques à travers le monde. Croyez-vous que cela pourrait être une occasion pour rétablir les relations entre la Syrie et les États- Unis ?

Le président Assad : Cela dépend de la crédibilité de l’administration, n’importe quelle administration, et cela dépend de l’administration américaine.

Fox News : Mais vous ne dites pas que notre président n’a pas de crédibilité ; je vous demande si c’est une occasion pour vous de remettre à zéro les relations avec les États- Unis ?

Le président Assad : Comme je l’ait dit, la relation dépend de la crédibilité de l’administration. Nous n’avons jamais considéré les Etats-Unis comme un ennemi ; nous n’avons jamais considéré le peuple américain comme un ennemi. Nous aimons toujours avoir de bonnes relations avec tous les pays du monde et avant tout avec les Etats-Unis parce que c’est le plus beau pays du monde. Cela est normal et évident. Mais cela ne veut pas dire obéir aux ordres et aux directives des Etats- Unis. Nous avons nos propres intérêts, nous avons une civilisation et nous avons notre volonté. Ils doivent l’accepter et le respecter. Nous n’avons pas de problème avec le respect mutuel. Nous voulons avoir de bonnes relations, bien sûr.

Fox News : Permettez- moi de vous demander quelques précisions en ce qui concerne l’avenir . Allez-vous vers une sorte de constitution pour la Syrie qui garantirait une plus grande liberté pour le peuple syrien ? Voulez-vous vraiment œuvrer dans ce sens ?

Le président Assad : Notre Constitution garantit aujourd’hui plus de liberté mais tout dépend de la teneur de cette liberté. C’est ce que les parties syriennes pourraient discuter autour d’une table. Ce n’est pas la constitution du président, ce n’est pas ma vision ni mon propre projet. Cela devrait être un projet national. Ainsi, les Syriens devraient définir exactement ce qu’ils veulent et je dois accepter leur volonté.

Fox News : Par exemple, que pensez-vous des élections libres ?

Le président : Bien sûr, nous avons déjà des élections libres avec la constitution actuelle. Nous allons avoir des élections libres l’année prochaine, en mai 2014.

Fox News : Est-ce qu’il y a quelqu’un d’autre qui peut être président de la Syrie ?

Le président Assad : Bien sûr, n’importe qui peut être président .

Fox News : Vous n’êtes donc pas le seul à pouvoir l’être ?

Le président Assad : Non, je ne suis le seul.

Fox News : Vous croyez donc qu’il est possible pour la Syrie d’avoir une transition pacifique sans que vous soyez au pouvoir ? Est-ce possible ?

Le président Assad : Que voulez-vous dire par transition ; transition de quoi ?

Fox News : Une transition vers une résolution du conflit et de la guerre, est-ce possible avec vous absent du pouvoir ?

Le président Assad : Si le peuple syrien ne veut pas de moi, que ce soit dans une situation transitoire, permanente, normale ou naturelle, cela signifie que ça sera paisible. Tout ce que les gens ne veulent pas ne pourra pas être paisible.

Fox News : Projetons-nous cinq ans dans le futur,. A quoi ressemblera la Syrie ?

Le président Assad : Nous avons tellement de défis si nous nous débarrassons de ce conflit, bien sûr, le plus urgent est de se débarrasser des terroristes, comme je l’ai dit. Mais la chose la plus importante est leur idéologie. Nous n’avons aucun doute que l’existence de terroristes de partout dans le monde - des terroristes extrémistes - ont eu des effets secondaires sur les cœurs et les esprits d’au moins les jeunes. Que pouvez-vous attendre d’un enfant qui a tenté de décapiter quelqu’un de sa propre main !?! Que peut-on attendre d’enfants qui ont regardé des décapitations et des barbecues de têtes et regardé des cannibales en Syrie, à la télévision et sur Internet !?! Je suis sûr qu’il a beaucoup d’impacts psychologiques et d’effets secondaires et mauvais pour la société. Nous devons donc réhabiliter cette génération pour qu’elle soit de nouveau tolérante, comme l’était la Syrie. Bien sûr, je parle d’un problème très local qui, si nous l’ignorons, pourrait se répandre comme une onde dans la société. Ensuite, nous devons reconstruire notre infrastructure qui a été détruite récemment, reconstruire notre économie et, comme je l’ai dit, avoir un nouveau système politique qui convient au peuple syrien et au système économique, et autres.

Fox News : Monsieur le Président, en tant que journaliste, je veux juste vous dire ce que je vois lorsque je voyage à travers le pays. J’ai vu cette crise perdurer. À l’heure actuelle, je vois comme vous un pays où peut-être 60% ​​ou 70% du territoire échappe à votre contrôle, ainsi que peut-être 40% de votre population, six millions de personnes ont été déplacées, près d’un tiers de la population, ont été déplacées par cette guerre. Nous parlons du nombre de morts et de blessés. Voyez-vous un chemin de retour, voyez-vous une manière pour que le peuple puisse à nouveau vous soutenir massivement ? Voyez-vous quelque chose que vous pourriez faire pour rattraper ces deux ans et demi d’horreur, de guerre sanglante que le pays a subi ?

Le président Assad : Aujourd’hui, après que la majorité du peuple a connu la signification de terrorisme - je parle d’un pays qui était autrefois l’un des pays les plus sûrs au monde, nous étions en 4ème position dans le classement international des pays les plus sûrs - et après qu’ils ont vécu directement l’extrémisme et le terrorisme, ces gens soutiennent le gouvernement. Ils soutiennent donc le gouvernement. Peu importe qu’ils me soutiennent personnellement ou pas. La chose la plus importante est que la majorité soutient les institutions. En le pourcentage que vous avancez, bien sûr, n’est pas correct. Quoi qu’il en soit, l’armée et la police ne sont pas partout en Syrie, et le problème présent n’est pas une guerre entre deux pays où deux armées partent à la conquête des territoires respectifs. Il s’agit d’infiltration de terroristes. Lorsque nous libérons une zone des terroristes, ils partent ailleurs pour continuer à détruire, tuer et effectuer leur routine. Le problème maintenant est l’infiltration de ces terroristes en Syrie et le problème le plus dangereux auquel nous sommes confrontés est leur idéologie, et ça c’est plus important que tel ou tel pourcentage. Au final, un grand nombre d’entre eux sont des étrangers, et un jour ils partiront ou mourront ici en Syrie. Mais c’est l’idéologie qui sera le principal souci de la Syrie et des pays voisins. Et cela devrait être le souci de tous les pays, y compris les Etats-Unis

Fox News : Monsieur le Président, merci beaucoup pour cette interview.

Le président Assad : Je vous remercie d’être venus en Syrie

Traduction « ce conflit va faire une victime de plus : le traducteur » par VD pour le Grand Soir avec autant de fautes et de coquilles que prévisibles pour un tel truc

Source : http://sana.sy/eng/21/2013/09/19/503275.htm

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Venezuela – Chronique d’une déstabilisation
Maurice LEMOINE
A la mort de Chávez, et afin de neutraliser définitivement la « révolution bolivarienne », les secteurs radicaux de l’opposition ont entrepris d’empêcher à n’importe quel prix son successeur Maduro, bien qu’élu démocratiquement, de consolider son pouvoir. Se référant de façon subliminale aux « révolutions de couleur », jouissant d’un fort appui international, ils ont lancé de violentes offensives de guérilla urbaine en 2014 et 2017 (45 et 125 morts), dont une partie importante des victimes, (…)
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