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Immobilier : Le ralentissement dans l’industrie du bâtiment menace la prospérité économique de l’Espagne, par John Vassilopulos.





WSWS, 20 septembre 2006.


Les économistes prédisent pour 2007 un ralentissement de l’industrie du bâtiment en Espagne. Depuis des décennies, le bâtiment est un facteur essentiel de la prospérité économique du pays.

Ils préviennent qu’à moins de maîtriser le rôle disproportionné de l’industrie du bâtiment dans l’économie, « l’Espagne pourrait bientôt se trouver sur la voie de la médiocrité économique. »

Selon un récent rapport publié par le Fonds monétaire international, l’économie espagnole est devenue « de plus en plus déséquilibrée » au cours de ces quelques dernières années. Alors que la prospérité de l’industrie du bâtiment a contribué à la construction de 700 000 nouveaux logements en 2004 (plus que le montant total de la France, de l’Allemagne, de la Belgique, de la Hollande et du Luxembourg réunis), le secteur manufacturé a baissé de 0,4 pour cent en 2005 et la croissance des exportations est restée inchangée.

La diminution dans le secteur manufacturé remonte aux années 1980 quand l’Espagne fut menacée dans son rôle de pays à bas salaire par les sites industriels d’Asie et d’Amérique latine. Ceci exerça une pression sur les principales exportations espagnoles, le vêtement, le textile et le cuir.

Plus récemment, c’est l’élargissement de l’Union européenne (UE) aux pays de l’Europe centrale et de l’Est qui a soumis l’Espagne à une nouvelle pression sur l’économie espagnole. Ces pays ont des coûts de main-d’oeuvre de 60 pour cent moins élevés et sont spécialisés dans des industries telles la mécanique, les produits électriques, le textile et les automobiles qui représentent plus de 40 pour cent du commerce espagnol.

En conséquence, il y a eu une sortie en capital investissement ; l’Espagne enregistrant une baisse de 50 pour cent entre 2000 et 2004. Parmi les dernières victimes, on compte des entreprises de l’industrie textile qui ont dû fermer à Valence en raison des importations chinoises et de la délocalisation en Slovaquie d’une partie de la production automobile de SEAT, filiale espagnole du groupe Volkswagen.

La diminution des investissements a à son tour entraîné une baisse générale de la productivité de la main-d’oeuvre espagnole. En 2005, elle a chuté de 1,3 pour cent, la plus forte baisse de tous les pays OCDE (Organisation de coopération et de développement économique).

L’« économie duale » de l’Espagne est une source d’inquiétude sérieuse au sein des cercles dirigeants espagnols. Dans une étude récente du groupe de réflexion Real Instituto Elcano, Sebastian Royo a dit, « La bulle immobilière a masqué l’absence de compétitivité de l’économie espagnole... De ce point de vue, la perte de compétitivité de l’économie espagnole est une évolution très inquiétante. Le déficit de la balance des paiements courants est un symptôme clé de la perte de compétitivité de l’Espagne. »

Le déficit commercial de l’Espagne se situe à 7,6 pour cent du PIB (Produit intérieur brut), le deuxième chiffre le plus élevé des pays industrialisés. La Commission européenne prédit qu’il atteindra 9,3 pour cent d’ici 2007, un niveau qu’elle qualifie d’intenable.

Pour remédier à la perte de compétitivité de l’Espagne, les analystes appellent à réaliser encore plus de réformes structurelles. Au sujet de l’adhésion de l’Espagne à la zone euro, Royo dit : « Contrairement à toute attente, elle n’a pas entraîné un processus de réformes structurelles économiques profondes qui aurait encouragé le développement d’un modèle de croissance économique basé sur la valeur ajoutée et la productivité. »

Des institutions financières ont également appelé à abandonner le recours au contrat de travail à durée déterminée qui affecte à l’heure actuelle un tiers de la main-d’oeuvre, plus du double de la moyenne de l’UE. Ces contrats ont été utilisés par les entreprises espagnoles comme un moyen de réduction des coûts, notamment dans le secteur du bâtiment et des prestations de service. Toutefois, ils sont tout à fait inadaptés au secteur manufacturé et technologique qui nécessite une formation de longue durée.

Alors que les analystes disent que des investissements prolongés dans la main-d’oeuvre sont requis pour rendre les exportations espagnoles plus compétitives, ils se voient confrontés à la contradiction, à savoir que c’étaient précisément les coûts de main-d’oeuvre relativement élevés qui avaient à l’origine fait fuir les investissements. Selon Royo, « Les dispositions relatives aux relations collectives de travail n’offrent pas aux entreprises la flexibilité requise (ni interne ni externe) pour déployer et organiser leurs effectifs. Un défi central des entreprises espagnoles et des patrons est de trouver un équilibre entre la réduction du nombre de contrats à durée déterminée et la rigidité de certains contrats. »

Par « rigidité de certains contrats » l’on entend les conditions relativement meilleures qui sont associées aux contrats permanents et dont bénéficient certains travailleurs. Pour les employeurs, cela représente des cotisations de sécurité sociale et des indemnités de licenciement plus élevées (en règle générale 45 jours de salaire par année de service).

Il avait été projeté initialement d’introduire ces réformes au niveau de l’UE par le biais de la Constitution européenne. Le rejet de la Constitution européenne du fait de l’opposition populaire, a toutefois obligé les Etats-membres individuels à appliquer ces réformes au plan national. Comme le dit Royo, « Le processus des réformes économiques doit être un processus interne mené par des acteurs internes qui ont la volonté de les accomplir. »

En fin de compte, c’est la classe ouvrière espagnole qui a subi une stagnation de ses salaires et un doublement du prix des loyers en termes réels durant le boom économique qui devra supporter les frais encourus pour rendre l’Espagne compétitive. Dans son étude, Royo a admis que des gouvernements successifs « auront à faire face à une résistance grandissante de la part des gens qui seront le plus durement touchés par ces réformes. »

John Vassilopulos

 Article original anglais paru le 19 septembre 2006.

 Source : WSWS www.wsws.org




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