Le fonctionnaire chargé des relations publiques de la CIA, du Pentagone, d’Israël et des Saoudiens - David Ignatius du Washington Post - a oublié de prendre ses médicaments. Alors, il a eu une attaque de démence :
La campagne dans l’est de la Syrie est dirigée par environ 50 membres des forces d’opérations spéciales américaines qui sont actuellement sur le terrain là-bas et ont été rejoints par environ 20 soldats des forces spéciales françaises et peut-être une douzaine de britanniques. Ils travaillent avec environ 40 000 combattants kurdes et arabes syriens surnommés les Forces démocratiques syriennes ; tous, à l’exception d’environ 7000 soldats, font partie de la milice kurde syrienne connue sous le nom de YPG.
Ces chiffres sont trèèès loin de la réalité. Les chiffres les plus réalistes tournent autour de 10 000 YPG et environ 1000 Arabes. Et ces chiffres comprennent aussi beaucoup de gardes de village sur qui on ne peut pas compter pour se battre. Les forces de combat elles-mêmes regroupent moins de 5000 hommes.
Les commandants américains espèrent bientôt faire passer la force terrestre américaine en Syrie à environ 300 soldats qui pourront former et aider ces combattants. On espère qu’avec une base d’opérations étasunienne plus large à l’intérieur la Syrie, les forces spéciales d’autres pays, tels que les Émirats arabes unis, pourraient jouer un rôle dans cette guerre.
Les commandants étasuniens « espèrent » peut-être qu’ils obtiendront l’autorisation de mettre 300 hommes de plus sur le terrain. Mais je doute que l’administration Obama va permettre une telle escalade. Elle risquerait de compromettre les accords actuels avec les Russes. Il en est de même pour le contingent des Emirats arabes unis.
Le prochain assaut pourrait avoir lieu à l’ouest de Raqqa. Les combattants syriens soutenus par des commandos turcs semblent prêts à se déplacer de Jarabulus, où le fleuve Euphrate passe de Turquie en Syrie, vers la zone autour de Manbij au sud. D’autres forces soutenues par les Etats-Unis tiennent le barrage de Tishrin, à environ 90 km au nord-ouest de Raqqa. La campagne dirigée par la Turquie pourrait enfin fermer le trou dans sa frontière, qui a permis à l’Etat islamique de maintenir ses lignes d’approvisionnement.
Quelles sottises ! L’armée turque a dit haut et clair qu’elle n’enverrait pas de forces en Syrie sans mandat explicite de l’ONU. Aucun mandat de ce genre ne lui sera jamais donné.
Les « autres forces soutenues par les Américains » au barrage de Tishirn sont des YPG Kurdes. Les Turcs ont déclaré qu’ils étaient des terroristes et les Kurdes considèrent les soldats turcs comme leurs ennemis. Il n’y a aucun espoir qu’ils laissent les commandos turcs passer vers Manbij. Et pourquoi la Turquie a-t-elle besoin d’envahir la Syrie pour combler le « trou dans sa frontière » ? Pourquoi ne pas fermer la frontière du côté turc comme d’habitude ? Y a-t-il des troupes mexicaines au Texas pour fermer le « trou » de la frontière sud des Etats-Unis ? Si les Turcs envahissaient la Syrie en passant par Jarablus, leur but serait de protéger leurs alliés de l’État islamique, de garder ouverte la ligne logistique entre eux, et de lutter contre les Kurdes. L’article d’Ignatius n’a rien à voir avec la réalité.
Une petite unité de forces spéciales jordaniennes et britanniques a un peu avancé vers Raqqa récemment. Elle a pris un ancien avant-poste du régime dans le sud-est de la Syrie, à proximité des frontières irakiennes et jordaniennes.
Vous voulez savoir ce qu’il en est réellement, M. Ignatius ? La « prise » du point de passage d’Al Tanaf par quelques « rebelles » syriens formés par les Jordaniens et soutenus par l’armée de l’air étasunienne a échoué. L’avant-poste est toujours aux mains de l’État islamique.
Dans le livre de conte de fées d’Ignatius, on ne voit nulle part les forces du gouvernement syrien et de ses alliés se battre contre l’État islamique. C’est pourtant l’Armée arabe syrienne et ses alliés qui compriment l’État islamique à l’ouest et au sud avec les attaques en cours sur Palmyre, le sud-est d’Alep et en direction de Tabqa. C’est l’armée syrienne qui défend les quelque 200 000 civils qui sont assiégés à Deir Ezzor. C’est l’armée syrienne qui vient de lancer une grande opération dans le désert du sud-est qui dégagera l’accès vers Raqqa et Deir Ezzor.
Un débat politique sain sur la Syrie n’aura jamais lieu aux Etats-Unis tant que les Informations seront constituées de fantasmes aussi déments.
Traduction : Dominique Muselet