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Idéologie antichinoise primaire à l’ULB : Lettre ouverte au Professeur Jacques Englebert

En 2019, l’ULB (Université Libre de Bruxelles) décidait de se séparer de l’Institut Confucius pour des raisons officiellement administratives, mais en réalité idéologiques (1). En 2020, Vanessa Frangville, titulaire de la chaire d’études chinoises à l’ULB, inventait le concept de « terrorisme anecdotique » pour qualifier le terrorisme islamiste ouïghour ayant tué des centaines d’innocents et ayant fourni des milliers de combattants fanatisés à Daech (2). Début 2021, elle en remettait une couche dans un réquisitoire antichinois plutôt indigent (3). C’est au tour maintenant d’un éminent Docteur en sciences juridiques et chargé de cours à l'ULB, Jacques Englebert, de se livrer à des propos sinophobes d’un simplisme désarmant.

Un échange frustrant

Réagissant à un appel de ma part à consulter, à propos des Ouïghours, d’autres sources que les affabulations d’Adrian Zenz, Mike Pompeo et consorts, Jacques Englebert m’a écrit le 14 juin :

« Dès lors que le Chine est une dictature qui bafoue tous les droits fondamentaux, votre acharnement à défendre ce régime me donne la nausée. »

Réponse de ma part le 21 juin :

« Je ne comprends pas que vous accusiez la Chine de bafouer tous les droits fondamentaux, comme si les droits sociaux (art. 22-28 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme), globalement garantis en Chine, n’étaient pas des droits aussi fondamentaux que les droits individuels (art. 1-21).

Il s’agit là d’une faute de logique (généralisation hâtive) qu’en tant que professeur du secondaire (aujourd’hui retraité) je n’aurais pas tolérée chez un adolescent.

Elle en dit long, me semble-t-il, sur les dérives d’une certaine analyse politique universitaire, alimentant le China-bashing à la mode. »

Je terminais par ces mots :

« Mais s’il devait s’agir de votre part d’un simple mouvement d’humeur et d’une phrase ne reflétant pas votre pensée, j’aimerais continuer à pouvoir dialoguer avec vous et vous garder dans ma liste de destinataires. »

Une demi-heure plus tard, Jacques Englebert m’envoyait cette réaction que je reproduis in extenso :

« Cher Monsieur,

J’ai soutenu une thèse de doctorat exposant qu’à défaut de liberté d’expression réelle et effective, aucun autre droit ne pouvait être considéré comme étant raisonnablement garanti.

La belle affaire : les droits sociaux seraient (« globalement », vous êtes prudent) garantis aux chinois.

Il ne suffit pas de donner du pain et des jeux à son peuple pour garantir le respect des droits fondamentaux.

Il n’est en rien question de « China-bashing » ! Il est temps que les démocraties nomment la réalité. La Chine (elle n’est malheureusement pas la seule) est un pays soumis à un régime autoritaire (une dictature) et non démocratique qui bafoue l’ensemble des droits fondamentaux des chinois.

Les préalables non négociables avant toutes autres discussions sont : liberté politique (élections réellement libres), liberté d’expression (au sens de l’article 10 de la CEDH) et liberté de manifestation.

Mon précédant message n’était en rien un mouvement d’humeur et il reflétait parfaitement ma pensée.

Merci de ne plus m’imposer la lecture de votre propagande pour un tel régime.

Bien à vous ».

D’où ma lettre ouverte ci-dessous.

Cher Monsieur Englebert,

J’espérais, naïvement sans doute, qu’en tant qu’intellectuel vous sauriez reconnaître – errare humanum est – que vous vous étiez laissé emporter par un mouvement d’humeur ; cela vous aurait grandi ; et nous en serions restés là. Mais votre persistance dans le simplisme et l’arrogance m’autorise à vous adresser cette lettre ouverte.

L’argument d’autorité

Vous commencez par brandir votre thèse de doctorat. De la part d’un membre d’une institution se revendiquant du libre examen, j’attendais mieux, en guise d’introduction, que cette espèce de plaidoyer pro domo. Pour moi, la qualité de l’argumentation compte davantage que les titres universitaires et un curriculum vitae de plusieurs pages.

Il m’étonnerait d’ailleurs que, lors de votre défense de thèse, il ne se soit trouvé aucun examinateur pour en démontrer le caractère tendancieux. Pour ma part, je n’ai jamais été impressionné par l’argument d’autorité ; et ce n’est pas aujourd’hui, à l’âge qui est le mien, que je vais en changer.

Libertés fondamentales et droits de l’homme

Vous ne répondez pas à mon reproche de prendre la partie (droits individuels) pour le tout (droits de l’homme) ; vous vous contentez de vous répéter en remplaçant « bafoue tous les droits fondamentaux » par « bafoue l’ensemble des droits fondamentaux ».

Mais cette fois, vous basez votre démonstration sur l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (Rome, 04/11/1950) dont le sous-titre Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales annonce pourtant clairement qu’elle ne concerne que les droits individuels (4).

Il faut dire que ce parti pris était déjà contenu en germe dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (Paris, 10/12/1948) élaborée dans un climat de début de guerre froide qui a vu la tendance « atlantiste » individualiste, avec l’Américaine Eleanor Roosevelt et le Français René Cassin, l’emporter, dans le compromis final, sur les alternatives « tiers-mondiste » (du Chilien Hernán Santa Cruz) sensible à la dimension socio-économique et « orientale » (du Chinois Chang Pengchun) sensible aux valeurs confucéennes d’harmonie sociale.

Autre grande absence de la Déclaration de 1948 : la mention des devoirs comme contrepoids aux droits, autrement dit l’effacement du citoyen (cher aux Constituants de 1789) au profit de l’individu. D’où cette remarque narquoise du Mahatma Gandhi : « J’ai appris de ma mère, illettrée mais fort sage, que tous les droits dignes d’être mérités et conservés sont ceux que donne le devoir accompli [...] On pourrait montrer que tout autre droit est seulement une usurpation pour laquelle il ne vaut pas la peine de lutter. » (5).

Il me paraît plutôt étrange que le Professeur d’université que vous êtes semble ignorer les nombreuses critiques de fond dont la déclaration dite universelle a fait l’objet. Sans pour autant cautionner certaines de ses accointances idéologiques, je vous recommande la lecture de l’excellent article d’Arnaud Imatz, intitulé « Une déclaration des droits de l’homme pas très ‘universelle’ » (6). Y sont mentionnés une bonne vingtaine de personnalités prestigieuses (7), de toute provenance géographique ou philosophique, s’inscrivant en faux contre une interprétation univoque de l’universel, trop fréquente, hélas, chez tel(le) ou tel(le) universitaire baignant dans la pensée unique... Négliger ces avis, c’est pire que de la myopie ; c’est du scotome, une perte de vision qui affecte finalement le champ idéel.

Paralogisme, voire sophisme

« Il ne suffit pas, écrivez-vous, de donner du pain et des jeux à son peuple pour garantir le respect des droits fondamentaux » : de cette prémisse indiscutable, vous concluez, sans respect pour la logique, que les libertés individuelles constituent des « préalables non négociables avant toutes autres discussions ». C’est ce qu’on appelle un paralogisme, ou pire un sophisme. S’il est vrai que l’ « homme ne vit pas seulement de pain » (Évangile de Matthieu, 4,4), il est faux de laisser croire que les libertés individuelles constitueraient la condition sine qua non d’une vie vraiment humaine.

C’est même l’inverse qui est vrai : sans la garantie des droits sociaux, les droits individuels restent lettre morte ; en revanche, on peut vivre décemment sans jouir de la plénitude des droits individuels. Dans toute société civilisée, ce ne sont pas la liberté de parole et l’absence de censure qui sont les valeurs suprêmes, mais la vie humaine et la dignité humaine.

Iriez-vous jusqu’à affirmer que les écoliers chinois – parce que vivant dans une « dictature » – ont moins de chance que les 60 millions de petits Indiens astreints au travail, que la condition des femmes en Inde est préférable à celle des Chinoises ou, pour faire court, que le paysan chinois jouissant d’une moyenne aisance est plus à plaindre que le paria indien qui – citoyen d’une « démocratie » −, a le droit de mourir sur un trottoir ? Je me refuse à croire que vous puissiez répondre par l’affirmative à ces questions, car ce serait pure stupidité.

Arrogance

Mais que dire alors de votre prétention à faire des libertés individuelles des « préalables non négociables avant toutes autres discussions » sinon qu’elle fait preuve d’une incroyable arrogance ? Ne vous a-t-on jamais appris qu’une des obligations de tout débat intellectuel consiste à respecter cet antique principe de droit : audiatur et altera pars, en l’occurrence la partie chinoise, qui s’exprime comme suit ? Je cite :

« L’argument selon lequel les droits de l’Homme sont la condition préalable au développement est sans fondement. Lorsque la pauvreté et le manque de nourriture et de vêtements adéquats sont monnaie courante et que les besoins fondamentaux des personnes ne sont pas garantis, la priorité doit être donnée au développement économique. Dans le cas contraire, les droits de l’Homme sont totalement hors de question. » (8)

Cet avis serait-il nul et non avenu du seul fait qu’il a été énoncé par un Chinois ? Iriez-vous, du haut de votre bien-pensance occidentale, jusqu’à prétendre, comme le fit un jour un présentateur vedette de la ZDF (9), qu’il faille choisir entre les valeurs éthique de Kant et celles de Confucius ? Je me refuse à croire que vous verseriez dans une telle goujaterie à l’égard de la Chine dont la civilisation prestigieuse est imprégnée de confucianisme depuis deux mille cinq cents ans jusqu’à aujourd’hui.

Que diriez-vous si la Chine imposait aux États-Unis, comme « préalables non négociables », qu’ils arrêtent d’emprisonner cinq fois plus d’habitants qu’en Chine (10), qu’ils interdisent le commerce des armes, en grosse partie responsable, chaque semaine, de la mort de 25 de leurs enfants (11), qu’ils cessent d’envahir des pays souverains pour y installer un régime à leur dévotion, etc. ? Nul doute que vous ne trouveriez cela déplacé : c’est votre droit. Les Chinois n’auraient-ils pas le même droit ? Comme le note finement Sylvie Bermann qui connaît bien la Chine pour y avoir été ambassadrice de France : « Nous avons du mal à comprendre que ce qui est pour nous la défense normale de nos valeurs et de la supériorité de la démocratie est aux yeux des dirigeants chinois purement et simplement de la propagande et de l’ingérence dans leurs affaires intérieures. » (12)

Vous n’allez tout de même pas écrire à cette diplomate chevronnée : « Merci de ne plus m’imposer la lecture de votre propagande pour un tel régime » !

Accusations infondées

Pas plus que l’argument d’autorité, les accusations infondées, les procès d’intention ou les arguments ad hominem ne me touchent. Je ne suis nullement un adepte inconditionnel de la RPC (voir, si vous en doutez : http://tibetdoc.org/index.php/politique/chine-en-general/299-a-propos-de-l-autobiographie-de-tashi-tsering-censure-et-soft-power-en-chine). Je ne suis payé par personne et ma situation de vieil enseignant, jouissant d’une retraite convenable, me protège de toute autocensure, ce qui n’est pas toujours le cas des journalistes (quand ils sont obligés de se conformer à la ligne éditoriale de leur rédaction) ni des jeunes chercheurs (dont la promotion peut dépendre de leur conformisme à l’institution qui les emploie).

En guise de salut final, je vous invite, cher Monsieur Englebert, à méditer le proverbe ouïghour « On ne peut réveiller quelqu’un qui fait semblant de dormir. »

(1) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/chine-en-general/511-confucius-ou-dalai-lama-l-ulb-a-choisi.
(2) Voir https://www.legrandsoir.info/le-terrorisme-anecdotique-nouveau-concept-universitaire.html.
(3) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/chine-en-general/589-china-bashing-universitaire.
(4) Il faudra attendre le Protocole additionnel (Paris, 20/03/1952) pour voir figurer, à l’art. 2, une mention pouvant émarger aux droits collectifs : « Nul ne peut se voir refuser le droit à l’instruction ».
(5) Cité dans l’article référencé sub 6.
(6) Arnaud Imatz, https://www.polemia.com/une-declaration-des-droits-de-lhomme-pas-tres-universelle-12/ (1ère partie) et https://www.polemia.com/une-declaration-des-droits-de-lhomme-pas-tres-universelle-22/ (2ème partie).
(7) * d’Europe : le philosophe espagnol Raimon Panikkar, le diplomate et historien espagnol Salvador de Madariaga, le politologue français Joseph Yacoub, les philosophes français Emmanuel Mounier et Jacques Maritain, le sociologue français Georges Gurvitch, l’historien français Michel Villey, le théologien et scientifique français Pierre Teilhard de Chardin, l’anthropologue français Claude Lévi-Strauss, le juriste belge J. Hasaert, le théoricien socialiste britannique Harold Jospeh Laski, l’historien anglais Edward Hallett Carr, le journaliste et romancier anglais Aldous Huxley, le philosophe italien antifasciste Benedetto Croce ;
* d’Amérique (États-Unis) : le politologue Quincy Wright, le philosophe Stuart C. Norhtrop, le neurophysiologiste Ralph W. Gerard ;
* d’Asie : le philosophe chinois Chung-Shu Lo, la poète et homme politique musulman indien Hymayun Kabir, le penseur indien S.V. Puntambekar, sans oublier Gandhi mentionné plus haut ;
* d’Océanie : l’anthropologue australien Adolphus Peter Elkinn.
(8) à la Conférence mondiale sur les Droits de l’Homme qui s’est tenue à Vienne en 1993. Voir Decoding China Dictionary, p. 35 ;
(9) Il s’agit de Claus Kleber ; voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/mediatisation/467-arte-d-indecrottables-prejuges.
(10) Aux États-Unis, la population carcérale représente 0,666 % de la population ; en Chine, la population carcérale représente 0,118 % de la population ; en France, c’est 0,103 % ; en Belgique : 0,094 % ; en Allemagne : 0,077 (Chiffres de 2016, d’après la World Prison Brief, éditée par Birkbeck, université de Londres).
(11) Voir https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/les-armes-a-feu-2e-cause-de-mortalite-des-enfants-aux-etats-unis_1920072.htm.
(12) Sylvie Bermann, Goodbye Britannia. Le Royaume-Uni au défi du Brexit, essai, éd. Stock, 2021, p. 42.

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COMMENTAIRES  

07/07/2021 22:49 par Auguste Vannier

@André Lacroix. Vous donnez à cet Universitaire, censé être un enseignant-chercheur, une excellente leçon de débat d’idée, avec des arguments impeccables, documentés et sourcés.
Universitaire retraité mais toujours chercheur (est-ce possible d’arrêter ça ?), je puis vous assurer que parmi mes collègues excellents spécialistes, notamment en "sciences dures", j’ai rencontré parfois des analphabètes socio-politiques et surtout abusant de leurs titres en autorité et en arrogance : socialement imbuvables...
Mais, ce Monsieur Englebert lit-il seulement au moins un seul media alternatif ?
La leçon ne lui sera probablement pas profitable, mais vous avez bien fait de l’écrire, à moi elle apporte quelque chose, comme je pense à beaucoup de lecteurs de LGS, dont les commentaires s’efforcent quand c’est nécessaire au débat d’idées, d’y contribuer avec arguments et références.

08/07/2021 12:28 par Georges Rodi

> André LACROIX
Un excellent article.
Étant nouveau venu sur LGS, je suis allé découvrir vos articles précédents… Parfaits.
Ceci dit, Auguste Vannier a probablement raison de penser qu’il y a peu de chance de faire bouger le sieur Englebert.

Triste de voir des universitaires marcher dans les pas de Mike Pompeo, Ted Cruz et autres Tom Cotton.
La prochaine étape consistera, comme aux US, à ne pas délivrer de visas aux étudiants chinois souhaitant suivre des études scientifiques.
Ce monde marche sur la tête.

Cela n’empêche pas la Chine d’avancer, seule l’Europe sera perdante si elle joue ce petit jeu.

08/07/2021 12:32 par Georges Rodi

N’ayant rien à ajouter sur le fond, je me suis dit… Profitons de l’occasion pour placer une citation de Confucius, et l’art de gouverner.

(Pour ceux qui ne le savent pas, il n’y a pas de conjugaison en chinois, pas de genre…
Le pluriel est indiqué par un caractère que l’on ajoute au mot… Rien à voir avec nos langues européennes.)
Le chinois classique est très compact.
Et avec Confucius, c’est raffiné.

子貢問政 : Zi Gong interrogea Confucius sur l’art de gouverner
子曰足食足兵民信之矣 : Le Maître répondit "Qu’il y ait assez de nourriture, assez de forces de défense et que le peuple ait confiance !"
子貢曰必不得已而去於斯三者何先 : Zi Gong demanda "S’il n’est pas possible d’obtenir les trois, que faut-il rejeter ?"
子曰 去兵 Le maître répondit "les forces militaires."
子貢曰必不得已而去於斯二者何先 Zi Gong demanda "S’il n’est pas possible d’obtenir les deux, que faut-il rejeter ?"
子曰去食. Le maître répondit : « Les vivres »
自古皆有死 Depuis toujours les humains ont été sujets à la mort
民無信不立 Mais si le peuple n’a pas confiance en ceux qui le gouvernent, c’en est fait de lui.

民無信不立 est en fait à double sens :
不立veut dire ne pas 不 tenir debout立,
Un peuple 民 sans 無 confiance 信 ne saurait tenir debout 不立
Mais la concision du texte n’oblige pas à faire de 民 le sujet de 立,
La question posée était sur le gouvernement 政, c’est donc peut-être lui qui est le sujet.
Auquel cas, la traduction serait : (avec) un peuple qui n’a pas confiance… (un gouvernement) ne peut tenir debout. »

Aux US, les réponses pourraient être dans un ordre inversé.
1/ La confiance du peuple ? Absolument aucune importance, celui qui n’est pas content pourra toujours voter pour un autre.
2/ Nourrir le peuple ? Ce n’est pas le souci, 40% de la population vit déjà dans la pauvreté, et en août, il sera possible d’expulser ceux qui n’ont pas pu payer leur loyer.
3/ Réduire ou supprimer temporairement le budget militaire ? Depuis toujours, les US ont toujours eu au moins un conflit en cours. Ce n’est pas une option.

Supprimer les Instituts Confucius semble la seule mesure désepérée possible pour éviter ce genre de comparaison.

08/07/2021 15:50 par André Lacroix

Errata :
les valeurs éthiques (avec un s),
(n. 7) le poète (et non la poète)

08/07/2021 23:09 par taliondachille

J’ai une définition des libertés individuelles qui devrait finir de se faire étrangler le sieur Englebert :
La seule liberté individuelle qui vaille c’est celle d’utiliser ou pas une liberté collective.

09/07/2021 06:05 par Xiao Pignouf

Il semble qu’en effet, il y ait une offensive contre les Instituts Confucius en Europe... Autain a finalement été écoutée.

L’arrogance de cet universitaire est à mettre au niveau d’un imbécile aveuglement sur ses propres travers. Comment peut-on se targuer de connaître la Chine alors qu’on veut lui imposer un système ?

Et ce système, parlons-en.

Cette démocratie tant vantée fonctionne-t-elle dans les pays qui l’érigent en modèle universel ?

En démocratie française, c’est l’abstention qui domine, c’est-à-dire l’indifférence au vote ou son refus. Cela faisant que son actuel président a été élu par à peine 20% du corps électoral du pays et qu’il aura maltraité et méprisé le peuple français comme aucun autre dans la Cinquième République. En quoi serait-il davantage légitime que le président chinois ?

Et puis cette Amérique qui a voulu imposer par la force sa conception encore plus corrompue de la démocratie ? Pire. Ce ne fut qu’un faux-nez pour piller les ressources des pays qui ont eu le malheur d’être convoités.

Ces grandes nations qui en fin de compte, malgré leurs grands airs sur la démocratie, ont toujours préféré commercer avec des tyrans.

A quoi bon faire des études universitaires si c’est pour être un coq qui brandit son doctorat alors qu’il ignore des faits que même la population dépourvue d’éducation supérieure sait qu’ils existent ?

Avec malice bien sûr, on pourra aussi répondre à ce personnage ô combien narcissique que la démocratie, c’est littéralement « le pouvoir du peuple », que le Parti Communiste étant, par essence, le parti du peuple, la Chine est donc plus «  démo-cratique  » qu’un pays où il y a un roi entretenu (sur le dos du peuple) ou qu’un autre dirigé par un banquier...

Bravo en tout cas pour votre patience, M. Lacroix.

09/07/2021 11:59 par Georges Rodi

Les nouvelles du jour, en Chine, décrivent les longues files d’étudiants chinois devant l’ambassade des US.
Ces étudiants ont un accord pour aller dans les universités, mais c’est le visa qui leur est refusé. Par centaines.
Et finalement, surprise, ce n’est pas seulement les matières scientifiques qui sont concernées.

Aux US justement, tout avait commencé par la fermeture des Instituts Confucius… Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Il y aura toujours un Pompeo, un Glucksmann, un Englebert pour pousser le bouchon un peu plus loin, continuellement.

Cela ne va pas arrêter la Chine. C’est gênant, c’est un frein, mais rien de plus.
Il y a quelques années, l’accès à la station spatiale ISS a été interdit aux chinois… Pour quel résultat ? Les chinois ont développé leur industrie spatiale et leur propre station vole au dessus des cieux.
La Chine en sort indépendante et renforcée.

Aujourd’hui, les US leur interdisent l’accès aux technologies pour fabriquer des circuits intégrés ? bloquent l’entrée aux universités ? Ce n’est pas la fin du monde. Le résultat sera toujours le même.

Pour l’Europe, suivre cette piste, c’est l’abandon de toute pensée indépendante, et incidemment, ce sera la perte d’une part du marché lucratif de l’éducation.
Les universités chinoises se développent, et avec plus de moyens financiers, les universités russes et d’Europe de l’Est pourront se développer et profiter de la situation. La nature a horreur du vide.

La roue tourne, les chinois ne regardent plus l’occident avec autant d’envie.
Que faire pour éviter cette vague de racisme ? Car c’est bien de racisme anti-chinois dont il s’agit.
Ceux qui prétendent s’opposer au PCC pour défendre les libertés du peuple chinois font preuve d’une hypocrisie sans fond… Ils ont demandé au peuple chinois leur avis sur Hong-Kong, le Tibet, le Xinjiang ou Taïwan ? Ils s’en garderont bien.
Questionnés sur leur gouvernement, les chinois l’approuvent à 95% selon les derniers sondages réalisés par IPSOS. L’IPSOS, pas un institut chinois.

André LACROIX ne va pas convaincre Englebert qui est probablement d’ores et déjà prisonnier de sa décision inique, mais ce n’est pas grave, en se battant comme il le fait, il sauve l’honneur, et c’est déjà un résultat.
Et il va peut-être convaincre quelques autres de rejoindre son combat.

10/07/2021 15:25 par Michaël

Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi vous vous embêtez à répondre à quelqu’un dont le seul objectif est de vous asséner sa supériorité morale.Vous êtes trop conciliant dans la première réponse que vous lui adressez. Je ne sais pas, mais quelqu’un que vous ne connaissez pas vous aborde sur le ton du reproche, n’a visiblement aucune intention de débattre ou d’échanger des arguments contradictoires, notamment sur la tolérance de nos pays face à la politique étrangère états-unienne, les atteintes à la liberté d’expression chez nous, juste l’intention de vous imposer sa vérité, quelle peine peut-on se donner à lui accorder la possibilité d’une erreur ? Soit, on ne lui répond pas, et on le laisse maugréer sa rage dans son coin, soit on dénonce immédiatement sa démarche si réponse il doit y avoir. Lui accorder d’emblée la bonne foi et la démarche bien intentionnée, c’est reconnaître implicitement que l’adversaire possède un certain nombre de vertus ou de qualités justifiant son statut social et la supériorité morale dont il se targue. Il ne faut pas s’y tromper, il n’y a pas ici de débat contradictoire sur le fond, la Chine, les manipulations médiatiques. Jamais, l’adversaire ne reconnaît sa volonté de rechercher de manière sceptique la vérité. La vraie bataille, elle se situe au niveau de savoir qui a le droit de parler ou qui est légitime. Il est temps de faire comprendre à ces personnes que nous ne leur reconnaissons pas de prééminence en matière morale ou sociale.

11/07/2021 05:46 par calame julia

OUI ! Merci André LACROIX ainsi que le commentateur Georges Rodi qui me fait gamberger visuellement
sur l’écriture chinoise... ensuite méditer sur le dialogue entre Conficius et son disciple (!). Bref : merci à tous.

11/07/2021 09:34 par Xiao Pignouf

Quand on pense à la vingtaine d’Alliances françaises, équivalentes pour la langue de Molière et la culture française aux Instituts Confucius, qui sont implantées sur le territoire chinois, on se dit que l’intelligence a décidément choisi son camp...

11/07/2021 14:34 par SHAO

@André LACROIX

Cher André,

Les êtres humains vivent en sociétés avec deux jambes. L’une s’appuie sur l’individu --- rationalité individuelle (sujet, existence), l’autre est le lien sociale --- rationalité relationnelle (deux sujets au moins, coexistence).

Ce que les scolastiques sinologues (y comprise la Pape de sinologie en France) ne sont pas capable de comprendre, ou, refusent de comprendre ou d’accepter, c’est que la civilisation chinoise est bâtie avec ce postulat philosophique de base (ou axiome) : priorité de la coexistence par rapport à l’existence.

Le concept Ren ( 仁, littéralement deux humains)traduit parfaitement cette notion de rationalité relationnelle. L’école de Confucius en a fait la base de toutes ses doctrines.

Dans une perspective de l’immanence, avec ce postulat, la valeur suprême qui en découle, est l’harmonie. Fr. Jullien semble avoir compris l’importance de ce concept dans la civilisation chinoise. Mais il a osé juger : en politique, l’harmonie est l’oppression...

Je ris (un peu jaune), quand je vois des "spécialistes", à l’encontre de vos écrits argumentés, rabâchent l’ancienne "la non négociabilité de "liberté individuelle". De quoi ont-ils peur ? Si ce n’est que leur propres démons, imaginaires ou réels, projetés sur la Chine.

Le mois dernier, un forum sur la paix dans le monde a eu lieu à l’Université Tsinghua. Face à la suspicion publique de l’ambassadeur de France --- la Chine imposent ses idéologies dans le monde ---, l’ambassadeur de Russie répond : citez-moi un seul exemple depuis 40 ans. Puis, l’ambassadeur de France vire sur le terrain de la liberté. L’ambassadeur de Russie rétorque : vu ce qui se passe en Irak, Libye, Syrie..., la discussion est inutile.

Bien cordialement
SHAO Liang

11/07/2021 16:53 par J.J.

Belle réponse, intelligente, argumentée et mesurée.
Il y a pourtant peu de chance qu’elle atteigne son destinataire, attendu que c’est à sa façon d’accepter les arguments de l’interlocuteur que se manifeste l’intelligence.

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