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Hajin / Syrie : Pourquoi la Coalition internationale entretient-elle une armée sans oser l’engager sur le terrain ?

« Pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? » Telle est l’une des questions posées par le Colonel François-Régis Légrier dans son article « remarquable » [1], intitulé « La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?  » [2], publié par la Revue Défense Nationale de Février 2019 dans la rubrique « opinion », mais aussitôt retiré au motif qu’il critiquait la stratégie de la coalition internationale dans la guerre contre l’organisation État islamique en Irak et en Syrie [3].

À la faveur de la réunion quasi-mensuelle du Conseil de sécurité sur la situation humanitaire en Syrie ce 26 février, le délégué permanent de la Syrie aux Nations Unies a répondu à la question du Colonel français [NdT].

* * *

Monsieur le Président,

Il y cinq ans et plus exactement le 22 février 2014, le Conseil de sécurité adoptait la résolution 2139 concernant la situation humanitaire en mon pays. Permettez que je vous rappelle ce que j’avais dit à cette même tribune : « Soutenir humainement les Syriens ne peut être réalisé, justement et efficacement, qu’à la condition de joindre les actes aux paroles pour empêcher la politisation des questions humanitaires, et stopper le terrorisme dû à différentes organisations dont celles en relation avec le réseau d’Al-Qaïda. Ce terrorisme est la cause essentielle des souffrances du peuple syrien. »

Parole toujours valable aujourd’hui, car comment se fait-il que des États, dont certains sont des membres permanents du Conseil de sécurité, prétendent s’inquiéter de la situation humanitaire en Syrie et, en même temps, soutiennent le terrorisme, déploient illégalement leurs forces militaires sur son territoire et commettent des agressions successives entraînant mort et blessures de milliers de civils syriens -dont une majorité de femmes et d’enfants- et destruction des infrastructures ?

Autant de faits reconnus par le Colonel français François-Régis Légrier, responsable du groupe de l’artillerie française au sein de la Coalition illégitime agressant mon pays, dans un article de la « Revue Défense Nationale » il y a quelques jours.

Je citerai quelques passages de l’article du Colonel qui précise que la volonté de la Coalition de limiter ses pertes a mené à l’augmentation considérable du nombre de victimes civiles et à la destruction massive des infrastructures, alors qu’elle aurait pu régler le sort des combattants ciblés plus rapidement et plus efficacement par le simple envoi de 1000 soldats sur le terrain ; avant de se demander « Combien de villes syriennes devront subir le sort d’Hajin pour comprendre que nous faisons fausse route ? », et aussi : « Pourquoi disposer d’une armée et ne pas oser l’engager sur le terrain ? » :

« Certes, la bataille d’Hajin a été gagnée mais de façon très poussive, à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions. Certes, les Occidentaux, en refusant d’engager des troupes au sol, ont limité les risques et notamment celui d’avoir à s’expliquer devant l’opinion. Mais ce refus interroge : pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? […] Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté politique d’envoyer 1000 combattants aguerris régler en quelques semaines le sort de la poche d’Hajin et épargner à la population plusieurs mois de guerre […] … la seule réaction a été d’intensifier les frappes aériennes et donc d’augmenter encore le nombre de destructions. Hajin a subi le même sort que Mossoul et Raqqa : une destruction quasi complète […] … nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale […] Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route ? » [Article censuré du Colonel Légrier : extraits correspondant aux passages retenus par le Dr Bachar al-Jaafari ; NdT].

Pour répondre à la question je rappellerai la prédiction prononcée dans cette même enceinte par l’ex-président des États-Unis, Barak Obama : « La Coalition internationale aura besoin de trente années pour réussir à éliminer le terrorisme en Syrie ».

Une prédiction en parfaite concordance avec les observations du Colonel Légrier, lesquelles confirment ce que nous n’avons cessé de dire quant aux objectifs de la Coalition internationale illégitime en Syrie : elle n’a jamais cherché à lutter contre le terrorisme, mais à l’exploiter afin d’affaiblir le potentiel de l’État syrien, prolonger la guerre et noyer les États et le peuple de notre région dans le chaos des conflits illusoires.

Dr Bachar al-Jaafari

26/02/2019

Traduction : Mouna Alno-Nakhal

Source : The Syrian Mission to the United Nations

Notes :

[1] La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? Un article remarquable du colonel Légrier.

[2] La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? Le texte

3[] « La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? », le texte qui embarrasse l’armée française


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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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