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Habitants de Jérusalem : les oubliés de l’Histoire (Al Akhbar English)

Pendant que l’Autorité Palestinienne est occupée dans des négociations qui verront la remise aux Israéliens de ce qui reste de la Cisjordanie , elle demeure étrangement silencieuse face à la judaïsation et la destruction systématique de Jérusalem. Israël planifie minutieusement l’expulsion des Palestiniens de la ville dans le but de les remplacer par des colons juifs. S’il vient à être mis en place avec succès, un tel plan menace d’effacer et de bannir Jérusalem de la mémoire collective du peuple palestinien.

Dans son article intitulé « Effacés des Récits Historiques, » le Professeur Palestino-Américain Beshara Doumani explique que l’obsession et la fixation faite sur la terre et sur les instruments de lutte nécessite l’omission du peuple Palestiniens des récits historiques. Une telle omission discursive a réussi à infiltrer profondément et les textes académiques et les textes ordinaires dans le 20ème siècle, depuis les années vingt, et a contribué à réduire l’étendue de ces écrits, devenus concentrés sur le conflit politique officiel.

Une fois l’omission historique entrée en vigueur, la municipalité de Jérusalem a mis en avant les lois israéliennes par lesquelles des terres ont été confisquées et des résidents ont été expulsés afin de maintenir un avantage démographique au profit des colons. Pendant ce temps, l’Autorité Palestinienne restait très occupée par les négociations. De telles actions délibérées ambitionnent de transformer les 284.000 habitants de Jérusalem en de futurs déplacés, ceux qui ne figurent point dans la position et le discours officiel de l’Autorité Palestinienne lorsqu’elle dénonce la politique israélienne à Jérusalem.

Pas plus tard que le 31 octobre, la Municipalité de Jérusalem et les forces israéliennes ont remis des avis pour une douzaine de nouvelles démolitions dans les quartiers de Ras Khamis et Shahadeh, au nord de Jérusalem occupée. La municipalité a élaboré des ordres de démolition administrative pour 200 immeubles résidentiels, chacun comprenant 20 à 40 appartements qui hébergent entre 15.000 et 16.000 habitants.

Ces avis semblent donc être un signe de gratitude, exprimée de façon extrêmement tordue par le Maire de Jérusalem, Nir Barakat qui, dix jours auparavant, fut accueilli à bras ouverts par les habitants de Beit Hanina.

Le jour même, le Jerusalem Post a publié sur son site internet un sujet sur l’accord donné par le Premier Ministre Benyamin Netanyahu pour la construction de 1500 nouvelles maisons coloniales dans le quartier de Ramat Shlomo, situé derrière la ligne verte à Jérusalem-Est. Le gouvernement israélien a par ailleurs approuvé que des extensions soient apportées aux maisons existantes en y ajoutant des pièces, ainsi que la création de deux nouvelles destinations touristiques, une près des murs de la vieille Jérusalem et une autre au centre-ville de Sheikh Jarah.

Pour sa part, le Bureau Central Palestinien des Statistiques a fait une estimation des pertes résultant de la démolition des maisons à Jérusalem. Elles s’élèvent à $3 millions, sans compter les montants faramineux des amendes relatives aux prétendues « constructions illégales. » Aussi, les autorités israéliennes approuvent chaque mois la construction de 3000 nouvelles unités de logement dans les colonies.

Et ce n’est pas tout. La situation est encore exacerbée par l’existence du mur de séparation qui isole complètement environ 37 communautés composées de plus de 300.000 personnes. 24 de ces communautés, soit plus d’un quart de million de personnes (250.000), se trouvent à Jérusalem. Les 50.000 autres, bien que possédant des cartes d’identité de Jérusalem, sont interdits d’accéder à la ville.

C’est pourquoi il ne fait aucun doute que l’absence évidente et plutôt délibérée d’une position officielle de l’Autorité Palestinienne face à une politique israélienne qui ne cherche qu’à accaparer Jérusalem, sert uniquement les intérêts et la position du Sionisme.

Entre 1967 et 2010, Israël a révoqué les permis de résidence de 14.000 Palestiniens aspirant ainsi à préserver l’avantage démographique des Juifs, estimés à 200.000 colons.

En effet, l’esprit sioniste est assuré et appuyé par les expulsions systématiques, les démolitions et la construction de nouvelles colonies. Edward Saïd avait un jour dit que ces actions violentes cherchent à créer une mémoire collective de l’endroit qui répondrait aux besoins des envahisseurs.

Dans un autre contexte, une présence Palestinienne dans la ville sainte menace les théories géographiques rapportées dans la Torah et soulève le doute autour des allégations historiques héritées selon lesquelles, la Palestine est le territoire géographique mentionné dans les livres saints juifs. En réinventant l’endroit et en créant un nouvel espace géographique appelé « Yerushalayim » (Jérusalem), Israël donne peu de considération, voire ignore les compositions géographiques et démographiques réelles.

Toutefois, c’est l’Autorité Palestinienne qui sert le plan sioniste œuvrant à la refonte et à la réorganisation de la géographie de la Palestine. En omettant d’inscrire les habitants déplacés de Jérusalem dans sa position officielle, l’Autorité Palestinienne autorise Israël à confisquer 35% des terres de Jérusalem-Est, destinées à l’implantation de colonies.

Ils veulent nous enterrer vivants

Abu Samer est un habitant de Jérusalem dont la maison fut démolie en 2011. Il se souvient du moment où les soldats israéliens étaient venus pour raser sa bâtisse. Réduite en décombres, Abu Samer voulait s’asseoir sur une des pierres qui constituait un jour sa maison, mais il fut sauvagement écarté par un soldat. Ce dernier hurla : « Éloigne-toi de là ! » Ce à quoi Abu Samer a répondu : « Tu as détruit ma maison et tu ne veux même pas nous laisser nous asseoir sur ses pierres ? »

Le témoignage d’Abu Samer n’est pas le premier du genre dans cette région, et il ne sera sans doute pas le dernier. Des histoires similaires existent par milliers, et elles tournent autour du sujet de démolitions de maisons à Jérusalem. Certains résidents déplacés vivent aujourd’hui dans des caves, à l’instar de Khaled Zir al-Husseini et sa famille.

C’est dans une cave sentant le moisi que nous sommes partis à la rencontre de Husseini. Il raconte : « le jour du drame, nous avons été réveillés à 6h du matin par les bruits des bulldozers de la municipalité qui étaient en route vers notre maison. Ils ne nous ont donné que cinq minutes pour évacuer les lieux. Cinq minutes ... puis la maison fut réduite à néant. »

Ola al-Tamimi
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha
19 décembre 2013 – Al Akhbar English

Légende image : 4 décembre 2013 - La neige recouvre la zone limitrophe à une section du mur d’apartheid construit par Israël dans le village de Cisjordanie de Al-Ram, à la périphérie de Jérusalem - (Photo : AFP/Ahmad Gharabli).


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