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Guerres étasuniennes : le coût (Il Manifesto)

Hey, mec ! Combien pour tes lunettes de soleil ?

Première question : les Etats-Unis d’Amérique pourraient-ils vivre sans que quelque guerre n’alimentât, surtout en temps de crise économique, leur puissant système militaro-industriel ?

Seconde question (ingénument rhétorique) : que pourraient faire les Etats-Unis d’Amérique s’ils destinaient les colossales ressources économiques utilisées pour les guerres à leurs problèmes sociaux ?

Questions qui surgissent à la lecture de l’étude produite par l’Université Brown de Providence, dans le Rhode Island, de la prestigieuse chaîne universitaire Ivy-league. On peut se reporter pour ce faire au site de l’université : « Cost of war, 250.000 lives and up to £4 trillion » et sur le site du quotidien londonien The Independant, qui y a consacré hier un article, synthétisé ainsi : « La guerre au terrorisme s’apprête à dépasser le coût de la seconde guerre mondiale ».

Le coût total pour l’Amérique (  !? pour les Etats-Unis d’Amérique, NdT), des guerres post-11 septembre contre l’Irak et l’Afghanistan, et des opérations militaires corrélées au Pakistan (genre l’Opération Jeronimo contre - le présumé, NdT- Ben Laden), est en voie, étant donné qu’elles ne sont pas encore finies, de dépasser les 4 trillions de dollars (4 mille milliards). Non seulement les guerres les plus longues de l’histoire des USA, non seulement plus du triple des financements attribués par le Congrès dans la décennie suivant le 11 septembre 2001 (George Bush avait dit que la guerre en Irak coûterait 50-60 milliards), mais aussi déjà quasiment équivalentes au coût de la seconde guerre mondiale, qui pour le Bureau du budget du Congrès se monte, selon les chiffres connus aujourd’hui, à 4.1 trillions de dollars. Et le chiffre ne comprend pas le coût de la nouvelle guerre en Libye, « mineure » par rapport aux deux autres, mais quand même toujours lourde.

Face à cette somme épouvantable, les 1,3 trillions officiellement attribués par le Congrès ne sont que la pointe de l’iceberg. Il faut y ajouter le paiement des intérêts sur l’argent nécessaire pour financer les deux guerres (financées, contrairement aux précédentes guerres étasuniennes, quasiment entièrement avec de l’argent emprunté et qui tôt ou tard devra être restitué) ; les 400 milliards de dollars du coût estimé à l’intérieur des Etats-Unis pour la « guerre au terrorisme » ; les coûts relatifs aux vétérans et aux invalides (de guerre, NdT). A la fin, le compte total estimé par le Watson Institute for International Studies de l’Université Brown atteint les 3,7-4,4 trillions. Une étude analogue de 2008 conduite par d’autres universitaires (parmi lesquels J. Stieglitz) pour l’Université Harvard s’était arrêtée à 3 trillions. Mais depuis lors, les choses ont empiré car la situation financière des Etats-Unis est beaucoup plus critique du fait de la crise économique globale et d’un déficit du budget fédéral qui tourne autour d’1,5 trillions par an.

Et puis il y a les coûts humains. L’étude de la Brown calcule qu’il y ait entre 250.000 et 258.000 morts. Une petite tranche de ce calcul -6.100- sont les militaires étasuniens, puis viennent les 125.000 morts (civils, NdT) en Irak (chiffre probablement sous-estimé), les 140.000 morts en Afghanistan (sans compter ceux du Pakistan, plusieurs milliers), et les morts indirects (des blessures, épuisement, manque de soins, etc.). Enfin les réfugiés (qui essaient de fuir où ?), entre 7-8 millions.

Il faudrait aussi calculer quelles issues politiques ont produit ces coûts économiques colossaux. Ici le résultat est plus insidieux et incertain. Mais certaines données sont sûres : le monde « s’est libéré » de régimes brutaux comme ceux de Saddam Hussein et des Talibans (en attendant Kadhafi) (on laisse au lecteur le soin de faire une comparaison entre la brutalité de ces régimes et celle des Etats-Unis d’Amérique, NdT) ; mais les Talibans sont encore là , et pour la démocratie « exportée », on ne peut pas dire qu’elle ait fleuri en Irak et Afghanistan (et on verra en Libye) ; et on peut dire, sans controverse (pour l’auteur, NdT), que le plus grand vainqueur de la guerre en Irak est l’ennemi le plus coriace pour les Etats-Unis : l’Iran.

Dernier détail. Ces 4 trillions et quelques ne sont pas le coût total des guerres en Irak et Afghanistan. Seulement celui des USA…

Maurizio Matteuzzi

Edition de vendredi 1er juillet 2011 de il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20110701/manip2pg/07/manip2pz/305904/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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"Les Etat-Unis eux-mêmes, par leur tendance croissante à agir de manière unilatérale et sans respect pour les préoccupations d’autrui, sont devenus un état voyou."

Robert MacNamara
secrétaire à la défense étatsunien de 1961 à 1968
paru dans l’International Herald Tribune, 26 juin 2000.

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