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Fadel al-Rubai : Récuser les mythes de l’Orientalisme

L’anthropologue et historien irakien Fadel al-Rubai a produit une oeuvre puissante mettant directement en cause les interprétations orientalistes de l’histoire arabe et musulmane et des groupes arabes de réflexion locaux. Al-Akhbar s’est entretenu avec lui de ses théories qui suscitent la controverse et de ses projets futurs.

Après bien des années d’exil, l’intellectuel et ancien communiste irakien, Fadel al-Rubai, s’est finalement installé aux Pays-Bas. Son séjour tout près de la bibliothèque de l’université Leiden, qui contient des milliers de manuscrits arabes anonymes, l’a encouragé à fouiller dans l’histoire arabe antique d’un point de vue anthropologique. Il s’est trouvé face à un dossier énorme bourré d’erreurs et de péchés historiques. A partir de ce moment, l’auteur de The Funeral Dinner (Le dîner funèbre) a décidé de reconstituer les récits arabes anciens, en s’attachant en particulier à corriger l’histoire de la Palestine.

Ainsi, il commence son projet encyclopédique avec son livre The Imagined Palestine : Land of the Torah in Old Yemen (La Palestine imaginée : le pays de la Torah dans l’ancien Yémen), dans lequel il réfute les théories orientalistes de la Palestine biblique. Il utilise l’histoire de l’asservissement babylonien des juifs comme une clé pour redessiner le paysage de la région. Il découvre que l’asservissement s’est passé au Yémen, et non en Palestine.

Lorsqu’on l’interroge sur les sources de sa thèse qui ouvre la controverse, il se réfère à la Torah hébraïque antique, aux inscriptions historiques, à la poésie pré-islamique, ainsi qu’au Sifat Jazeerat al-Arab (Le statut de la péninsule arabique) d’al-Hamadani, qui est l’une des références historiques les plus importantes, et pourtant si longtemps ignorée. Al-Rubai déclare,« La description géographique de la région par al-Hamadani coïncide totalement avec les textes de la Torah hébraïque ».

Avec enthousiasme, al-Rubai pose la question, « Pourquoi les archéologues et les historiens n’interviennent-ils pas sur les inscriptions himyarites qui ont été découvertes sur des sites palestiniens ? ». Et de répondre : « Parce que l’histoire arabe a été écrite par des non arabes. La lecture orientaliste de la Torah, qui a renforcé les fausses croyances, a éradiqué les récits arabes. Ainsi, les récits par al-Tabari, al-Masoudi, et Ibn al-Atheer sont-ils présentés comme des récits mythiques, qui conduisent à une vision péjorative des textes des narrateurs arabes. Ma mission est de séparer le mythique de l’historique. »

La surprise ne s’arrête pas là . L’auteur des Heroes Without History(Les héros dans l’histoire) affirme avec audace, « Donnez-moi un exemple où la Jérusalem antique est citée dans la Torah ». Il note que la cité s’appelait autrefois Ilia et non Jérusalem. Par conséquent, il n’existe aucun texte narratif sur Jérusalem avant la conquête islamique.

La Torah, comme documentée par al-Rubai, se réfère à une Jérusalem antique située au Yémen et non en Palestine. Il explique. « C’est ce que les inscriptions assyriennes et babyloniennes prouvent, quand elles se réfèrent à neuf campagnes d’asservissement qui eurent lieu au Yémen, pas en Palestine ». Mais pourquoi les récits historiques disent-ils que l’incident de l’asservissement babylonien a eu lieu en Palestine ?

Selon Fadel al-Rubai, auteur de The Truth Behind the Babylonian Enslavement (La vérité derrière l’asservissement babylonien), « La raison en réside dans le monopole sur cette histoire tragique, qui fut par la suite utilisé dans le récit sur l’Holocauste comme une continuation de la persécution historique des juifs, renforçant ainsi leur rôle comme victimes historiques. Tout ce que nous avons besoin de faire est de revenir à l’histoire d’al-Tabari, qui indique clairement que l’invasion de Nabuchodonosor a eu lieu au Yémen et non en Palestine. »

Se basant sur ces révélations controversées, al-Rubai conclut de façon solide dans sa thèse que le judaïsme est une vieille religion arabe, et que la Torah est un livre yéménite. Il conclut également que la Jérusalem antique n’est pas la Jérusalem actuelle. Elle était située au Yémen et non en Asie, comme le défunt intellectuel Kamal al-Salibi le concluait dans son livre The Bible Came from Arabia (La Bible venue d’Arabie).

Al-Rubai dit : « Je ne m’illusionne pas, ces idées ne vont pas s’imposer de sitôt étant donné l’énorme pouvoir médiatique existant qui domine le récit historique. Qu’il nous suffise de chercher la documentation de notre histoire d’un point de vue critique, loin du mensonge orientaliste. Il se pourrait que l’oeuvre d’Edward Saïd à cet égard ait bouleversé cette perception dans une large mesure ».

Al-Rubai travaille en ce moment à plusieurs projets : The Truth Behind the Babylonian Enslavement : Assyrian Campaigns on the Arab Peninsula and Yemen (La vérité derrière l’asservissement babylonien : les campagnes assyriennes sur la Péninsule arabe et le Yémen), et The Golden Ghazal of Kaaba : Blood Relations in Islam (La gazelle d’or de Kaaba : la consanguinité dans l’Islam). Il met aussi une dernière touche à The Great Mourning (Le Grand Deuil), un livre qui retrace l’histoire des lamentations et de la violence physique. Dans ce livre, al-Rubai situe les origines du rituel d’Ashura à l’an 5000 avant Jésus-Christ dans le « deuil de Tammuz et Ishtar en Mésopotamie, et Isis et Osiris dans l’Égypte pharaonique ».

Al-Rubai explique : « Ce deuil fait partie d’une culture de lamentations qui se poursuit jusqu’à nos jours. Ce n’est donc pas une innovation, la façon dont certaines sectes le voient. Le rituel des pleurs à Tammuz a touché plus tard des lieux de cultes et pris différents modes d’expression. » Il va publier bientôt un autre livre, Isaf and Naila : The Myth of Eternal Love in Pre-Islam. (Isaf et Naila : le mythe de l’amour éternel dans le pré-Islam).

Al-Rubai n’espère guère que les centres de recherche officiels arabes vont adopter ses idées nouvelles. Il parle de ces centres comme d’« un gaspillage de temps et d’efforts ». Il aspire à l’émergence d’une école anthropologique arabe qui abolisse les thèses orientalistes en réfutant leurs fausses déclarations et en élaborant des paradigmes de recherche historique dans les universités qui secouent les opinions actuelles de l’histoire islamique et arabe.

La formation du mouvement des Intellectuels contre la contrefaçon de documents, parmi un groupe d’anthropologues arabes, est la première tentative de cette veine. Sa mission est d’arriver à un discours critique sur la Torah et de lancer un site qui devienne un espace de débat et un répertoire d’historiographie.

Khalil Sweileh

27 octobre 2011 - Al-Akhbar - (traduction de l’arabe) -

traduction de l’anglais : JPP
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11376

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« Le capitalisme n’est et ne sera pas là de toute éternité. » Cet Abrégé, rédigé en 1878, nous livre l’essentiel de l’analyse contenue dans le Livre I du Capital de Karl Marx. Ce compendium de la critique du système capitaliste - « où ce ne sont pas les moyens de production qui sont au service du travailleur, mais bien le travailleur qui se trouve au service des moyens de production » - a été rédigé à destination d’un public populaire. Écrit dans un style simple et sans l’appareil (…)
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Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
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