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Evo Morales : « Les années des multinationales sont comptées en Bolivie »

Propos recueillis par BENITO PEREZ

Samedi 04 Octobre 2003

« GUERRE DU GAZ »

De passage à Genève, le leader de la gauche bolivienne témoigne du combat des mouvements sociaux pour récupérer les ressources naturelles du pays.

La Bolivie est à nouveau prise de convulsions. Le calme précaire qui avait suivi les sanglants affrontements entre grévistes et militaires en février dernier a fait place à d’importantes mobilisations populaires. En cause, cette fois-ci, non plus un énième ajustement néolibéral, mais le projet du président Gonzalo « Goni » Sanchez de Lozada d’ouvrir une nouvelle route du gaz à un consortium international, chargé d’exporter le précieux combustible vers les USA et le Mexique via le littoral chilien. Depuis deux semaines, barrages routiers et manifestations rythment la vie de ce petit pays d’Amérique du Sud. Le 20 septembre, sept morts (deux militaires et cinq paysans) sont venus endeuiller la contestation sans parvenir à la freiner. Car si l’appel à la grève générale illimitée lancé lundi dernier par la Centrale ouvrière bolivienne (COB) est modérément suivi, le projet présidentiel, les sondages en attestent, est fort impopulaire. Et dès lundi prochain, un gigantesque blocage des routes pourrait paralyser l’entier du pays.

En partie - et les médias n’ont pas manqué de le relever - la fronde a des racines historiques : le choix du Chili comme partenaire a heurté de plein fouet le sentiment national bolivien, puisque les deux pays sont en froid depuis... 1879 et l’annexion par Santiago de l’ancien littoral bolivien !

Mais le mécontement puise à une autre source moins évoquée par la presse : la volonté des peuples indigènes de reprendre le contrôle de leurs ressources naturelles des mains des multinationales.

Enfin, les actuelles mobilisations sociales marquent également la réussite de la stratégie unitaire suivie depuis plusieurs années par les mouvements sociaux boliviens. Aujourd’hui, comme jamais auparavant, organisations indigènes, cocaleras, paysannes, ouvrières, étudiantes et civiles sont parvenues à se fédérer en un seul mouvement. Non exempt de contradictions mais solidaire dans la lutte.

Infatigable défenseur des cocaleros, militant altermondialiste, leader de l’opposition politique bolivienne, l’Aymara Evo Morales est l’un des instigateurs de cette unité d’action. Fondateur du Mouvement vers le socialisme (MAS), il fut aussi à l’origine de l’Etat-major du peuple, véritable cheville ouvrière de l’actuelle « Guerre du gaz »1. De passage ces jours au Palais des Nations à Genève, Evo Morales nous en explique les enjeux.

Le Courrier : Que se passe-t-il actuellement en Bolivie ? Qu’est-ce que la « Guerre du gaz » que vous annonciez à mi-septembre ?

Evo Morales : La Guerre du gaz a effectivement commencé. C’est une guerre pacifique qui exprime en fait la volonté nationale de récupérer les hydrocarbures. Ca ne veut pas dire que l’on ne veut pas vendre notre gaz à l’étranger. Mais qu’il faut le vendre à d’autres conditions. Les Boliviens ont perdu le contrôle de cette richesse au profit des multinationales. Et l’actuel projet d’exportation de gaz ne nous rapporterait rien. Or les hydrocarbures sont notre vie, notre espoir, notre patrimoine. Comment justifier que, pendant que l’on saccage notre territoire ancestral, que l’on exporte nos richesses, nous nous appauvrissons toujours plus ? »Ce sentiment n’est pas seulement celui des indigènes ou du mouvement populaire, mais également celui de nombreux intellectuels, de militaires, de policiers. C’est pourquoi, le 5 septembre, nous nous sommes réunis pour examiner une stratégie d’opposition au projet et avons appelé à une mobilisation le 19 septembre. Cette mobilisation pacifique fut tellement massive, en ville comme à la campagne, que certains ont voulu continuer à descendre dans la rue le lendemain. C’est là que plusieurs frères aymaras de l’Altiplano ont été tués par le gouvernement, provoquant une vague de protestation dans tout le pays, dans tous les secteurs sociaux. Dès lors, les manifestations n’ont plus cessé et depuis lundi, la COB a décrété la grève générale illimitée demandant la démission du président. Par ailleurs, nous avons entamé une procédure visant à reconnaître l’inconstitutionnalité des décrets ayant livré les hydrocarbures aux multinationales. Je pense que cette démarche, qui a été admise par le Tribunal constitutionnel, est en bonne voie.
 »Sincèrement, je suis persuadé que les années des multinationales sont comptées en Bolivie. Mais pour l’heure, nous ne réclamons qu’une meilleure répartition de leurs gains.

Le président promet que l’argent rapporté par son projet serait intégralement versé à un fonds destiné à la santé et à l’école. N’est-ce pas alléchant ?

Une vente dans ces conditions ne rapporterait que 50 millions de dollars par an au peuple bolivien. Alors que si nous récupérons la propriété des hydrocarbures, les rentrées se chiffreraient à hauteur d’un milliard de dollars par année, selon des études d’experts, 1,3 milliard, selon nos chiffres ! Cela permettrait d’investir effectivement dans l’éducation, mais aussi dans les industries productives du pays. Or, actuellement, le président ne dit qu’une chose : il faut faire passer le gazoduc par le Chili plutôt que par le Pérou. Pour nous, là n’est pas la question. La seule question est de savoir de quelle façon les hydrocarbures rapporteront davantage au peuple... Il faut savoir qu’aujourd’hui, alors que nous disposons d’immenses réserves de gaz naturel, de nombreux paysans de l’Altiplano continuent de se chauffer à la bouse ou de cuisiner en brûlant du bois et de la paille.

Le développement de ce nouveau projet gazier implique d’importants investissements. L’Etat a-t-il les moyens de faire cavalier seul ?

Nos réserves de gaz lui en assurent les moyens. Regardez ce que nous avons fait avec l’Etat brésilien. Celui-ci a avancé l’argent pour un projet similaire contre la garantie de livraisons à sa société Petrobras. De même, l’agence des Nations Unies ONUDI2 a examiné neuf nouveaux pôles gaziers en Bolivie. Dans un premier temps, elle s’est engagée à apporter 450 millions de dollars pour les développer. On le voit : on peut très bien se passer des capitaux des transnationales pour développer notre industrie gazière. C’est plus qu’une possibilité, c’est une nécessité, car nous avons besoin de bénéficier réellement de la manne gazière si l’on veut développer notre industrie et ainsi sortir de notre dépendance à l’égard des matières premières. En attendant, des solutions de transition existent. Par exemple, nous proposons que l’Etat perçoive des redevances de 50% sur le gaz contre les 18% ponctionnés aujourd’hui sur les multinationales pétrolières (lire ci-contre). Cela signifierait tout de même 150 millions de dollars annuels à consacrer aux besoins de la population !

Note :

1 Référence à la « Guerre de l’eau » qui avait permis aux citoyens de Cochabamba de récupérer, en 2000, la distribution de l’or bleu des mains de la multinationale Bechtel.

2 Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, fondée en 1966, chargée de promouvoir l’industrialisation du Sud (www.unido.org)

Source : Le Courrier http://lecourrier.programmers.ch

- Voir aussi : Evo, paysan indien devenu cauchemar des USA

Un nouveau cadeau aux multinationales ?

Par MONICA VARGAS*

La nécessité de garantir le développement du continent en s’assurant un approvisionnement fiable et abondant en hydrocarbures (gaz, pétrole), à bas prix ;

La nécessité de réduire les impôts dans le secteur et les mesures restrictives destinées à la protection de l’environnement ;

La confiance à accorder aux multinationales du pétrole et à leur savoir-faire technologique afin qu’elles développent le secteur énergétique.

En ce sens, il convient de rappeler que les Etats-Unis constituent le principal pays producteur et consommateur d’énergie de la planète et qu’au rythme actuel, il épuisera ses propres réserves avant les vingt prochaines années. Ainsi, la richesse en gaz et en pétrole des pays latino-américains, aux gouvernements relativement dociles, représente un intérêt hautement stratégique pour la grande puissance. On comprend donc l’importance que prend l’importation du gaz bolivien dans ce contexte.

Les deux pays qui disposent des principales réserves de gaz en Amérique du Sud sont le Venezuela et la Bolivie. Aux dernières estimations, cette dernière compte 52,3 trillions de pieds cubes de gaz. Depuis 1996, avec la Loi de capitalisation, les hydrocarbures ont été privatisés. Aujourd’hui, 30 multinationales parmi les plus importantes de la planète contrôlent les réserves boliviennes. Par exemple, Andina (appartenant à Repsol) détient 24% des réserves de gaz, tandis que TotalElfFina dispose de 15%. L’exploitation du gaz est très avantageuse en Bolivie : 97% des réserves exploitées ne rapportent que 6% des bénéfices au Trésor Général de la Nation. Avec la Loi de capitalisation, la Bolivie aura perdu entre 2002 et 2007 un montant supérieur à sa dette externe !

En ce qui concerne spécifiquement l’exportation de gaz liquide vers les Etats-Unis, il s’agit d’extraire le gaz dans le Bloc Kaipependi (sud de la Bolivie) en développant quinze puits supplémentaires, de le transporter vers un port sur le Pacifique et de l’y liquéfier. Ensuite, il s’agit de le transporter par bateau vers le Mexique, où il sera re-gazéifié, puis introduit dans le réseau de gazoducs des Etats-Unis et du Mexique, et de là , aux usines de SEMPRA Energy. Cette holding, qui contrôle le marché sud-ouest des Etats-Unis, a signé un pré-contrat avec le Consortium Pacific LNG (intégré par Repsol-YPF (Maxus), British Gas, British Petroleum, TotalElfFina et Exxon-Mobil) promoteur du projet. Le pré-contrat concerne 22 millions de mètres cubes de gaz par jour pendant vingt ans, ce qui équivaut à 16,6% des réserves totales.

Quel en serait le bénéfice pour la Bolivie ? Les principaux investissements se limiteront au développement des puits et à la construction des gazoducs. Ainsi, on ne peut guère penser à d’importants effets sur les revenus et sur l’emploi, tel que l’affirme le Gouvernement bolivien. En fait, les plus avantagées seront les multinationales car la partie la plus juteuse de l’affaire se situe dans le transport, la liquéfaction et la re-gazéification. De plus, Pacific LNG paierait 70 centimes de dollar par millier de pieds cubes, un montant bien inférieur au prix payé actuellement par le Brésil (1,25 dollar). De ce montant, l’Etat bolivien percevrait 18% de taxes, soit 13 centimes. Il est aussi important de souligner que les multinationales du consortium disposent d’importants intérêts au Chili, raison pour laquelle elles font pression sur la Bolivie afin que le gaz passe par un port chilien au lieu d’un port péruvien.

Note : * membre du Forum bolivien sur l’environnement et le développement/Foro Boliviano Sobre MEdio Ambiente y Desarrollo (FOBOMADE/www.fobomade.org.bo)

Source : http://lecourrier.programmers.ch

En Bolivie, les marches bloquentla capitale

LA PAZ, 6 octobre

La seconde semaine de protestations pour exiger la démission du président de la Bolivie, Gonzalo Sanchez de Lozada, et contre l’exportation du gaz sans l’industrialiser, a débuté aujourd’hui par une marche de protestation et la radicalisation des blocages de routes au nord de La Paz, après de durs affrontements cette fin de semaine, a informé ANSA.

Une marche massive à laquelle ont pris part des étudiants de l’Université publique et des enseignants, a commencé à 10h 30, heure locale, et menaçait de paralyser La Paz, siège du gouvernement, dont les édifices État sont depuis jeudis gardés par la police et les militaires.

« C’est une semaine d’action, car tous les jours il y a des manifestations dans tous les secteurs et dans toutes les grandes villes de Bolivie, et nous avons paralysé La Paz durant six heures », a indiqué le principal dirigeant de la Centrale ouvrière bolivienne (COB), Jaime Solares, qui a réitéré qu’un appel à la désobéissance civile sera lancé si le gouvernement décrète l’état de siège.

Quant au président bolivien, il a réitéré dimanche soir, au cours d’un dialogue avec un groupe de personnes, qu’il ne démissionnerait pas et que la police et les forces armées « ne permettront pas une guerre civile ».

« Nous appliquerons la loi » aux dirigeants qui commettront des excès, « nous les arrêterons, nous les jugerons et s’il font du mal ils devront aller en prison », a menacé le président.

Les blocages de chemins sur l’altiplano bolivien, en particulier la route qui conduit à Copacabana, localité située à la frontière avec le Pérou, et les villages de Achacachi, Warisata et Sorata, au nord-ouest de La Paz, se maintiennent.

Parallèllement, les producteurs de coca de Los Yungas de L a Paz, au nord de la capitale, ont décidé aujourd’hui de radicaliser le blocage de routes après l’affrontement survenu dimanche entre les habitants de ces zones et le millier de paysans qui bloquaient les voies publiques.

Cet incident a fait quatre blessés parmi les producteurs de coca, dont un se trouve dans le coma.

Source : www.granma.cu/frances

Bouleversements, crise et chances

par Forrest Hylton*

Le président bolivien Gonzalo Sanchez Lozada, jadis considéré comme "le néolibéral le plus intelligent" en Amérique latine, a résumé ainsi la situation : "Ils veulent gouverner depuis la rue au lieu de gouverner par l’intermédiaire du Parlement ou de nos institutions". Par conséquent, il a militarisé les routes et les rues des villes dans tout le pays, comme prélude potentiel à la déclaration officielle d’un état de siège. Une année de "crétinisme parlementaire" et l’absence d’une direction compétente ont contribué à affaiblir les forces néolibérales qui s’étaient déchaînées en avril 2000 à Cochabamba et sur les plateaux de la région Aymara, alors que les mouvements d’opposition ont rejoint leurs troupes sur les routes, sur les hauts-plateaux et dans les rues et que la base a repris l’initiative par rapport aux dirigeants.

Après les barrages de routes, en janvier 2003, et les soulèvements populaires en février, le gouvernement de Sanchez de Lozada s’est brièvement trouvé au bord de l’effondrement, mais les mouvements d’opposition ont été incapables de s’unir et de s’organiser autour d’une plate-forme de revendications communes.

La principale force d’opposition, le Movimiento al socialismo (MAS) a changé de tactique en faveur d’une approche de type social-démocrate, donnant priorité aux élections municipales de 2004 (par opposition à l’action directe et une démocratie participative). Soutenu par l’ambassade des Etats-Unis et proclamant que les forces armées étaient le "pilier de la démocratie", Sanchez Lozada a réussi à maintenir les rênes du pouvoir, et à les conserver tant bien que mal durant le printemps et l’été. Aucune justice n’a été rendue pour les 57 civils assassinés par son gouvernement depuis qu’il a été nommé, il y a une année.

Actuellement, l’avenir de la présidence de Sanchez de Lozada est à nouveau incertain. En effet, le mouvement d’opposition à l’exportation de gaz Bolivien aux Etats-Unis via le Chili et une répression gouvernementale toujours aussi brutale ont polarisé de manière croissante le conflit social. L’épicentre du mouvement d’opposition se situe au nord de La Paz, près du lac Titicaca, dans la région Aymara de Huarina, Warisata, Achacachi et Sorata ainsi qu’à El Alto, une ville Aymara de 700000 habitants. Le personnalisme et le sectarisme continuent certes à créer des divisions internes dans le mouvement Aymara, et des dissensions par rapport au mouvement des cultivateurs de coca (cocaleros). Mais, alors que lors des cycles précédents de cette révolte qui a débuté en avril 2000, les conflits restaient centrés sur la production de coca, la privatisation de l’eau, l’occupation des terres et les augmentations d’impôts, la phase actuelle du conflit peut potentiellement conduire à une plus grande unité programmatique dans les forces d’opposition.

Les enseignants ruraux et urbains, les étudiants qui se forment pour devenir des enseignants, les parents de conscrits [militaires], des mineurs retraités, des dirigeants paysans Aymaras, les camionneurs assurant les transports entre les provinces, des étudiants de l’Université de El Alto, la Centrale des travailleurs Boliviens (COB), tous sont en grève, et certains font la grève de la faim.

Outre les revendications sectorielles, chaque organisation exige la souveraineté populaire sur le gaz Bolivien et refuse l’ALCA [en français : ZLEA, Zone de libre échange des Amériques] ; la plupart exigent la démission de Sanchez Lozada et de ses ministres les plus draconiens, Yerco Kukoc, le Ministre du Gouvernement et Carlos Sanchez de Berzain, Ministre de la Défense. Ceux-ci sont en effet responsables du massacre commis à Warisata le 20 septembre, lorsque les forces gouvernementales ont fait irruption pour évacuer plusieurs centaines de touristes qui étaient restés bloqués durant 5 jours à Sorata, suite aux barrages routiers, assassinant six membres de la communauté Aymara, y compris la petite Marlene Nancy Rojas, âgée de huit ans. Il faut noter que ce massacre a eu lieu le lendemain de la mobilisation de 30000 personnes à Cochabamba et 50000 à La Paz par la Coordination Nationale pour la Défense du Gaz. En réponse à la terreur étatique qui utilisait des avions et des hélicoptères, des miliciens des communautés Aymaras, mal armées mais implantés de manière stratégique, ont réussi à chasser l’armée et la police de Warisata, de Sorata et de Achacachi.

Le 2 octobre, des milices de la communauté Aymara continuaient à contrôler la région autour de Huarina, Warisata, Achacachi et Sorata, et les routes dans les provinces de Manco Capac, Los Andes, Omasuyus, Larecaja, Muñecas, Camacho, Villaroel, et - partiellement - Murillo et Aroma, sont restées bloquées avec des barrages de pierres. Eugenio Rojas, dirigeant du comité régional de grève, a déclaré que si le gouvernement refusait de négocier à Warisata, les communautés Aymara insurgées allaient encercler La Paz et couper la capitale du reste du pays, tactique utilisée pour la première fois lors du soulèvement Tupaj Katari en mars 1781 [le dirigeant Aymara Tupaj Katari (Julian Apaza), organisa en encerclement de La Paz, contre les colonisateur, dès le mois de mars 1781 ; en juillet 1781 cet encerclement était assuré par quelque 80000 combattants ; il connut une défaite ; jusqu’à aujourd’hui le souvenir de cette lutte est très vivante parmi les Aymara]. La Centrale Régionale des Travailleurs (COR) a dirigé une grève civique qui a paralysé la ville de El Alto : aucun magasin n’a ouvert ses portes, aucun véhicule ne circulait, et les vendeurs du marché, les gens des comités de quartier et les étudiants de l’université ont combattu la police anti-émeutes durant toute l’après-midi.

Au moins cinq personnes ont été arrêtées sous à la nouvelle "Loi de Sécurité Citoyenne". La veille, le 1 octobre, six paysans de la communauté indienne ont été arrêtés dans la province de Aroma. A Cochabamba, un groupe d’écrivains de premier plan et des intellectuels a publié une déclaration appelant à la mise sur pied d’un nouveau gouvernement qui défende la souveraineté nationale et abroge les lois concernant les compagnies pétrolières multinationales. Pendant ce temps, 2500 paysans sans terre avaient occupé le 24 septembre à San Cayetano, Santa Cruz, le pont à Chané, barrant ainsi la seule route qui donne accès à cette région.

Potosi, jadis le centre de l’économie coloniale fondée sur l’exploitation des mines d’argent, a vu défiler une grande marche de paysans Indiens, et les routes qui relient cette ville au reste du pays étaient également bloquées. Le soir, des paysans Aymara qui occupent des terres dans le Yungas, une région subtropicale où l’on cultive la coca, au nord-ouest de La Paz et proche d’Omasuyos, centre de la rébellion Aymara, avaient commencé à construire des barrages, fermant ainsi aux touristes deux des principales régions touristiques près de La Paz.

Le lundi 6 octobre, des barrages routiers sont prévus dans le Chapare, qui est la principale région de culture de la coca dans les terres basses de l’Est, et à Oruro, qui connecte La Paz avec Cochabamba. S’ils réussissent, les troupes gouvernementales, qui auront de la peine à assurer une présence suffisante sur une région aussi étendue, risquent de réagir en provoquant davantage de violence et de meurtres, et personne ne sait sur quoi cela peut déboucher (6 octobre 2003)

* Forrest Hylton est en train d’effectuer une recherche de doctorat en histoire bolivienne, et il peut être contacté à forresthylton@hotmail.com.

Source : http://www.alencontre.org

- Photos : http://bolivia.indymedia.org

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