« Parce que l’armée reste dans les casernes et que la domination n’est pas totale, nous pouvons prétendre vivre en démocratie », observait Howard Zinn.
« Son ouverture et sa souplesse rendent une telle société plus séduisante que bien d’autres, mais elles induisent également un type de contrôle bien plus efficace ».
Son pluralisme est « très limité » : il y a « le parti démocrate et le parti républicain mais les autres partis ne sont ni ouvertement tolérés ni encouragés et encore moins financés ».
La presse est « libre » mais « elle est dominée par l’argent ».
La presse d’opposition ou indépendante ne peut donc atteindre « qu’un public limité » car elle ne dispose ni des capitaux des grands médias ni des ressources générées par la publicité.
Le débat public est également très limité.
Ainsi, la guerre du Vietnam opposa « ceux qui prônaient un bombardement généralisé » de ce pays à ceux qui privilégiaient des « bombardements ciblés » mais, jamais, « l’option du retrait pur et simple ne fut envisagée ».
Quant aux idées discordantes, elles se trouvent « noyées sous un flot de critiques et discréditées comme ne faisant pas partie des choix acceptables ».
Elles ne sont « autorisées à survivre dans certaines marges culturelles » que comme une preuve « du caractère démocratique, tolérant et pluraliste » de la société américaine.
Le système « surveille attentivement ses détracteurs, prêt à les contrer, à les intimider, voire à les supprimer » mais ces formes de dissuasion restent exceptionnelles.
Au quotidien, ce que l’on constate c’est la prédominance d’ « un certains nombres d’idées orthodoxes promues, financées et mises en avant par le biais des plus puissantes machines culturelles du pays » : la famille, l’école, les églises, les médias...
Cette idéologie est faite de préjugés aussi courants que « quand on travaille suffisamment dur on gagne bien sa vie et que ceux qui sont pauvres ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes » ou qu’il est normal que les Etats-Unis interviennent « dans différentes régions du monde pour endiguer le communisme et promouvoir la démocratie ».
Si un beau jour nous réalisons que ces croyances ne correspondent pas « à l’expérience que nous avons du monde réel », alors nous serons en mesure de « contester l’idéologie américaine », concluait l’historien et militant américain.
Jean-Pierre Dubois
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