Jean-Luc Mélenchon venait de terminer son discours. La place de la Bastille, la rue de Lyon, l’avenue Daumesnil, le boulevard Diderot étaient rouges de foule. Et soudain, vous pourrez en juger ici sur cette vidéo, les manifestants, informés des discours par des haut-parleurs, chantèrent en même temps la Marseillaise. Je l’ai vécu, moi-même, partiellement, étant au bas de la rue de Lyon. Mais la puissance de ce moment, la victoire de ce jour, c’est en visionnant cette vidéo qui filme la totalité de la place de la Bastille que je l’ai comprise.
180 000 manifestants, « d’après les organisateurs » selon la formule consacrée…
Non, dit M. Valls, vous n’étiez que 30 000. Pourquoi donnez-vous ce chiffre, M Valls, puisque la préfecture de police a pour règle, désormais, de ne donner aucun chiffre de manifestation politique ? Vous n’êtes pas au courant des lois de votre maison ?( A moins que la préfecture ait voulu compter les balais … A ce sujet, une histoire me revient : « Les apôtres : d’après la Bible : 12 ; d’après la police : 3 ; d’après M. Valls : Un . Judas. »)
Malheureusement pour vous, Monsieur Valls, il y a des photos et internet n’est pas encore muselé.
Par ailleurs, quelle confiance peut-on vous accorder ? Vous appartenez à un gouvernement de menteurs et d’ignorants.
Hollande a menti lors de sa campagne. À la France entière. Cahuzac n’est que son digne héritier, choisi par lui alors qu’il avait été condamné pour avoir employé du personnel au noir. Hollande, Moscovici et vous, ce qui est le bouquet pour un ministre de l’intérieur, ignoriez tout des affaires de Cahuzac. Quand on pense qu’on compte sur vous pour museler le grand banditisme et le terrorisme international, on est très inquiet ! Autre ignorant, Le Foll, ministre de l’agriculture, qui ignore que des traders parient sur les matières premières !
Dans ces conditions, puisque la phrase clef de tout homme politique de votre clan et de celui de vos amis de droite est " Je ne sais pas", nous vous prions d’avoir la pudeur, au sujet de cette participation de la répéter : "Je ne sais pas"
Mais, une chose est sûre : le chiffre réel, vous le connaissez et il vous ronge ! Bonne journée !
Oui, cette manifestation a été un immense succès et pour plusieurs raisons. Et puisque vous aimez les anaphores, M. Hollande, allons-y.
– Nous, peuple de gauche, de la vraie gauche, nous nous sommes retrouvés dans une cohésion et une énergie qui ont dépassé toutes nos espérances.
– Nous, peuple de France, verts, socialistes, citoyens sans étiquette, nous sommes entrés en résistance contre la finance et l’austérité. Ceci est dans les esprits et dans les cœurs et plus jamais ne va s’oublier.
– Nous, citoyens instruits des enjeux de ce temps, nous avons décidé que cette manifestation n’était qu’un début. Qu’elle posait notre volonté de créer une constituante et une VI ème république respectueuse de sa devise « Liberté, égalité et fraternité. » Qu’il ne s’agissait pas de se promener et d’aller se coucher. Que nous allions à nouveau marcher, le 1 juin, dans toutes les villes de France et d’Europe, contre la Finance et l’austérité. La force de la manifestation française du 5 mai donne une nouvelle énergie à tous les combats européens.
– Nous, citoyens lucides, nous avons clairement entendu cette phrase : « Jamais ces dettes ne seront remboursées » qui succède à ces années de bourrage de crâne de la droite, puis de la fausse gauche « il faut rembourser les dettes ! »
– Nous, citoyens indignés nous avons bien compris que le langage cru et dru est le seul qui convienne quand il s’agit de dénoncer la dictature de la Finance, la folie de la Troïka.
– Nous, enfants gâtés ,nés après toutes les guerres, ayant vécu dans une douce abondance et une grande tranquillité, nous, pour qui ces paroles « qu’un sang impur abreuve nos sillons » étaient un peu « crues et drues », nous qui n’avons jamais connu la présence pressante de l’ennemi et cette nécessité de mettre notre vie en jeu pour l’arrêter, nous les avons tout de même entendues hier avec d’autres oreilles. Face à un ennemi invisible qui livre des batailles dont il laisse désormais l’initiative à l’armée des lois, qui tue tranquillement en Europe du Sud, nous savons quel combat s’engage.
– Nous, citoyens de gauche, qui avons voté en mai dernier pour éliminer la droite et mettre au pouvoir un homme qui se présentait sous l’étiquette socialiste, nous avons compris qu’il se situe au centre, à droite ou au diable, représentant la pire tromperie que des élections aient jamais trafiquées . Il n’y a pas à attendre pour voir. Le bougre s’est dépêché de nous dépouiller. Le vote du TSCG, qui nous place sous les diktats de l’Europe des banques, le vote de l’ANI, qui détruit le code du travail, ont été votés en priorité. La France n’est plus qu’une vassale qui ne décide de rien et qui s’apprête à recevoir le fer rouge du marché transatlantique. En ce qui concerne « le mariage pour tous », je laisse la parole à une militante homosexuelle : « La seule chose qu’il ait réussie, il l’a ratée. »
Face à cet évènement et à ces certitudes de plus en plus conscientes, chez de plus en plus de citoyens, M. Mélenchon, on sait désormais quelle est votre place dans la politique française. Après avoir subi de la part du gouvernement et des medias à la solde de la Finance, les attaques les plus outrancières, après avoir été critiqué, même, par certains de votre camp, vous avez prouvé que vous avez cette vista politique indispensable en des temps difficiles. Vous avez fixé un rendez-vous. Il a été entendu. Il ouvre la porte à de nouveaux combats. Votre joie est la nôtre. Vos paroles, nous les entendons encore :
La grandeur des évènements répond à la grandeur des pensées… Rien ne sera plus grand que ce que nous construisons ensemble.
(Je m’amuse en pensant au titre du magazine « le Monde », paru samedi 4 mai. : « Le méchant Mélenchon » . Le niveau de ces gens-là est celui d’une cour de maternelle. « Maîtresse , lui il est grossier et méchant ! » Le Monde proposait une série de photos du tribun gesticulant. Manque de bol, ces photos évoquaient un chef-d ’orchestre dirigeant la symphonie d’un nouveau monde. Raté ! Notons cependant que le Monde, (amoureux en secret de M. Mélenchon ?) a osé contredire M. Valls en disant que non, ce n’était pas 30 000 mais 45 000 personnes qui étaient là. J’espère qu’ils vont être punis !
Alors Français ?
Vous qui tardez à nous rejoindre, je vous informe de deux évènements, l’un plus ancien, en France , l’autre récent qui vient de se passer aux Etats-Unis et qui concernent votre avenir.
D’une part Kokopelli, le grainetier, a été condamné. Le gouvernement de Hollande n’a pas jugé bon de le soutenir. C’est la loi des grandes marques qui nous empoisonnent qui sera désormais la règle.
Plus encore, un article du Huffington Post Quebec, nous révèle que les lobbys de l’élevage industriel ont réussi à convaincre une douzaine d’Etats américains de voter ou d’étudier des lois destinées à empêcher la révélation des actes de brutalité commis dans leurs établissements. Les nouvelles lois sont inspirées par « l’American exchange council ». Son « animal and ecological terrorism » interdit notamment de pénétrer dans un établissement pour « diffamer l’établissement ou son propriétaire » et crée en sus un registre de « terroristes » dans lequel on inclut pendant trois ans les noms des personnes condamnées.
Voyez vers où nous glissons. Ces mots « soft dictature » ayez les bien en tête jusqu’à ce qu’on vienne vous arrêter chez vous parce que vous aurez écrit « Monsanto bandit « ou parce que vous ne fréquenterez plus les supers marchés depuis trois mois.
Mais je veux finir toute à la joie de ce jour où au cœur de Paris, sur la place des révoltes et des révolutions, une foule qui se pressait a entonné La Marseillaise.
Merci à M. Mélenchon, à toute la vraie gauche, à tous les citoyens de France qui veulent devenir acteurs de leur révolution, à tous les Européens qui nous ont suivis, à tous les peuples révoltés de ce monde martyrisé qui ont vu que nous aussi, plus forts que jamais, nous entrions dans ce que l’internationale chante : « C’est la lutte finale »…
Car où ils en finiront avec nous.
Ou nous en finiront avec eux.
L’importance de ce combat est terrible.