Voici un article concernant l’affaire Judith Miller, cette journaliste du New York Times qui a joyeusement menti et participé à la campagne pour la guerre contre l’Irak, pour ensuite balancer en public le nom d’une employée de la CIA en fonction, employée qui se trouvait être l’épouse d’un ancien fonctionnaire dont les prises de position contredisaient la propagande de Bush...
Judith est donc soupçonnée de crime, et a été mise un temps en prison par un juge étasunien courageux. Judith a été défendue par... devinez qui ? ... Reporters Sans Frontières qui, en d’autres lieux et pour d’ autres affaires, a pourtant affirmé que « les Journalistes n’étaient pas au-dessus des lois ». Mouais... apparemment, ça dépend des journalistes, et ça dépend des lois.
Viktor Dedaj
Escorter Judy jusqu’à l’échafaud
Dissidentvoice.org, 22 octobre 2005.
Au cours des derniers 85 jours, le journal New York Times n’a pas été avare en louanges à l’encontre de Judy Miller parce qu’elle a préféré aller en prison plutôt que de dévoiler sa source dans l’affaire Valérie Plame. Le journal a rédigé 15 éditoriaux saluant son courage et la comparant à n’importe qui, de Rosa Parks à Jeanne d’Arc.
Alors pourquoi le patron du Times, Arthur Sulzberger, l’a-t-il soudainement licenciée peu de temps après sa sortie de prison, la semaine dernière ?
Est-ce que d’un seul coup l’héroïsme n’était plus côté dans ce journal de référence ? Où est-ce que les casseroles traînées par Miller était trop dangereuses pour ce journal de droite ?
Une semaine auparavant le Times avait placé Judy sur un piédestal, en faisait d’elle presqu’un mythe et en saluant son choix d’aller en prison plutôt que de céder sur un principe. Ils ont tenté de faire de son cas un référendum sur la liberté d’expression et de la transformer en victime d’un système judiciaire qui serait devenu fou. Miller était présentée comme la femme fatale qui préfère endurer les coups du sort plutôt que de céder sur ses convictions.
Quelles foutaises.
Miller à violé la loi par son obstruction de la justice sur la révélation de l’identité d’un agent de la CIA. Elle méritait d’être punie. Il ne s’agit pas du Watergate où deux journalistes, Woodward et Bernstein, refusèrent de dévoiler leurs sources dans l’affaire du cambriolage du siège du Parti Démocrate, ordonné par le gouvernement. Miller a commis une trahison lorsqu’elle a entendu le nom de Plame dans la bouche de Libby et l’a répété à d’autres, plaçant ainsi d’autres agents de la CIA en danger. Le Premier Amendement ne protège pas les journalistes qui participent activement à un délit.
Désolé, Judy.
Heureusement, l’affaire a attiré une large attention et le public semble avoir compris que Miller ne fait que protéger les tarés de la Maison Blanche. Toute cette pagaille n’est rien de plus qu’une vendetta personnelle menée par le bureau des coups tordus de l’administration Bush. Et personne ne croit au discours pompeux du Times sur l’intégrité journalistique ou la liberté de la presse [ sauf RSF, note du traducteur ]. Tout le monde sait que Miller ne faisait que cacher la vérité pour protéger ses amis puissants.
Depuis le témoignage de Miller, l’enquête s’est recentrée sur Libby, Rove, et le Vice-président Dick Cheney. Mais qu’en est-il de Miller ? Est-elle hors de cause ou peut-elle encore être poursuivie pour complicité ?
Et qu’en est-il de son rôle dans le montage de la guerre en Irak par la diffusion de fausses informations à partir de sources occultes ? N’y a-t-il pas d’article de loi contre de tels agissements ?
Les articles de Miller ont posé les bases de la guerre. Semaine après semaine, elle a monté de toutes pièces les détails de soit disant laboratoires d’armes mobiles, de tubes d’aluminium destinées à des armes nucléaires, d’usines d’armes bactériologiques cachées dans les sous-sols des palaces de Saddam. Tout était faux. La plupart des affirmations erronées qui ont été publiées en première page des journaux aux Etats-Unis ont été rédigées par Miller.
Est-il réellement possible que quelqu’un qui a si grandement contribué à la mort violente de plus de 100.000 personnes s’en sorte comme si de rien n’était ?
A présent, Miller dit qu’elle s’est peut-être trompée sur les ADM de Saddam, mais cela paraît peu vraisemblable. Elle a rédigé au moins cinq articles tonitruants qui remettaient en cause les conclusions des inspecteurs de l’ONU et entraînaient le pays dans l’hystérie de la guerre. Le Times n’a jamais contredit ses affirmations sans fondements ou son parti pris. Au contraire, ils l’ont laissé faire et lui ont accordé la première page pour toutes ses affirmations spécieuses transmises par des transfuges douteux ou des porte-parole du Pentagone. Comme elle l’a avoué plus tard « Je peux faire ce que je veux ».
Oui, elle pouvait.
Mais la question est « POURQUOI ? ». Personne ne risque sa place ou la crédibilité du journal pour une récompense à court terme ou une notoriété passagère. L’étendue des mensonges de Miller impliquent que d’ autres facteurs sont en jeu. Miller, à l’évidence, obéissait à un plan qui dépassaient le cadre de ses ambitions personnelles. Quel était ce plan ? Pour qui travaillait Judy Miller ?
Quelle est sa relation exacte avec la Maison Blanche ? Avait-elle réellement un contact direct avec Donald Rumsfeld ? Etait-elle le canal principal pour diffuser les mensonges qui mobilisèrent l’opinion publique autour du gouvernement ? Si tel est le cas, il nous faut découvrir si elle a reçu une compensation pour son travail ou si elle agissait comme agent au service d’une puissance étrangère. Si Miller a accepté le moindre centime en échange de ses efforts, alors elle ne serait pas protégée par le premier amendement et pourrait être mise en accusation pour un crime.
Enquêtons sur les manoeuvres qui ont mené à une guerre et découvrons si Miller et Sulzberger se sont alliés à la Maison Blanche pour diffuser les mensonges qui conduisirent le Congrès à soutenir la guerre. Voyons si les « faits ont été arrangés pour coller à la politique » dans les salles de rédaction au même titre que dans le bureau Oval. Il y a peut-être un lien entre Miller et ses bienfaiteurs à Washington qui dépasse le simple cadre d’une convergence idéologique.
Le premier amendement n’interdit pas de mener des enquêtes rigoureuses et indépendantes, ni de pointer du doigt les fautifs. Si Miller et Sukzberger faisaient partie d’une conspiration plus large destinée à déclencher des hostilités contre un pays sans défense, nous devons le savoir. La guerre en Irak est le plus grand crime de ce siècle. Nous devons découvrir les coupables et les faire payer.
Mike Whitney lives in Washington state, and can be reached at :
fergiewhitney@msn.com.
– Source :
www.dissidentvoice.org/Oct05/Whitney1022-2.htm
– Traduction : Viktor Dedaj pour Cuba Solidarity Project
Feu Persan - Le directeur de la CIA demande à la Turquie de se tenir prête à une attaque contre l’Iran, Chris Floyd, Kurt Nimmo, 29 décembre 2005.
Irak : Démocratie au phosphore, par Giuliana Sgrena.
– Photos : Falluja
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