Alors qu’au nom de leur crise et de leurs dettes, l’UE, le FMI, les gouvernements aux ordres des grands groupes capitalistes imposent aux peuples de véritables « thérapies de choc » antisociales, un communiqué de la direction confédérale de la CGT fait état des appréciations suivantes, suite à la réunion du 18 août des 5 organisations présentes (CGT, CFDT, FSU, Solidaires, UNSA) :
"Les échanges à cinq ont confirmé des différences d’appréciation quant aux causes de la crise et aux solutions à y apporter…
L’intersyndicale a décidé de demander une véritable concertation sociale (organisation syndicale, patronat, gouvernement) et considère indispensable l’intervention des salariés pour peser….
Cette intersyndicale constitue un bon point d’appui pour la mobilisation de la rentrée et permet aux organisations de la CGT de préparer la mobilisation et de prendre contact partout pour une construction unitaire…"
Ces appréciations illustrent l’impasse à laquelle la stratégie du syndicalisme rassemblé conduit et les risques d’un véritable dévoiement du mouvement social plus que jamais nécessaire : aucune perspective d’action crédible ni analyse sérieuse de la crise du système, aucun objectif revendicatif mais demande d’une "d’une véritable concertation sociale" avec le patronat et le gouvernement (le fameux dialogue entre partenaires sociaux !) : où cela peut-il conduire sinon à de nouvelles défaites et de nouvelles désillusions ?
De leur côté, les classes dominantes disposent leurs forces et leur intervention idéologique, utilisent la stratégie du choc et de l’effroi pour présenter la facture au peuple, que ce soit en matière d’emploi, de pouvoir d’achat, de protection sociale, de services publics ou de fiscalité, comme l’illustre la réduction massive des dépenses publiques utiles ("Règle d’or") que l’Union européenne, Sarkozy et Merkel veulent imposer aux peuples et graver jusque dans les constitutions ! La grande bourgeoisie n’a que du sang et des larmes à offrir et ce qu’elle attend d’un mouvement syndical régulièrement qualifié de "responsable", c’est qu’il conduise les travailleurs à accepter les politiques d’austérité draconiennes.
Dociles, les forces réformistes (syndicales et politiques) considèrent ainsi comme nécessaire la réduction de la dette et donc de la dépense publique utile (santé, enseignement, sécurité sociale …) et de garder "la confiance des marchés financiers", ce qui est le mot d’ordre des classes dominantes ET des forces réformistes.
Garder la confiance des marchés financiers, c’est l’acceptation des plans de rigueur et des reculs sociaux considérables que les institutions officielles du capitalisme ont commencé à appliquer (réforme des retraites) et qu’elles s’apprêtent à aggraver considérablement !
En pleine crise systémique du capitalisme, les forces réformistes accompagnent la politique du pire à l’image de la Confédération Européenne des Syndicats appelant il y a deux ans à « sauver le capitalisme de lui-même » ou de la Confédération Syndicale Internationale qui défend sur les privatisations, l’économie de marché, les relations de travail, la santé, l’éducation et le rôle des organisations internationales les mêmes positions que celles du G-20, de la Commission Européenne et du FMI.
C’est donc tromper le peuple et les travailleurs que de faire croire qu’existe une possibilité de dialogue social, fût-ce en en appelant à "l’indispensable intervention des salariés pour peser".
Il n’y aura pas la moindre avancée sociale sans une remise en cause déterminée de la domination des marchés financiers sur l’économie et la vie politique, sans remise en cause du capitalisme qui n’offre plus aux peuples que la régression sans fin et le pourrissement généralisé.
Pour la CGT et ses militants, pour tous les syndicalistes de lutte, il n’y a donc pas d’autre voie que le travail d’explication en profondeur sur la crise, ses causes profondes, le travail unitaire à la base sur les conditions pour commencer à en sortir. Pas d’autre voie que la construction de puissants mouvements sociaux qui s’en prennent frontalement au système et à sa crise, sans illusion sur le dialogue social ou sur la fausse unité de sommet qui a déjà fait tant de dégâts !
Banksters, nous ne vous devons rien, nous ne paierons pas votre crise !
Le Front syndical de classe
21 août 2011