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Égypte : Al-Sisi osera-t-il commettre le massacre de l’Aïd ? (The Independent)

La Fraternité musulmane refuse de jouer le script mis au point par l’armée.

Aucun général musulman ne voudra entrer dans l’histoire comme l’auteur du massacre de l’Aïd. C’est pourquoi beaucoup d’Égyptiens la nuit dernière soupçonnaient que l’échec autoproclamé de leur soi-disant gouvernement « provisoire » pour mettre fin à la crise avec leurs ennemis des Frères musulmans, pourrait ne pas encore signifier l’effondrement ultime.

Abdul Fatah al-Sisi peut être un générale très satisfait de lui-même, en effet - après tout, il a créé cette merveilleuse administration, avec lui-même comme vice-Premier ministre - mais l’envoi de ses hommes contre des centaines de milliers de fidèles musulmans à la veille de la fête marquant le dernier jour du Ramadan n’est pas susceptible de plaire aux Égyptiens, et encore moins aux Américains qui approvisionnent l’armée avec 1,5 milliard de dollars chaque année.

Bien sûr, cela peut être un peu naïf. Armé - comme il pense l’être - d’un mandat « populaire », le général Al-Sisi pense peut-être pouvoir continuer à répandre les cadavres dans les rues cette semaine. Mais il s’est montré un homme patient, et l’assurance donnée par son gouvernement « provisoire » qu’il était toujours prêt à accueillir une aide internationale pour résoudre le conflit, suggère qu’il n’a pas encore atteint le point de non retour.

Le secrétaire d’État adjoint US, William Burns - un diplomate qui a multiplié les échecs tout le long de sa brève carrière - est peut-être parti, mais les militaires essayent toujours d’absorber la pilule de la description par John McCain de leurs pitreries du 3 juillet, comme un « coup d’État ». Rarement les Frères musulmans avaient obtenu un tel soutien diplomatique américain - et les Qataris sont très frustrés de ne pas avoir été autorisés à rencontrer Mohamed Morsi.

Le problème est que Morsi était le président élu, et quand - apparemment à sa propre grande surprise - il a été renversé par l’armée (ou par la « volonté populaire », selon votre point de vue), ses partisans n’avaient tout simplement aucun plan pour l’avenir, si ce n’est leur exigence que Morsi soit rétabli dans ses fonctions. Donc, ils ont bloqué les rues du Caire. Le général Al-Sisi, après avoir imaginé que la Fraternité se lasserait de cette tactique après quelques jours sous le soleil d’été et quelques mini-massacres, éprouve maintenant l’inquiétude de tous les généraux qui réalisent que leurs ennemis ne veulent pas tenir le rôle qu’ils leur ont attribué.

La Fraternité sait qu’Al-Sisi ne veut pas d’un massacre de masse. Al-Sisi sait que les Américains ne veulent pas d’un massacre de masse. Peut-être une sorte « d’action populaire » peut être organisée - maintenant on y pense - pour chasser la Fraternité au loin et laisser l’armée innocente du sang des Frères musulmans. Après tout, beaucoup des francs-tireurs qui ont abattu les partisans de Morsi ces cinq dernières semaines n’ont pas été identifiés, et il y a aussi de nombreux diplomates étrangers, des ONG et des journalistes qui soupçonnent que cela fonctionne sur une grande échelle.

Donc, qu’est-ce qui est le plus important ? La volonté du « peuple » - ceux qui détestent Morsi - ou la fermeté de la Fraternité pour qui le martyre (souvent dans les prisons égyptiennes) a longtemps été une caractéristique ? Qu’en est-il de la dignité de l’armée égyptienne ? Avant de mettre les voiles à bord de son navire royal - le al-Mahrussa - pour partir en exil en 1952, le roi Farouk se tourna vers les officiers qui l’avait détrôné. « Prenez soin de l’armée », dit-il au général Mohamed Naguib, lequel sera bientôt déposé par le colonel Gamal Abdel Nasser. En Égypte, vous dis-je, tout le monde aime l’armée.

Et l’armée égyptienne s’aime plutôt elle-même. Ses vastes et obscènes investissements dans l’immobilier, la banque et l’industrie en font l’une des plus riches armées arabes dans l’un des pays arabes les plus pauvres. Ce n’est guère dans son intérêt de commencer une mini-guerre dans les rues du Caire. Mais la Fraternité elle-même est pleine d’arrogance, alors que son bilan au pouvoir - avec Morsi comme chef - est peu digne de l’appui du « peuple ».

Il est utile de rappeler à ce moment critique que le gouvernement de Morsi a rejeté le projet d’élections libres pour les syndicats, une des briques de base de toute démocratie. John McCain peut bien parler du coup d’État qui a renversé Morsi, mais il ne pourrait guère prétendre que les Frères sont du côté des travailleurs. Eh bien, tout cela n’est peut-être que de l’eau sous les ponts du Nil ce matin. Mais beaucoup espèrent sans doute que le débat se poursuive et nous verrons bientôt arriver les étrangers pour « sauver » l’Égypte.

Robert Fisk

* Robert Fisk est le correspondant du journal The Independent pour le Moyen Orient. Il a écrit de nombreux livres sur cette région dont : La grande guerre pour la civilisation : L’Occident à la conquête du Moyen-Orient.

http://www.independent.co.uk/voices/commentators/in-egypt-general-alsi...

Traduction : Info-palestine.eu - Al-Mukhtar

»» http://www.info-palestine.net/spip.php++cs_INTERRO++article13832
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