Une fois n’est pas coutume. La côte d’ivoire qui sort progressivement de la crise veut définitivement rompre avec le silence, l’immobilisme. Après ses brillantes participations au top résa en septembre 2007, salon de l’agriculture et salon du tourisme il y a peu en France, elle est de nouveau sur la scène internationale.
Répondant à sa volonté de promouvoir l’art ivoirien, le ministères du tourisme et de l’artisanat, le ministère du commerce et la cellule économique de la présidence participent actuellement à l’édition 2008 de la foire de Paris qui se tient du 30 avril au 12 mai prochain à la porte de Versailles. Placée cette année sous le signe de la Passion, celle qui inspire ses trois univers dédiés à la maison, aux loisirs et aux cultures du monde, la foire de paris est le lieu d’un véritable élan, une réelle exaltation, amour et désir intense mais aussi plaisir et volupté. Venus des cinq continents chaque année, ils sont plus de 670 000 personnes à faire le déplacement dans la capitale française pour vivre ce moment d’intense plaisir.
Logés au pôle Culture du monde, hall 4 sur le stand D14/16, ils sont venus de tous les coins de la Côte d’ivoire présenter leur savoir-faire. Le Yalanka de Pierre Achy, N’kuma Créations de Maferima Sylla, le centre artisanal de la ville d’Abidjan (Cava), Mati boutique de miss Bilé, l’école de formation professionnelle de Michèle Yakice, le GVC des Potières de Tanou Sakassou, le styliste, modéliste, Cissé Saint Moïse également conseiller spécial du ministre Sidiki Konaté et enfin, la lauréate de l’édition 2007 du prix label pour la reconnaissance d’excellence Unesco pour l’artisanat en Afrique de l’ouest, l’ivoirienne Diaby Ouattara Massiamy, présidente de l’Ong Myrya-Gnouma, fondatrice du centre artisanal Suleïn Mode spécialiste de décoration- couture- teinture- tissage- montage de perles- recyclage d’objets…
Mais si la présence de ces artisans à la foire de Paris peut constituer un temps fort dans leur cheminement artistique, une opportunité de partager avec le public parisien le caractère exceptionnel de leurs créations et l’originalité de leur contribution à une activité manuelle liée à la transformation de la matière, c’est aussi l’occasion de relever d’autres défis. « J’appartiens à une coopérative de 24 artisans de la poterie. Nous sommes basés à Tano sakassou à 10 km de Bouaké sur l’axe Est. Pendant la guerre, nous étions abandonnés. N’eut été le soutien de la Licorne on perdrait tout » nous a confié, monsieur Gada Yao julien du Gvc Tano Sakassou, assis sur un tabouret, le temps d’une démonstration de fabrique d’un saladier à l’aide d’un bol d’argile. Et d’ajouter « pour cette foire, nous n’avons obtenu les visas que le lundi 28 avril. Dans la précipitation, il fallait prendre l’essentiel et surtout qu’il ne fallait pas avoir plus de 46kg, on ne pouvait qu’emporter des objets de petites dimensions et pas lourds. Ce qui fait qu’on a l’impression que nous ne savons pas réaliser des choses d’envergure, impressionnantes. Ajouter à la fragilité de nos oeuvres il est évident qu’en arrivant ici, on perd la moitié de nos produits » et de terminer « je souhaite que nos autorités nous prennent au sérieux. Pour de telle rencontre, il aurait fallu que nos produits arrivent par bateau et un mois à l’avance afin que nous constations ce qui est cassé et qu’en venant nous pouvons remplacer. Cela nous permet d’envoyer le maximum de nos oeuvres dans leur diversité. »
Un message qui n’est pas rentré dans les oreilles de sourd quand on sait que le premier responsable de ce métier, Sidiki Konaté a placé son mandat ministériel sous le signe de l’innovation et la promotion de l’excellence. Une mission prise au sérieux par la représentation du bureau du tourisme de la rue Suchet à Paris mais qui à son tour est confronté à des difficultés financières. Espérons que le dénouement de la crise arrive rapidement et nous ouvre l’ère de la croissance.
Car comme le dit l’économiste Marc Touati « le véritable moteur de l’économie réside dans l’innovation. C’est effectivement grâce à cette dernière qu’en dépit de ses limites physiques, le monde peut croître de matière durable. C’est d’ailleurs grâce aux révolutions technologiques que la croissance de la planète peut continuer de s’améliorer et de se diffuser au plus grand nombre. Ainsi, la dernière révolution technologie a résidé dans les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, aujourd’hui nous entrons dans l’ère des Nouvelles Technologies de l’Energie et des Nanotechnologies. »
Mais, au-delà de la croissance, n’oublions pas que le but de l’économie réside dans la création d’emplois et par là même, dans le pouvoir d’achat et le bien-être des populations.
Philippe KOUHON
