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Doit-on privilégier Johnny à l’idée ?

Moi aussi j’aimais bien Johnny. Moi aussi je suis triste que cette grande voix de la chanson française soit disparue. C’est un énorme interprète qui nous a quitté. Il m’a accompagné de l’enfance à la retraite, c’est dire.

Mais que toutes les chaînes de télé diffusent en continu des hommages et des rétrospectives de ses entrevues et de ses concerts, n’est-ce pas en faire un peu trop ? Que le président de la République le qualifie de héros français, n’est-ce pas abusif ? Ou la notion de héros serait-elle galvaudée ? Pourquoi ne pas décréter trois jours de deuil national ? Il y a même une pétition qui circule pour le faire entrer au Panthéon ! Il semblerait que la déraison ait envahie bon nombre de cerveaux et que quiconque ne fonde pas en larmes et ne tarisse pas d’éloges sur le défunt soit immédiatement cloué au pilori. Alexis Corbière en a fait les frais après un tweet où il soulignait, en même temps que la triste nouvelle, qu’il y avait d’autres sujets à l’ordre du jour, comme la menace de non-revalorisation du SMIC, qui méritaient que l’on s’y intéresse.

Si Johnny est aujourd’hui au centre de l’actualité, se souvient-on qu’hier seulement un grand homme de lettre nous a quitté ? Grand bien lui a pris de ne pas mourir le même jour car il serait passé aux oubliettes de la postérité sans autre forme de procès. Jean d’Ormesson, académicien, homme de droite assumé, au regard pétillant, au sourire moqueur et au verbe coloré, nous laisse un héritage culturel bien plus important que celui d’un interprète de chansons de variété, aussi talentueux soit-il. N’en déplaise aux fans de l’idole des jeunes.

Mais ce n’est pas tout. Ne s’est-il donc rien passé dans le monde aujourd’hui qui ne mérite le moindre petit temps d’antenne ? Non, trois fois rien. Simplement que Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël, ce qui risque, une nouvelle fois, d’embraser le proche orient mais c’est vrai, c’est loin. Et puis, quelques morts de plus, après tout, ce n’est pas grave.

A ce rythme là, on peut craindre le jour où Rocco Siffredi va casser sa pipe car si les télés nous diffusent ses films pendant toute une journée, les urgences risquent de regorger de cas de priapisme !

Jean-Michel HUREAU

COMMENTAIRES  

07/12/2017 19:01 par Assimbonanga

Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël  ? Même cette façon de parler semble emportée par le flot tumultueux du torrent macronien. Ne faudrait-il pas dire "Trump impose Jérusalem comme capitale d’Israël" ?
On ne sait pas où ce flot de louanges et de courtisanerie incrusté dans les médias va nous entraîner. Les assurés sociaux seront soumis à des contrôles renforcés et, dans le même temps, les entreprises se voient gratifiées d’un "droit à l’erreur", douce idée susurrée à l’oreille du chef par la FNSEA, si mes souvenirs sont exacts. Le Smic battu en brèche, voilà la dernière bonne idée : n’est-elle pas venue d’extrême-droite ? Ce que subit le code du travail est aujourd’hui un ouragan tropical.

08/12/2017 10:09 par pierreauguste

Je propose,après leur avoir demandé,que l’on fasse une manif,au hasard en descendant les champs Élysées,en poussant une chaise roulante sur laquelle seraient assises, bien emmitouflées, toutes les personnes âgées qui pâtissent ,et pas qu’un peu,des exilés fiscaux ,et autres profiteurs du service public.....
Merci Assimbonanga.....

08/12/2017 12:16 par Assimbonanga

Heureusement, le hasard réserve de divines surprises : Emmanuel Macron, né en 1977, 39 ans a fait ses études au lycée catholique de la Providence à Amiens. François Ruffin, né en 1975, 42 ans, a été scolarisé au collège-lycée jésuite La Providence d’Amiens. Et l’un est l’antidote de l’autre !
Pendant que Macron s’apprête à un sacre médiatique sous le drap mortuaire de Johnny, François Ruffin recueille une adhésion populaire des clubs de foots de tout le pays (j’ai un thermomètre pour ça) : https://www.youtube.com/watch?v=rHLSXX0pslk
A ce qu’il paraît que Ruffin a écopé d’une amende de 1300 €. C’est très bien. C’est très bien.

08/12/2017 12:18 par Assimbonanga
08/12/2017 20:19 par Geb.

Ouais, D’Ormesson nous laisse certainement un héritage culturel bien plus assumé en tant que tel que Jean-Philippe Smet.

Mais à ce titre on pourrait dire que Brasillach ou Céline étaient aussi de grands poètes et auteurs. Qu’ils aient été fusillés pour collaboration et incitation au génocide ne m’a jamais pourtant tiré une larme. Ni ne m’a empêché de lire et apprécier certaines de leurs oeuvres. Et s’ils n’avaient pas existé ça n’aurait pas été si mal selon moi.

De plus si je mesure le degré d’enfumage et les dégâts collatéraux des précités je pense que leur oeuvre a certainement bien plus contribué à l’enfumage des masses que toute la personnalité et toutes les oeuvres du sieur Johnny, même évadé fiscal ou soutien d’un Sarkozy.

Que D’Ormesson ait été un grand admirateur d’Aragon ou d’Eluard, qu’il ait déjeuné régulièrement avec Mitterrand ou Mélenchon, ne change rien pour mon compte à toutes les causes pourries, anti-révolutionnaires et anticommunistes primaires, qu’il’ a soutenue durant toute sa vie sous la protection de la bannière de son aura littéraire ou de son canard puant.

Ou bien vous pensez que Jean Ferrat ignorait tout de l’Oeuvre littéraire du ci-devant D’Ormesson lorsqu’il a écrit "Un air de Liberté".

Pour mon compte Jean d’Ormesson aimait bien et certainement les "Communistes" ou "Socalistes". Il a d"ailleurs dévoilé vers la fin son appréciation des intellectuels de gauche. Je sais que ça en fait bander quelques-uns mais j’aurai pu à la rigueur apprécier qu’il cite aussi Duclos, Thorez, ou Pierre Georges parmi ses préférences. Et surtout qu’il dise pourquoi il avait été l’allié des pires anticommunistes tout au long de sa vie pour en encenser certains et pas d’autres à la fin.

Il devait "aimer" les Communistes, mais de préférence "morts" ou "neutralisés" par la gloire. ?

09/12/2017 07:38 par pierreauguste

"De plus si je mesure le degré d’enfumage et les dégâts collatéraux des précités je pense que leur oeuvre a certainement bien plus contribué à l’enfumage des masses que toute la personnalité et toutes les oeuvres du sieur Johnny, même évadé fiscal ou soutien d’un Sarkozy."
J’aimerai savoir l’influence de ces personnalités sur les masses !!!!! Par contre pour l’exemplarité et autres avatars fiscaux,textes débiles,étalage de fric et j’en passe....

09/12/2017 07:38 par pierreauguste

"De plus si je mesure le degré d’enfumage et les dégâts collatéraux des précités je pense que leur oeuvre a certainement bien plus contribué à l’enfumage des masses que toute la personnalité et toutes les oeuvres du sieur Johnny, même évadé fiscal ou soutien d’un Sarkozy."
J’aimerai savoir l’influence de ces personnalités sur les masses !!!!! Par contre pour l’exemplarité et autres avatars fiscaux,textes débiles,étalage de fric et j’en passe....

09/12/2017 11:21 par Autrement

Non, Johnny n’a pas besoin d’être sacrifié à quelque idée que ce soit : il est bien là où il est.
D’Ormesson écrivain ? Très largement surfait : mondain, superficiel, causeur télévisuel, c’est la tasse de thé de quelques vieilles dames très dignes.
Mais Céline (évoqué par Geb) est, lui, un écrivain immense.
Médecin des pauvres autant que styliste haletant. C’est d’un autre ordre.
S’il a jeté le reste de sa vie aux ordures, cela ne regarde que lui.
Rien que pour Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, on peut dire qu’il est lui-même mort au champs d’honneur de la littérature.

09/12/2017 18:40 par bostephbesac

Ca, les médias n’ en parle pas (ou le cache au fin fond de leur "quotidien") : sur L’ Est Républicain de vendredi, le "sondage du jour" était intéressant : 52% des votants étaient contre l’ hommage national à Johnny, et seulement 41% pour (le reste sans avis) . Et bien, cela recoupe un sondage semblable sur mesopinions.com . Johnny, l’ idole de tous, vraiment ?

09/12/2017 19:22 par irae

Pourquoi me revient en mémoire ce vrai généreux fils de rien élevé par une mère seule tellement émouvant et promoteur des solidarités honteusement sali par des humoristes au rabais lors d’une récente émission du "service public" et non moins enarques issus de milieux privilégiés et que je regrette tant de n’avoir pas croisé de son vivant. J’ai nommé MICHEL COLUCCHI dit COLUCHE.Pour qui on en n’a pas fait des caisses. Question d’époque.

09/12/2017 19:49 par Geb.

@pierreauguste.

"paroles débiles"...

Pourtant si D’Ormesson avait écrit ce genre de paroles j’aurai peut-être été tenté de lui pardonner. ((- :

Je suis le fils de Lucifer
Seigneur et maître de la Terre
Je sème la mauvaise parole
Quand vous pleurez, moi, je rigole

J’ai mis K.O. mon challenger
Le jeune hippie de Bethléem
Qui se battait avec des fleurs
Vous l’avez démoli vous-mêmes

Vous êtes mes humbles serviteurs
Soyez maudits en ma demeure !

Veau d’or, vaudou
Je suis la raison du plus fou
Vaudou, veau d’or
Je suis la folie du plus fort

Je vous fabrique vos idoles
Je vous divise et je vous arme
Vous avez besoin de pétrole
Et moi de sang, de sueur et de larmes
..........................................................

J’ai inventé tous les drapeaux
Pour ne vous mettre jamais d’accord
Quand vous vous faites trouer la peau
Je dis "Bravo", je crie "Encore !"
Vous êtes mes humbles serviteurs
Soyez maudits en ma demeure !
Veau d’or, vaudou
Je suis la raison du plus fou
Vaudou, veau d’or
Je suis la folie du plus fort.

En 1973, en pleine guerre du Vietnam et les bombardements en tapis au Nord. Album "La Peur".

Je pense que Johnny aurait pu imaginer D’Ormesson, (Ca m’étonnerai cependant qu’il en ait même entendu parler, ça n’était pas son créneau), ou un de ses semblables quand il parlait "du fils de Lucifer qui semait la mauvaise parole". Ce que le susdit D’Ormesson a réalisé pleinement avec son canard "Le Figaro" durant des décennies. Et quand je mesure aujourd’hui les dégâts collatéraux chez ceux qui alors étaient prétendument l’"intelligentsia" française, y compris ceux qui stigmatisaient ce "canard réac et puant", je le rejette encore plus.

Bon, je n’irai pas plus loin, à ce jour j’ai une indigestion morbide de Johnny Hallyday.

Mais je dois quand même remercier J. Ph. Smet : Il nous évité, (A son corps défendant), de nous farcir le même cirque avec D’Ormesson en vedette.

Cela aurait été carrément insupportable.

09/12/2017 21:46 par Rey

GEB : Oui, d’ Ormesson a défendu de mauvaises (très mauvaises !) causes. Non, Céline ne fut pas fusillé, contrairement à Brasillach , éxécuté le 6 février 1945 (comme au moins 2 autres écrivains collaborationnistes : Paul Chack et Georges Suarez ).

10/12/2017 07:55 par pierreauguste

"Que je t’aime" durant des minutes ou "allumer le feu" idem ça me laisse plus froid que :" aimer à perdre la raison ,aimer à n’en savoir que dire,à n’avoir que toi d’horizon et ne connaître de saisons....
Peut-être quelques textes écrits par d’autres....Oh cher Geb si tu savais....

10/12/2017 10:04 par Assimbonanga

Ce qui est ballot c’est de nommer "diable" ce qui est le capitalisme et la cupidité humaine en général... Les adeptes de Johnny qu’on a vus hier dans les télés me semblent bien perchés. Peut-on, par exemple, être communiste et fan de Johnny ? Ça me paraît difficile de concilier raison critique et foi du charbonnier. Cette évaporation sentimentale, cette fuite dans l’irrationnel, me frappent.
Les obsèques de Johnny ont marqué la journée d’hier. On se sent un peu poisseux après ça surtout au niveau de la célébration religieuse, même si on a décroché pour vaquer à ses occupations pendant l’office. J’ai quand même écouté Philippe Labrot : un réac de première qui a manqué du tact le plus élémentaire.
C’était un peu indécent de mettre des caméras au-dessus des membres de la famille et alliés. Certains gros plans sont plus gênants qu’autre chose. On se dit que les riches sont comme nous, aussi démunis dans certaines situations, sauf qu’ils sont riches. Hier le gratin était dans la Madeleine.

10/12/2017 11:42 par François

Je suis vraiment étonné de l’engouement suscité par ce non-evenement sur LGS.
Tout etait tellement previsible, le plus gros produit marketting de la musique en France décède, certains aimaient ses chansons, d’autres non, sa mort est récupérée par les medias et les politiques pour participer a l’ecran de fumee permanant des medias.
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10/12/2017 12:43 par cunégonde godot

Rey :
GEB : Oui, d’ Ormesson a défendu de mauvaises (très mauvaises !) causes. Non, Céline ne fut pas fusillé, contrairement à Brasillach , éxécuté le 6 février 1945 (comme au moins 2 autres écrivains collaborationnistes : Paul Chack et Georges Suarez ).

En plus de n’être qu’un écrivaillon de troisième zone...

10/12/2017 14:55 par Assimbonanga

" l’engouement suscité par ce non-evenement sur LGS" ? Moi, je me sens concernée par le souvenir d’une époque où plein de gens de mon milieu "suivaient" Johnny, aimaient Johnny, et allaient au concert sous un chapiteau dans un patelin du coin.
J’ai suivi en direct, avec dévotion, les obsèques de Jean Ferrat. Celle de Johnny, je les ai suivies avec curiosité. Ce n’est pas la même motivation. J’ai de l’intérêt pour ce qui est du peuple, peuple dont j’ai toujours fait partie. Ces gens dans la foule, il me semble les connaître personnellement. Je ne sais pas me montrer aussi confiance, idolâtre. Je me demande comment ils font tomber les barrières intellectuelles pour parvenir à cette transe collective. C’est un mystère.
Ils ont l’intelligence du cœur, faiblesse trop facilement récupérable par les opportunistes. Jusqu"à quel point ? C’est ce que je voudrais sonder.

10/12/2017 22:06 par Geb.

@ Rey.

Il me semblait qu’il avait été condamné comme Brasillach. Et en fait il a été aussi amnistié grâce à un tour de passe-passe douteux de son avocat Tixier-Vignancourt.

Merci pour la mise au point. On en apprend à tout âge.

10/12/2017 22:52 par François

« J’ai de l’intérêt pour ce qui est du peuple, ». Merci mais on a tous de l’interet pour le peuple et je ne crois pas que cette foule soit representative du peuple. Cette communion n’a rien d’étonnant ni d’enviable, c’est de l’abrutissement collectif pour bobos pas si bas que ça dans l’echelle sociale (cf prix moyen d’un billet pour ce genre de concert). Mes potes qui bossent a l’usine n’en ont rien à foutre non plus. Qui se ressemble s’assemble.

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