"L’Occident se comporte avec le monde musulman comme un singe avec une grenade", a écrit sur son compte Twitter Dmitri Rogozine, en charge du complexe militaro-industriel.
La Russie, puissante et fidèle allié du pouvoir syrien a déjà prévenu mardi qu’une intervention militaire aurait des conséquences "catastrophiques" pour les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déploré lundi "les conséquences graves des interventions précédentes" occidentales dans la région en citant à titre d’exemple le gouvernement de Libye "qui ne contrôle pas la majorité du territoire" et l’Irak "où des dizaines de personnes meurent tous les jours dans des attentats sanglants".
Damas a les moyens de repousser une attaque occidentale
Une possible intervention occidentale en Syrie n’apportera pas une "victoire facile" car la Syrie dispose de systèmes de défense antiaérienne pour repousser des attaques, a pour sa part affirmé mardi une source russe citée par l’agence Interfax.
"Si l’armée américaine avec l’Otan lance une opération contre la Syrie, ce ne sera pas une victoire facile", a déclaré une source militaro-diplomatique.
"Les systèmes de missile multifonctionnels sol-air Buk-M2E et d’autres moyens de défense antiaérienne que possède l’armée syrienne vont assurer une réponse appropriée aux agresseurs", a ajouté cette source.
Elle a indiqué que la Syrie possédait actuellement jusqu’à 10 batteries de tels systèmes multifonctionnels.
Les missiles Buk sont un système antiaérien polyvalent mobile russe de moyenne portée entré en service en 1979. Il est destiné à la défense de forces terrestres et de points vitaux (ponts, centre de communication, centrale électrique, etc).
Hagel : "Nous sommes prêts à y aller" si Obama le décide
Plusieurs capitales occidentales menées par les États-Unis brandissent le spectre de la guerre contre la Syrie en réponse à une attaque chimique présumée perpétrée près de Damas qui a fait plusieurs centaines de morts.
Dans ce contexte, le secrétaire à la guerre Chuck Hagel, a déclaré mardi à la BBC l que les forces armées américaines sont "prêtes" pour une action militaire en Syrie si le président Barack Obama donne son aval, accusant Damas d’avoir "utilisé des armes chimiques".
"Nous sommes préparés. Nous avons positionné des éléments capables de répondre à toute option choisie par le président", a déclaré Chuck Hagel. "Nous sommes prêts à y aller", a lancé le chef du Pentagone, actuellement en tournée en Asie du sud-est.
Syrie : le Royaume-Uni prépare des plans dans l’éventualité d’une frappe militaire
De son côté, le Royaume-Uni a dit préparer des plans dans l’éventualité d’une frappe militaire en réponse à l’usage présumé d’armes chimiques en Syrie.
"Aucune décision n’a été prise pour l’instant. Nous continuons à discuter avec nos partenaires internationaux de ce que la réponse appropriée doit être mais, dans ce cadre, nous préparons des plans militaires pour le cas échéant", a indiqué le porte-parole du Premier ministre David Cameron.
"Nous annoncerons plus tard dans la journée si oui ou non il y aura une convocation anticipée (du Parlement) pour discuter de ces questions", a-t-il poursuivi.
David Cameron, qui a écourté ses vacances et se trouvait mardi à Downing Street, a multiplié ces derniers jours les coups de fil, discutant notamment avec les présidents russe Vladimir Poutine, américain Barack Obama et français François Hollande.
Le Premier ministre britannique doit présider mercredi une réunion du Conseil national de sécurité, composé de ministres et de responsables militaires, convoquée en urgence à propos de la Syrie.
Londres "n’essaie pas de renverser" le régime syrien (numéro deux du gouvernement)
Par ailleurs, le vice-Premier ministre britannique, Nick Clegg a déclaré mardi que son pays "n’essaie pas de renverser" le régime syrien.
"Si nous restons là à ne rien faire (...), des dictateurs et des chefs d’Etat brutaux auront le sentiment qu’ils peuvent avoir recours impunément à des armes chimiques à une échelle de plus en plus grande à l’avenir. Ce que nous envisageons est une réponse sérieuse à cela", a déclaré M. Clegg à la BBC et à la chaîne de télévision Sky News.
Mais "nous n’envisageons pas un changement de régime, nous n’envisageons pas d’essayer de renverser le régime d’Assad", a-t-il souligné.
Selon lui, le Royaume-Uni agirait dans un cadre "légal" et prendrait des "mesures proportionnées et spécifiques pour (...) envoyer un message clair selon lequel l’utilisation d’armes chimiques de nos jours est tout simplement intolérable".
La population britannique opposée à la guerre
Cependant, l’idée d’une intervention militaire en Syrie suscite l’hostilité de la population britannique, selon un sondage YouGov paru dimanche : 74% des sondés sont opposés à l’envoi de troupes et 66% désapprouvent la fourniture d’armes aux rebelles anti-Assad, tandis que 77% se prononcent pour l’envoi d’aide humanitaire aux civils.
A l’inverse l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui avait engagé son pays dans la guerre en Irak en 2003, estime qu’"il faut agir" en Syrie, dans une tribune publiée mardi dans le journal The Times.
"Nous savons ce qui se passe en Syrie, nous savons qu’il ne faut pas laisser cela se produire", ajoute Tony Blair, évoquant "une agression contre les civils inédite depuis les heures sombres de Saddam" Hussein.
"La France prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents"
Même son de cloche pour la France. Le président François Hollande a affirmé mardi que son pays était "prêt à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents" en Syrie.
Lors d’une déclaration de politique étrangère à Paris, Hollande a avancé comme prétexte "la responsabilité de protéger les civils".
"Aujourd’hui, notre responsabilité est de rechercher la riposte la plus appropriée aux exactions du régime", a ajouté Hollande martelant que "le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse".
"Cette guerre civile menace aujourd’hui la paix du monde", a-t-il estimé, notant que "le conflit se propage désormais à l’ensemble de la région, au Liban par des attentats, en Jordanie et en Turquie par l’afflux des réfugiés, en Irak par le déchaînement de violences meurtrière.
"J’ai décidé d’accroître notre soutien militaire à la coalition nationale syrienne" (opposition), a aussi dit le président sans autre précision.
Décision "dans les prochains jours"
"Il y a des moments où cette responsabilité est lourde : engager ou ne pas engager la France, agir ou ne pas agir, décider ou ne pas décider, intervenir ou laisser faire, une fois encore cette question revient ou va revenir dans les prochains jours", a ajouté Hollande devant les ambassadeurs français.
"La France a décidé d’exercer partout sa responsabilité, pour elle-même et pour le reste du monde", a-t-il encore dit.
Peu auparavant, une source proche de la présidence française, a déclaré que " la France ne se dérobera pas à ses responsabilités" en Syrie.