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Nous n’avons d’autre choix que la victoire !

Discours du Président syrien devant le nouveau Parlement élu le 13 avril 2016 [Texte intégral]

Dicours du 7 juin 2016 du Président Bachar al-Assad devant le Parlement. Au centre : Mme Hadiya Abbas, Présidente de l’Assemblée nationale. A sa droite, M. Rami Saleh et, à sa gauche, M. Khaled Abboud, Secrétaires de l’Assemblée.

Pour commencer, je vous présente, ainsi qu’à tout le peuple syrien, mes meilleurs vœux pour ce mois béni en espérant qu’au prochain Ramadan, la Syrie se sera rétablie.

[Applaudissements]

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs,

Ce n’est pas la première fois que je me tiens à cette tribune, suite à des échéances électorales ayant conduit à la formation d’un nouveau parlement, pour féliciter ses membres élus députés et porte-paroles du peuple dont ils ont gagné la confiance et lequel leur a accordé l’insigne honneur d’une telle responsabilité nationale.

Mais cette fois-ci, la situation est très différente, car ces élections n’étaient pas des élections ordinaires. Elles sont arrivées à un moment de grandes tensions territoriales et politiques, régionales et internationales. Elles sont arrivées dans des conditions intérieures extrêmement difficiles ayant amené certains à prédire leur échec et qu’au meilleur des cas, elles seraient boudées par les citoyens.

Mais ce qui est arrivé fut l’exact opposé. Une fois de plus, le peuple syrien a surpris le monde par sa large participation à l’une des importantes échéances nationales et constitutionnelles. Le taux de participation, sans précédent, est un message clair disant au monde que plus les pressions augmentent, plus le peuple tient à son indépendance ; plus les tentatives d’ingérence extérieure s’intensifient, plus le peuple tient au respect des échéances dictées par sa Constitution, garante de son indépendance et levier de la stabilité.

Une détermination nationale qui s’est traduite également par le grand nombre de candidats à ces élections, lesquels ont ainsi témoigné de leur discernement et de leur patriotisme.

Et c’est aussi un important message pour vous, les députés de ce peuple, car cette participation sans précédent en dépit des circonstances, en dépit de toutes les menaces et de tous les dangers, vous charge d’une responsabilité extraordinaire envers les citoyens qui ont mis leurs espoirs entre vos mains pour que vous les protégiez par votre travail honnête et constant, lequel devra être à proportionnel à leur confiance et à l’ampleur des défis imposés à la Syrie.

Tout comme ces élections furent inhabituelles et le taux de participation sans précédent, ce Conseil se trouve être lui aussi différent de tous les autres ; les électeurs, qui votent habituellement pour ceux censés les représenter, ont témoigné de leur grand sens des responsabilités, de leur haut niveau de compréhension des nouvelles réalités et de leur conscience de l’importance des sacrifices consentis, en votant non seulement pour des candidats venus de leurs secteurs, mais aussi pour des candidats venus du fin fond de la souffrance et du summum de la générosité.

C’est ainsi que votre Conseil d’aujourd’hui inclut, pour la première fois, le blessé qui a sacrifié un morceau de son corps pour que le corps de la patrie reste entier ; la mère du martyr, son père, sa sœur, lesquels ont vu leurs proches sacrifier leur vie pour que la Syrie demeure ; le médecin compatissant avec la détresse économique de ses concitoyens qui a respecté la noblesse de sa profession en les soignant gratuitement ; l’artiste qui a pris les armes pour défendre sa terre et son honneur.

C’est aussi un Conseil où s’élèveront davantage les voix des femmes, des jeunes, des diplômés de hautes études universitaires et de ceux qui ont contribué, de leurs propres finances, à la défense de leur patrie et de leur peuple.

Je rappelle ces quelques cas, mais il en existe beaucoup d’autres. Je ne les citerai pas tous. Chacun d’entre vous a été élu par le peuple pour qu’il porte sa voix, le défende et le protège. Faisons en sorte que le but, la méthode et la boussole de notre travail, en tant que personnes responsables au sein des différentes institutions, soient de travailler pour les autres, non pour nous-mêmes, exactement comme l’ont fait le blessé, le martyr et tous ceux qui se sont sacrifiés et qui continuent, chacun d’entre nous à la place qu’il occupe et en fonction de la responsabilité qui est la sienne. Sans cette boussole, la Syrie ne pourra pas sortir de ce qu’elle traverse. Sans cette boussole, il n’y aura pas de place pour progresser ; pas de place pour accomplir ; pas de place pour des idées innovantes et créatives, lesquelles seraient sans valeur même si elles existaient déjà.

Quand nous pensons et agissons honnêtement et sincèrement d’abord dans l’intérêt d’autrui, non du nôtre, nous éliminons les obstacles dus à la corruption et à la mauvaise gestion. Il devient alors possible, et même certain, de faire face aux défis engendrés par la guerre et de confondre le négligent, le corrompu, le dévoyé, lesquels ne peuvent plus compliquer la situation par les raisons personnelles qui les motivent.

Quand nous pensons et agissons honnêtement et sincèrement d’abord dans l’intérêt de la patrie, non du nôtre, votre contrôle de l’Exécutif devient effectif et efficace, capable d’évaluer ses performances afin de servir le citoyen. Et c’est ce que tout le monde attend de votre Conseil.

Mesdames et Messieurs,

La responsabilité nationale qui repose sur vous, aujourd’hui, arrive à un moment où le monde entier vit des circonstances exceptionnelles en raison des conflits internationaux, essentiellement dus aux tentatives de l’Occident de conserver sa position dominante à n’importe quel prix. Cet Occident qui refuse toute coopération avec n’importe quel autre État, ou groupe d’États, comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort pour lui.

Ces conflits internationaux ont engendré des conflits régionaux entre des États cherchant à préserver leur souveraineté et leur indépendance, et des États travaillant à servir les intérêts des autres, même si cela nuit aux intérêts de leur peuple.

Des conflits qui se sont directement répercutés sur notre région en général, et sur la Syrie en particulier, compliquant une situation déjà compliquée. Mais tout ce qui précède ne nous dédouane absolument pas, nous Syriens, de notre responsabilité dans ce qui se passe, car si notre « maison » avait été forte, solide, solidaire, exempte de corruptions et de trahisons dans certains de ses recoins, les choses n’en seraient pas arrivées là où elles sont actuellement.

Des conflits sur trois niveaux –international, régional et local- qui se sont clairement répercutés sur le processus politique se déroulant à Genève. Et entre l’international et le régional s’est glissé le groupe d’individus, portant la nationalité syrienne, ayant consenti à servir de marionnettes tantôt aux plus arriérés des États, tantôt à des États rêvant de recoloniser les pays de notre région, même par procuration.

Mais face à ces traitres, il y a le groupe des Syriens patriotes, loyaux à l’égard des sacrifices de nos martyrs et de nos blessés, cherchant à travers l’action politique à préserver leur terre et l’indépendance des décisions de leur patrie.

Ce n’est plus un secret pour personne que depuis le tout début des événements, la quintessence même du processus politique imaginé par les États soutenant le terrorisme régional et international est d’anéantir le concept de patrie en frappant, sans relâche, notre Constitution par toutes sortes d’initiatives visant à l’écarter de son champ d’action et à la figer sous diverses terminologies, notamment ce qu’ils désignent par « période de transition ».

Et évidemment qu’en visant la Constitution, ils espèrent démolir les deux principaux piliers de n’importe quel État. D’abord, les institutions en commençant par l’Armée qui défend la patrie et garantit la sécurité du peuple, contre laquelle ils se sont particulièrement concentrés depuis le début et au cours de toutes les discussions sur l’avenir de la Syrie et de ses institutions. Ensuite, l’identité nationale partagée par les diverses composantes ethniques et religieuses, sur laquelle ils se sont focalisés à partir du moment où ils ont compris qu’elle était au fondement de la résilience de la patrie.

Une fois que leur « plan terroriste » a échoué malgré toutes les destructions et les massacres qu’il a perpétrés, ils ont acquis la conviction que l’essentiel de leur « plan politique » pouvait encore se concrétiser par l’attaque de la Constitution. En effet, leur plan initial consistait à faire en sorte que le terrorisme domine complètement le pays en lui accordant une prétendue qualité de « modération », puis une couverture de « légitimité » décidée évidemment par l’étranger, ce qui installerait un chaos absolu imposant comme seule issue une Constitution ethnique et confessionnelle nous transformant d’un peuple attaché à sa patrie en groupes rivaux attachés à leurs sectes et appelant à l’intervention des étrangers contre les leurs.

Ce que je dis est évident. Je ne vous apprends rien de nouveau. Si nous regardons à notre Est et à notre Ouest, les expériences confessionnelles parlent d’elles-mêmes. Nul besoin de réévaluer cette question après des décennies d’expérimentations équivalentes dans notre région.

Le système confessionnel transforme les enfants d’une même patrie en adversaires et en ennemis, auquel cas chaque partie recherchera des alliés ; lesquels, en l’occurrence, ne se trouveront pas en Syrie, mais à l’étranger. En effet, une relation construite sur la suspicion, le ressentiment et la haine ne trouvera ses alliés qu’à l’étranger. C’est alors que les États colonialistes se présenteront en protecteurs de tel ou tel groupe et que leur ingérence dans les affaires du pays en question trouvera sa justification et sa légitimité. Puis, une fois que leur plan de partage sera bien ficelé, ils passeront à l’étape de la partition.

D’où la progression constante de la terminologie sectaire dans les discours politiques des États régionaux ou internationaux parrainant le terrorisme, censée consolider leur plan et consacrer leur concept de partition, une partition rendue inévitable et même indispensable en tant qu’unique solution pour les Syriens en quête de paix.

C’est pourquoi, ils véhiculent ce concept d’abord à l’étranger, de telle sorte que les gouvernements et les politiciens du monde acquièrent la conviction que la seule solution passe par une Constitution confessionnelle, étant donné que nous serions en guerre civile due à la grande diversité ethnique et confessionnelle de notre région qui ferait que nous ne pouvons plus vivre ensemble. Ensuite, ils exerceront leurs pressions sur nous pour que nous acceptions leur logique et, qu’à notre tour, nous devenions convaincus que nous ne pourrions vivre ensemble qu’à travers la Constitution qu’ils nous proposent.

D’ailleurs, ils nous disent : « Vous voulez l’unité de la Syrie ? Mais c’est bien sûr, tous les pays du monde sont pour l’unité de la Syrie ! ». Plus trivialement, c’est le morceau de sucre censé apaiser notre faim d’une Syrie unie et indivisible.

Or, comme nous le savons tous, l’unité ne commence pas par la géographie, mais par l’unité des citoyens, car quand les citoyens d’une même patrie sont divisés, la partition géographique devient une question de temps et aura lieu au moment qu’ils jugeront opportun.

Mais, puisque nous ne leur permettrons pas d’emmener la Syrie dans cette direction pour la précipiter dans l’abîme, nous avons proposé dès le début de Genève 3 un document fixant les « principes » sur lesquelles devraient se fonder les discussions avec les autres parties. Je crois que vous devez tous vous demander quelles sont ces autres parties, vu que jusqu’ici nous n’avons négocié qu’avec le « facilitateur » qui n’est pas l’autre partie, ni lui ni les membres de son équipe, lesquels ne sont que des intermédiaires. C’est pourquoi, si vous me demandiez pourquoi j’ai mentionné « les autres parties », je vous répondrais que c’est pour la prose, car il n’y a pas d’autres parties.

[Applaudissements]

C’est sur la base d’un accord sur ces principes proposés par la Syrie, ou n’importe quels autres principes généraux, que les discussions pourront passer à d’autres sujets, tel celui du « gouvernement d’union nationale », lequel travaillera grâce à un comité compétent à la préparation d’une nouvelle Constitution. Elle sera soumise à l’approbation du peuple par référendum avant de passer à de nouvelles élections législatives. Un sujet dont nous avons expliqué l’essentiel en Janvier 2013 lors de mon discours à la Maison de l’Opéra de Damas [1], ce qui ne les empêche pas de continuer à nous interroger, encore et encore, sur notre vision de la solution. Nous répondons que s’il s’agit de la « solution politique » -l’autre solution concernant la lutte contre le terrorisme- ses principes ont déjà été définis. Par conséquent, à chaque fois qu’ils nous poseront cette même question, nous leur répéterons la même réponse.

Revenons aux principes. Pourquoi avons-nous posé des principes ? Parce qu’ils sont nécessaires dans toutes les négociations ou pourparlers, notamment entre des États. Pourquoi ? Parce que ces négociations ont besoin de références. Ils prétendent que les références se trouvent dans la Résolution 2254(2015), exactement comme ils l’avaient prétendu pour la Résolution 242(1967) [2]. Un exemple qui démontre que lorsque de telles résolutions sont adoptées suite à des compromis entre grandes puissances, chacune use d’une terminologie qui convient à ses intérêts ; ce qui fait que nous nous retrouvons avec un texte ambigu ou contradictoire en lui-même.

Ainsi, si nous revenions sur le Communiqué de Genève de 2012, nous constaterions qu’ils parlent, en même temps, de souveraineté de la Syrie et d’un organe de transition, encore désigné par « gouvernement de transition ». Mais si vous parlez de souveraineté de la Syrie, comment se fait-il que vous décidez de son système de gouvernance sans tenir compte de la volonté de son peuple ? La souveraineté exclut la mise en place d’un tel système et inversement.

D’autre part, nous avons toujours affaire à des terminologies élastiques inexplicables. Pour exemple, je citerai une expression tirée des pourparlers de Vienne où nous trouvons l’expression : « gouvernance crédible ». Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Pour le terroriste, si Daech, le Front al-Nosra ou d’autres groupes apparentés arrivaient au pouvoir, leur gouvernance serait crédible à leurs yeux. Quant aux traitres agissant à partir de l’étranger et transformés en serpillère aux pieds de leur maîtres, s’ils réussissaient à former un gouvernement qui leur ressemble, lequel transformerait l’État syrien en un État dépendant travaillant, à son tour, à la transformation des Syriens à leur image, ce serait aussi une gouvernance crédible pour eux.

Il est donc évident que nous ne nous rendons pas aux négociations pour accepter de telles propositions. C’est pourquoi nous avons rédigé le « document de principes » censé éviter qu’une partie ajoute ce que bon lui semble. C’est un cadre qui définit les limites indépassables, n’importe quelle proposition en dehors de ces principes fondamentaux étant considérée comme une obstruction ou un manque de sérieux.

Ces principes, je vous les cite rapidement :

  • Souveraineté et unité de la Syrie avec refus de toute ingérence étrangère.
  • Rejet du terrorisme.
  • Soutien à la réconciliation.
  • Préservation des institutions.
  • Lever de l’embargo.
  • Reconstruction.
  • Contrôle des frontières.
  • Nombre d’autres principes figurant dans la Constitution actuelle et dans les précédentes : diversité culturelle, libertés du citoyen, indépendance de la Justice, etc.

Nous refusons donc toute proposition contraire à ces principes, c’est pourquoi ils les ont refusés…

[Applaudissements]

Ils ne nous l’ont pas dit expressément, mais se sont dérobés. Il n’empêche que, de notre point de vue, ces principes constituent une véritable base en faveur de la réussite des pourparlers, si toutefois ils les souhaitaient sincèrement, et témoignent non seulement d’une sérieuse volonté mais aussi d’une vision claire du processus politique qui pourrait mener à une solution entre Syriens.

Les véritables pourparlers n’ont toujours pas commencé. Comme je l’ai déjà dit, les sessions successives se sont limitées à des discussions avec le facilitateur qui ne représente pas une partie avec laquelle nous pourrions négocier. Nous n’avons absolument pas reçu de réponse à notre document de principes. Notre délégation n’a cessé de se renseigner sur la réaction des « autres parties » sans jamais obtenir de réponse ; ce qui confirme que leurs représentants dépendent de leurs maîtres et prouve, à l’évidence, qu’ils ne se sont rendus à Genève que dociles et contraints.

D’ailleurs, dès le premier jour, ils ont posé leurs conditions préalables et lorsqu’ils ont échoué à les imposer à la faveur de la dernière session de Genève, ils ont clairement déclaré leur soutien au terrorisme et ont torpillé « la cessation des hostilités ».

Je répète : nous nous sommes rendus à Genève à cette dernière session et à la précédente, nous n’avons rencontré que le facilitateur ou son équipe ; nous avons proposé un document de principes resté sans réponse. En revanche, ils l’ont dépassé pour nous proposer ce qu’ils ont présenté sous le titre de « la recherche des dénominateurs communs » entre les deux parties. Une idée avancée par ceux-là mêmes qui nous avaient précédemment proposé une première phase de négociations indirectes passant par le facilitateur, lequel jouerait le rôle de médiateur entre les délégations accueillies dans les salles différentes d’un même bâtiment ; ce qui n’a pas eu lieu.

Par contre, ils nous ont posé une série de questions pièges avec, à chaque fois, des termes portant atteinte à la souveraineté de la Syrie, à sa sécurité, à ses institutions ou en rapport avec la situation sociale vue sous l’angle de la religion des uns et des autres, comme vous l’avez constaté dans leurs médias respectifs.

Certes, il est habituel que le jeu des nations nécessite la mise sur pied d’une structure reposant sur un facilitateur, ou sur toute une équipe autour d’un médiateur. Mais nous savons bien que ces États embourbés sur la scène internationale ne peuvent les autoriser à travailler d’une manière honnête et impartiale. Ils ont toujours des représentants qui travaillent en coulisses. Nous pensons que ce sont eux qui ont préparé le questionnaire auquel nous avons eu droit, sans doute parce qu’ils supposaient que l’équipe de la délégation syrienne ne connaît rien à la politique. En réalité, ils n’ont pas pu la duper avec leur terminologie tendancieuse et ont obtenu des réponses fermes et précises. Par conséquent, quels que soient ceux qui ont préparé le questionnaire, nous supposons que ce sont eux les amateurs ou les novices en la matière.

[Applaudissements]

Quant à « l’autre partie », elle n’était pas réellement présente. Ses représentants se sont effectivement rendus à Genève, contraints par leurs maîtres, mais n’ont cessé de crier et de bouder. Nous n’avons pas l’intention de les évaluer. Le peuple les a déjà évalués. Ils ne méritent pas que nous en parlions, sinon pour dire qu’il n’y a pas eu de négociations directes avec eux. Ils ont séjourné à leur hôtel et se sont contentés de quelques déclarations tonitruantes suggérées par leurs maîtres, leur seul ordre du jour, approuvé par Riyad, consistant à se réveiller, manger, puis se recoucher.

[Applaudissements]

Constatant que leur mission avait échoué, ils ont commencé par songer à se retirer pour faire porter la responsabilité de l’échec desdites négociations sur la Syrie ; ce qu’ils n’ont pas réussi. En revanche, comme je l’ai dit précédemment, leur réponse à l’échec de la dernière session de Genève 3, fut une déclaration publique de leur soutien au terrorisme et de leur retrait de « la cessation des hostilités ».

Ce qui s’est traduit par les bombardements sauvages des civils, des hôpitaux, des enfants, comme nous l’avons vu à Alep. Nonobstant le fait que pratiquement toutes les provinces, les villes et villages de Syrie ont enduré et endurent toujours du terrorisme tout en continuant à résister, le régime fasciste d’Erdogan s’est toujours particulièrement concentré sur Alep, parce que cette ville représente à ses yeux le dernier espoir de son projet pour les Frères Musulmans, après avoir échoué en Syrie et que sa véritable nature criminelle et extrémiste ait été démasquée devant le monde entier ; et aussi, parce que ses habitants ont refusé de se laisser instrumentaliser, ont résisté, ont persévéré, sont restés sur place et ont défendu leur ville et leur patrie. Mais Alep sera le cimetière qui enterrera les espoirs et les rêves de cet assassin, si Dieu le veut.

[Applaudissements]

Et puis, leur série terroriste s’est poursuivie, faite de massacres à Zarra et de déflagrations sauvages à Tartous et à Jablé. Un choix ayant pour but de semer la discorde. Ils ont échoué et échoueront toujours, car la discorde n’est pas latente en Syrie, elle est morte ! Leurs bombes n’ont pas réussi à distinguer un Syrien d’un autre Syrien, ce qui prouve que tous les Syriens sont frères dans la vie et dans le martyr et regardent dans la même direction.

[Applaudissements]

Nous saluons tous ceux-là qui se sont rejoints et sont restés unis à la vie et à la mort face aux terroristes et à leurs exécrables projets de discorde, déterminés à vivre, à résister et à vaincre.

Dans ce contexte, le sujet souvent discuté ces derniers mois concerne la trêve à laquelle nombre d’entre nous attribuent la responsabilité de tout ce qui nous arrive. Parlons-en objectivement. En ce monde tout est relatif et l’absolu, pour nous les humains, ne relève que de la puissance divine. De même pour la trêve ; positive, elle comporte du négatif ; négative, elle comporte du positif. De toute manière, elle ne concernait pas le territoire dans sa globalité, ce qui fait que nous ne pouvons pas lui attribuer tous les aspects négatifs. En effet :

  • Sur un plan politique interne et étant donné que ce qui nous importe le plus est la situation intérieure, elle a permis de réaliser nombre de réconciliations, lesquelles ont épargné beaucoup d’effusions de sang à nos concitoyens et à nos Forces armées.
  • Sur un plan externe, elle a eu des avantages politiques que nous n’avons pas l’intention de développer ici.
  • Sur le plan militaire, elle a permis de concentrer les efforts sur des objectifs précis et de les atteindre. La première preuve en est la libération rapide de Palmyre et ensuite d’Al-Qariatayn, puis la libération de nombreux villages de la Ghouta de Damas. Certes, nos Forces armées ont libéré nombre d’autres régions, mais sur plusieurs mois ; voire, après une ou deux années de combats.

Nous ne pouvons donc pas nier les aspects positifs de cette trêve. Ce qui pose problème est le fait qu’elle a bien été décidée suite à un consensus international avec l’approbation de l’État syrien, mais que le côté américain, en particulier, n’a pas respecté les conditions de son application tout en fermant les yeux sur ses agents dans la région : le Saoudien et le Turc.

Or, le Saoudien a déclaré publiquement et à maintes reprises son soutien au terrorisme, tandis que le Turc continue à envoyer ouvertement les terroristes à travers ses frontières vers les régions du nord de la Syrie.

Les États-Unis ont donc fermé les yeux sur les agissements d’Erdogan ; lequel, comme nous l’avons dit, est démasqué à l’étranger et dans son pays, en plus d’être contesté par ses concitoyens. Par conséquent, il s’est vu obligé de provoquer des émeutes et de semer le chaos uniquement pour se garder quelques cartes en mains. Il a envoyé des troupes en Irak, a exercé son chantage sur les Européens en exploitant le problème des réfugiés, a continué à soutenir le terrorisme et a expédié récemment ces terroristes par milliers vers Alep. En pratique, Erdogan ne remplit plus que le rôle du « voyou politique ».

[Applaudissements]

C’est pourquoi, je dis que l’application correcte de la cessation des hostilités, présente des avantages et que le problème ne réside pas dans la trêve. Le problème est qu’une grande part du conflit en Syrie est un conflit étranger, à la fois international et régional.

Ils ne se sont pas contentés de leur terrorisme par explosifs et toutes sortes de projectiles, ils l’ont soutenu par leur « terrorisme économique » à travers les sanctions et les pressions sur la Livre syrienne, afin d’aboutir à l’effondrement économique qui mettrait le peuple à genoux. Mais en dépit de toutes les culbutes douloureuses, notre économie continue de résister ; les mesures monétaires ayant récemment prouvé qu’il est possible de contrer leur pression, de réduire les dégâts et de stabiliser la monnaie.

Je suis certain que cette question sera au premier rang des priorités de ce nouveau Conseil et qu’il en sera de même, tout aussi certainement, pour le nouveau gouvernement en cours de composition comme le veut la Constitution.

Comme vous le savez, la Livre syrienne est soumise à de nombreux facteurs : le facteur externe via l’embargo financier et géographique touchant les exportations ; la situation interne du fait des répercussions du terrorisme qui a frappé les infrastructures et les établissements économiques, a rompu les communications entre les villes et a effrayé les investisseurs. Elle dépend également des actions du gouvernement et des réactions des citoyens. Ce dernier facteur est évidemment une conséquence et non une cause. Néanmoins, il entraîne une ruée vers l’achat de Dollars US ou d’autres devises étrangères, le citoyen pouvant perdre par l’augmentation des prix ce qu’il pense avoir économisé en achetant des Dollars.

Nous avons dit que les mesures prises par le gouvernement s’étaient récemment révélées efficaces, ce qui démontre sa capacité à influer sur la monnaie. Mais cette efficacité est à court terme. Le long terme passe par l’économie, laquelle a été durement touchée. Ainsi, au début de la crise, certains ont interrompu leurs projets aussi bien au niveau des petites, moyennes et grandes entreprises, pensant que la crise ne durerait que quelques mois avant que la situation ne revienne à la normale ; ce qui n’a pas eu lieu. Tandis que d’autres investisseurs ont poursuivi leurs projets plus ou moins importants, puisque la vie doit continuer quelles que soient les circonstances. Il n’empêche que les premiers ont été plus nombreux que les seconds.

Ce qu’on attend de nous aujourd’hui pour continuer à soutenir la Livre syrienne et la situation économique, les deux étant interdépendantes, c’est d’encourager les investisseurs à lancer leurs projets, qu’il s’agisse d’une petite boutique, d’une moyenne ou d’une grande entreprise. En plus des mesures monétaires, le gouvernement doit trouver les procédures susceptibles d’accélérer le cycle économique. Mais étant donné que la faiblesse de la Livre est étroitement liée à la faiblesse de l’économie, nous devons travailler tous ensemble à la recherche des solutions compatibles avec l’étape que nous traversons. Quelles seraient les procédures efficaces ? Quelles seraient les lois utiles ? Cette situation dure depuis cinq ans. Elle n’est donc pas nouvelle pour que nous démarrions notre réflexion de zéro. Nous avons acquis une certaine expérience dans ce domaine. Par conséquent, je crois que c’est un sujet de la plus grande importance dont le Conseil devra discuter avec le gouvernement pour que nous puissions tous accomplir notre devoir.

Le terrorisme économique, le terrorisme des engins piégés, des massacres et de toutes sortes de projectiles sont de la même veine. C’est pourquoi je vous assure que notre guerre contre le terrorisme se poursuivra, non parce que nous aimons les guerres -ce sont eux qui nous les ont imposées- mais parce que l’effusion de sang ne s’arrêtera pas tant que nous ne l’aurons pas déraciné partout où il se trouve et quel que soit le masque qu’il porte.

[Applaudissements]

Comme nous avons libéré Palmyre et avant elle de nombreuses autres régions, nous libérerons chaque pouce de la Syrie tombé entre leurs mains. Nous n’avons d’autre choix que la victoire ; sinon, la Syrie disparaîtra et il n’y aura ni présent, ni avenir pour nos enfants. Ce qui ne veut pas dire que nous ne croyons pas en l’action politique comme ils le prétendront suite à ce discours, en concluant que le Président syrien n’a parlé que de guerre et de victoire. Nous continuerons à travailler sur le processus politique, aussi minimes seraient ses chances d’aboutir, partant de notre forte volonté, aussi bien au niveau populaire qu’officiel, d’arrêter l’effusion de sang et les ravages pour sauver notre patrie. Mais tout processus politique qui ne démarrerait, ne se poursuivrait, ne s’accompagnerait et ne se conclurait par l’éradication du terrorisme n’aura pas de sens et il ne faudra rien en attendre.

Encore une fois, j’invite tous ceux qui portent des armes, pour quelque raison que ce soit, à rejoindre la voie de la réconciliation commencée il y a des années et qui s’est accélérée ces derniers temps. Suivre la voie du terrorisme ne mènera que vers la destruction du pays et des dommages pour tous les Syriens sans exception. Reprenez vos esprits et revenez vers votre patrie car, avec l’État et ses institutions, elle est la mère de tous ses enfants le jour où ils décideront de revenir vers elle.

Quant à vous, les héros de la Syrie dans l’Armée, les Forces armées et les Forces alliées, quoi que nous puissions vous dire ou dire de vous, nous n’arriverons pas à vous rendre justice. Sans vous, nous n’aurions pas pu résister. Sans vous, nous n’existerions plus. Sans votre courage et votre générosité, la Syrie ne serait plus qu’un souvenir. Nos salutations avec respect et admiration à vous, à vos familles, à vos camarades martyrs ou blessés…

[Applaudissements]

Nos salutations avec respect et admiration à vous, à vos familles, à vos camarades martyrs ou blessés, lesquels ont refusé de se soumettre jusqu’à baptiser la terre syrienne de leur sang et de leur corps. Nous tous, où que nous soyons, nous vous resterons reconnaissants durant des générations et des générations. Nous nous inclinons devant votre héroïsme et l’héroïsme de vos familles et, nous tous, nous vous promettons que le sang n’aura pas coulé en vain, que la victoire viendra inévitablement grâce à vous, grâce aux héros de l’Armée et des Forces armées et grâce à chaque syrien qui n’aura eu de cesse de défendre sa patrie et son honneur partout où il s’est trouvé et par tous les moyens possibles.

[Applaudissements]

La défaite du terrorisme est inéluctable tant que des États tels l’Iran, la Russie et la Chine soutiennent le peuple syrien, se tiennent du côté de la Justice et défendent les opprimés contre leurs oppresseurs. Nous les remercions pour cela…

[Applaudissements]

Nous les remercions pour cela et pour la constance de leur soutien ininterrompu. Ce sont des États qui respectent leurs principes et qui cherchent à défendre les droits des peuples, notamment celui de choisir leur propre destin.

À ce sujet, je souhaite que nous n’accordions absolument aucune importance à tout ce qui se raconte dans les médias quant à nos divergences, nos conflits ou nos divisions. Les choses sont plus stables et les points de vue plus clairs qu’auparavant. Ne vous inquiétez donc pas, les choses vont plutôt bien en l’occurrence.

[Applaudissements]

Nous n’oublierons pas ce que la Résistance patriote libanaise a offert à la Syrie dans son combat contre le terrorisme…

[Applaudissements]

Nous n’oublierons pas ce que la Résistance patriote libanaise a offert à la Syrie dans son combat contre le terrorisme, mêlant le sang de ses héros au sang des héros de l’Armée arabe syrienne et des Forces alliées. Nous saluons leur héroïsme et leur loyauté.

[Applaudissements]

Mesdames et Messieurs,

Votre nouveau Conseil lance ses travaux alors que des missions gigantesques et de grands défis vous attendent. Beaucoup de sang pur a coulé, des familles entières ont été décimées, toute une infrastructure bâtie par les Syriens à la sueur de leur front a été détruite, des héros ont offert leur âme et leur corps sans rien attendre en retour, ce qui ne signifie pas que leur sacrifice devra rester impayé et que leur sang pur aura coulé inutilement. Mais, si le prix à payer passe par le retour de la sécurité, la victoire sur le terrorisme, la reconquête du territoire et la reconstruction, il passe aussi par la lutte contre les conséquences néfastes de la corruption et du favoritisme, du chaos et des violations de la Loi.

Ces héros se sont sacrifiés pour défendre la terre et le peuple, le pays avec sa Constitution, ses lois et ses institutions. Le prix que nous devrons pays en retour est de les préserver en travaillant à les faire évoluer et à consacrer la justice et l’égalité des chances.

Ces héros se sont sacrifiés pour récupérer une patrie intacte, y compris toutes ses composantes. Soyez à la hauteur de leurs sacrifices. Soyez tels que le peuple espère que vous serez.

Votre mission ne se résume pas à la confiance de vos électeurs, mais aussi à la confiance témoignée par les martyrs, les blessés, les mères endeuillées et tous ceux qui ont offert leur sang, leurs moyens, leur pensée et leur solidarité pour protéger leur patrie. C’est là une immense confiance dont vous êtes les dépositaires. Assumons cette responsabilité tous ensemble et faisons en sorte d’en être dignes.

Que la paix et la miséricorde divine vous accompagnent et que Dieu vous bénisse.

Dr Bachar al-Assad

Président de la République arabe syrienne

07/06/2016

Sources : Vidéo de la Présidence de la République

Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal

Notes :

[1] Syrie : Texte intégral du discours du Président Bachar al-Assad
Dimanche 06/01/2013
Maison de l’Opéra de Damas

http://www.legrandsoir.info/texte-integral-du-discours-du-president-bachar-al-assad.html

[2] Résolution 242 de l’ONU : une résolution ambiguë

http://www.lesclesdumoyenorient.com/Resolution-242-de-l-ONU-une.html

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Etat de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba
Salim LAMRANI
Début du chapitre IV Les citoyens étasuniens sont autorisés à se rendre à Cuba mais il leur est strictement interdit d’y dépenser le moindre centime, ce qui rend quasiment impossible tout séjour dans l’île. Le Département du Trésor considère donc tout voyage dans l’île comme une violation de la législation sur les sanctions économiques, à moins que les personnes ayant visité Cuba puissent démontrer qu’elles n’y ont effectué aucun achat. La justice étasunienne poursuit sans relâche les (…)
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"La visibilité d’un conflit est inversement proportionnelle à notre propre engagement dans celui-ci." John McEvoy

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