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Deux hommes, une femme, une possibilité : trois imposteurs.

Vous ne pouvez l’ignorer, « l’événement gay de ce début de XXIème siècle » - comprenez le salon Rainbow Attitude - se tiendra les 18 et 19 octobre prochains.

Il y a là lieu de se réjouir, paraît-il. La date est idéale : « octobre, c’est loin du Forum des Associations, qui a lieu en mars, et de la Gay Pride, en juin » [1]. Le lieu est idyllique : « l’espace offert par le Hall 6 s’avère passionnant » [2]. Les organisateurs sont des gens merveilleux : « pour moi, c’est politique. C’est un acte militant. Je ne fais pas tout ça pour flatter mon ego, pour en retirer un bénéfice personnel » [3]. Ils « n’appartiennent à aucun parti, ne militent pour aucune association, n’ont pas d’arrière-pensée commerciale, mais se savent une légitimité » [4]. Tous ces satisfecit délivrés aux organisateurs par les organisateurs, par leurs sponsors et par voie de presse, comment dire, tout cela nous interpelle au niveau des écus. Ce salon serait donc le parfait complément du Forum des associations et de la Marche des fiertés LGBT (qui, au passage, perd ses "L", ses "B" et ses "T").

Regardons de plus près la plaquette destinée aux exposants pour en avoir le coeur net :

Toujours plus courtisée, la majorité de la population homosexuelle souhaite le « droit à l’indifférence ». Mais elle aspire aussi à une reconnaissance « gay-friendly », y compris sur le marché économique.

Tous profils confondus, la population gay, lesbienne, bi et trans :

· Compte une plus forte représentation de professions libérales, de cadres, et d’artistes.
· A un revenu moyen d’au moins 23 000 euros (150 KF) par personne.

· Un quart possède une carte bancaire Visa Premier ou American Express Gold.

· Un tiers sont des DINKS (Double Income No Kids) qui vivent en couple avec un double revenu et sans enfant.

· Est très majoritairement attachée aux valeurs traditionnelles (famille, amitié, insertion par le travail).

· Est à la pointe de la nouveauté.

· Est identifiée comme un précurseur de tendances par le grand public et attire des gay friendly toujours plus nombreux [5].

Précurseurs de tendances identifiés, ils sont aussi un remarquable "terrain d’expériences marketing" : si un produit passe le "test gay" avec succès, le grand public suivra.

Tiens, tiens, c’est pas une arrière-pensée commerciale, ça ?

Nous voilà profiléEs, cibléEs, courtiséEs, identifiéEs, par des personnes bienveillantes disposées à nous reconnaître, y compris, ou peut-être bien uniquement, sur le marché économique. Nous, c’est-à -dire les « happy few » qui ont la fortune - c’est le cas de le dire - d’être gays, blancs et aisés. Exit lesbiennes, trans, désargentéEs grave et autres « unhappy many » !

Et nous sommes heureuses d’apprendre au passage que les LGBT sont attachées aux valeurs traditionnelles, à commencer par la famille. En témoignent celles et ceux qui ont été affectueusement misES à la porte pour orientation sexuelle non-traditionnelle.

Associations alibi ?

Pire encore, on nous explique que Rainbow Attitude « n’aurait pas existé si des Baudry, des Hocquenghem ou des Perin (…) n’avaient pas contribué chacun à leur manière à sortir les populations LGBT de l’ombre et leur permettre la liberté de choix due à chacun » [6]. Les morts, c’est pratique, ça ne fait pas de procès...

Toujours est-il que de nombreuses associations LGBT ont accepté l’invitation. Il est vrai que ce salon est hautement militant, puisqu’il comprend un espace conférence traitant de thèmes comme « la nouvelle économie gay friendly » ou « les entreprises et les homosexualités »… Et en alibi : « coming out, suicide et prévention ».

Imposture attitude

Et c’est là que se dévoile l’imposture Rainbow Attitude : faire passer une opération marketing pour un salon associatif militant. La prétendue visibilité que Rainbow Attitude nous vend à grand renfort de publicités n’est autre qu’une branchitude réservée à ceux qui ont le pouvoir d’achat adapté. Et la reconnaissance que ce salon nous promet se paye à prix fort : ce sont nos identités qui sont en jeu. Souhaitons-nous être réduitEs à de simples précurseurs de tendances ?

Si nous luttons contre les discriminations, ce n’est pas pour que fleurissent, en lieu et place de ces discriminations, des clivages socio-économiques tout aussi dévastateurs et, en un mot, dégueulasses.

Or, la présence de structures associatives à ce salon offre une légitimité à la démarche mercantile des organisateurs. En témoigne la réponse de Régine Corti (déléguée générale) au magazine Têtu, lorsque celui-ci l’interroge sur une éventuelle récupération commerciale : « Nous avons offert 500 m2 aux associations » !

Refusons que 30 ans de luttes pour l’égalité des droits, pour une reconnaissance sociale des individus quelle que soient leurs identités sexuelles et identité de genre soient soldées au profit d’une existence sociale par et pour le fric. Refusons de servir d’alibi !

Les Panthères roses.

http://pantheresroses.free.fr

[1Propos tenus par Philippe Sultan, organisateur, à l’occasion d’une interview intitulée « Deux hommes, une femme, une possibilité : Rainbow Attitude », dossier de presse du salon.

[2Propos tenus par Jean-Claude Sultan, organisateur, dans l’entretien sus-cité.

[3Propos tenus par Régine Corti, organisatrice, dans le même entretien.

[4Cf. introduction à l’entretien sus-cité.

[5Cf. plaquette destinée aux exposants
(http://www.rainbowattitude.com/site/plaquette.pdf).

[6Cf. présentation du salon dans le dossier de presse : « Le salon Rainbow Attitude ».


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