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Deux alliances paralysées au Proche-Orient ensanglanté

Après 65 années de commémorations de la Nakba (1948-2013), où en est la résistance palestinienne ? Nombreux sont ceux qui ont cru, après le lent déclin de l’OLP-Fatah-Autorité, que le Hamas représentait l’alternative militante révolutionnaire et populaire ; mais voilà que le Hamas autant que le FPLP pataugent dans le marigot, tanguant tantôt du côté de l’Alliance Atlantique États-Unis-Israël-OTAN ; tantôt du côté de l’Alliance eurasiatique Russie-Syrie-Iran (avec la Chine en ombre chinoise).

La loi d’airain des « collabos »

Après 65 années de commémorations de la Nakba (1948-2013), où en est la résistance palestinienne ? Nombreux sont ceux qui ont cru, après le lent déclin de l’OLP-Fatah-Autorité, que le Hamas représentait l’alternative militante révolutionnaire et populaire ; mais voilà que le Hamas autant que le FPLP pataugent dans le marigot, tanguant tantôt du côté de l’Alliance Atlantique États-Unis-Israël-OTAN ; tantôt du côté de l’Alliance eurasiatique Russie-Syrie-Iran (avec la Chine en ombre chinoise).

Que ce soit l’occupation de la Palestine historique et la lente asphyxie du peuple palestinien sous embargo génocidaire de la « communauté internationale occidentale » que la Chine tolère, que ce soit l’assaut contre le gouvernement Kadhafi en Libye, que ce soit la mise au pas de l’énergumène au Yémen ; que ce soit le bombardement de la Somalie ou la partition du Soudan, que ce soit la récupération des « Printemps arabes » – montés en puissance puis fourvoyés parce que sans organisation révolutionnaire pour les dirigées – ou que ce soit enfin l’actuelle guerre de l’OTAN-Qatar-Arabie contre le gouvernement syrien légitime, chacune de ces agressions sur différents fronts s’est déroulé dans le même contexte géostratégique.

Chacun des sursauts de résistance observés dans ce contexte a été surtout le fait de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie compradore autochtone, les inscrivant tout compte fait dans une dynamique de compromission au profit d’un camp ou de l’autre et donc jamais à l’avantage des populations arabes laborieuses.

Dans tout ce fatras, le prolétariat ne s’est pas encore exprimé à travers ses organisations de classe. En cela, le cas palestinien et le contexte arabe en général sont similaires à ce que l’on constate partout dans le monde occidental. Partout les travailleurs sont sans voix et n’ont pas de voie tracée par où se libérer.

La petite bourgeoisie et la bourgeoisie compradore corrompue qui dirigent les mouvements de résistance sont des classes sociales instables – hésitantes – inconsistantes – frustrées et amers. La classe des « bobos » s’active au service de la grande bourgeoisie (arabe – israélienne – américaine – européenne – canadienne – russe – chinoise, etc.) sur qui elle fonde tous ses espoirs de carrière et de promotion sociale, alors qu’elle devrait savoir que le salut ne vient jamais des dieux de la peste. Trois principes régissent l’action commandée de la petite bourgeoisie aliénée :

A) Toujours subordonner ses actions aux intérêts des grands capitalistes internationaux (en faveur d’une alliance ou d’une autre – aux « bobos » nationaux de choisir judicieusement – et de ne pas se tromper comme Arafat et Saddam lors de la guerre d’Irak ; ou comme Kadhafi au moment de la guerre de Libye. Il semble que Bachar ait mieux réussi son pari).

B) Ne jamais sacrifier les intérêts de leurs maîtres à leurs intérêts d’affidés prostrés – ou pire, aux intérêts des ouvriers et des peuples opprimés. Les atermoiements, la « démocratie électoraliste » ne sont que des prétextes d’estafettes, déblatérant des palabres grandiloquentes pour duper les pèquenots et les « bobos » humanistes des pays occidentaux. Ce théâtre de l’illusion ne doit jamais tromper le « bobo », ni servir de prétexte pour soulever les ouvriers armés au risque de se voir rejeter comme de mauvaises courroies de transmission par les deux alliances concertées.

C) Pour ces services rendus au grand capital monopoliste international d’une alliance comme de l’autre, la classe des « bobos » nationaux (petite bourgeoisie) et celle de la bourgeoisie compradore arabe asservie devront se contenter des miettes qui leur seront abandonnées par l’une ou par l’autre des alliances antagonistes – s’il en reste bien entendu (gestionnaire subalterne, administrateurs gouvernementaux, généraux en goguette, postes dans l’Autorité sans autorité, commis bancaires, marchands itinérants, soupirants au gouvernement et autres postes d’aspirants, etc.).

C’est ici que le bât blesse – dans le contexte de la crise économique systémique qui depuis 2007 répand ses dégâts sur le monde capitaliste tout entier, les miettes sont de plus en plus faméliques. Même Israël commence à se demander si le jeu en vaut la chandelle et s’interroge si son maître à Washington aura encore une pitance à lui servir après le grand krach boursier à venir, aussi tôt que le Dow Jones aura percé le plafond des 16 000 ou pire des 20 000 points mythiques et utopiques, et que l’économie impérialiste d’occident s’effondrera inexorablement entraînant un immense tourment.

Les deux alliances se paralysent mutuellement

Le problème se résume pour chacune de ces organisations dans le monde arabe et dans le monde sioniste (FPLP, OLP-FATAH, djihadistes, bandes d’assassins de grand chemin appelés intégristes ou islamistes terroristes, Al Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Dine, Ansar Asharia, Salafistes, Takfirine, Frères musulmans, HAMAS, Jihad islamique ou groupuscules sionistes et autres hystériques, Likoud, Travaillistes, etc.) de choisir opportunément son camp.

La défaite annoncée du camp de l’OTAN sur le front syrien ensanglanté – combinée à l’impossibilité pour le camp de la Russie-Syrie-Iran, malgré sa victoire, d’exploiter cet avantage pour se lancer à la conquête de nouveaux territoires – entraine que les deux camps belligérants se paralysent mutuellement – l’un ne pouvant avancer l’autre ne pouvant reculer, mais ne sachant pas comment contre-attaquer. Que peuvent-ils faire ? (1)

On imagine aisément la difficulté des sous-fifres sur le terrain palestinien. À quelle alliance s’assujettir ? À qui s’offrir et quel est le camp le plus offrant ? Voilà pourquoi le HAMAS navigue à vue, tout comme le FPLP, tandis que le Jihad islamiste prend des postures radicales, pendant que l’OLP-Fatah-Autorité ne peut que s’enfoncer dans la duplicité. Difficile la vie de garde chiourme, en ces temps de crise systémique du capitalisme, quand vos maîtres ont de moins en moins à vous offrir malgré votre dévouement sans faillir ?

La donne a changé, non pas la donne du mode de production capitaliste, qui lui ne change en rien ; c’est la politique des pays soumis à la tourmente économique qui change rapidement et radicalement par ces temps. L’empire américain se désagrège après moins d’un siècle d’un règne meurtrier et les Européens n’ont pas la capacité de suppléer ; la Russie pas d’avantage – inquiète de ce qui se trame entre Obama et les Talibans en Afghanistan [http://www.voltairenet.org/article178653.html] – seule la Chine, la superpuissance montante – celle qui écrira au XXIe siècle une page d’histoire – en serait capable, mais elle préfère pour le moment la patience au Levant ; elle a d’autres chats à fouetter ; cependant, sachez-le, la Chine ne laissera pas tomber l’Iran dont elle convoite le gaz et le carburant, ni à fortiori sa base arrière syrienne. Ces temps-ci l’Afghanistan et l’Afrique préoccupent davantage la Chine que la Palestine – premier État de l’histoire sans territoire – façon commode de renoncer à récupérer son patrimoine foncier !

À Moscou récemment Benjamin Netanyahou a reçu confirmation de ses doutes ; Bachar Al Assad demeurera en poste aussi longtemps que son parrain moscovite le jugera approprié, le vainqueur de la guerre au Proche-Orient n’a pas à détrôner son lieutenant – les missiles S-300 ne sont pas à négocier, ils ont été livrés et sont déjà installés (quoiqu’en dissimule Poutine) ; si vous ne le croyez pas sionistes israéliens enragés retournez attaquer Damas et vous verrez (2).

Pendant cette dégelée sur le front armé, les polichinelles de la Coalition de l’opposition syrienne s’entre-déchirent pour savoir qui prendra le contrôle de leur gouvernement d’agonie en exil, ce sont les milliards de dollars du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui attirent ces parasites (3). Que les comparses palestiniens regardent bien – il y a là comme une prémonition de ce qui les menace s’ils oublient le peuple Palestinien, le grand capital international fini toujours pas se débarrasser des vauriens incapables de contraindre le peuple et les ouvriers.

Le bouffon de Jérusalem est revenu bredouille de Moscou faire rapport à son patron - Barack Obama et le Pentagone (4). Que fera le Saint-Empire étatsunien en déclin face à cette rebuffade des mandarins de Pékin - annoncée depuis le Kremlin, ce qui embrouille bien des analystes malandrins ? Je n’en sais trop rien... Mais je sais qu’il faut se méfier du tigre blessé… même d’un tigre en papier et je sais aussi que l’Iran demeure l’objectif pas trop lointain de l’État criminel étatsunien (5).

L’engagement du Partisan

Comment le Partisan sincère doit-il se positionner au milieu de ce guêpier fort compliqué, au Proche-Orient en général, et en Palestine occupée en particulier ? Pour le Partisan, il suffit d’éviter de se lancer dans des salamalecs en faveur de l’un ou de l’autre représentant de l’un ou de l’autre camp, car le Partisan n’a qu’un seul maître, et ce maître ne s’est pas encore prononcé à travers ses organisations de classe.

Cependant, ce camp, celui des ouvriers arabes et des ouvriers du monde entier, celui de tous les peuples martyrs du Proche-Orient...a toujours proclamé : « Non à la guerre d’où qu’elle survient et peu importe qui elle sert » – et « Oui à la résistance armée contre l’oppression et l’occupation génocidaire ». Voilà l’engagement du Partisan.

Robert Bibeau

http://www.robertbibeau.ca/palestine.html

(1) [http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/05/25/les-discussions-au-sein-de-l-opposition-syrienne-en-exil-pietinent_3417292_3218.html ].

(2) [14.05.13 http://www.leconomistemaghrebin .com/2013/05/14/netanyahu-a-moscou-pour-dissuader-poutine-de-livrer-des-missiles-a-damas/]

(3) [http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-mali-le-qatar-finance-les-terroristes-d-al-qaida-au-maghreb-islamique-aqmi-et-du-mouvement-pour-118202453.html ].

(4) [http://french.irib.ir/galeries/videos/item/257099-netanyahu-et-poutine-parlent-de-la-syrie-vid%C3%A9o].

(5) [http://www.alterinfo.net/LA-GUERRE-CONTRE-L-IRAN-AURA-LIEU_a90624.html ].


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Nous faisons tout ce que nous pouvons pour détériorer la situation économique et ainsi accroître le flux. Nous encourageons également cet exode en accordant aux Cubains, qui arrivent illégalement ou qui s’approchent par voie de mer, un statut de résident et une assistance pour s’installer.

Dans le même temps, nous n’avons pas respecté les quotas de visas pour les Cubains désireux d’immigrer aux Etats-Unis [...] quand Castro tente d’empêcher des cubains malheureux de quitter leur pays infortuné, nous l’accusons de violer des droits de l’homme. Mais quand il menace d’ouvrir grand les portes si nous continuons à accueillir sans limites des cubains sans visas - y compris ceux qui ont commis des actes de violence pour aboutir à leurs fins - nous brandissons des menaces imprécises mais aux conséquences terribles. "

Jay Taylor, responsable de la section des intérêts américains à Cuba entre 1987 et 1990, in "Playing into Castro’s hands", the Guardian, Londres, 9 août 1994.

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