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Désastre économique : qu’attend la Croatie de son entrée dans l’Union européenne ?

Le journal « Le Monde », dans son édition du 7 janvier, nous apprend que les Croates seraient prêts à 58% à accepter leur entrée dans l’Union européenne lors du prochain référendum pour ratifier le traité d’adhésion signé par leur gouvernement le 9 décembre, et qui prendrait effet en 2013. Face à leur gouvernement qui évoque la « décision du millénaire » (!!!), les Croates semblent rester cependant dubitatifs et maussades.

La Croatie espère tirer quelques avantages de l’Union européenne, dont 3,5 milliards d’euros de fonds européens, mais va s’enfoncer un peu plus profondément dans les recettes « libérales » qui déconstruisent l’économie du pays, non sans attiser un fort mécontentement populaire.

En 2008, une manifestation organisée à l’initiative des cinq grandes confédérations syndicales du pays a rassemblé environ 60.000 personnes. Selon le propos d’un responsable, Kresimir Sever : « Aujourd’hui nous avons deux Croatie, profondément divisées non par des frontières, mais qui constituent deux castes : celle des riches, dans laquelle nous ne pourrons jamais entrer, et la nôtre. »

Elle pointe le risque d’une Croatie qui s’appauvrit, qui s’enfonce dans la misère, où vivent de plus en plus d’actifs, de retraités et d’étudiants. Les manifestants ont demandé une hausse des salaires dans le public et le privé en rapport avec le coût de la vie. Le salaire moyen en Croatie représente 26% du salaire moyen de l’Union européenne et peine à couvrir les dépenses quotidiennes. Des délégations venues d’Autriche, de Bosnie, de Pologne, de Hongrie, d’Italie et du Monténégro, de Serbie et de Slovénie étaient venues apporter leur soutien. L’inflation est à 6% et le taux de chômage est à 14%.

Le gouvernement, en gros, compatit, mais dit qu’il n’y peut rien. Il décide même en 2009 de réduire de 6% les salaires des fonctionnaires, non sans déclencher de de vives réactions syndicales, qui l’obligent à faire machine arrière.

L’entrée dans l’Union européenne est l’occasion pour le gouvernement croate de revoir à la baisse le droit du travail pour précariser les travailleurs. En 2010, la Confédération syndicale internationale publie un rapport : il établit que le gouvernement s’est servi des exigences européennes en matière d’intégration et d’harmonisation pour procéder à de vastes réformes législatives et réduire les droits de la main-d’oeuvre. Du coup, plus de 80 pour cent des travailleurs récemment embauchés sont employés avec des contrats à court terme et bon nombre craignent que leur contrat ne soit pas renouvelé s’ils adhèrent à un syndicat.

La CSI constate par ailleurs que les dispositions législatives ne sont pas assez fortes pour empêcher la discrimination et les harcèlements dont sont victimes les femmes. Elles occupent souvent des postes moins rémunérateurs et gagnent en moyenne 20 pour cent de moins que les hommes du même âge, avec la même expérience professionnelle et le même niveau d’éducation. Du reste, l’accès des Roms au marché du travail est limité et ils souffrent de violences de la part de la société, de harcèlements et de discrimination.

Pour contrecarrer les projets du gouvernement d’aller plus loin dans le dynamitage des droits des travailleurs, les syndicats lancent une campagne de signatures pour obtenir les 450.000 qui obligeraient le gouvernement à organiser un référendum. Le projet de loi dans la ligne de mire syndicale limiterait à six mois la prorogation de l’accord collectif arrivé à expiration dans l’attente de la signature d’un nouvel accord. Le projet permettraient aussi l’annulation de toutes les conventions collectives existantes. Autrement dit la liberté serait donnée aux employeurs pour imposer leurs propres règles, dans un contexte marqué par un chômage massif.

Les signatures affluent très vite : les syndicats obtiendront pratiquement le double du nombre de signatures nécessaires. Le gouvernement louvoie, tente de contester la validité de nombreuses signatures, et finit par retirer son projet. De ce fait la Cour constitutionnelle déclare qu’il n’y a plus lieu à référendum, contre la volonté des syndicats pour que ce référendum ait lieu.

L’Union européenne a demandé à la Croatie de cesser de verser de lourdes subventions à ses chantiers de construction navale. En conséquence, le gouvernement décide de les mettre en vente. Jusqu’à ce que celle-ci soit accomplie, les chantiers ne devront pas prendre de nouvelles commandes. Les ouvriers redoutent des baisses de salaires et des lienciements. A Split, un centre ouvrier du pays, 3000 ouvriers manifestent le 22 septembre 2010 et demandent au gouvernement de prendre les moyens de les protéger.

La peur de la riposte ouvrière a conduit le gouvernement à ne pas précipiter le mouvement, mais la menace est toujours d’actualité, et l’Union européenne la presse de mener cette privatisation à son terme. Du côté syndical, les métallurgistes estiment à 30.000 les pertes d’emploi attendues dans leur secteur, du fait de la fermeture de ces chantiers et de fonderies. Ils ont averti : ils sont nombreux et bien organisés et s’il le faut ils mettront en place des protestations de masse.

Le processus de privatisation déjà à l’oeuvre depuis la sortie de la Yougoslavie et surtout depuis 2000 a déjà entraîné de nombreuses pertes d’emploi. Certaines catégories sont plus vulnérables, comme les travailleurs âgés de plus de 50 ans. Alors que seulement 5% étaient au chômage lorsque la Croatie était intégrée à l’ancienne Yougoslavie, ce taux est maintenant de 30%.

Selon la banque centrale croate, le gouvernement devrait amputer de 8% ses dépenses en 2012. Depuis trois ans la Croatie ne se sort pas de la crise et la situation devrait s’aggraver en 2012. La dette croate, sur les « marchés », est juste au-dessus du niveau des obligations « pourries », et le gouvernement s’apprête à obtempérer aux injonctions de sa banque centrale dans l’élaboration de son budget.

Bienvenue dans la galère de l’Union européenne, camarades croates. A quand la révolte de tous ses forçats ? Le journal « Le Monde », dans son édition du 7 janvier, nous apprend que les Croates seraient prêts à 58% à accepter leur entrée dans l’Union européenne lors du prochain référendum pour ratifier le traité d’adhésion signé par leur gouvernement le 9 décembre, et qui prendrait effet en 2013. Face à leur gouvernement qui évoque la « décision du millénaire » (!!!), les Croates semblent rester cependant dubitatifs et maussades.
La Croatie espère tirer quelques avantages de l’Union européenne, dont 3,5 milliards d’euros de fonds européens, mais va s’enfoncer un peu plus profondément dans les recettes « libérales » qui déconstruisent l’économie du pays, non sans attiser un fort mécontentement populaire.

En 2008, une manifestation organisée à l’initiative des cinq grandes confédérations syndicales du pays a rassemblé environ 60.000 personnes. Selon le propos d’un responsable, Kresimir Sever : « Aujourd’hui nous avons deux Croatie, profondément divisées non par des frontières, mais qui constituent deux castes : celle des riches, dans laquelle nous ne pourrons jamais entrer, et la nôtre. »

Elle pointe le risque d’une Croatie qui s’appauvrit, qui s’enfonce dans la misère, où vivent de plus en plus d’actifs, de retraités et d’étudiants. Les manifestants ont demandé une hausse des salaires dans le public et le privé en rapport avec le coût de la vie. Le salaire moyen en Croatie représente 26% du salaire moyen de l’Union européenne et peine à couvrir les dépenses quotidiennes. Des délégations venues d’Autriche, de Bosnie, de Pologne, de Hongrie, d’Italie et du Monténégro, de Serbie et de Slovénie étaient venues apporter leur soutien. L’inflation est à 6% et le taux de chômage est à 14%.

Le gouvernement, en gros, compatit, mais dit qu’il n’y peut rien. Il décide même en 2009 de réduire de 6% les salaires des fonctionnaires, non sans déclencher de de vives réactions syndicales, qui l’obligent à faire machine arrière.

L’entrée dans l’Union européenne est l’occasion pour le gouvernement croate de revoir à la baisse le droit du travail pour précariser les travailleurs. En 2010, la Confédération syndicale internationale publie un rapport : il établit que le gouvernement s’est servi des exigences européennes en matière d’intégration et d’harmonisation pour procéder à de vastes réformes législatives et réduire les droits de la main-d’oeuvre. Du coup, plus de 80 pour cent des travailleurs récemment embauchés sont employés avec des contrats à court terme et bon nombre craignent que leur contrat ne soit pas renouvelé s’ils adhèrent à un syndicat.

La CSI constate par ailleurs que les dispositions législatives ne sont pas assez fortes pour empêcher la discrimination et les harcèlements dont sont victimes les femmes. Elles occupent souvent des postes moins rémunérateurs et gagnent en moyenne 20 pour cent de moins que les hommes du même âge, avec la même expérience professionnelle et le même niveau d’éducation. Du reste, l’accès des Roms au marché du travail est limité et ils souffrent de violences de la part de la société, de harcèlements et de discrimination.

Pour contrecarrer les projets du gouvernement d’aller plus loin dans le dynamitage des droits des travailleurs, les syndicats lancent une campagne de signatures pour obtenir les 450.000 qui obligeraient le gouvernement à organiser un référendum. Le projet de loi dans la ligne de mire syndicale limiterait à six mois la prorogation de l’accord collectif arrivé à expiration dans l’attente de la signature d’un nouvel accord. Le projet permettraient aussi l’annulation de toutes les conventions collectives existantes. Autrement dit la liberté serait donnée aux employeurs pour imposer leurs propres règles, dans un contexte marqué par un chômage massif.

Les signatures affluent très vite : les syndicats obtiendront pratiquement le double du nombre de signatures nécessaires. Le gouvernement louvoie, tente de contester la validité de nombreuses signatures, et finit par retirer son projet. De ce fait la Cour constitutionnelle déclare qu’il n’y a plus lieu à référendum, contre la volonté des syndicats pour que ce référendum ait lieu.

L’Union européenne a demandé à la Croatie de cesser de verser de lourdes subventions à ses chantiers de construction navale. En conséquence, le gouvernement décide de les mettre en vente. Jusqu’à ce que celle-ci soit accomplie, les chantiers ne devront pas prendre de nouvelles commandes. Les ouvriers redoutent des baisses de salaires et des lienciements. A Split, un centre ouvrier du pays, 3000 ouvriers manifestent le 22 septembre 2010 et demandent au gouvernement de prendre les moyens de les protéger.

La peur de la riposte ouvrière a conduit le gouvernement à ne pas précipiter le mouvement, mais la menace est toujours d’actualité, et l’Union européenne la presse de mener cette privatisation à son terme. Du côté syndical, les métallurgistes estiment à 30.000 les pertes d’emploi attendues dans leur secteur, du fait de la fermeture de ces chantiers et de fonderies. Ils ont averti : ils sont nombreux et bien organisés et s’il le faut ils mettront en place des protestations de masse.

Le processus de privatisation déjà à l’oeuvre depuis la sortie de la Yougoslavie et surtout depuis 2000 a déjà entraîné de nombreuses pertes d’emploi. Certaines catégories sont plus vulnérables, comme les travailleurs âgés de plus de 50 ans. Alors que seulement 5% étaient au chômage lorsque la Croatie était intégrée à l’ancienne Yougoslavie, ce taux est maintenant de 30%.

Selon la banque centrale croate, le gouvernement devrait amputer de 8% ses dépenses en 2012. Depuis trois ans la Croatie ne se sort pas de la crise et la situation devrait s’aggraver en 2012. La dette croate, sur les « marchés », est juste au-dessus du niveau des obligations « pourries », et le gouvernement s’apprête à obtempérer aux injonctions de sa banque centrale dans l’élaboration de son budget.

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