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Déclaration d’Alexis Tsipras (Syriza) face au hold-up de l’UE à Chypre

Il est totalement évident maintenant que les leaders de l’UE suivent une voie qui va ouvertement à l’encontre des peuples européens. La stratégie du gouvernement allemand, avec la bénédiction du capital financier spéculatif en Europe, est une stratégie de colonisation de tout le sud de l’Europe, en particulier de la Grèce et de Chypre.

Un instrument clé pour la mise en oeuvre de cette stratégie est l’extorsion basée sur la dette, la même dette qui dévaste le sud du continent avec les politiques néolibérales d’austérité. Même si la dette n’aurait pas existé, ils l’auraient inventée dans le but de servir leurs objectifs. La décision de l’Euro Groupe de vendredi dernier met en péril la stabilité du système financier de toute la zone euro. Il s’agit d’une bombe placé dans les bases de la stabilité non seulement du système bancaire à Chypre, mais aussi dans toute l’Europe. Cette décision doit être annulée avant qu’elle ne provoque des dégâts irréversibles.

Le gouvernement grec, avec les déclarations des porte-paroles de Stournaras et Samaras, a apporté son soutien à ces décisions inacceptables. Le gouvernement grec n’a pas hésité à accepter la proposition de coupe dans les dépôts des citoyens chypriotes, créant ainsi un précédent inacceptable pour les pays en risque dans la zone euro. Avec cette décision, le gouvernement grec prend une responsabilité historique, sans même offrir la moindre information au peuple et au Parlement grec. Hier, j’ai demandé par lettre au président du Parlement une session urgente de l’assemblée nationale afin que l’on nous informe sur la position prise par le gouvernement grec vendredi dernier à la réunion de l’Euro Groupe. Malheureusement, cette demande a été refusée avec de fausses excuses.

Mais la question demeure. Le gouvernement grec n’a pas le droit de soutenir, sans l’approbation du Parlement, une décision qui dissous de facto le système financier chypriote et pose d’énormes risques au système financier grec. Je lance un appel urgent au Premier ministre pour qu’il convoque une session extraordinaire du Parlement. Il a non seulement le droit de le faire, mais c’est aussi son devoir.

Selon nos estimations, l’objectif ultime de la décision politique de l’Euro Groupe n’est pas le sauvetage de l’économie chypriote, mais bien d’imposer un régime de domination économique absolue sur Chypre, qui est une région géopolitique ayant une valeur particulière. Il semble évident que l’objectif consiste à garantir de manière anticipée l’accès aux ressources énergétiques du pays, y compris les hydrocarbures. Et le gouvernement grec a une grande responsabilité dans le fait que la décision a été acceptée dans l’Euro Groupe. Le Premier ministre grec a enchaîné le pays au char du mémorandum de madame Merkel, en ruinant tous les avantages obtenus dans les négociations qui ont suivies les élections grecques et en rompant toutes promesses faites de renégociation. Et maintenant, il accepte et se fait même le complice de la nouvelle colonisation de la république chypriote. Il ignore une fois de plus et dévalue la nécessaire politique étrangère multidimensionnelle et le rôle que doivent jouer l’intervention des organisations populaires et la population dans l’évolution de la Grèce et de Chypre.

Mais il existe des limites à la tolérance et à la patience des gens. Nous demandons au gouvernement, même si c’est de manière rétrospective, de ne pas valider la décision qui signifie la colonisation de Chypre et la dissolution de son économie. Et nous appelons à un sommet extraordinaire de l’UE afin d’indiquer clairement que la partie grecque n’accepte pas cette option.

La décision du Parlement chypriote ne détermine pas seulement l’avenir de Chypre, mais aussi, probablement, celui de la zone euro toute entière. Le NON fier adressé par le Parlement chypriote aux plans de dissolution du pays est, en même temps, le NON de tous les peuples européens adressé à la voie sans issue autodestructrice pour l’Europe. Il démontre en même temps que, même dans les moments les plus difficiles, il y a de l’espace pour la résistance et la négociation.

Ceux qui pensent que l’on peut exercer constamment un chantage et jouer avec le feu doivent maintenant considérer leurs responsabilités. Et surtout se rendre compte que, mis à part les gouvernements qu’ils contrôlent, comme le grec et les gouvernements pro-mémorandums, il y a des gens qui ne vont pas se rendre sans lutter. Les peuples d’Europe n’ont pas encore dit leur dernier mot. Les peuples grec et chypriote doivent commencer une contre-attaque totale des peuples d’Europe contre les plans destructeurs des leaders de l’UE, en ouvrant ainsi la voie à la construction d’une autre Europe, l’Europe de la solidarité, de la démocratie et de la cohésion sociale.

Alexis Tsipras

Traduction française réalisée pour Avanti4.be à partir des traductions en espagnol de Tomás Martà­nez pour Izquierda Anticapitalista

source : http://www.avanti4.be/actualite/article/declarations-d

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COMMENTAIRES  

23/03/2013 20:14 par cunégonde godot

Tsipas : Les peuples d’Europe n’ont pas encore dit leur dernier mot. Les peuples grec et chypriote doivent commencer une contre-attaque totale des peuples d’Europe contre les plans destructeurs des leaders de l’UE, en ouvrant ainsi la voie à la construction d’une autre Europe, l’Europe de la solidarité, de la démocratie et de la cohésion sociale.{}

Les peuples d’ "Europe" n’ont jamais dit leur premier mot sur l’ "UE", comment pourraient-il dire le dernier ?
"la construction d’une autre Europe" : on nous l’aurait pas déjà faite à "gauche", celle-là par hasard, depuis au moins trente ans ? Par Mitterrand, Rocard, Delors, Mélenchon ou Bayrou, Bové et les autres, par exemple...

24/03/2013 00:37 par martine

Bien dit Cunégonde. Tous des sociaux-libéraux !

24/03/2013 07:18 par acT

@CG :
"Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !"
L’Europe est un outil,
actuellement dans les mains de la réaction qui jubile de provoquer le repli nationaliste,
idéal pour rétablir le féodalisme et mieux concrétiser ses nouvelles baronnies.

Pourquoi refuser par principe d’imaginer une Europe sociale, socialiste, de centralisme démocratique ou une Fédération Libertaire des Peuples Européens ?
Une fédération libre et pas cette dictature du capital.
Fédérer n’est pas un mal en soi, la plupart des services publiques le nécessitent, particulièrement de nos jours. Beaucoup de services qui devraient (re)devenir publiques fonctionnent à l’échelle continentale et parfois mondiale.
Nombreux sont les domaines, comme l’environnement, internet, la recherche, le nucléaire même avec le démantèlement pour objectif, qui nécessitent une gestion commune.

Idem pour le rapport de force à (re)construire, face aux multinationales continental est un minimum.

Peoples+of+Europe+rise+up+Greek+Crisis.jpg

24/03/2013 11:37 par Geb.

Fédérer n’est pas un mal en soi,

Evidemment non...

Cela a même fait partie du "programme" des révolutionnaires ; un jour ou un autre...

A l’époque se définir comme être un "Révolutionnaire" dans le Monde du Capital triomphant, ça menait au poteau ou à la case prison au lieu de mener au Sénat ou à l’Assemblée.

Je crois me souvenir que ça s’appelait "Internationalisme prolétarien". Et ça consistait à poser les bases d’une grande "Fédération mondiale communiste" au service des peuples

Face à l’"Internationale noire" du Capital qui elle est toujours bien en vie et qui est en train d’installer dans le sang et la misère, la sienne de "fédération".

On se demande bien pourquoi il y en a chez nous, dans nos orgas politiques et syndicales, qui ont décidé que ça devait disparaître de la feuille de route des Peuples en lutte ???

Mais se poser la question, et la poser aux dites "orgas" qui parlent, ou prétendent parler en notre nom, après tout c’est peut-être déjà y répondre. ???

Geb.

24/03/2013 14:23 par Cunégonde Godot

Cela fait près d’un siècle (les années 20 du précédent) qu’on vous parle d’une "autre" Europe (les nazis parlaient d’une Europe "nouvelle"), et vous n’avez toujours pas compris qu’on se foutait de vos tronches de cakes ? Vous êtes franchement bouchés...
Petit rappel pour ceux qui considèrent le vote du peuple pour quantité négligeable : le peuple français (ça vous dit quelque chose ?) s’est prononcé contre l’Europe par référendum le 29 mai 2005... CONTRE. C’est clair, non ?
Alors, à moins de changer de peuple... Au fait, c’est ce que veulent de tout temps tous les fascistes de tous pays : changer de (le) peuple...

25/03/2013 00:08 par acT

@CG

Français, je votais avec vous(?) contre cette Europe.
Vos arguments sont étranges,
la finance corrompt et utilise les institutions Européennes, dont de nombreuses sont absolument non démocratiques, donc nous devrions refuser l’idée même de fédération européenne ?
Ainsi vu que la droite prétend défendre la liberté ou la justice, par exemple, nous devrions condamner ces droits ?

Nous condamnons leur "liberté" d’exploiter, leur "justice" de classe corrompue, nous condamnons le capital qui corrompt et dévoie des idées ou concepts fondamentaux et/ou intéressants.
L’art de la manipulation du spectacle est de faire lâcher la proie pour l’ombre, au premier degré cela donne l’Europe actuelle, au second les baronnies de la nouvelle hyper-bourgeoisie.
Le jour approche où les travailleurs du même groupe lutterons réellement ensemble au niveau Européen, voire mieux et là les actionnaires trembleront, pas avant.
Si nous ne nous organisons et ne nous fédérons* pas pour résister puis vaincre, l’offensive en cours se poursuivra. Offensive qui elle est menée à l’échelle internationale.

(*fédération libre de conseils démocratiques socialistes et/ou libertaires)

25/03/2013 07:26 par Cunégonde Godot

acT, vos arguments n’en sont pas. Parce qu’ils restent au niveau des idées. Le peuple français souverain ne veut pas de l’Europe supranationale avatar du mondialisme et/ou de l’ "alter"mondialisme dans laquelle il se dissolverait et disparaîtrait, régressant en populations, communautés en tout genre, peuplades de toutes espèces, sectes à l’infini.
Et un nouveau référendum confirmerait ce fait que les "camps" européo-mondialiste et "alter"mondialiste font semblant de ne pas voir, confortablement installés dans l’affrontement idéologique qui ne mange pas de pain (Mélenchon/Le Pen) que les médias capitalistes apprécient tant ils font le spectacle.
Et pendant qu’ils font le spectacle politique, ils abandonnent (ensemble) avec une bonne dose de malhonnêteté et de perversion ce champ politique à l’extrême-droite (comme dans les années 30), en Grèce comme partout ailleurs en "Europe"...
Voilà les faits.

25/03/2013 11:39 par martine

@ AcT . Tronches de cakes c’était clair non ? Inutile d’aller plus loin.

26/03/2013 12:09 par acT

Cunégonde, voyons d’abord où nos vues convergent :
en effet la plupart des peuples d’Europe dont les Français, ne veulent pas de cette Europe qui est l’avatar du capitalisme globalisé (le mondialisme c’est vague).
Et de nouveaux référendums le confirmeraient et je voterais avec vous contre cette Europe capitaliste.

Ensuite vous reprochez à mes arguments de ne pas en être car ils se limiteraient au niveau de l’idée.
Juste pour ce qui est d’imaginer une fédération libre d’Europe socialiste et/ou libertaire,
par contre vous éludez encore : faudrait-il par principe condamner tout concept ou idée que le capitalisme manipule/dévoie/corrompt ?

Contrairement à ce que vous semblez penser, parmi ceux qui s’opposent à l’Europe du capital , nombreux sont ceux à gauche (sincères) qui appuieraient un autre type de communauté européenne pour et par les peuples, non interventionniste avec des institutions démocratiques aux pouvoirs limités mais utiles (services publiques etc cf précédents com.)

Et surtout l’internationalisme, les fédérations syndicales, les fédérations anarchistes, entre autres, ne sont pas que des idées.
Et un autre fait est la nécessité de s’organiser donc fédérer les luttes pour résister puis vaincre (puis résister, etc) un ennemi -le capitalisme- organisé à l’échelle planétaire.

com. de martine :
un trait d’humour subtil qui m’échappe ou la modération de LGS a décidé d’ouvrir la chasse au troll ?

26/03/2013 17:42 par acT

@Geb,
En effet et à votre question :

On se demande bien pourquoi il y en a chez nous, dans nos orgas politiques et syndicales, qui ont décidé que ça devait disparaître de la feuille de route des Peuples en lutte ???
Mais se poser la question, et la poser aux dites "orgas" qui parlent, ou prétendent parler en notre nom, après tout c’est peut-être déjà y répondre. ???

Une réponse valable est : parce qu’ils sont corrompus ou dévoyés par le capital.
De la sociale-démocratie ils ont glissé vers le centre tout proche, puis dérivent toujours plus vers la droite.
Faut-il pour autant condamner le syndicalisme ou refuser l’idée de fédérer à gauche ?
Un commentaire de Dwaabala sous un édito de Théo peut répondre à la question :

"Lénine cite le cas d’un militant écossais, Willie Gallagher, qui avait écrit à Lénine pour lui dire tout son enthousiasme révolutionnaire, en précisant que les communistes écossais ne voudraient pour rien au monde s’associer au Parti Travailliste "réformiste". Mais Lénine a répondu, à la grande stupéfaction de Willie Gallagher, en lui conseillant vivement de rejoindre "sans tarder" le Parti Travailliste, puisque celui-ci regroupait "incontestablement la vaste majorité des salariés britanniques".
D’une manière générale, lorsque la majorité des travailleurs soutiennent des partis et des syndicats dont les directions sont réactionnaires ou réformistes, refuser d’y travailler, d’y mener un travail de propagande, revient à abandonner les travailleurs à l’influence de ces mêmes directions. Quant à s’imaginer que les travailleurs se lèveront, un beau matin d’Octobre, las d’être constamment exploités par le patronat et trahis par leurs directions syndicales et politiques, et qu’ils se dirigeront en masse vers une minuscule organisation de "purs" qui, la veille, les méprisait, c’est "fonder une tactique sur le seul sentiment révolutionnaire". La très grande majorité des travailleurs ne parviennent pas aux idées socialistes par des lectures et des discussions, mais à travers leur propre expérience politique. Il convient donc aux socialistes de participer à cette expérience, tout en expliquant patiemment et fraternellement leurs arguments. Aux gauchistes qui déclaraient que ceci revenait à "soutenir les dirigeants réformistes", Lénine répondait avec ironie : les soutenir, oui, "exactement comme la corde soutient le pendu". Et en effet, c’est en mettant à l’épreuve les dirigeants qui ne sont pas réellement socialistes que le mouvement social finira pas s’émanciper de leur emprise"

26/03/2013 22:36 par Geb.

D’une manière générale, lorsque la majorité des travailleurs soutiennent des partis et des syndicats dont les directions sont réactionnaires ou réformistes, refuser d’y travailler, d’y mener un travail de propagande, revient à abandonner les travailleurs à l’influence de ces mêmes directions.

Exact.. Et pertinent. Et je dis pas ça parce que c’est Vladimit Illitch qui l’a dis. ((- :

Mais Lénine parle de Partis et Syndicats qui sont "soutenus" par les travailleurs, (Et pas de "syndicats et partis" que les travailleurs trahis quittent en masse pour se tourner vers d’autres structures plus contestables). Et il ne parle pas de "syndicats et partis qui ont trahi leurs engagements révolutionnaires passés", mais de "syndicats et partis réformistes" qui n’ont jamais prétendu un jour être des "syndicats et partis révolutionnaires" comme c’était le cas par exemple de la CGT et du PCF avant les grandes envolées mutatrices de Bob Hue et consorts.

On peut imaginer pouvoir faire évoluer positivement une structure réformiste primitive, à la rigueur en scissionnant comme l’a fait au Congrès de Tours en 23 le PC, (Section Française de l’Internationale Communiste - SFIC) avec le Parti socialiste d’alors, Et tu remarqueras que je n’emploie pas, volontairement, le label de "Parti communiste français" qui n’était alors, et ce jusqu’en 1945, pas l’appellation officielle du PC en France.

Lénine n’a jamais parlé de faire évoluer des structures révolutionnaires qui ont fait le chemin à l’envers de la "révolution prolétarienne" vers la "social-démocratie bourgeoise". Ou alors j’ai manqué un paragraphe.

Quant à y "oeuvrer" en interne pour inverser la vapeur, vu que j’y ai passé ma vie après celle de mes parents, dans la CGT et le Parti, et que durant plus de 45 ans j’ai tenté de l’intérieur d’empêcher, ou au moins de ralentir, cette dérive comme des dizaines de milliers de mes camarades l’ont fait avant de se barrer pour ne plus perdre leur temps et leur âme, je ne me vois pas y retourner vu que j’ai pu juger sur pièce du résultat de nos efforts et de la puissance de nos ennemis en interne.

Faut savoir un jour reconnaître qu’on est impuissant... Ou pas bon. Au choix.

Et chercher d’autres solutions ou structures pour reprendre le dessus. J’espère que ça arrivera bientôt.

En tout cas y en a qui cherchent, c’est déjà pas si mal

Mais s’il y en a qui se sentent plus forts et capable que nous sur le sujet faut pas qu’ils hésitent.

Mes camarades et moi on sera les premiers à reconnaître notre nullité... A condition qu’on nous présente des résultats concrets, évidemment.

Geb.

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