Vers la naissance d’un Front de libération nationale palestinien ?
A ceux qui dissertent sur les droits de l’homme et sur la justice, il est devenu nécessaire de leur rappeler que de tels droits exigent au préalable le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un principe sans lequel point d’existence. C’est le cas du peuple palestinien. Un peuple réduit à vivre dans une petite portion de sa terre ancestrale tel un locataire en attente d’être expulsé sinon dans une prison à ciel ouvert, devenue un enfer. Je n’ose écrire camp de concentration pour qu’on ne m’accuse pas d’insulter la mémoire de celles et ceux qui sont morts dans les camps nazis.
Aux experts en tout, je précise que le droit d’un peuple à disposer de lui-même signifie le pouvoir de vivre et écrire sa propre histoire avec ses qualités et ses défauts. Et que toute ingérence extérieure qui s’introduit dans l’écriture de son histoire s’appelle, colonialisme, apartheid, impérialisme.
Les mêmes philosophes, géopoliticiens et dirigeants qui ont chanté les interventions de leurs propres pays à travers le monde pour semer le bien sur les peuples -afin de les protéger affirment-ils- reconnaissent que ce ’’bien’’ largué sur les peuples, a produit du mal. Des exemples ?
Il suffit de voyager dans le passé pour en trouver.
Ce qui me permet de revenir au droit du peuple palestinien à écrire son histoire. Cette écriture ne peut se faire sans vivre sur sa terre. Et cette écriture est d’autant plus violente que le peuple palestinien vit sous l’occupation du sionisme politique. Composante fondamentale de l’impérialisme occidental dont les enjeux géostratégiques au Moyen-Orient s’inscrivent dans un objectif global : suprématie mondiale de l’impérialisme israélo-occidental.
A travers de modestes articles comm : “ Wahhabisme et sionisme : une sainte alliance contre l’Iran ”, “ Face à une tempête mondiale, sortir de l’impasse d’Oslo ”, “ Le peuple palestinien et les accords d’Abraham ” - j’ai esquissé un tableau géopolitique que le présent confirme. Comme celui écrit le 20 août 2014, “ Destruction de Gaza : Impunité pour un Etat pas comme les autres ”.
En effet, j’affirmai que « la position politique des puissances occidentales y compris la France signifie en terme diplomatique que l’Etat d’Israël a les mains libres à Gaza. Ce qui fait des gesticulations diplomatiques étasuniennes et françaises au Caire ou à Paris et des condamnations morales un écran de fumée servant à calmer une opinion internationale de plus en plus révoltée par les destructions et le massacre de civils, notamment d’enfants, perpétrés par l’armée israélienne. »
Que dire de plus, aujourd’hui, si ce n’est que la situation du peuple palestinien est pire. Mais c’est la faute du Hamas, et l’Etat sioniste ne fait que se défendre, répondent les dirigeants occidentaux et certains dirigeants arabes. Faisant fi des multiples résolutions de l’ONU que l’Etat d’Israël ne respecte pas avec le soutien de l’impérialisme occidentale et la bénédiction de la majorité des Etats sunnites. Ce qui fait des accords d’Abraham une reddition de ces Etats en rase campagne tout en essayant d’effacer de la mémoire des peuples arabes la question palestinienne.
Et comme tout le monde a enterré les Accords d’Oslo, il ne reste plus au peuple palestinien que le choix entre deux chemins à suivre. Celui qu’indiquent les Accords d’Abraham et dont il sera question dans la deuxième partie ou suivre le chemin déjà tracé dans le passé. Celui dont l’horizon est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un horizon dont « la phase historique que traverse actuellement le peuple palestinien est caractérisée par la lutte nationale pour la libération de la Palestine. De ce fait, les dissensions entre les forces nationales palestiniennes sont d’une importance secondaire et doivent être résolues eu égard à la contradiction fondamentale qui existe entre les forces du sionisme et de l’impérialisme, d’un côté, et le peuple palestinien arabe, de l’autre. » (2)
Sionisme et sunnisme : une sainte alliance contre l’Axe de la résistance arabe
En 2021, après avoir fêté le premier anniversaire des Accords d’Abraham, les Etats-unis et l’entité sioniste avaient annoncé la préparation d’un nouveau plan pour le peuple palestinien dans le cadre de la normalisation. Et c’est Naftali Bennett, premier ministre israélien en 2021 qui, en affirmant être, « choqué comme israélien et juif de savoir qu’un travailleur palestinien doit se lever chaque jour à trois heures du matin, et faire la queue pour prendre son travail à Tel-Aviv à 7 heures du matin » (3), avait défini l’idée centrale de ce plan. Réduire la question palestinienne à un simple problème de gestion sociale et économique. Et de toute évidence, c’est l’homme des Emirats Arabes unies et des Etats-unis, un ancien dirigeant du Fath, Mohamed Dahlane, qui est pressenti pour faire de l’OLP une ‘’agence immobilière’’ chargée de la vente de la Palestine. En appelant la communauté internationale à la reconnaissance d’un « État palestinien démilitarisé » (4), le Président égyptien abonde dans ce sens. Mais encore faut-il, éliminer la Résistance palestinienne.
En effet, les Etats arabes ne peuvent ‘’vendre’’ à la rue arabe à majorité sunnite les Accords d’Abraham tant que le peuple palestinien mène une résistance de libération. Une résistance palestinienne dont les vrais soutiens sont des Etats chiites : Iran, Yémen ou non sunnites : Syrie, Irak, Liban dont la Résistance libanaise, le Hezbollah, constitue l’ossature. Concernant l’Arabie saoudite, les négociations pour établir les relations diplomatiques avec Israël étaient en bonne voie. Dans ces négociations, gelées au lendemain du 7 octobre, le point Palestine y figuré sous l’angle d’une amélioration des conditions de vie de la population palestinienne. Une question d’investissement.
Il serait injuste de ne pas souligner que les Etats algériens et tunisien sont les deux seuls Etats sunnites qui soutiennent sans ambiguïté la résistance palestinienne.
De ce bref aperçu, on en déduit qu’une guerre contre l’Axe de la souveraineté représenté par l’Iran au Moyen-Orient ne peut-être déclenchée par Israël et l’OTAN avec ces Etats sunnites en tête que si les conditions citées ci-dessus sont remplies. Car, la cause palestinienne étant présente dans les cœurs arabes, les dirigeants sunnites doivent, tout d’abord, se présenter à ces cœurs comme ceux qui ont résolu le ’’problème’’ palestinien pour pouvoir diaboliser le monde chiite jusqu’à lui faire une guerre.
M. El Bachir
(1) Poème de Mahmud Darwich : “ Identité ”
(2) https://mjp.univ-perp.fr/constit/ps1968.htm
(3)https://alter.quebec/palestine-la-trahison-previsible-de-mahmoud/
(4)https://fr.timesofisrael.com/liveblog_entry/al-sissi-les-negociations-de-paix-entre-israel-et-lap-sont-inutiles-il-faut-reconnaitre-un-etat-palestinien/