RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Un ex-général à la présidence du Guatemala

De militaires "mains dures" et des grands capitaux à l’affût.

Le 14 janvier 2012, le général à la retraite Otto Pérez Molina, candidat du parti de droite « Parti Patriotique » (PP) deviendra le président du Guatemala. Durant sa campagne il a promis la "main dure" contre la délinquance, contre le narcotrafic et le crime organisé, réussissant à capter le vote d’une population terrorisée par les taux élevés de violence dans le pays. Cependant le retour au pouvoir d’un militaire au passé obscur éveille de sérieuses craintes dans plusieurs secteurs de la société qui se refusent à oublier l’histoire récente du pays.

Le 5 juillet 2011 trois activistes états-uniens et l’organisation indigène Waqib Kej ont dénoncé le prochain président du Guatemala auprès du Rapporteur Spécial des Nations Unies contre la torture.

Selon eux, l’ex-général entraîné dans la sinistre École des Amériques a été mêlé au génocide perpétré pendant les années 80 contre la population indigène, alors qu’il était officier d’opérations dans la province du Quiché, une des plus affectées par la guerre civile.

Jennifer Harbury, une des plaignantes, a accusé Pérez Molina d’être responsable de la torture et de la disparition en 1994 de son mari, le guérillero guatémaltèque Efraà­n Bámaca. Durant cette période le général à la retraite était chef d’intelligence militaire.

Génocide

Le sociologue Carlos Figueroa Ibarra affirme que le Guatemala a vécu pendant la deuxième moitié du 20ème siècle "le plus grand génocide observable dans l’Amérique contemporaine". Entre 1954 et 1996, environ 150 mille guatémaltèques furent exécutés de manière extra-judiciaire et 45 mille autres « disparus ».

Ce qui s’est produit durant le conflit a fait l’objet de l’enquête du Projet Interdiocésain « Récupération de la Mémoire Historique" (REMHI). La présentation du rapport final "Guatemala : Plus jamais" fut la responsabilité de l’évêque Juan José Gerardi, Directeur du Bureau des Droits de l’Homme de l’Archevêché de Guatemala (ODHAG).

Dans ses conclusions le rapport a démontré qu’au moins 60 pour cent des plus de 55 mille violations des droits humains commises contre la population furent la responsabilité directe de l’armée. Deux jours après la publication du rapport, le 24 avril 1998, Monseigneur Gerardi était brutalement assassiné.

Aujourd’hui le retour au pouvoir d’un ancien haut gradé militaire génère de vives préoccupations parmi plusieurs secteurs de la population guatémaltèque.

Griffes vert-olive

"Le véritable problème n’est pas ce que Pérez Molina et son entourage annoncent en termes de programme de gouvernement mais ce qui gravite autour d’eux" a déclaré, dans une conversation avec Sirel, Enrique "Quique" Torres, conseiller légal de la Fédération Syndicale des Travailleurs de l’Alimentation (FESTRAS).

Selon lui, les militaires trouvent ici l’occasion de redevenir les protagonistes. "Ils se sentent de nouveau dotés de pouvoir et ils sortent leurs griffes. Leur premier objectif est d’obtenir la démission de la Juge Générale Claudia Paz y Paz, pour qu’elle ne poursuive pas ses enquêtes sur les crimes du passé" explique Torres.

En outre d’importants secteurs du capital oligarchique traditionnel, du capital "émergeant" et les militaires eux-mêmes de la droite contre-insurrectionnelle, exigeront leurs quotas de pouvoir dans le nouveau gouvernement. "Ce qui nous préoccupe le plus dans ces choc de géants c’est que le peuple est toujours perdant" a-t-il souligné.

Face à cette situation, Francisco Barillas, secrétaire général du Syndicat des Travailleurs de la Centrale de mise en bouteilles SA-Coca Cola (STECSA) a annoncé que les travailleurs organisés craignent une régression dans les conquêtes sociales acquises au prix de décennies de lutte.

"Nous attendons de voir quelles seront les premières mesures du nouveau gouvernement. Pendant ce temps nous allons continuer à conscientiser nos bases et à renforcer l’unité des travailleurs sur les plans national et international parce que notre avenir passe par la promotion et la garantie de la négociation collective" a expliqué Barillas.

Pour David Morales aussi, secrétaire général de FESTRAS, la victoire électorale de Pérez Molina ouvre un climat d’incertitude. "Son cabinet va être formé de membres de la droite économique du pays qui reviennent au pouvoir. En tant que mouvement syndical nous allons observer de très près l’action du gouvernement et nous allons renforcer notre structure, et nous préparer pour ce qui viendra" conclut Morales.

Giorgio Trucchi - Rel-UITA

http://nicaraguaymasespanol.blogspot.com/2012/01/guatemala-de-militares-manos-duras-y.html

Traduction : Thierry Deronne, pour http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1841

URL de cet article 15548
   
Roms de France, Roms en France - Jean-Pierre Dacheux, Bernard Delemotte
Population méconnue, la plus nombreuse des minorités culturelles, présente en Europe depuis des siècles, les Roms comptent plus de dix millions de personnes. Ils ont subi partout l’exclusion et les persécutions : l’esclavage en Roumanie du XIVe au XIXe siècle, l’extermination dans les camps nazis… Peuple à l’identité multiple, son unité se trouve dans son histoire, sa langue et son appartenance à une "nation sans territoire" . La loi Besson de juillet 2000 a reconnu les (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« La politique étrangère américaine est ignoble car non seulement les États-Unis viennent dans votre pays et tuent tous vos proches, mais ce qui est pire, je trouve, c’est qu’ils reviennent vingt ans plus tard et font un film pour montrer que tuer vos proches a rendu leurs soldats tristes. »

Frankie Boyle, humoriste écossais

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.