Le 5 juillet 2011 trois activistes états-uniens et l’organisation indigène Waqib Kej ont dénoncé le prochain président du Guatemala auprès du Rapporteur Spécial des Nations Unies contre la torture.
Selon eux, l’ex-général entraîné dans la sinistre École des Amériques a été mêlé au génocide perpétré pendant les années 80 contre la population indigène, alors qu’il était officier d’opérations dans la province du Quiché, une des plus affectées par la guerre civile.
Jennifer Harbury, une des plaignantes, a accusé Pérez Molina d’être responsable de la torture et de la disparition en 1994 de son mari, le guérillero guatémaltèque Efraàn Bámaca. Durant cette période le général à la retraite était chef d’intelligence militaire.
Génocide
Le sociologue Carlos Figueroa Ibarra affirme que le Guatemala a vécu pendant la deuxième moitié du 20ème siècle "le plus grand génocide observable dans l’Amérique contemporaine". Entre 1954 et 1996, environ 150 mille guatémaltèques furent exécutés de manière extra-judiciaire et 45 mille autres « disparus ».
Ce qui s’est produit durant le conflit a fait l’objet de l’enquête du Projet Interdiocésain « Récupération de la Mémoire Historique" (REMHI). La présentation du rapport final "Guatemala : Plus jamais" fut la responsabilité de l’évêque Juan José Gerardi, Directeur du Bureau des Droits de l’Homme de l’Archevêché de Guatemala (ODHAG).
Dans ses conclusions le rapport a démontré qu’au moins 60 pour cent des plus de 55 mille violations des droits humains commises contre la population furent la responsabilité directe de l’armée. Deux jours après la publication du rapport, le 24 avril 1998, Monseigneur Gerardi était brutalement assassiné.
Aujourd’hui le retour au pouvoir d’un ancien haut gradé militaire génère de vives préoccupations parmi plusieurs secteurs de la population guatémaltèque.
Griffes vert-olive
"Le véritable problème n’est pas ce que Pérez Molina et son entourage annoncent en termes de programme de gouvernement mais ce qui gravite autour d’eux" a déclaré, dans une conversation avec Sirel, Enrique "Quique" Torres, conseiller légal de la Fédération Syndicale des Travailleurs de l’Alimentation (FESTRAS).
Selon lui, les militaires trouvent ici l’occasion de redevenir les protagonistes. "Ils se sentent de nouveau dotés de pouvoir et ils sortent leurs griffes. Leur premier objectif est d’obtenir la démission de la Juge Générale Claudia Paz y Paz, pour qu’elle ne poursuive pas ses enquêtes sur les crimes du passé" explique Torres.
En outre d’importants secteurs du capital oligarchique traditionnel, du capital "émergeant" et les militaires eux-mêmes de la droite contre-insurrectionnelle, exigeront leurs quotas de pouvoir dans le nouveau gouvernement. "Ce qui nous préoccupe le plus dans ces choc de géants c’est que le peuple est toujours perdant" a-t-il souligné.
Face à cette situation, Francisco Barillas, secrétaire général du Syndicat des Travailleurs de la Centrale de mise en bouteilles SA-Coca Cola (STECSA) a annoncé que les travailleurs organisés craignent une régression dans les conquêtes sociales acquises au prix de décennies de lutte.
"Nous attendons de voir quelles seront les premières mesures du nouveau gouvernement. Pendant ce temps nous allons continuer à conscientiser nos bases et à renforcer l’unité des travailleurs sur les plans national et international parce que notre avenir passe par la promotion et la garantie de la négociation collective" a expliqué Barillas.
Pour David Morales aussi, secrétaire général de FESTRAS, la victoire électorale de Pérez Molina ouvre un climat d’incertitude. "Son cabinet va être formé de membres de la droite économique du pays qui reviennent au pouvoir. En tant que mouvement syndical nous allons observer de très près l’action du gouvernement et nous allons renforcer notre structure, et nous préparer pour ce qui viendra" conclut Morales.
Giorgio Trucchi - Rel-UITA
http://nicaraguaymasespanol.blogspot.com/2012/01/guatemala-de-militares-manos-duras-y.html
Traduction : Thierry Deronne, pour http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1841