De la démocratie, Fidel et Cuba.


Lundi 7 août 2006.


Je n’ai jamais mis les pieds à Cuba. Toi non plus ? Non, je ne parle pas de la plage de Varadero et de ses hôtels de luxe. Je parle de Cuba. Alors, comme toi, je lis et j’essaie d’analyser les propos des journalistes de la presse traditionnelle et les déclarations des hommes politiques. Fidel est un dictateur, disent-ils. Bon, va pour le dictateur. Il faut rétablir la démocratie à Cuba. Bon, va pour la démocratie. C’est un régime policier. Bon, va pour le régime policier. On ne respecte pas les Droits de l’Homme à Cuba. Va pour les Droits de l’Homme. Le peuple cubain est pauvre et a faim. Bon, va pour la pauvreté et la faim.

Quand tu as lu tout ça, et rien que ça, de la part de journalistes qui n’y ont, eux non plus, peut-être jamais mis les pieds, tu peux être en droit de t’interroger. La seule question est alors de savoir si un pays qui vit depuis plus de quatre décennies sous embargo peut avoir un régime réellement démocratique, avoir les moyens de sa survie et assurer le bien-être de ses citoyens. Bon, déjà tu as compris pourquoi les cubains ne sont pas riches. Et puis, tu établis des comparaisons. Allons-y.

En France où tu vis, comme chacun sait, dans un pays aux hautes valeurs démocratiques, tu supportes quand même depuis onze ans un président versatile, qui va de contradiction en contradiction, supposé être mêlé à de drôles d’histoires comme les emplois fictifs à la mairie de Paris, les frais de bouche de l’Élysée ou l’affaire Clearstream, par exemple. Au moins, avec Fidel, on sait où on va. C’est clair. Les affaires de corruption ou de trafic de drogue, on en parle. Il n’empêche qu’il y a quand même un de ses généraux qui a été passé par les armes pour ça. Couverture ? Peut-être. Mais Le Grand Jacquot, lui, a amnistié Guy Drut, condamné pour malversation.

Fidel peut paraître imbuvable à cause de cette figure de personnage omniscient. Il peut très bien faire le bulletin météo à la télé et t’expliquer le passage de l’ouragan Katrina, qui, entre nous soit dit, n’a fait aucun mort à Cuba, alors qu’il en a fait plusieurs centaines en Louisiane bien que très afaibli, ou bien t’offrir un bulletin de santé après une chute ou une opération. Mais quand Le Grand Jacquot a un accident cardio-vasculaire, motus et bouche cousue. Alors, information, désinformation ou opinion ?

Fidel décide de tout. Certes. Mais nos lois ne sont-elles pas votées à l’Assemblée Nationale sans consultation des partenaires sociaux et à coup de 49-3 ? Chapeau la démocratie ! Tu vois la différence ?

Bien sûr le Parti Communiste Cubain est présent dans toutes les instances et auprès de la population. Donc, c’est un état policier. Mais alors, les jeunes issus de l’immigration qui se font tabassés ou même tués par les flics en toute impunité. C’est mieux ?

Les Droits de l’Homme, parlons-en. D’abord, les « prisonniers politiques » à Cuba sont tous des journalistes, des poètes ou des écrivains. Non pas qu’ils le soient nécessairement mais c’est ce qu’ils disent une fois arrêtés. Ils se comptent d’ailleurs à quelques dizaines et sont tous liés aux anti-castristes extrémistes de Miami qui voudraient rétablir un régime du type Battista. En guise de protection, les États-Unis abritent toujours Posada Carriles qui est un terroriste et a fait sauter un avion de Cubana de Aviación.

Tu te souviens des Marielitos ? Ceux qui voulaient rejoindre la Floride du port de Mariel. Des homosexuels persécutés ? Mais non. Fidel a vidé ses prisons de tous ces délinquants de droit commun et les a envoyé aux États-Unis. Plus de commentaires de la Maison Blanche car ils ont rejoint directement les geôles de Baby Bush.

Alors, pour les Droits de l’Homme, on peut penser à Guantanamo, à Abu Graïb ou à Sangatte. Que de leçons à recevoir !

Les premiers Droits de l’Homme sont le Droit à l’Éducation et à la Santé. A Cuba, c’est totalement gratuit. Tu peux en dire autant partout ailleurs ?

Alors, on peut aimer ou pas, mais c’est quand même un drôle de dictateur ce Fidel qui se préoccupe de l’éducation et de la santé de ses concitoyens.

Pour ma part, je suis fidèle.

Un rubi, cinco franjas y una estrella.



Fidel Castro malade, Miss Monde acnéique, presse métastasée, par Maxime Vivas.

Pourquoi les arrestations à Cuba ? par Wayne Smith, ancien responsable la section des intérêts US à la Havane.


Que se passe-t-il à Cuba, par Danielle Bleitrach.




COMMENTAIRES  

09/08/2006 22:56 par Anonyme

Je ne suis ni spécialiste, ni journaliste, ni touriste
Cuba, connais pas.

Fidel et le CHE
çà me parle !

Plus que des hommes, ils sont devevus des symboles.
Pas seulement pour leur génération, mais bien le symbole de la jeunesse.

Ils étaient beaux, penseurs et travailleurs,
soucieux des plus démunis.
La lutte pour une meilleure vie,
pour tous.

Une utopie ?
A nos ages, nous savons nous regarder dans un miroir :
L’absolu, la vérité, la justice : y arriver ?
Mais nous voulons toujours y croire,
Une utopie, le rêve des hommes debouts.

Moi aussi, je veux être fidèle à Fidel.
Je relève le menton et pense au CHE.
La photo du CHE !!!
sur nos murs de jeunesse et ceux de nos enfants.
Je te suis fidèle mais je te dis NON !

Doit-on te sacrifier les Droits de l’Homme, la démocratie ?
Ton embargo te permet-il de mettre au pilori, ce qui était ton essence ?
Devait-on à l’identique tolérer les Goulags ?
Mise à prix ?
La chiraquie et les autres ?
tous pourris ? qui l’a dit ?

Non, Fidèle, je veux continuer à croire en ton utopie d’antan,
croire aux droits de l’Homme et en la démocratie.
Je viens à ton chevet pour espérer le relais : la jeunesse doit pouvoir y croire aussi.
Pas de rabais, ni de petits prix pour les héros.
Le peuple cubain mérite mieux que le frère, il doit choisir.

Difficile de rester debout,
Je veux continuer à croire

10/08/2006 12:16 par Viktor Dedaj

Bienvenue à Cuba

Bonjour,

A priori, nous ne nous connaissons pas. Nous avons pourtant de nombreuses choses en commun. Par exemple, nous pensons que le monde est injuste (excusez-moi de choisir un terme aussi terne, mais nous nous comprenons, n’est-ce pas ?).

Nous rageons de voir les puissances se complaire dans l’impuissance lorsqu’il s’agit de régler des problèmes qui seraient des priorités dans un monde parallèle, fait de gens sensés, concernés, normaux quoi. Nous rageons de voir les mêmes puissances déployer leurs moyens quasi-illimités pour des objectifs que nous réprouvons.

Nous refusons de voir le malheur réduit à des statistiques.

Nous croyons à l’importance de l’éducation, de la santé. Nous pensons que les critères de rentabilité économique ne doivent pas s’imposer aux valeurs humaines.

Nous croyons à un monde meilleur.

Nous refusons l’hégémonisme de l’argent, du capitalisme, de sa mondialisation et ses sourires de prédateur.

Nous croyons au droit à l’autodétermination des peuples.

Nous pensons que la loi doit être la même pour tous. Nous refusons le droit du plus fort.

Nous pensons que la guerre peut être justifiée mais dans un nombre de cas tellement réduits qu’il ne vaut pas la peine de les aborder.

Nous pensons que toute société organisée qui se respecte devrait accorder ses priorités aux plus faibles, aux plus démunis.

Nous pensons que l’honneur consiste à être fidèle à ses principes, par tous temps et dans toutes les circonstances.

Nous croyons que la démocratie mérite plus que le pluripartisme et une multitude de journaux interchangeables tenus par des puissances d’argent.

Nous haïssons le fascisme sous toutes ses formes.

Nous aimerions que nos hommes politiques nous prennent enfin pour des adultes et cessent leur jeu de séduction, peu compatible avec la démocratie, du moins celle dont nous rêvons.

Nous avons compris que la guerre contre l’Irak n’avait rien à voir ni avec des armes de destruction massive ni avec la libération d’un peuple. Nous avons été ébahi de voir jusqu’où les dirigeants états-uniens sont allés dans le mensonge et la manipulation pour tenter de nous convaincre du "bien-fondé" de leurs meurtres.

Nous pensons que ceux qui ont participé à cette action abjecte, ceux qui s’en sont rendus complices, ceux qui ont choisi "ce camp-là ", devraient être traduits en justice.

Nous savons désormais à quel point ils contrôlent l’information et peuvent traduire une action en son contraire. Nous avons repéré leurs alliés, leurs porte-paroles, leurs chiens-chiens tenus en laisse parmi nous.

Et nous aimerions avoir des raisons d’espérer.

Alors, bienvenue à Cuba.

Si vous croyez que les Etats-Unis feraient mieux de s’occuper de leurs sans-logis, de leurs malades, de leur analphabètes, de leur rosiers, plutôt que de s’ingérer dans les affaires du monde entier, alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez que les milliers d’attentats commis contre Cuba et organisés à partir du territoire des Etats-Unis, et l’impunité systématique accordée par les autorités états-uniens aux auteurs de ces attentats, disqualifient à la fois la Maison Blanche et leurs larbins médiatiques qui ont gardé le silence sur ces actes tout au long de ces 40 dernières années, alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez que l’arsenal juridique états-unien contre Cuba (Cuban Adjustment Act, Trading With the Enemy Act, Loi Torricceli, Loi Helms-Burton, parmi d’autres) devrait être considéré comme une tentative de crime humanitaire, alors bienvenue à Cuba.

Si vous venez soudainement de vous rendre compte que l’on ne vous a jamais expliqué en quoi consistait le fameux "embargo" ou "blocus" dont on parle, alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez que les Etats-Unis sont assez malins pour ne pas interdire la vente de boissons gazeuses à Cuba, pour justement permettre aux "dissidents" en Europe d’affirmer sans être contredits que le blocus n’existe pas, mais préfèrent frapper à des niveaux plus élevés, moins visibles, et autrement plus efficaces, alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez que les "dissidents" cubains, archi-présents dans les médias européens, qui se présentent comme des "progressistes" mais trouvent les faveurs des milieux de Miami d’extrême droite où s’est déroulée la seule manifestation au monde en faveur de la guerre en Irak, qui mentent sur leurs passés et leurs parcours pour mieux vendre leur baril de lessive anti-castriste, n’ont de "dissident" que le nom, alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez que des personnes qui trouvent argent, appui et condescendance en la personne du représentant des Etats-Unis à Cuba, James Cason, ami d’enfance d’Otto Reich, chargé des affaires latino-américaines à la Maison Blanche, lui-même artisan de la désinformation, de la subversion et des coups d’état en Amérique latine depuis qu’il a appris à marcher, ne sont pas des "journalistes" ou des "militants des droits de l’homme" mais bien des mercenaires au service d’une puissance ennemie, alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez que Reporters Sans Frontières, qui ne trouvent rien de mieux à faire que de défendre des journalistes golpistes au Venezuela, tout en se taisant sur les journalistes des médias communautaires arrêtés par des forces rebelles, pour s’en prendre au président démocratiquement et régulièrement élu du pays, feraient bien de réajuster leurs grilles de valeurs, alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez que Reporters Sans Frontières, parrainés par le magazine-torchon Paris-Match et autres fins connaisseurs de la question journalistique, et qui par ailleurs ne savent défendre que les journalistes d’ailleurs et se taisent sur les victimes de censures commises par leurs propres bailleurs de fonds (et ceci du propre aveu de Robert Ménard dans un article du magazine Marianne), feraient mieux d’apprendre à distinguer leur tête de leur cul, alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez que le fait que Cuba soit devenue le premier pays au monde dans les domaines de l’agriculture organique, des énergies renouvelables et des médecines alternatives mériterait autant un reportage que les sempiternelles images de "filles aux aguets du touriste de passage", alors bienvenue à Cuba.

Si vous pensez qu’il est injuste, stupide ou même criminel d’appliquer à Cuba des raisonnements qui vous sont gracieusement offerts par ses pires ennemis, alors bienvenue à Cuba.

Si vous avez maintenant le vague sentiment que l’on vous a caché un pan entier d’une aventure humaine unique, et que vous découvrez chaque jour, en vous intéressant d’un peu plus près à la question, que la réalité ne coïncide nullement avec les affirmations doctes de ceux-là mêmes qui viennent de tourner leur veste sur la question Irakienne, si vous avez soudainement l’impression de respirer parmi des amis, des camarades ou plus simplement des gens normaux, c’est que vous etes déjà arrivés à Cuba.

Alors bienvenue.

Viktor Dedaj

"Gentil Organisateur de la solidarité cubaine"

Mai 2003

11/08/2006 04:22 par Jean-Michel Hureau

Viktor,

Pour moi qui apprécie ta fine plume, il me semble que ce que tu écris mérite bien plus qu’une simple réponse au modeste journaleux que je suis.

Un article à la Une de LGS. Oui !!!

JMH

25/08/2006 03:48 par Jean-Michel Hureau

Viktor,

je n’arrive pas à te répondre en privé, alors j’utilise le canal du Grand Soir.

Je viens de découvrir que j’apparaissais sur le Net comme l’auteur de ton article.

Je suis désolé mais je n’y suis pour rien. J’ai adressé le communiqué suivant :

Attention,

Cet article n’est pas de moi. C’est une réponse de Viktor Dedaj à mon article "De la démocratie, Fidel et Cuba" paru dans le Grand Soir.

Je vous serai reconnaissant de bien vouloir rectifier et de rendre à Viktor ce qui lui appartient.

Merci d’avance.

Je me permets, par la même occasion, de vous recommander la lecture de ses articles.

C’est un Grand !

JMH

13/08/2006 16:08 par Anonyme

J’ai lu l’article de Monsieur Hureau...Je ne connais pas Cuba non plus et pourtant je crois avoir assez d’éléments pour affirmer que la situation cubaine n’est pas le seul fait des méchants étatsuniens... L’article met en avant les déboires de la société cubaine pour mieux les effacer ensuite derrière le sombre rideau occidental !!! Peut-être faudra-t-il 20 ou 30 ans avant de comprendre vraiment le régime de Castro et de ses conséquences. En effet, beaucoup de personnes ont pu être séduites par le régime "idyllique" de Mao avant de voir quelle en était la réalité. Ce n’est pas parce qu’un régime défend théoriquement (et seulement théoriquement) l’idéal marxiste qu’il faut à tout prix s’en servir comme d’un modèle international de réussite ou d’en faire une victime "pays oppressé" contre le géant américain.

Quant à la comparaison avec notre chiraquie, quelle audace ! Certes Chirac n’est pas un modèle de transparence, mais les répercutions de ces actes les plus criminels n’ont pas exactement la même puissance de ceux de Fidel ou de son gouvernement...

A part ça, juste un petit clin d’oeil sur la forme de l’article : phrases nominales percutantes malgré les fautes d’orthographe, dans un texte qui se veut alternatif mais qui finalement ne fait que renverser l’ordre établit par les USA des bons contre les méchants : le rogue state cubain devient paradisiaque contre le Mal occidental...
Désolée d’avoir un peu écorché le travail de ce monsieur, mais je trouve votre newsletter très intéressante et je tenais à vous faire percevoir mon point de vue sur ce genre d’article disons trop simpliste.
Bonne Journée.

14/08/2006 21:52 par J. M. Hureau

En somme, je fais des fautes d’orthographe, ce qui est vrai malgré toute l’attention que j’y porte, et vous faîtes des fautes de frappe. Tout simplement. Simple, dénué de prétention et sans ambition de détenir La Vérité, oui. Simpliste, vous allez peut-être un peu loin, non ?

Cordialement

JMH

26/08/2006 11:34 par Nico VDW

Certes, l’article, bien qu’assez bien troussé, comporte une ou deux lacunes : par exemple, dire que les écrivains, poètes et journalistes emprisonnés sont des imposteurs, soit, mais j’aurais aimé un peu plus de précisions que ca. Qui sont-ils, quel est leur parcours, bref, présenter quelque chose de probant et de convaincant.
Néanmoins la critique de l’article ci-dessus est largement aussi opaque, et ne fait que répèter des trucs que nous ressassent nos journeaux, dont très peu peuvent mériter le qualificatif de "journal de gauche engagé". Perso, j’en ai ma claque des diatribes vengeresses de marianne contre tout ce qui ressemble de près ou de loin à un communiste, pour les voir ensuite se plaindre des salaires scandaleux du patronnat, ou de l’attitude de liberation, et là je ne fais que parler de ceux dont la sensibilité pourrait se rapprocher de la mienne. Je ne vais même pas gloser sur des torchons tels que le figaro ou paris match. Le seul journal qui se soit fixé comme but d’analyser sans états d’âme la situation, en prenant en compte tous les aspects, c’est le monde diplomatique.
J’ai un reproche majeur à faire à fidel Castro, celui que personne ne lui fait : c’est de ne pas avoir aboli la peine de mort. Pour le reste,le système de santé et d’éducation, d’accord, c’est bien. J’adhère à 2000%. Mais s’il avait aboli la peine de mort, personne n’aurait pu le critiquer comme on l’a fait. Personne ne peut se sentir en sécurité dans un pays ou l’on pratique la peine de mort. Regardez l’affaire d’Outreau : si la peine de mort avait toujours été d’application, que croyez-vous qu’il se serait passé ?
Quoi qu’il en soit, je garde de la sympathie pour Castro, qui a ouvert une voie vers le progrès pour l’amérique latine dont les effets commencent à se faire sentir.
Enfin, je ne me suis relu que très rapidement, ce qui fait qu’il y aura peut-être des fautes de frappe, voire même d’orthographe. Si certains veulent utiliser cet argument pour me faire passer pour un gros con, libre à eux. C’est tellement plus facile que d’avoir trouver des arguments à opposer.

26/08/2006 12:53 par Anonyme

je ne vais pas répondre à toute l’intervention mais sur deux FAITS :
le premier concerne la peine de mort. La peine de mort n’a pas été abolie et Fidel explique pourquoi dans son interview (sur DVD) à ignacio Ramonet. Il dit en gros que Cuba subit de telles injustices, en particulier le terrorisme dont l’île est victime,le blocus, sans parler de l’affaire des cinq qui bouleverse les Cubains, que les mentalités ne sont pas prêtes à y renoncer. Mais les choses évoluent en ce sens. Et ce que l’on oublie de dire c’est qu’il existe un moratoire sur la peine de mort que les Cubains ont totalement respecté sauf en 2003, quand les Etats-unis cherchaient un prétexte à invasion (voir Cuba est une île, chapitre sur les ambassades). A tel point que le salvadorien dont l’action avait provoqué en 96 la mort d’un touriste italien (le cerveau était Posada Carriles), condamné à mort doit la vie à ce moratoire. Les dirigeants cubains considèrent comme le CHE que la peine de mort doit être tout à fait exceptionnelle et elle est une preuve de faiblesse plus que de force, c’est un ultime recours quand on ne peut pas se prémunir autrement devant un danger. Ce qui était le cas, comme vous le verrez dans le texte indiqué plus haut, contexte soigneusement occulté par la propagande occidentale.

Deuxième question , qui étaient les "dissidents" ? Là encore nous apportons des informations dans Cuba est une île.
Là encore, il faut soigneusement distinguer ceux que la propagande a réuni :
- Les "journalistes" ou ceux qui sont passés pour tels. Parmi eux, il n’y en avait que deux qui avaient un statut et une formation de ce type, Rivero et l’autre que j’ai rencontré à la havane quand j’ai étudié la religion à Cuba, il m’avait été recommandé comme un dissident catholique, un adepte de l’opus dei... J’ai discuté avec lui et avec d’autres "dissidents" catholiques... C’était un personnage étrange très distingué et moqueur, j’étais étonnée parce qu’il me disait tout et son contraire... En fait c’était un agent de la sécurité cubaine infiltré. Il a lui-même raconté qui étaient "les journalistes", les "intellectuels", des gens qui ne savaient même pas écrire et qui percevaient des rémunérations de la section des intérêts nord-américains, pour écrire ce qu’on leur dictait. C’est son témoignage qui a permis de condamner "les journalistes", non parce qu’ils écrivaient "librement", mais parce qu’il recevaient de l’argent d’une puissance étrangère, ennemie. Ils ont été condamnés en fonction d’une loi prise en réponse à la loi Helms Burton.
Donc pour répondre à votre question ces fameux "journalistes", ces "intellectuels" avaient en fait un niveau de diplôme plus bas que la moyenne cubaine. ce qui n’a pas empêché la presse occidentale de décrire une intelligentsia cubaine décapitée.
- Il existe par ailleurs des gens, en général proches de l’Eglise catholique comme Osvaldo paya qui reçoivent de l’argent de l’Europe, mais n’ont pas été convaincus d’en toucher des Etats-Unis. Mais le récent rapport (juillet 2006) d’une Commission présidée par Condoleezza Rice pour une transition à Cuba fait état des bénéficiaires, dont les dames blanches, et la fine fleur déjà citée. Les intéressés ont protesté en disant premièrement que cela les décrédibilisait aux yeux de leurs compatriotes et ensuite en se plaignant que les gangsters de Miami gardaient la quasi totalité des sommes.
- Il y a vait par ailleurs un milieu de délinquants, tous déjà condamnés pour vols, attaques à main armée dans lequel avaient été recrutés les prenneurs d’otage qui ont été condamnés à mort.

Danielle Bleitrach

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