Le gouvernement social-démocrate ne cesse d’étonner les larges masses avec sa gestion ultralibérale de l’Etat, comme il a déjà été écrit, 2014 s’annonce comme un revers sans précédent pour le PS, même avec ses alliances et ses compromis avec sa gauche. Il gouverne à droite, pense à droite et agit à droite.
Alors que depuis 2003, l’Etat et ses gouvernements ont accordé 276 milliards d’euros au grand et moyen patronat, sous forme de réductions des cotisations sociales employeurs sur les salaires inférieurs à 1.8 fois le Smic, c’était plus de 34 milliards d’euros en 2011 pour les salaires inférieurs à 1.6 fois le Smic.
Ces dispositions ont été créées en 1993 puis renforcées en 2003, mais elles n’ont générées que du chômage et de la précarité en bloquant les salaires. Pourtant l’Etat et ses hauts fonctionnaires et élus, payés 5 à 15 fois le smic, annoncent aujourd’hui un don supplémentaire de 40 milliards d’euros sur 5 ans, qui seront prélevés sur la CSG (contribution sociale généralisée) que tout le monde paie ou presque, sur la diminution des aides sociales, sur le déremboursement des médicaments,.
40 milliards de cadeaux supplémentaires aux actionnaires, au nom de la compétitivité, alors que l’autorisation administrative de licencier a été mis au fond des oubliettes, alors que depuis 1998, la Loi Aubry des 35H00 a permis la flexibilité des horaires et l’annualisation du temps de travail, qui aujourd’hui découle sur l’annualisation des salaires laquelle, une nouvelle fois, bloque les salaires et supprime des primes acquises.
« Justice sociale » s’écriait le candidat Hollande durant sa campagne, croyant faire peur au patronat et rassurer le salariat… quand Sarkozy haranguait les foules de droite sur les « assistés » et les « drapeaux rouges » de ceux qui manifestent… quand Le Pen rappelait « au bon souvenir » d’un fasciste, le défunt collaborateur des nazis, Robert Brasillach…quand toute la presse bourgeoise s’acharnait sur Mélenchon, le « populiste et démagogue » allié aux communistes et inféodé aux « dictatures » de Cuba et de Chavez… quand l’extrême-gauche refusait toute alliance pour diviser une fois de plus le camp des travailleurs… « Justice sociale » ?
Les récentes déclarations sur Public Sénat, de Jérôme Cahuzac, le Ministre du Budget, nous renseignent sur le positionnement du PS dans cet espace libéral : « Mélenchon est d’une certaine manière à gauche ce que Marine Le Pen est à droite (...) Marine Le Pen veut faire exploser l’UMP et récupérer son électorat » - « Chacun sait bien que la stratégie de Jean-Luc Mélenchon est de tuer le parti socialiste. Faute pour celui-là d’avoir accepté M. Mélenchon comme premier secrétaire » - « Nous n’attendons rien de bon de Jean-Luc Mélenchon dans la période à venir »
Aujourd’hui 56% des électeurs ne regrettent pas Sarkozy, mais 52% ne font pas confiance à Hollande, on est donc dans le 44% de pro-Sarkozy contre 48% de pro-Hollande. Mais doit-on rester sur ces chiffres venant d’on ne sait où et qui ont un caractère purement politicien ? Ou se préoccuper des difficultés des larges masses paupérisées par le caractère ultralibéral du capitalisme ? Aussi n’entrons pas dans la dictature des chiffres qui nous écoeurent, nous rendent impuissants et qui font tourner la tête vers l’extrême-droite.
Aussi, si l’Etat et son gouvernement ne peuvent rien faire d’autres que d’accorder des cadeaux aux riches pour encore plus oppresser les pauvres, si les parlementaires ne peuvent agir en toute indépendance et selon les besoins de la population qu’ils sont censés représenter, si la politique d’alternance dans la continuité ne sert qu’à assouvir l’appétit des actionnaires, à rassurer les bourses ou à contenter les fonds spéculatifs et d’investissements… le slogan des masses doit être « dégagez et vite ! ».
Mais, après des années de Sarkozisme dévastateur, peu ou personne n’osera s’aventurer dans cette voie de la raison et de la vérité, par peur d’être montré du doigt par le peuple lui-même ou « flingué » par les média de la politique politicienne bourgeoise.
Pourtant, en revenant aux chiffres, le peuple a conscience que l’ultralibéralisme de Sarkozy qui excitait l’affolement et le désordre, n’est pas aboli, et outre le chantage permanent à la catastrophe, venu du patronat et des politiciens, on voit bien que la politique du gouvernement actuel n’emporte aucune adhésion constructive et objective, ni chez les riches, ni dans les classes moyennes, ni dans la classe ouvrière, ni chez les prolétaires.
Cela démontre, d’un point de vue matérialiste, que l’économisme a des oeillères, et ne se concentre que sur les problèmes liés à l’économie de marché, et que l’idée de perspectives de progrès social a été abandonnée par toutes l’oligarchie politique en charge des intérêts souverains du peuple travailleur.
En fait, les partisans du libéralisme, de l’Union Européenne, et de l’économisme, de la politique bourgeoise parlementariste, artisans de la grande-oeuvre de la réaction, ne spéculent que sur les défauts du capitalisme et se reposent sur la décomposition du terreau social cultivé par les capitalistes pour fructifier les profits et arracher les derniers produits issus des luttes sociales de la Classe Ouvrière.
Ceci suggère qu’ils n’en ont rien à faire du Peuple, c’est une dictature masquée qui ne porte pas son nom.
Aussi, nous voyons à quel point le gouvernement est populiste et démagogique quand ses ministres parlent à l’unisson d’une forme d’ « Union Sacrée » qui reste marquée par les mensonges et la duperie organisée.
En fait cette « Union Sacrée » demandée au nom de « l’unité nationale et de l’effort national » entre ceux que tout oppose, n’est évidemment pas présentée au peuple pour ce qu’elle est réellement : une force réactionnaire quasi pétainiste sur toute la ligne.
Simone Veil, gaulliste et de droite, avait dit ne pas aimer les socialistes parce qu’ils ont toujours franchi les lignes jaunes de la démocratie et toujours fricoté avec l’extrême-droite à chaque fois qu’ils avaient une opportunité de s’installer au pouvoir. Certes, elle n’est pas notre modèle de classe, mais au moins ses propos sont justes et indiscutables au regard de l’histoire : de Pétain à Le Pen en passant par De Laroque et Tixier-Vignancourt, les socialistes sociaux-démocrates ont toujours été en lien avec les ultranationalistes xénophobes chauvins, de 1914 à aujourd’hui.
Avec ses mesures destinées à rendre compétitive les entreprises : contrat d’avenir, réduction des cotisations, flexibilité des horaires, traque des immigrés, stigmatisation des étrangers… (oui on est encore sous le Sarkozisme), ajoutées aux embauches dans l’éducation nationale, recrutement dans la police… le gouvernement entend réduire le chômage qui ne cesse de monter et relancer l’économie qui ne cesse de stagner.
Aussi, on peut très bien comprendre, que ceux, qui sont les sacrifiés du système ou qui pâtissent de la crise générale du capitalisme, ne demandent qu’à les croire, et nous ne pouvons les blâmer.
Il n’empêche que l’ « Union Sacrée » demandée au nom de « l’unité nationale et de l’effort national » ne fera pas de miracles pour les couches populaires les plus attaquées et les plus précarisées. Car additionner un 0 avec un autre 0, le résultat reste toujours nul, comme additionner des difficultés et de la misère fait toujours des difficultés et des misères.
Le problème c’est bien le système capitaliste, qui poussé dans ses contradictions avec le progrès social, engendre les difficultés et la misère et décuple les efforts demandés aux populations pour se sauver lui-même, c’est donc lui-même qui crée un frein à toute reprise économique et à tous les développements.
Les ministres et les députés socialistes nous disent donc « ensemble on sera plus fort » mais cela n’est pas fondé sur les réalités de classe des masses populaires, mais sur l’hégémonie du capital et la suprématie du système libéralisé de toutes les contraintes.
Une classe sociale, dominée, opprimée, sacrifiée, peut-elle être d’accord avec la formation d’un « bloc » capitaliste alors que ce « bloc » est celui qui les écrase ? Ainsi la social-démocratie est face à ses propres contradictions historiques, et elle ne peut que mentir et être malhonnête. Dans ce jeu il n’y a pas de « gagnants-gagnants » il n’y a que des gagnants et des perdants selon la classe sociale à laquelle on appartient.
De fait, la politique incarnée depuis des années, rompt avec les références historiques qui ont constituées la Nation, celles des luttes économiques ouvrières ainsi que les luttes politiques.
De la victoire in extremis du Oui à Maastricht en 1992 au Non à la Constitution Européenne de 2005, la Démocratie est en perte de vitesse. La bourgeoisie se méfie comme de la peste de la Démocratie directe qui passe par la consultation du peuple par référendum quand il s’agit d’un traité qui touche directement aux fondations de la Démocratie, soit-elle bourgeoise, parlementariste et élitiste.
Les oligarques politiques ayant souvent le même parcours, ont bien compris que là où sont prises en charge la formation et l’éducation politique, ils n’ont plus les mains libres pour réduire les masses au seul service du capitalisme, d’où ce besoin concret de formations et d’éducations politiques populaires.
C’est de cette manière, par l’éducation politique liée aux réalités des masses, et avec le soutien de son avant-garde éclairée, que les travailleurs pourront, outre leurs luttes nécessaires, entraver tous les partis bourgeois et petits-bourgeois, et leurs satellites, qui n’ont de cesse d’endiguer le développement des consciences, donc la marche des femmes et des hommes vers la construction d’un Etat social où les privilèges de classe et les classes disparaîtront au profit d’une seule, celle des travailleurs.
Les Cahiers communistes du « Comité de Base » : comibase@gmail.com
n°06 / 06-10-2012
Cellule ouvrière du bassin minier ouest du Pas-de-Calais.