Une organisation paneuropéenne pro-israélienne, dont le but est d’approfondir les relations entre l’UE et Israël, est en train d’être lancée formellement cette semaine à Bruxelles.
La nouvelle organisation, appelée « European Friends of Israël » (EFI), arrive à un moment où les relations entre Israël et les Européens ont été plus tendues dans le cadre du récent conflit entre Israël et le Hezbollah. EFI travaillera au niveau des 25 états membres, plus les deux futurs, Bulgarie et Roumanie.
European Jewish Press, Bruxelles, 11 septembre 2006.
L’EJP (European Jewish Press), s’est entretenu avec Dimitri Dombret, directeur de l’EFI, à propos des objectifs de ce nouveau groupe.
EJP : Pourquoi ce groupe, EFI, maintenant ?
DD : Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il y a divers groupes d’amitiés pro-Israël en Europe, coordonnés à un niveau national. Il y a aussi de nombreux membres du Parlement Européen qui sont sympathisants d’Israël. Mais il manque une structure européenne « chapeau » dont le but sera de fédérer tous ces soutiens pro israéliens en Europe. L’EFI apportera une valeur ajoutée à ces parlementaires, à la fois au niveau national et à celui de l’Union européenne, pour les aider et les accompagner dans leur travail quotidien, en leur fournissant de l’information et en organisant des missions parlementaires en Israël.
EJP : Est-ce le seul objectif ?
DD : Pas du tout. Il a aussi pour but d’améliorer les relations entre l’UE et Israël. Israël bénéficie déjà aujourd’hui d’accords avantageux de coopération avec l’UE. Cependant il mérite une reconnaissance meilleure et plus forte de ses liens privilégiés avec l’Europe, au niveau économique, culturel et démocratique. Nous voulons développer le soutien européen à Israël.
EJP : Mais il y a déjà des lobbies pro israéliens en Europe ?
DD : Oui, mais l’EFI est la première initiative trans-nationale. Nous sommes en contact avec tous les groupes parlementaires amis existants dans les (bientôt) 27 états membres de l’UE.
EJP : Cela se limitera-t-il à l’UE ?
DD : Oui, absolument.
EJP : L’Aipac est-il votre modèle ?
DD : Nous ne voulons pas être comparés à l’Aipac. Dans notre cas, c’est une initiative prise par des parlementaires européens sympathisants d’Israël qui reconnaissent la nécessité d’une telle structure. Nous avons aussi réalisé que ces parlementaires ne se connaissent pas entre eux, et qu’ils ont besoin d’une plate-forme pour les aider dans ce travail. Le comité directeur de l’EFI est composé de 11 députés européens de divers partis politiques et appartenant à plusieurs pays : la Belgique, la Finlande, la France, l’Allemagne, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Slovaquie, la Suède et le Royaume-Uni.
EJP : Quelles seront les activités de l’EFI ?
DD : Elles seront multiples mais d’abord, nous développerons le réseau que nous avons mis au point avec tous les groupes amis d’Israël dans les différents parlements. Nous avons besoin de connaître leurs besoins et de les aider par le biais de notre secrétariat. Ils vont être informés à la fois par un site Web qui sera lancé dans les semaines qui viennent et par courrier. Entre autres activités prévues, l’EFI organisera aussi des conférences et des missions parlementaires en Isarël.
EJP : Les relations entre l’UE et Israël ont subi des tensions à la suite du récent conflit entre Israël et le Hezbollah. Pensez-vous que le moment est approprié pour lancer une telle initiative ?
DD : Absolument. Israël n’a pas seulement envoyé un message contre le terrorisme et le Hezbollah, il a aussi fait preuve de mesure au Liban. Israël ne veut qu’une chose, c’est la paix. L’implication de l’Europe au Moyen-Orient se renforce avec sa participation dans l’Unifil et dans les forces de maintien de la paix au sud du Liban, son contrôle du poste frontière de Rafah, et par sa contribution à un règlement pacifique du conflit. Donc nous avons besoin de renforcer nos relations UE-Israël.
EJP : Mais Israël n’est-il pas plus intéressé par ses relations avec les Usa ?
DD : Les liens entre Israël et l’UE sont très étroits ; au niveau commercial en particulier, l’UE est un partenaire privilégié d’Israël. Israël a à la fois une culture européenne et une sorte de mode de vie américain.
EJP : Mais au niveau politique, l’Amérique ne domine-t-elle pas la politique israélienne ?
DD : Oui, mais nous ne voulons pas changer cela. Nous ne sommes pas en train d’interférer dans les relations privilégiées entre Israël et les Usa. Nous voulons seulement doter l’Europe d’une structure capable de renforcer ses relations avec Israël. Lors des derniers événements dans la région, l’Union Européenne a prouvé qu’elle pouvait parler d’une seule voix. Les européens sont très engagés dans la force Unifil et le gouvernement israélien est très conscient de ce fait. L’EFI fournira une tribune permettant aux leaders de l’UE élus au suffrage universel de faire entendre leurs voix en Israël. L’Europe est vraiment un partenaire crédible qui peut aider à amener la paix dans la région.
EJP : Et en ce qui concerne les membres du parlement européen qui sont moins pro israéliens ou défavorables ?
DD : Nous sommes déjà en train de travailler avec un noyau de 150 parlementaires de divers groupes politiques. Nous démarrons avec le groupe des amis mais nous projetons de l’élargir. Nous espérons que les parlementaires relaieront notre message à leurs collègues tant au niveau national qu’à celui de l’UE.
Propos recueillis par Yossi Lempkovicz
– Source : European Jewish Press http://ejpress.org
– Traduit de l’anglais par Marie-Ange Patrizio et Ariane Monneron (Palestine13)
Politique convergente : faucons étasuniens et israéliens, par Rita Di Leo.