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CONGRES CGT : une séance houleuse !

Mercredi 20 mars

Les choses ont mal commencé, en réduisant le temps d’intervention des délégués de 4 minutes à 2 minutes, cela a conduit le meneur de jeu et les organisateurs à couper fréquemment la parole aux intervenants, provoquant ainsi des tensions au fur et à mesure du déroulement des débats.

Par exemple, Henri retraité Energie de Midi Pyrénées intervient sur la mise à mal de l’outil industriel chez EGF et GDF sous la direction de Proglio. Il a alerté et la direction confédérale et les dirigeants de la fédération de l’énergie. Il s’est vu répondre que le rapport des forces n’était pas favorable et que donc on ne faisait rien. Il s’indigne : « C’est grave, c’est la première fois que j’entends cela ! ». Il souhaite poursuivre son argumentation et se voit vu couper le micro !

Le débat sur le document d’orientation commencé la veille s’est poursuivi toute la journée.

La discussion va se cristalliser sur le syndicalisme rassemblé, c’est-à -dire l’alliance privilégiée avec la CFDT, le positionnement par rapport au gouvernement socialiste, l’appréciation de l’acte III de la régionalisation, le financement de la protection sociale.

De même que l’exigence des nationalisations s’est également fortement manifestée comme réponse stratégique aux licenciements massifs, aux délocalisations …

Sur le syndicalisme rassemblé plusieurs délégués vont demander qu’un vote séparé du vote global sur différentes parties du document d’orientation ait lieu.

Ce qui sera refusé par la commission qui organise les débats. L’amendement proposait de remplacer l’expression « syndicalisme rassemblé » par « unité syndicale sur des revendications claires et précises ».

On retiendra que d’une manière générale la plupart des intervenant demandent un durcissement des positions initiales contenues dans le document d’orientation proposé, par exemple le retrait de la loi sur la flexibilité du travail, l’abrogation de la loi Bachelot dite HPST sur l’hôpital public ou le retrait du projet de loi sur la décentralisation.

On retiendra donc que la commission qui ordonne les débats tout en refusant de prendre en compte certains amendements refuse aussi tout vote particulier pourtant soutenu par de nombreux intervenants.

Les commissions du congrès fonctionnent comme un filtre qui accepte ou refuse des amendements des syndicats sans que les congressistes puissent trancher en dernière instance. Ce qui, dans les faits, revient à contester la souveraineté du congrès et des congressistes. Si bien qu’un des intervenants (François du 93) en colère a pu dire «  La commission est une commission du congrès et le congrès n’est pas un congrès des commissions !  », exigeant l’exercice du vote séparé sur l’acte III de la décentralisation.

Rien n’y fera !

Ces pratiques renforcent notre sentiment déjà exprimé d’un notable décalage entre la direction et ce qui monte de la base de l’organisation mais qui est contenu par des mécanismes de contrôle et des manoeuvres d’appareil.

L’attachement des militants à la CGT est très fort.

Le sentiment juste, vérifié en bas dans les luttes et les rapports avec les autres organisations syndicales que seule la CGT, compte-tenu de son histoire, de sa culture et de ses traditions, est le seul recours syndical sur lesquels les travailleurs peuvent compter, imprègne nombre d’expressions et de propositions.

Cette aspiration continue de se heurter aux choix opérés il y a une quinzaine d’années, rendus compatibles avec l’intégration dans la CES et la poursuite de l’illusion d’une Europe sociale, la mise en oeuvre d’un syndicalisme d’accompagnement sous couleur de conjuguer la protestation et les « propositions constructives ».

Nul doute que la confrontation au sein de la cgt, qui n’est pas nouvelle, et qui a, dès le 19e siècle, partagé le mouvement ouvrier entre réformisme et courant révolutionnaire se donnant pour objectif à partir de la défense des revendications immédiates des travailleurs le changement de la société et la fin de l’exploitation, capitaliste va se poursuivre.

Nul doute que la référence à un syndicalisme de classes sans compromission, sans illusion sur le « dialogue social » est majoritaire dans la CGT mais ne trouve pas encore sa traduction dans toutes les orientations de l’organisation et dans ses directions.

La tâche des années qui viennent sans nul doute !


Paroles de congressistes

« Les orientations proposées s’apparentent davantage à un syndicalisme d’accompagnement »

« Ce qu’il faut c’est une mobilisation pour le retrait pur et simple de l’accord scélérat » [il s’agit de l’accord sur la flexibilité du travail]

« Aujourd’hui, la CGT doit radicaliser sa position, seul le rapport de force peut changer la société »

Parlant des attaques actuelles contre les acquis des travailleurs :

« Face à un char d’assaut on ne brandit pas un opinel ! »

« La recherche de l’unité fait partie de nos gènes ; mais quelle unité : unité d’appareils et d’apparence » et « changer la société c’est aussi dans nos gènes »

Le même camarade dénonçant l’échec flagrant de la CES à coordonner les luttes en Europe et préconisant de se rapprocher de la FSM

« Le texte devrait condamner plus fermement les rapaces du MEDEF et les rénégats de la CFDT »

« Il y a une volonté du gouvernement d’associer les organisations syndicales aux reculs sociaux et l’indépendance syndicale est donc nécessaire »

« Notre amendement sur l’Europe a été vidé de son sens. Nous avons parlé de l’Europe dans son ensemble et pas du seul TSCG … L’Europe est un instrument qui dépossède les peuples de leurs droits essentiels et c’est l’UE qui impose un carcan aux peuples ! »

« Le drapeau brûlé de la CFDT illustre le ras-le-bol des camarades »

« Qu’il est loin le discours du Bourget ! » et « si l’avenir n’est pas rose peignons-le en rouge ! »

« Sur une posture d’opposition, on cristallise et on exclue »

« La défense du code du travail et des conventions collectives doit être au centre des revendications de la CGT »

« Le maintien de la santé, c’est le capital de ceux qui n’en ont pas ! »

« L’abrogation de la loi dite HPST [loi Bachelot] doit figurer dans l’appel du congrès ! »

« Le gouvernement est manipulé par le MEDEF, que reste-t-il aux salariés si ce n’est la CGT ? »

« Dans les hôpitaux 40.000 emplois sont menacés ; c’est pernicieux mais c’est 10 fois plus que chez Goodyear « 

« Il faut supprimer la CSG qui est un transfert du financement de la protection sociale sur les seuls salariés »


Le Front Syndical de Classe

21 mars 2013

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Michel COLLON
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