Le prisonnier politique Fernando Moreno Mantilla est menacé de mort par des codétenus. Pour sa « protection », les gardiens l’ont placé en isolement prolongé.
Le 23 janvier 2014, le détenu a été transféré de la prison de haute sécurité, Palogordo à Girón, vers la prison de moyenne sécurité, Modelo à Bucaramanga. Il a été placé dans le pavillon 4 qui est le plus surpeuplé et où sont enfermés beaucoup d’anciens paramilitaires. Á peine était-il entré que plusieurs d’entre eux ont tenté de le tuer.
Le lendemain, alors que M. Moreno Mantilla s’apprêtait à sortir pour une permission de 72 heures, il a été violemment frappé à la tête par un détenu.
Pendant sa permission, il est allé dénoncer les faits au Défenseur du peuple, lequel a alerté par téléphone le directeur de la prison Modelo, Henry Mayorca Mélendez.
De retour à la prison, le 27 janvier, le détenu a refusé d’être placé dans le pavillon 4 au regard des risques encourus. En guise de rétorsion, les gardiens, sans lui permettre de contacter son avocat ni ses proches, l’ont placé en cellule d’isolement où il se trouve toujours.
Plutôt que de le protéger réellement, les autorités pénitentiaires punissent M. Moreno Mantilla et le soumettent à un traitement inhumain, cruel et dégradant. Elles doivent lever la mesure d’isolement à son encontre et le transférer vers sa prison initiale Palogordo où son intégrité physique et morale a toujours été garantie.
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Mode d’emploi
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(Tarifs postaux : France 0,61 € / UE 0,83 € / reste du monde 0,98 €).
3. Si possible, envoyer une copie de votre lettre à l’ambassade du pays concerné.
Contexte
Système carcéral en crise
Plus de 105 000 détenus sont entassés dans les prisons du pays. Ils souffrent de la promiscuité et de la violence, engendrées par la surpopulation carcérale, de conditions d’hygiène déplorables propices à la propagation de maladies (tuberculose, lèpre, hépatite, VIH, etc.) et aux intoxications alimentaires, du manque d’accès à l’eau potable et aux soins, de l’absence d’activités socio-éducatives et de formations. S’ajoutent à cela des tortures et mauvais traitements infligés par des fonctionnaires de l’Institut national pénitentiaire et carcéral (INPEC) ‑ parfois même par certains directeurs de prison ‑ et par des membres de l’armée. Punitions collectives (restriction d’accès au téléphone, aux cellules, à l’électricité, à la nourriture, à l’eau potable), mises à l’isolement, pressions sur les proches en visite, simulacres d’exécution, passages à tabac, mises à nu, placements dans la position du « scorpion » (pieds et poings menottés ensemble), aspersions de gaz lacrymogène, agressions sexuelles et asphyxies sont les pratiques tortionnaires les plus courantes.
Les prisonniers politiques
Le sort réservé aux quelque 8 000 prisonniers politiques est dramatique.Il s’agit non seulement de guérilleros, de défenseurs des droits de l’homme, de militants accusés d’insurrection ou d’infractions pénales, mais aussi de personnes sans engagement particulier qui, pour servir la politique du chiffre, sont taxées de rébellion. Le conflit armé se transpose dans les prisons dont la plupart sont dirigées par des militaires à la retraite qui voient les détenus politiques comme des ennemis jurés. Ces derniers sont régulièrement agressés par des paramilitaires incarcérés bénéficiant du soutien des gardiens. Officiellement pour les protéger, en réalité pour les punir, l’administration pénitentiaire les met alors à l’isolement.
Source de l’Appel urgent : Comité de solidarité avec les prisonniers politiques, FCSPP.