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Citoyens de seconde classe

Le pass sanitaire en Italie

Comme il arrive chaque fois qu’est instauré un régime despotique d’urgence et que les garanties constitutionnelles sont suspendues, le résultat c’est, comme cela s’est produit pour les Juifs sous le fascisme, la discrimination d’une certaine catégorie d’hommes, qui deviennent automatiquement des citoyens de seconde classe. C’est à quoi tend la création de ce qu’on appelé le green pass [équivalent du pass sanitaire]. Qu’il s’agisse d’une discrimination en fonction des convictions personnelles et non pas d’une certitude scientifique objective est démontré par le fait que, dans les milieux scientifiques, se poursuit encore le débat sur la sécurité et sur l’efficacité des vaccins qui, selon l’avis de médecins et de scientifiques qu’il n’y a pas de raisons d’ignorer, ont été produits à la hâte et sans une expérimentation adéquate.

Malgré cela, ceux qui s’en tiennent à leur propre conviction libre et fondée et refusent de se vacciner seront exclus de la vie sociale. Que le vaccin se transforme ainsi en une sorte de symbole politico-religieux visant à créer une discrimination entre les citoyens est évident dans la déclaration irresponsable d’un homme politique qui, se référant à ceux qui ne se vaccinent pas, a dit, sans se rendre compte qu’il utilisait un lexique fasciste (1) : « nous les purgerons avec le green pass ». La « carte verte » constitue ceux qui en sont dépourvus en porteurs d’une étoile jaune virtuelle.

Il s’agit d’un fait dont on ne peut surestimer la gravité politique. Que devient un pays dans le sein duquel est créée une classe discriminée ? Comment peut-on accepter de vivre avec des citoyens de seconde classe ? [L’Etat d’Israel nous donne une réponse – remarque de la traductrice]. Le besoin de discriminer est aussi ancien que la société et, certes, des formes de discrimination étaient présentes même dans nos sociétés dites démocratiques ; mais que ces discriminations de fait soient sanctionnées par la loi est une barbarie que nous ne pouvons accepter.

Carte Verte.

Nous avons déjà montré l’injuste discrimination d’une classe de citoyens exclus de la vie sociale normale qui découle de l’introduction de ce green pass. Cette discrimination est une conséquence nécessaire et calculée, mais non le but principal de la carte verte, qui vise non les citoyens exclus, mais l’ensemble de la population qui en est pourvue. La finalité poursuivie par les gouvernements à travers elle, c’est, en fait, un contrôle minutieux et inconditionné du moindre mouvement des citoyens, tout à fait analogue au passeport interne que chacun, sous le régime soviétique, devait avoir pour pouvoir se déplacer d’une ville à l’autre. Toutefois, le contrôle est, dans ce cas, encore plus absolu, parce qu’il concerne tout mouvement du citoyen, qui devra présenter le green pass lors de chacun de ses mouvements, même pour aller au cinéma, assister à un concert ou s’asseoir dans un restaurant. Le citoyen non « encarté » sera, paradoxalement, plus libre que celui qui a la carte, et c’est justement la masse des « encartés » qui devrait protester et se rebeller, puisque dorénavant ils seront recensés, surveillés et contrôlés dans une mesure qui n’a pas de précédents même dans les régimes les plus totalitaires. Il est significatif que la Chine ait annoncé qu’elle maintiendra ses systèmes de traçage et de contrôle même après la fin de la pandémie. Comme cela devrait être évident, ce dont il s’agit avec le green pass, ce n’est pas de la santé, mais du contrôle de la population, et, tôt ou tard, même les « encartés » auront l’occasion de le comprendre à leurs dépens.

(1) La politique de répression du fascisme sous Mussolini est symbolisée par deux armes, l’huile de ricin (administrée de force aux opposants pour les humilier – voir Amarcord de Fellini) et le gourdin.

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Donde Estan ? ; Terreurs et disparitions au Pérou (1980-2000)
Daniel Dupuis
La pratique des arrestations illégales, des tortures et des exécutions en dehors de tout procès régulier puis de la dissimulation des dépouilles (d’où le terme de « disparus ») est tristement célèbre en Amérique latine où les dictatures ( l’Argentine de la junte militaire, le Paraguay dirigé par le général Alfredo Stroessner, le Chili tenu par Augusto Pinochet...) y ont eu recours. De 1980 à 2000, sous un régime pourtant démocratique, l’armée du Pérou n’a pas hésité à recourir à la terreur (…)
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Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au VietNam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. [...]

Aimé Césaire

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