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El Periodista

Chili : Cheyre a donné l’ordre de me suprimer

Un ex-sergent accuse un commandant en chef de l’armée chilienne

Le thème des détenus-disparus sous le régime militaire est toujours un sujet d’actualité brûlant au Chili. Le pays est toujours divisé en deux clans. Ceux qui prônent l’oubli et l’absolution des militaires impliqués et ceux qui s’acharnent à ce que toute la lumière soit faite et justice rendue.

Le journal « El Periodista » d’extrème-gauche fait partie, bien sûr, de la deuxième catégorie. Il s’oppose à la gauche modérée de la « Concertación » (coalition réunissant la Démocratie Chrétienne, le Parti Socialiste et le Parti Pour la Démocratie dont le fondateur est le président Ricardo Lagos) qui gouverne depuis la fin de la dictature militaire.

Aujourd’hui, les Forces Armées sont en ébullition car le Général en retraite Patricio Campos est accusé d’obstruction à la justice pour avoir fait disparaître les documents relatifs à cinq cas de détenus-disparus. Il était chargé de réunir des informations sur 23 cas, sur ordre du Commandant en chef des Forces Armées, le Général Rà­os, et en a « oublié » 5. Le Général Rà­os a démissionné depuis peu,vraisemblablement sous la pression du Président Lagos, et a été remplacé par le Général Cheyre mis en cause dans le témoignage.

La historia no se detiene, ni con represión ni muerte.
Salvador ALLENDE (11 septembre 1973)

On n’arrête pas l’histoire, ni par la répression, ni par la mort.

(Date de publication : 14/10/2002)

L’ex-membre des forces armées Héctor Florentino Navarrete Jara, qui possédait des informations concernant la mort de Gloria Stockle, décédée en 1984 dans un mess d’officiers, assure avoir entendu celui qui est aujourd’hui général, Juan Emilio Cheyre, chef des armées, donner l’ordre de le "supprimer" quand il était commandant du régiment Nº 23 de la ville de Copiapó et qu’il voulait livrer de l’information qui impliquait des militaires en activité.

Le témoignage

EP - Vous dites dans votre déclaration que quand vous étiez aux arrêts, le commandant Gabriel Alliende, le sous-commandant Rà­os et plusieurs officiers qui étaient en service quand le crime a eu lieu et parmi lesquels il y avait le capitaine Mario Martà­nez et le sous-lieutenant Flores se sont réunis. Que se passe-t-il à cette réunion ?

HNJ - Cette réunion s’est tenue parce que les impliqués devaient être mutés à Temuco et Valdivia. Ils ont parlé de ce qui s’était passé. Ils savaient que je me trouvais là -bas au moment des faits et ils ont dit qu’il fallait se méfier de moi parce que j’avais travaillé pour les services secrets et que je pouvais être en train de donner des informations…ils allaient même m’éliminer du régiment.

EP - On allait vous radier ?

HNJ - Non, ils ont parlé de me faire disparaître, parce que j’étais un danger pour l’Unité.

EP - Vous le pensez ou vous avez entendu quelque chose de concret ?

HNJ - Je l’ai entendu.

EP - Dit par qui ?

HNJ - De la bouche du sergent et du commandant.

EP - Lors de cette même réunion ?

HNJ - Non, je parle de Cheyre. Vous voyez qui c’est le commandant Cheyre ?

EP - Oui, l’actuel commandant en chef.

HNJ - C’est lui qui a dit qu’il fallait m’éliminer parce que je savais des choses. Il est arrivé comme commandant de l’Unité quand j’étais aux arrêts.

EP - Et vous avez entendu ça directement ?

HNJ - Directement. Il y avait même un soldat, dont j’avais été l’instructeur, qui montait la garde. Il me disait : « Sergent, vous devez faire attention ». Je ne dormais pas de la nuit. J’étais isolé dans une pièce, je ne vous raconte pas. J’ai commencé à parler. Une fois j’ai dit au commandant : « Mon commandant, il va falloir que j’en parle ». Et là ils ont commencé à me cogner.

EP - Est-ce que lors de la réunion où ils étaient tous présents on vous a demandé quelque chose en particulier ?

HNJ - De garder le silence. Ils m’ont dit que je ne devais pas parler, qu’ils allaient m’aider, mais il n’y a jamais rien eu.

EP - Comment expliquez-vous que toutes les personnes dont vous parlez le soir du crime et qui vous ont raconté ce qui s’était passé avec la jeune-fille disent que ce sont vos élucubrations ?

HNJ - Parce que le commandant a réuni tous ceux qui étaient de garde et il leur a dit ce qu’ils devaient déclarer. Ils ont reçu un ordre du régiment, on a changé les gardes et ils ont mis d’autres noms.
EP - Vous dites que votre conscience vous a fait parler. Le crime a eu lieu en 1984 et cependant, la première fois que vous le rendez publique ou que vous en parlez à quelqu’un c’est en 1987. Pourquoi avoir attendu trois ans si vous aviez un problème de conscience ou si vraiment vous ne pouviez tolérer que l’on enterre le problème ?

HNJ - Parce que dans un premier temps je ne savais pas quoi faire.
EP - Donc vous n’en avez parlé qu’à l’intérieur du régiment ?
HNJ - A l’intérieur du régiment et à un oncle.
EP - Avez vous connu Gloria Stockle ?
HNJ - Je l’ai vue une ou deux fois.

Les faits

Jusqu’à 1986, Héctor Florentino Navarrete Jara, était sergent... dans l’armée chilienne, où il était entré dix ans plus tôt. En 1984, par hasard, il a appris des informations qui impliquaient des officiers de ce corps d’armée dans l’assassinat d’une jeune-fille de 21 ans dans la ville de Copiapó, Gloria Stockle Poblete, affaire qui n’est pas encore réglée par la justice.
Il était de passage dans cette ville du nord, et après une réunion avec des amis, il est passé devant la porte du Régiment d’ingénieurs. « Un soldat qui était de garde, dont je ne connais pas le nom, mais qui d’après Raà­n est de Vallenar, nous a salué et nous a raconté, très inquiet, qu’il y avait eu un assassinat à l’intérieur du mess et qu’une jeune-fille était morte ».

A ce moment-là , la cuisinière Blandina Castillo est sortie en disant « ces salauds ont tué une fille ». Tout de suite après un officier appellé Sebastián Flores Cañas est apparu et l’a fait taire en assurant qu’il ne s’était rien passé. Le lundi suivant ce week-end là je suis allé au régiment et j’ai entendu tout le monde parler dans les mêmes termes, ils commentaient la mort de la fille au mess et disaient que « le capitaine Martà­nez et le sous-lieutenant Flores Cañas avaient tué la fille d’un coup de crosse sur la tête et l’avaient ensuite jetée dans la piscine… » déclare-t-il dans le procès numéro 28.541.

L’affaire, enregistrée dans le rapport Rettig comme une démarche de la part d’agents de l’état, a commencé le 28 janvier, lors d’une soirée privée dans le Mess d’Officiers du Régiment nº23 de Copiapó.

A cette occasion, d’après le résultat de l’enquête, plusieurs personnes présentes ont agressé la jeune étudiante, lui causant, conformément au certificat de décès, « des contusions multiples, un traumatisme encephalo-crânien fermé compliqué, une fracture de la base crânienne et une hémorragie intracrânienne ». Il n’y avait pas de doutes pour les spécialistes, le corps trouvé postérieurement sur les rives de la rivière Copiapó présentait des signes clairs d’agression, ce qui permît de l’enregistrer comme un homicide avec viol.

« La nuit précédente, la jeune-fille se trouvait à l’intérieur du Mess des Officiers du régiment d’infanterie motorisé Nº23 de Copiapó, dans l’enceinte duquel, après lui avoir fait subir des coups et une agression sexuelle elle a été assassinée. Dans l’instruction ouverte pour enquêter sur sa mort, et pour lequel a été désigné un Juge plénipotentiaire, il a été établi, à partir de déclarations de témoins et d’autres faits probants, que la nuit du 28 janvier 1984, dans le restaurant cité, avait lieu une fête privée à laquelle assistaient environ 45 personnes, parmi lesquelles il y avait des membres de l’armée, des civils et des jeunes femmes. Pendant la soirée il y a eu une altercation entre deux officiers, un civil et Gloria Stockle, qui a été frappée, violée et assassinée. Son corps a été sorti de l’endroit dans une voiture et lancé dans la rivière Copiapó, où il a été trouvé deux jours après, à moitié submergé et couvert de roseaux. »

Quatre ans après le crime qui a ému Copiapó, Navarrete s’est décidé à raconter ce qu’il savait quand il était aux arrêts dans le régiment nº23, accusé d’avoir volé des pneus.

Depuis la prison il a fait parvenir un papier à Eric Villegas, avocat du Vicariat de la Solidarité, qui avait pris en charge l’affaire sur la demande de l’évêque de la ville, Monseigneur Fernando Ariztà­a, pour qu’il étudie la possibilité de déposer devant le juge qui enquêtait sur le brutal assassinat Cependant, son témoignage a été démenti de façon catégorique, dans le cadre du procès, par les personnes nommées et par l’Armée, qui par l’intermédiaire de celui qui était à l’époque sous-secrétaire à la défense, a déclaré que Navarrete ne se trouvait pas à Copiapó la semaine où les faits avaient eu lieu, parce que ses congés (il était affecté à Antofagasta), avaient été prolongés jusqu’au 6 janvier, et pour cette raison il devait être dans son unité. Le sergent a déclaré qu’il avait une autorisation spéciale et que cela devait figurer dans le sauf-conduit émis par son régiment de la IIème région, un document que l’on remet à tous les membres de l’armée quand ils sortent et qui doit être rendu quand ils rentrent. Cependant, à Antofagasta, le sauf-conduit n’était pas dans les archives.

Le témoignage de Navarrete, ainsi que celui d’autres témoins, a été dénaturé pendant le procès, contredit ou nié par d’autres. Si un militaire actif était appellé pour un face à face, sa comparution pouvait attendre des mois ou des années. L’un des principaux inculpés, celui qui était alors le lieutenant Mario Martà­nez Villarroel, qui prit sa retraite des années plus tard en tant que colonel, a même été envoyé en mission en Afrique du Sud et a participé à des missions de paix de l’ONU en Inde et au Pakistan, et il a été décoré pour services rendus.

D’autres sources signalent que les photos des officiers qui étaient présents le soir du crime et qui étaient assignées par la Justice n’étaient pas présentées, pour des raisons de sécurité, ou tout simplement on envoyait des photos de gens qui n’avaient aucun rapport avec les faits. Un document secret, signé par celui qui était à l’époque le brigadier général Manuel Matas Sotomayor, est édifiant parce qu’on y dit que l’oficier Mario Martà­nez devrait déposer en commission rogatoire parce qu’il a été « dûment » interrogé par le Bataillon d’Intelligence de l’Armée (BIE) et le Dine et qu’ « il n’existe aucun élément pouvant l’impliquer dans les faits connus du tribunal ».

Dix-huit ans après le crime, le dossier est ouvert à nouveau et après sa diffusion (livre « L’affaire Gloria Stockle »et le programme de TVN « Enigma ») il semblerait qu’il y a une plus grande disposition de la part des témoins à raconter au tribunal ce qu’ils ont vu ou entendu le soir où la jeune étudiante de l’université d’Atacama a été tuée.

Le cmmmandant

L’actuel chef des armées, conformément à des renseignements de l’institution, à été au commandement du régiment nº23 de Copiapó entre 1988 et 1990, et s’occupait, en plus de l’Intendance de la IIIème région, comme c’était l’habitude sous le régime militaire. La nomination n’est pas des moindres si l’on prend en compte que pendant ces mois le mouvement de Pinochet a eu besoin de recourir à des officiers de stature politique pour mener à bien les campagnes en vue du plébiscite qui présentait le général comme candidat unique. C’est justement dans ces années -là que l’ex-sergent Navarrete a décidé de remettre le témoignage à l’avocat Villegas et de se présenter devant le tribunal qui enquêtait sur le crime de Gloria Stockle. C’est à Copiapó que Cheyre a soutenu que « le triomphe du « Oui » lors du référendum devait être une constante dans tous les secteurs parce qu’une éventuelle victoire du « Non » était une hypothèse non viable ».

Après il a été directeur de l’Académie de Guerre et du Commandement des Instituts Militaires. Avant, en 1981, Cheyre avait été envoyé en Afrique du Sud, destination incontournable de beaucoup d’officiers qui ont se sont formés sous la bienveillance du régime de l’apartheid. Son destin a changé dans les années 90 quand, en Espagne il a réussi à unir ses forces à celles du socialiste Alvaro Briones, ambassadeur du Chili à Madrid, en organisant une rencontre à L’Escorial, qui a réuni la fine fleur de la classe politique chilienne, parmi lesquels il y avait Ricardo Lagos, l’actuel président, dans le but de parler précisément des rapports civico-militaires. L’excuse a été fournie par le séminaire de la Fondation Ortega y Gasset, « Les forces armées et la transition vers la démocratie. Les cas de l’Espagne et du Chili », réalisé du 30 mai 1996 à l’hôtel Victoria Palace de El Escorial (Madrid).

Lors de cette réunion, à laquelle ont également assisté Camilo Escalona, Enrique Correa et Jaime Gazmurri, on aurait discuté de la possibilité d’une entente entre les socialistes et les militaires qui ont renversé Salvador Allende en 73. En 2000, Cheyre s’est retrouvé chef d’État Major et un an plus tard il a été la pièce maîtresse, avec le général Izurieta, pour convaincre Pinochet de ne pas s’opposer aux examens médicaux qui finalement lui assureraient le non-lieu.

Ses "mérites militaires et intellectuels", d’après le président Lagos, lui ont valu de devenir Chef des Armées en 2002. Depuis lors, et même actuellement avec les déclarations de Navarrete, son mandat n’a pas été facile.

D’après le journaliste Sergio Ramà­rez, collaborateur de l’"Équipe Nizkor", organisme qui s’occupe de la diffusion et la recherche sur les Droits de l’Homme dans le monde, le passé de Cheyre est marqué par « les assassinats de la Caravane de la Mort à La Serena, par sa participation dans des Conseils de Guerre, des actes répressifs, des viols et l’exhumation en 1978 d’ossements de Détenus-Disparus ». « Cheyre et le sous-directeur de la CNI, Fernando Arancibia (frère du sénateur de la UDI, Jorge Arancibia), dit Nizkor, ont été les coordinateurs de telles opérations. De plus, en 1985, l’actuel commandant a refusé de remettre la liste des officiers membres de la CNI au juge qui enquêtait sur l’assassinat de la militante du MIR Paulina Aguirre Tobar.

Une autre affaire qui a gêné Cheyre est l’assassinat de deux enfants à La Serena, affaire dans laquelle il aurait dû comparaître et où il ne l’a fait que par écrit. La plainte a été présentée par la famille de Rodrigo Palma et Jimmy Christie, de 8 et 9 ans respectivement, qui ont été fusillés par une patrouille militaire qui surveillait un gazoduc à Coquimbo. A cette époque Cheyre était pour la IVème région, l’assistant d’ Ariosto Lapostol, commandant du régiment d’Arica. Les restes des deux enfants n’ont été trouvés qu’en 1978, cinq ans après les faits, quand le juge Juan Guzmán Tapia a ouvert une enquête.

Dans l’affaire des crimes de la Caravane de la Mort, où on accuse également Cheyre, un ex-officier de l’Armée, Pedro Rodrà­guez Bustos, assure que l’actuel chef de l’institution a joué un rôle dans quelques assassinats. Son témoignage est dans les dossiers secrets du juge Guzmán, dévoilés par le journal électronique El Mostrador, où il raconte que deux de ses compagnons, les sous-lieutenants Guillermo Raby Arancibia et Julio Lafourcade lui ont raconté comment le groupe d’officiers qui voyageait dans l’hélicoptère Puma a fusillé, sur ordre du général en retraite Sergio Arellano Stark 15 personnes qui étaient détenues dans la prison de La Serena.

« Dans l’hélicoptère dans lequel voyageait le général Arellano, il y avait Pedro Espinoza, Armando Fernández Larios, Marcelo Moren Brito, Sergio Arredondo et le major Juan Chiminelli », raconte l’enquête de Nizkor, au début d’octobre 1973. Rodrà­guez dit qu’Arellano s’est réuni avec le commandant du régiment Arica de La Serena, Ariosto Lapostol Orrego et qu’ « il a donné l’ordre de revoir les preuves qui à son avis, étaient les plus lourdes ». On obéit à son ordre. Le Juge militaire, « un major des Carabiniers appellé Cazanga », remit les renseignements à Arellano Stark. Celui-ci se réunit avec le commandant Lapostol, ses assistants directs et les membres de la Caravane et ils ont décidé de ramener de la prison de La Serena 15 prisonniers politiques. « Ensuite ils ont été amenés au Polygone de Tir, qui se trouve au pied de la montagne. »Une fois là -bas Arellano Stark a nommé tous les officiers du régiment, avec les membres de sa cour. Ces derniers ont été ceux « qui ont joué le rôle de peloton d’exécution et qui ont tué les 15 prisonniers », assure l’ex-officier. « Cependant, dit Rodrà­guez, Arellano Stark a donné immédiatement l’ordre aux officiers du régiment d’aller à côté des fusillés pour leur donner le coup de grâce si c’était nécessaire, ce qui fut le cas ». Il terminât en nommant plusieurs officiers pour donner le coup de grâce, dont Juan Emilio Cheyre Espinoza".

Le livre du journaliste Jorge Escalante, « La mission était de tuer. Le procès de la Caravane Pinochet-Arellano » (Editorial Lom, août 2000), signale qu’ « Ariosto Lapostol a conduit le général Arellano dans le petit bureau où Manuel Cazanga Pereira, major de carabiniers travaillait comme juge militaire. (...) Ils se sont installés dans le bureau du commandant avec les renseignements sur les détenus. Avec eux sont entrés le fiscal Cazanga, l’assistant du commandant Lapostol, le lieutenant Juan Emilio Cheyre Espinosa, et le major Marcelo Moren Brito... ».

C’est à dire que toutes les personnes nommées ont élaboré la liste de ceux qui seraient fusillés par la suite. En plus il affirme que « Le général Arellano a été celui qui a donné l’ordre aux officiers du régiment de donner le coup de grâce. On a su que le capitaine Mario Vargas a été très mal traité par le général Arellano Stark, parce qu’il a refusé de tirer sur le prisonnier dont il avait la charge (...) Les officiers qui ont participé dans ces faits sont : le capitaine Mario Vargas Maguiles, le lieutenant Juan Emilio Cheyre, le lieutenant Jaime Ojeda Torrent, le sous-lieutenant Hernán Valdebenito Bugman, le sous-lieutenant Mario Larenas Carmona, le sous-lieutenant Guillermo Raby Arancibia, le sous-lieutenant Julio Lafourcade Jiménez, le major en retraite Délano, et le major Guido Dà­az Pacci... ». Et il ajoute : « Le commandant Lapostol a donné l’ordre à son assistant le lieutenant Cheyre d’aller au journal local El Dà­a et de prévenir que le lendemain, mercredi 17 octobre, en première page, devait être publié un article informant de la mort des quinze prisonniers dans une fusillade.
Escalante continue à propos des plaintes contre Cheyre : « Quatre jours avant d’être assassiné dans le polygone de tir du régiment Arica, le 12 octobre 1973, un conseil de guerre a émis à La Serena sous le nº de procès 4-73, une condamnation de 20 ans de prison au secrétaire régional de la CUT et dirigeant du MAPU, Carlos Alcayaga Varela (…). Le conseil a été présidé par le commandant Ariosto Lapostol qui avait pour assesseurs le major Tomás Manrà­quez, le capitaine Mario Vargas Maguiles, le lieutenant Cheyre, et les auditeurs Francisco Alvarez et Florencio Bonilla... ».

Une autre plainte, publiée dans El Siglo, raconte le témoignage d’Eliana Rodrà­guez Dubó, qui affirme qu’elle a été arrêtée le 6 0ctobre par celui qui était alors lieutenant, Cheyre, deux officiers et plusieurs soldats qui ont perquisitionné son domicile, l’ont arrêtée et l’ont ensuite torturée au régiment Arica de La Serena. Selon sa déclaration (El Siglo No 1080), elle dénonce : « (...)Ils m’ont violée et appliqué du courant sur le corps pendant presque un mois(…) Les personnes qui m’ont torturée étaient les mêmes que celles qui sont entrées chez moi, qui ont tout cassé et qui m’ont arrêtée. Le groupe de tortionnaires c’était Cheyre, Polanco, Ojeda et Pincetti Gac… ».

Le commandant en chef des armées a signalé pour se défendre qu’il ne se trouvait pas à La Serena à la date de l’assassinat des deux mineurs parce qu’il était parti passer les fêtes à Iquique, et à propos des accusations de Rodrà­guez certains pensent qu’il pourrait s’agir de manoeuvres de l’ex-chef d’opérations de la CNI, Alvaro Corbalán, condamné à perpétuité pour violations des droits de l’homme. D’après cette version l’ex-officier Rodrà­guez serait un homme de Corbalán.

Almudena del campo (traduction)

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Palestine, photographies de Rogério Ferrari
Préface, Dominique Vidal - Texte, Leïla Khaled Rogério Ferrari n’est pas un reporter-photographe. Il ne scrute pas, ne témoigne pas, n’écrit pas d’images. Il s’emploie à rendre au plus grand nombre ce qu’il a reçu en partage : l’humanité tenace de celles et ceux à qui elle est déniée. Existences-Résistances est un alcool fort, dont l’alambic n’a pas de secret ; il lui a suffit de vivre avec celles et ceux qui en composent le bouquet. Au bout de ces images, point d’ivresse. Mais un (…)
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