CARACAS (AFP) " Le président vénézuélien Hugo Chavez se rend cette semaine au Brésil, afin d’étudier la création d’un "Otan du sud", un projet lancé par son homologue Luiz Inacio Lula da Silva, après la crise qui a secoué l’Amérique latine.
La visite de M. Chavez, prévue de mercredi à vendredi dans la région de Pernambuco (nord-est), a également pour but de renforcer la coopération dans le domaine pétrolier et faire avancer l’adhésion du Venezuela au Mercosur, le marché commun du cône sud.
L’idée de créer un "Conseil de sécurité sud-américain", un organisme de défense intégré, a été proposé par Brasilia, après la crise, déclenchée début mars par un raid militaire colombien en territoire équatorien.
M. Chavez, chef de file de la gauche anti-américaine dans la région, avait soutenu son allié équatorien Rafael Correa, envoyant des troupes à la frontière pour protester contre cette attaque militaire, dirigée contre la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
Après une semaine de tension, les trois pays qui avaient coupé leurs liens diplomatiques s’étaient finalement réconciliés, sous l’égide du Groupe de Rio et de l’Organisation des Etats Américains (OEA).
"La notion d’un Conseil de sécurité sud-américain est importante, non pas pour ce que peuvent faire les armées, mais pour l’idée d’avoir une instance où l’on peut discuter des questions de défense", a indiqué Adolfo Salgueiro, professeur de relations internationales à l’Université catholique de Caracas.
Selon cet expert, la crise a démontré "un éloignement politique évident de la part de Lula", un dirigeant qui incarne une gauche modérée et refuse de partager la réthorique agressive de M. Chavez.
Pour Maria Teresa Romerao, professeur de relations internationales à l’Université centrale du Venezuela, le président brésilien a manifesté "la volonté de jouer un rôle important dans la crise andine", tout en maintenant une "position neutre".
Avec sa proposition d’un Conseil de sécurité sud-américain, "le Brésil joue la carte d’un rapprochement avec le Venezuela et se présente en même temps comme un interlocuteur important entre la région et les Etats-Unis", souligne-t-elle.
Les liens économiques entre Brasilia et Caracas constituent un enjeu non négligeable de la visite de M. Chavez au Brésil. Le Brésil est le troisième partenaire commercial du Venezuela, après les Etats-Unis et la Colombie, avec un échange de 4 milliards de dollars en 2007.
Les deux dirigeants visiteront à Pernambuco le chantier d’une futur raffinerie commune, dont les travaux ont débuté en 2005. Ce complexe, détenu à 60% par le géant brésilien Petrobras et à 40% par son équivalent vénézuélien PDVSA, sera doté d’une capacité de production de 200.000 barils par jour.
Le président vénézuélien tentera enfin de convaincre le sénat brésilien, troublé par son style virulent, de ratifier l’entrée de son pays dans le Mercosur, aux côtés du Brésil, de l’Argentine, de l’Uruguay et du Paraguay.
http://afp.google.com/article/ALeqM5jwfAXupwbNARIJthQMGtx5Qapb1A