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Ce qu’est l’impérialisme...

Sous nos latitudes, le mot « impérialisme » n’appartient plus guère au vocabulaire politique courant.

Pourtant, au début du siècle dernier, nombre de publications économiques et politiques caractérisaient le capitalisme de leur époque sous le vocable d’impérialisme.

Ainsi, en 1902, un journaliste économique anglais, John Atkinson Hobson, publie, à Londres et à New York, un ouvrage intitulé L’impérialisme, dans lequel il fournit une description détaillée des nouvelles spécificités du capitalisme, qu’il désigne comme impérialisme.

En 1910, c’est au tour de Rudolf Hilferding, un marxiste autrichien, de publier un ouvrage - Le capital financier - où l’on trouve une analyse de la « phase la plus récente du développement du capitalisme ».

Mais c’est l’ouvrage de Lénine - L’impérialisme, stade suprême du capitalisme - qui reste le plus connu.

IMPERIALISME : LE CAPITALISME DES MONOPOLES

Ecrite entre janvier et juillet 1916, la brochure de Lénine présente une analyse des nouveaux phénomènes de l’économie capitaliste mondiale caractérisée par la formation des monopoles.

Les monopoles sont un produit de la concentration de la production à un degré très élevé qui peut prendre la forme de cartels, de trusts ou de syndicats patronaux d’industrie. Fusionnés avec quelques grandes banques, ils constituent le capitalisme financier, interpénétration du capital industriel et du capital bancaire.

Leur apparition s’est progressivement généralisée pour se substituer à la libre concurrence. C’est ce stade du capitalisme que Lénine désigne comme impérialisme.

La prédominance du capital bancaire fait qu’une partie toujours plus grande du capital industriel n’appartient plus aux industriels qui l’utilisent mais aux banques qui en sont les propriétaires. D’intermédiaires dans les paiements, les banques se sont converties en fournisseurs essentiels de capital.

IMPERIALISME ET DOMINATION MONDIALE

C’est au début du XXème siècle que s’est achevé le partage territorial de la planète entre les plus grandes puissances capitalistes au terme d’une colonisation violente de l’Afrique et de l’Asie. La possession des sources de matières premières a été une des motivations majeures de cette politique d’agression et de domination.

En même temps, l’accumulation de capital-argent atteint de telles proportions dans les pays « avancés » que ceux-ci s’efforcent d’exporter leur excédent de capital vers les pays colonisés et dépendants afin de le rentabiliser.

L’exportation de capitaux tend ainsi à devenir prioritaire sur l’exportation de marchandises et les Etats impérialistes tendent à se transformer d’Etat industriel en Etat-créditeur. [1]

C’est ce que Lénine qualifie de « parasitisme » de l’impérialisme.

La rivalité qui oppose les différents impérialismes les entraîne dans une lutte acharnée et permanente visant une modification du rapport des forces qui permette le repartage des territoires conquis.

Cette lutte est condamnée à toujours s’aggraver, car il est inconcevable en régime capitaliste que le partage des zones d’influence, des intérêts, des colonies ou semi-colonies repose sur autre chose que sur la force économique, financière et militaire.

L’IMPERIALISME ET LES CLASSES SOCIALES

Le capital financier crée une « oligarchie financière » qui parvient à envelopper toutes les institutions économiques et politiques de la société bourgeoise sans exception.

L’idéologie impérialiste pénètre également la classe ouvrière. Les profits élevés qu’ils tirent du monopole donnent aux capitalistes la possibilité économique de corrompre les couches supérieures de la classe ouvrière et les dirigeants de leurs organisations afin de les gagner à la cause de la bourgeoisie impérialiste.

Cet embourgeoisement d’une partie de la classe ouvrière des pays impérialistes est la base matérielle du réformisme dans les organisations syndicales et politiques.

* * *

Le XXème siècle a, pour l’essentiel, confirmé les thèses de Lénine.

Ce qui est nouveau, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, c’est l’entrée en scène massive des peuples d’Afrique et d’Asie décidés à se libérer de la domination qui leur était imposée.

En dépit des difficultés qui persistent et des tentatives de reprise en main de la part des puissances capitalistes occidentales, ce combat est irréversible et, à terme, condamne l’impérialisme au déclin.

Jean-Pierre Dubois
http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/archive/2012/01/index.html

[1] Cette situation engendre le développement d’une couche des rentiers, d’individus dont les revenus proviennent exclusivement des intérêts et des dividendes, de la « tonte des coupons » sans rapport avec la production. Dans la Grande-Bretagne de l’époque, le revenu de ces rentiers était cinq fois plus élevé que celui qui provenait du commerce extérieur. « En cas de besoin, sa marine de guerre joue le rôle d’huissier ».

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Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impostures intellectuelles », avec Alan Sokal, (Odile Jacob, 1997 / LGF, 1999) et « A l’ombre des Lumières », avec Régis Debray, (Odile Jacob, 2003). Présentation de l’ouvrage Une des caractéristiques du discours politique, de la droite à la gauche, est qu’il est aujourd’hui entièrement dominé par ce qu’on pourrait appeler l’impératif d’ingérence. Nous sommes constamment (…)
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