RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
2004-12-03

Catastrophe de BHOPAL, 20 ans de laisser-aller : Rassemblement/action à Lyon

Le 3 décembre 1984 explose une cuve d’une usine de produits chimiques à Bhopal en Inde, suite à des déficiences du système de sécurité, occultées pour raison d’économie : 42 t de gaz mortels s’échappent et provoquent la mort de 20 000 personnes dans d’atroces souffrances, ainsi que plus de 200 000 handicaps graves et 100 000 autres blessures. L’entreprise américaine s’est volatilisée administrativement, puis a été rachetée par une multinationale qui refuse de dépolluer le site et d’indemniser les victimes comme il se doit. Un grand nombre d’enfants naissent encore aujourdhui malformés suite à la consommation de l’eau des nappes phréatiques toujours contaminées.

1984-2004
BHOPAL (INDE), la tragédie continue encore...

La catastrophe de Bhopal (nuit du 2 au 3 décembre 1984) est
malheureusement toujours d’actualité puisque les effets néfastes se font
encore sentir aux abords de l’usine restée en l’état après l’explosion
d’une cuve de 42 tonnes d’isocyanate de méthyle qui a provoqué la mort de 20
000 personnes, et 200 000 handicaps graves. L’entreprise états-unienne,
Union Carbide (UC), qui possédait l’usine, s’est volatilisée
physiquement et financièrement après l’explosion et n’a jamais pris en
charge le nettoyage du site. Seuls les impacts médicaux avaient été pris
en compte, en 1989, pour établir le montant de la compensation
financière, qui avait alors été réglée à 470 millions de dollars
(alors que la compensation avec la prise en charge du nettoyage du site est estimée à 
plus de 2 milliards de dollards). Depuis 2001, les actifs financiers et les
bénéfices d’UC ont été repris par Dow Chemical, qui a toujours refusé de
reprendre les responsabilités dans la catastrophe de Bhopal. Une
campagne internationale de soutien pour la justice à Bhopal s’est
développée ces 5 dernières années pour laquelle Greenpeace a réalisé une
série d’analyses chimiques des sources d’approvisionnement en eau aux
alentours de l’usine. Un certain nombre de substances perpétuent la
contamination et les impacts sur les populations. Quand cette tragédie
va t’elle être justement prise en compte ? L’étau se resserre sur Dow Chemical
alors que le gouvernement indien a enfin pris ses responsabilités.

Soutenons la Campagne Internationale pour la Justice à Bhopal et les
demandes des victimes de Bhopal :
 Accès à l’eau potable par la mise en place d’un réseau de distribution
pour ne plus être soumis aux aléas d’approvisionnement par camions
citerne.
 Que les dirigeants états-uniens, surtout Warren Anderson, se
présentent devant la cour indienne de justice : les charges criminelles
sont toujours en cours car les accusés ne se sont jamais présentés
devant la cour de justice indienne,
 Que Dow Chemical accepte les responsabilités de sa filiale Union Carbide pour
dédommager les personnes et nettoyer le site : une demande qui est
suspendue à la décision de la cour américaine qui doit intervenir
prochainement,
 Que les populations les plus touchées et en incapacité de travailler
puissent avoir un revenu par la mise en place de projets de
réhabilitation économique : les grandes entreprises ne doivent plus
ruiner les espoirs de développement humain en toute impunité.

En 1982, déjà , une inspection détaillée fait apparaître dix déficiences
sérieuses dans les systèmes de sécurité de l’usine. La population, elle,
s’habitue à entendre le signal d’alarme qui, peu à peu, "fait partie du
paysage". De surcroît, elle n’a pas une éducation suffisante pour bien
comprendre ce que peut signifier une véritable alerte dans cette usine.

Un autre problème apparaît. A partir de 1982, l’usine devient largement
déficitaire à cause de la mévente de ses produits. UCC, la maison mère,
envisage sa fermeture mais le gouvernement indien refuse car cela
constituerait un très mauvais exemple pour d’autres investisseurs
étrangers potentiels, un précédent défavorable. Pour rééquilibrer ses
comptes, la filiale indienne UCIL décide alors de réduire les frais
d’exploitation et, pour ce faire, licencie progressivement une bonne
partie du personnel qualifié, soit pour le remplacer par du personnel de
moins bon niveau, soit pour ne pas le remplacer et simplement diminuer
les effectifs. De ce fait, chacun s’habitue peu à peu à travailler avec
des effectifs réduits. Il est donc probable qu’à partir de cette époque
le personnel est conduit à ne plus faire que ce qui est directement
contrôlable ou immédiatement nécessaire...

En 1984, après de multiples fermetures temporaires, on constate que deux
des dix déficiences signalées en 1982 n’ont toujours pas été corrigées.
Mais les directeurs pensent qu’il n’y a pas d’urgence, alors que l’unité
de refroidissement du MIC continue à mal fonctionner et fait donc peser
une menace permanente sur la sécurité. Il faut savoir que, dans le même
temps, la maison-mère, UCC, gère une installation similaire à Institute
en Virginie Occidentale ; par conséquent elle devrait être à même de
peser très exactement les risques et les conséquences de chaque incident
survenant à Bhopal.

La nuit tragique du 2 au 3 décembre 1984 : Peu à peu les différents
éléments du futur drame se mettent en place. Le premier incident
significatif a lieu dans la journée du 21 octobre 1984 durant laquelle
les opérateurs échouent dans leur tentative d’accroître la pression dans
le réservoir 610 pour en extraire le MIC qui y est stocké. Il semble que
les causes de cet échec, tout à fait anormal, ne seront pas examinées en
profondeur et qu’aucune mesure ne va être prise. Manque de personnel
peut-être.

Arrive enfin la fatale nuit du dimanche 2 au lundi 3 décembre, alors que
l’usine est partiellement fermée et tourne au ralenti avec des effectifs
encore plus réduits que de coutume.

21h15 : Un opérateur de MIC et son contremaître procèdent au lavage d’un
tuyau à grande eau. Ce tuyau communique avec le silo 610 et il semble
malheureusement que la valve soit inexplicablement restée ouverte,
contrairement à toutes les consignes de sécurité. L’eau va donc couler
pendant plus de 3 heures et environ mille litres d’eau vont se déverser
dans le réservoir. Ce premier fait fera ensuite l’objet de nombreuses
contestations (et nous verrons pourquoi) ; en revanche les faits suivants
sont, eux, incontestés.

22h20 : Le réservoir 610 est rempli de MIC à 70% de sa capacité. [6] On
y mesure une pression intérieure de 2 psi [7] ce qui est bien puisque la
pression admissible est comprise entre 2 et 25 psi.

22h45 : La nouvelle équipe de nuit prend la relève.

23h00 : Un contrôleur note que la pression du réservoir 610 est de 10
psi, soit cinq fois plus qu’à peine une heure auparavant. Étant habitué
à ce que de nombreux appareils de contrôle ne fonctionnent pas bien, il
ne tient pas compte de ces 400% d’augmentation en une heure !!! Quelques
gènes ressenties par le personnel, telles que des picotements des yeux,
signalent également une petite fuite de MIC près de ce réservoir. Mais
cela est également assez courant dans l’usine ; personne ne se préoccupe
donc de ces picotements des yeux pas plus que de la pression
anormalement élevée.

23h30 : La fuite est localisée et le contrôleur est prévenu. Celui-ci
décide qu’il s’en occupera à minuit et quart, après sa pause thé.

00h15 : La pression intérieure du réservoir 610 dépasse la limite
admissible : elle atteint 30 psi et semble continuer à augmenter.

00h30 : La pression atteint 55 psi. Le contrôleur, bravant les
instructions reçues de ne pas déranger inutilement son chef de service,
se décide enfin à lui téléphoner pour le prévenir. Il sort ensuite pour
aller observer l’état du réservoir et entend celui-ci trembler alors
qu’il ressent un fort dégagement de chaleur. C’est la panique. Le
couvercle en béton du réservoir se fend, puis la valve de sécurité
explose, laissant échapper un nuage mortel.

01h00 : Le chef de service arrive, constate rapidement les fuites de gaz
toxiques du réservoir 610 et fait sonner l’alarme.

02h30 : On réussit enfin à fermer la valve de sécurité du silo 610.

03h00 : Le directeur de l’usine arrive enfin et donne l’ordre de
prévenir la police, ce qui n’avait pas été fait jusqu’alors car la
politique officieuse de l’usine était de ne jamais impliquer les
autorités locales dans les petits problèmes de fonctionnement.

Mais il est déjà bien trop tard !

La majorité de la population alentour dormait à cette heure-là et sera
frappée dans son sommeil par un nuage toxique qui s’abat sur elle, sur
une étendue de vingt-cinq kilomètres carrés. Quant aux personnes qui ne
dormaient pas, elles n’ont pas réagi car elles sont habituées depuis
longtemps à ce signal d’alarme. Les ouvriers de l’usine, conscients du
danger, s’enfuient en courant dans la panique et personne ne songe même
à utiliser les quatre autobus garés dans la cour. Comble de malchance,
il sera difficile de prévenir les autorités car les lignes téléphoniques
de l’usine fonctionnent mal.

La panique s’étend à toute la ville et, dans la plus totale
incompréhension, des centaines de milliers de personnes sont prises au
piège, errant dans les ruelles étroites du bidonville, cherchant des
secours qui tarderont beaucoup à se mettre en place, essayant de sauver
un proche agonisant, tout cela souvent à l’aveuglette car le gaz attaque
d’abord les yeux, entraînant une cécité, provisoire dans les cas
favorables, avant de s’engouffrer dans les poumons pour provoquer de
graves insuffisances respiratoires. Les trois cent cinquante médecins de
la ville qui peu à peu se mobilisent perdent beaucoup de temps à 
comprendre ce qui se passe car aucun d’entre eux n’a été informé sur la
nature exacte du sevin et les dangers qu’il présente. Quant aux
installations médicales disponibles, déjà insuffisantes en temps normal,
il est inutile de préciser qu’elles apparaissent alors très en deçà des
besoins.

Le gouvernement du Madhya Pradesh a établi le détail du bilan humain de
cette nuit d’horreur sous une forme administrative qui, dans sa
sécheresse et sa précision, donne quelques frissons. Il ne prend pas évidemment en
compte les nombreuses morts dûes à cette explosion survenues peu de temps après
l’établissement de cette liste.

 3828 morts

 40 incapacités totales définitives

 2680 incapacités partielles définitives

 1313 incapacités partielles temporaires avec invalidité définitive

 7172 incapacités partielles temporaires avec invalidité temporaire

 18922 invalidités définitives sans incapacité

 173382 invalidités temporaires sans incapacité

 155203 blessures temporaires sans invalidité

Soit, au total :
362 540 victimes à des degrés divers.

Dès le 4 décembre, Warren Anderson part sur les lieux avec une équipe
d’experts pour essayer de faire la lumière sur le drame. Mais ce
déplacement se fera en vain. Anderson est arrêté et emprisonné puis
finalement expulsé. Ce n’est que le 20 décembre que les autorités
laisseront venir la commission d’enquête sur les lieux. Dès le 6
décembre, l’usine a été fermée et on a entrepris son démantèlement.

Les questions qui se posent :

Avant de poursuivre le récit de cette sinistre affaire et d’en voir les
développements juridiques, financiers, légaux ou autres, il est utile de
poser d’abord quelques questions. Les acteurs de cette catastrophe l’ont
fait. Mais les intérêts en jeu et les différences de vision entre
Américains et Indiens font que bien souvent aucune réponse n’a été
apportée, ou bien deux réponses contradictoires : l’indienne et
l’américaine !

Le rôle et le comportement des dirigeants de Union Carbide .
Les dirigeants d’Union Carbide ont-ils accepté que des économies soient faites sur
les systèmes de sécurité lors de la construction de l’usine et, si oui,
pourquoi ? Peut-être ont-ils agi par souci de rentabilité à court
terme ou encore pour minimiser le coût d’un projet dont, à l’origine,
ils ne voulaient pas et que le gouvernement indien leur a imposé.
Comment les différents responsables d’Union Carbide n’ont-ils pas vu que l’usine
de Bhopal courrait droit à des ennuis très sérieux sinon à la
catastrophe puisque dès le départ rien n’a jamais fonctionné
correctement dans une installation potentiellement meurtrière ? Et s’ils
l’ont vu, il faut alors sèrieusement se demander pourquoi ils n’ont pris
aucune mesure préventive.

...ALORS CELA VAUT LE COUP DE SE BOUGER LE 3 DECEMBRE A LYON !!!
(18H PLACE DES TERREAUX)

...surtout qu’à Lyon, après les explosions de Feyzin et du Port Edouard
Herriot, il est important aussi de reparler des risques encourus si près du
couloir de la chimie...


PRINCIPAUX SINISTRES INDUSTRIELS MAJEURS :

* 4 janvier 1966 : Explosion dans l’usine pétrochimique de FEYZIN, près de Lyon :
18 morts - Phénomène du "bleve" (explosion de gaz liquéfié sous pression).

* 4 février 1971 : Brunswick (Géorgie, Etats-Unis) - 25 morts dans
l’explosion dans une usine de produits chimiques.

* 23 février 1972 : Poznan (Pologne) - 16 morts dans une usine
d’amidon.

* 1974 : Accident de Flixborough (G.B.)

* 20 juillet 1974 : Zalusi (Tchécoslovaquie) - 14 morts dans une
usine chimique.

* 1er juin 1974 : Scunthorpe (Angleterre) - Au moins 50 morts dans
une usine de produits chimiques.

* 10 juillet 1976 : Seveso (Italie) - L’explosion d’un réacteur
dans l’usine chimique d’Icmesa (groupe pharmaceutique Roche),
près de Milan, fabricant de l’hexachlorophène provoque un nuage
de dioxine, substance hautement toxique, qui contamine 1.800
personnes mais ne provoque pas de décès

* 19 nov 1984 : Mexico - 452 morts à la suite d’explosions dans
des installations de gaz liquide à San Juanico (banlieue nord de
la capitale) qui provoquent un nuage toxique.

* 3 décembre 1984 : BHOPAL (Inde) - Près de 20 000 morts et
quelques 100 000 handicapés permanents à la suite d’une fuite de
gaz mortels (MIC) dans une usine de pesticides de la firme
américaine Union Carbide.

* 1986 : TCHERNOBYL , 31 morts (directs), mais de nombreuses
victimes indirectes, au delà des frontières.

* 1986 : Incendie d’un entrepôt de produits chimiques à BALE, avec
pollution du Rhin

* 1987 : NPK à Nantes : incendie dans un stockage d’engrais
tertiaires,qui a conduit à l’évacuation de 30 000 personnes

* 1987 : TOURS : Incendie et l’explosion dans une usine chimique
qui a conduit à priver d’eau la ville pendant quelques jours

* 14 août 1987 : Corée du Sud - Au moins dix morts à la suite
d’une explosion dans une décharge de produits chimiques, à 
l’ouest de Séoul.

* 9 juillet 1990 : Houston (Etats-Unis) - 40 morts au total à la
suite de trois explosions en neuf mois d’usines chimiques dans
la région.
* 2 novembre 1992 : Explosion à la raffinerie de LA MEDE, 6 morts
et dommages matériels étendus

* 26 nov 1993 : Chine - 61 morts dans une explosion de produits
chimiques dans la province de Yunan.

* 1995 : France - St Herblain : Explosion dans un dépots de
liquides pétroliers

* 23 juin 1995 : Zemun (Serbie) - 10 morts dans l’usine de
produits chimiques Grmec.

* 31 mai 1996 : Bombay (Inde) - Une explosion détruit une usine de
produits chimiques à Pune (ouest de l’Inde) faisant onze morts.

* 1997 : BLAYE - Explosion dans le silo de stockage de céréales :
11 morts et 1 blessé et des dégâts étendus

* 1998 : Incendie dans le Tunnel sous la Manche

* 1999 : Incendie dans le Tunnel du Mont Blanc

* 1998 : Explosion confinée de gaz dans une installation chimique
reliée à une torchère. MAZINGARBE : fuite d’ammoniac de trente
tonnes survenue lors d’un déchargement de wagon

* 21 septembre 2001 : Explosion de l’usine de Nitrate d’Ammonium
AZF à TOULOUSE : 29 morts, 450 blessés, dégâts matériels
considérables.

******* Cette action est proposée par
le Collectif des RESISTANCES de Lyon *******
resistancesdelyon@no-log.org


URL de cet article 1918
   
L’Eglise et l’école, de Marceau Pivert
La laïcité séduit au XIXe siècle une bourgeoisie soucieuse de progrès et d’efficacité. Les socialistes en font également leur cheval de bataille. La séparation de l’Église et de l’École puis de l’Église et de l’État en 1905 en est le symbole, mais ce fragile compromis est bientôt remis en cause. Face à une contestation grandissante, la bourgeoisie et l’Église s’allient pour maintenir l’ordre social, politique et moral. Depuis les années 1920, leur offensive conjointe reprend une à une les (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Chaque fois que nous sommes témoins d’une injustice et que nous n’agissons pas, nous entraînons notre caractère à être passif en sa présence et nous finissons par perdre toute capacité de nous défendre et de défendre ceux que nous aimons. Dans une économie moderne, il est impossible de s’isoler de l’injustice."

Julian Assange - Wikileaks

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.