C’est dans Annie Hall, de Woody Allen : deux vieilles dames discutent dans un restaurant. L’une dit : « La nourriture est infecte, ici ». Et l’autre : « Oui et les portions sont trop petites ».
C’est dans le « Dictionnaire des idées reçues » de Flaubert : « Je n’aime pas les épinards, j’en suis bien aise, car si je les aimais, j’en mangerais, et je ne puis pas les souffrir » (idée que Jean-Luc Godard met dans la bouche de Jean-Paul Belmondo dans « Pierrot le fou »).
C’est dans la vraie vie : les médias traditionnels disent : « Internet, c’est potins, commérages, amateurisme et compagnie ». Puis, ils créent à tour de rôle une version électronique de leur journal ou même ils ouvrent un site qui veut prendre ses distances. Après Rue89, de Pierre Haski (Libération), Médiapart, d’Edwy Plenel (le Monde), d’autres suivent.
D’où le paradoxal postulat : Internet, ça devient crédible entre les mains de spécialistes des médias discrédités. Le laisser à une nouvelle génération de cyberjournalistes bourrés d’éthique, compétents dans le domaine qu’ils traitent, ouverts à la contestation immédiate de leurs écrits, rompus au maniement de la langue et bénévoles (donc gratuits), ce n’est pas sérieux.
Ah ! qu’il est jouissif de voir des ex-dirigeants de journaux rancis s’engouffrer dans l’espace aéré créé par d’autres, contre eux, malgré leurs lazzis.
« D’abord ils vous ignorent, puis ils se moquent, puis ils vous combattent, puis vous avez gagné ». Ici, avant la victoire annoncée par Gandhi, s’incruste une étape supplémentaire qui s’appelle le pastiche.
Théophraste.